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Faut-il brûler les organisations ?

mercredi 27 février 2019 par Charles Hoareau

Le mouvement social en cours, changeant, déconcertant pour certains en particulier au début, pose un certain nombre de questions aux organisations classiques du mouvement ouvrier en France en particulier à la fois pour le refus fortement exprimé, du moins au début, des organisations en tant que telles et pour son absence de « colonne vertébrale idéologique » donnant le sentiment d’un ensemble de revendications relevant plus d’un inventaire à la Prévert avec à l’intérieur des éléments contradictoires voire relevant d’une logique purement réactionnaire ou raciste.

Comme nous le disons dans notre document de congrès : « Le pouvoir qui au début comptait sur ce mouvement pour qu’il soit une nouvelle vague poujadiste s’opposant au mouvement social traditionnellement porté par les organisations du mouvement ouvrier, se retrouve piégé par le travail des militants de classe membres de celles-ci qui, en allant à la rencontre des gilets jaunes et en agissant à leur côté, permettent à celui-ci d’évoluer dans le sens d’une remise en cause progressiste du système capitaliste avec une exigence de plus en plus aigüe de justice sociale et de solutions s’affrontant au capital. Dans ce contexte l’idée que « les propriétaires c’est nous » grandit. »

Reste à se poser la question, au-delà du cahier revendicatif, de ce que nous devons penser de ce « refus des organisations » qui n’est pas l’apanage des gilets jaunes, ni un champignon qui a poussé en une nuit, mais un mouvement aux racines déjà anciennes.

Sans remonter trop loin et en distinguant les interpellations :

-  Sur le plan syndical ne peut-on pas faire le rapprochement avec la création de la coordination infirmières en 1988 ou la création d’AC ! en 1993/1994 ? Ne doit-on pas s’interroger sur le fait qu’apparemment les syndicats (et les partis de « gauche », à l’exception prudente de la FI) n’avaient pas vu venir le fait que le racket sur le carburant serait la goutte d’essence qui ferait déborder les réservoirs de la colère ? Pourquoi ces organisations ont décidé d’attribuer les seuls « mérites » de ce mouvement à une extrême droite dont ils exagéraient et favorisaient de ce fait l’influence qu’ils prétendaient combattre ?

- Sur le plan politique il y a bien sûr le « coup d’état permanent » que représente notre constitution mais pour ne regarder que dans « notre camp », les errements de ce qui fut le « parti de la classe ouvrière » et les reniements du PS n’ont-ils pas ouvert la voie à la remise en cause de la notion même d’organisation ? Non pas à cause des débats qui les traversaient mais justement à cause de décisions prises sans débat ce qui a conduit nombre d’adhérent-e « de base » à se sentir dépossédés de leur organisation pour laquelle ils et elles avaient souvent tant donné et en laquelle ils et elles avaient tant cru ?

Pour ne prendre qu’un exemple comment s’étonner de l’aggravation de l’hémorragie des effectifs du PCF dans la période 1997/2002 où on a vu un gouvernement de « gauche » battre les records de privatisation et un PCF les justifiant ? N’y a-t-il pas eu là aussi une remise en cause de l’organisation en tant que telle par celles et ceux qui l’ont quittée souvent sur la pointe des pieds ?

La baisse quasi-constante de la participation aux différents scrutins électoraux depuis plus de 30 ans n’est-elle pas le signe de « refus de votes » motivés par le fait que gauche et droite se succèdent au pouvoir sans que le peuple ne mesure de différence de fond dans les politiques menées, plutôt que le signe d’une montée soudaine d’abstentionnistes « pêcheurs à la ligne » inciviques ?

La fin de ce clivage droite/gauche d’une part, les difficultés de mise en œuvre de la démocratie interne d’autre part expliquent pour une large part ce refus des organisations…pourtant bien nécessaires pour qui veut prendre le pouvoir pour changer durablement les choses.

Conscients de ce refus « des appareils » certains ont voulu mettre en œuvre des réponses alternatives à l’existence d’organisation.

La construction de la candidature Macron et son « mouvement » (qui ne serait pas un parti) correspond tout à la fois à la volonté du ni droite ni gauche de triste mémoire dans l’histoire puisqu’employé par Clémenceau pour faire la guerre ou revendiqué par les fascistes quelques années plus tard et à celle de « renouveler l’offre politique…Dans les faits sous prétexte d’en finir avec les appareils il s’est construit une structure totalement inféodée à un homme et sans aucune démocratie…

La construction de la FI résulte elle d’un autre schéma. Il y a bien dans cette construction la volonté de retrouver un clivage gauche/droite mais, au lieu de repenser l’organisation en tant que telle, ses travers et les améliorations nécessaires, la volonté de ses fondateurs est de créer, selon leurs propres mots, un mouvement « gazeux » capable de tout absorber syndicats, partis, associations qu’il supplanterait puisque dépassés. Le refus de toute sédimentation du gaz conduit à théoriser sur l’absence de validité des mandats avec par exemple des délégués (parce qu’il en faut bien quand on est plusieurs milliers !) tirés au sort et qui donc ne représentent qu’eux-mêmes. Dans ces conditions comment peut être portée la parole collective : par le fruit du hasard ?

En fait là aussi, et ce n’est pas le moindre paradoxe, on assiste à une personnalisation d’un appareil qui ne dit pas son nom et ne corrige en rien les travers qu’il dénonce. Sans compter que cela revient aussi à nier la spécificité des apports des différentes formes d’organisation que le peuple se donne et qui par lesquelles il a conquis des droits y compris en termes de droit organisationnel (droit syndical, associatif…). Cela revient aussi, comme nous le disons dans le texte déjà cité, à nier « Le lien dialectique entre luttes syndicales ou associatives et perspectives politiques ».

Dans un pays où seuls 6% des salarié-e-s sont syndiqué-e-s, où l’on vote à 50% (et parfois moins) dans nombre d’élections, où il y a à la fois émiettement des forces politiques et syndicales et affaiblissement notoire de toutes, l’ANC ne pense pas que ce soit toujours la faute aux autres, aux non organisés. Nous avons des questions à nous poser, non pas sur le fait qu’il faille ou non des organisations car « nous affirmons aussi qu’un peuple sans organisation communiste peut se révolter mais ne prendra pas le pouvoir ».

Les questions qui sont les nôtres sont celles du fonctionnement réellement démocratique des organisations et ont trait à la mise en place du non cumul des mandats, du pouvoir révocatoire des membres, du poids des directions sortantes, de la transparence, de la garantie du droit au désaccord pour ne citer que quelques-uns des principaux points.

Modestement et à la hauteur de ce que nous sommes nous travaillons à faire avancer ces questions dans le débat public en commençant par nous l’appliquer à nous-mêmes.

   

Messages

  • 1. Faut-il brûler les organisations ?
    27 février 2019, 17:49 - par RICHARD PALAO


    ce qu’ il faut "bruler" ce sont les responsables des organisations qui sont tous devenus des apparatchiks INSTITUTIONNALISE S...prenons l exemple de la CGT :

    un responsable de la formation se permet sans être viré de proférer des attaques ignobles contre une des meilleures historienne du mouvement ouvrier
    Thierry Le PAON est recase par MACRON dans un poste du ministère des sports
    MARTINEZ qui signe un communiqué commun avec les syndicats réformistes pour condamner les violences des gilets jaunes après de les avoir accusés d etre manipulés par l extreme droite
    la CGT qui participe à des réunions de dialogue social pour percevoir 18 millions d euros de subvention
    la CGT qui sans consulte ses adhérents abandonné le programme des retraites du CNR et se contente de replatrer le système actuel et ses 42 regimes
    le PCF et la CGT qui refusent de soutenir vraiment le gouvernement légitime du VENEZUELA ...

    etc...etc...
    la liste est longue des trahisons qui expliquent la grande méfiance du peuple a l égard des associations et leur réticence à s engager avec elles a cette liste s ajoute bien sur la trahison majeure de HOLLANDE qui prétendait que là financé était son ennemi alors qu’ il lui a fait allégeance ..
    on comprend donc que nos concitoyens sont en recherche de nouvelles façons de faire de la politique , de nouvelles formes d interventions , comme le RIC ou le référendum revocatoire , ces demandes doivent être prises en compte par les organisations si elles souhaitent voir remonter leur cote , mais cela risque d être insuffisant , l effort doit essentiellement porter sur le fonctionnement démocratique de ces orgas et en premier en donnant véritablement un pouvoir de décision aux adhérents et un contrôle permanent de ces derniers sur leurs élus , leurs responsables ....
    Ex : mon syndicat a écrit depuis plus de deux mois au SG de notre UD , a notre FEDE a tous les membres du bureau confédéral dont P MARTINEZ pour demander que soit organisé un debat dans la CGT sur la reforme des retraites afin que tous les syndiqués puissent donner leur avis puis soient impliqués dans les actions a mener pour défendre notre système de retraite ... : AUCUNE REPONSE !!!
    outre le mépris ceci démontre qu’ a tous les niveaux là CGT est gangrenée par l institutionnalisation qui consiste à privilégier le dialogue entre les dirigeants du syndicat et du pouvoir en écartant les syndiqués surtout si ils souhaitent en découdre ...
    ils nous appartient de continuer a lutter pour que notre syndicat soit vraiment le syndicat de tous , il y va de sa survie et donc de celle du syndicalisme de classe mais également c est la seule façon pour que la CGT soit vraiment un syndicat de MASSE regroupant tous ceux dont évidemment les travailleurs gilets jaunes en recherche d organisation et qui ont interet a nous rejoindre dans une organisation réellement démocratique et ouverte sur le monde réel
    Richard PALAO
    syndicat CGT UFROS 45
    membre CE UL ORLEANS
    membre de l ANC

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