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"Retraite : le gouvernement veut inciter les Français à épargner"

mardi 25 juin 2019 par Philippe Arnaud

Les remarques ci-après portent sur le troisième sujet traité par le journal de France 2 de 20 h, intitulé. "Retraite : le gouvernement veut inciter les Français à épargner". Le sujet est présenté ainsi :

"Pousser les Français à mieux préparer leur retraite. Le gouvernement veut inciter les épargnants à choisir des placements dédiés, largement boudés actuellement."

[Ici, micro-trottoir d’un homme jeune (dans les 40 ans), allure de classe moyenne]. "Vous les connaissez, ces produits d’épargne-retraite ?"
Réponse : Non, pas du tout !".
Autre homme, un peu plus âgé : "Je ne connais pas les caractéristiques, les rendements, les avantages".
Troisième homme, du même âge, voire plus jeune que le premier : "C’est bien parce qu’on sait que la retraite... euh... on ne comptera pas forcément énormément là-dessus plus tard... surtout nos générations, parce que... c’est bien de savoir un petit peu comment... comment optimiser ses revenus plus tard".

[Reprise en voix off, de la journaliste, accompagnée de tableaux et schémas qui se succèdent sur l’écran].

"Aujourd’hui, il existe de nombreux placements, comme le Plan d’Épargne Retraite Populaire (PERP) ou le Plan d’Épargne Retraite Entreprise (PERE) . Tous ont leurs propres conditions de dépôt, de retrait et de fiscalité, que Bercy veut harmoniser. Le gouvernement veut aussi rendre ces placements plus attractifs.

Par exemple, avec le système actuel, des frais, jusqu’à 5 % peuvent être prélevés en cas de transfert des fonds. Dans le futur système, ils seront de 1 % les 5 premières années, gratuits au-delà. Une réforme bénéfique pour les épargnants, mais toujours trop complexe, selon cet expert."

[Changement de décor, dans un grand bâtiment, interview de l’expert : Benjamin Sanson, consultant retraite et épargne salariale - Cabinet Mercer] "Ce qui pèche, c’est peut-être que le fait... que le gouvernement ne soit pas allé assez loin dans l’unification des produits existants. Aujourd’hui, on a plusieurs produits et demain, on risque de se retrouver avec à peu près le même nombre de produits, donc ce qui peut créer encore de la confusion..."

[Changement de décor. Deux retraités assis sur des transats et reprise du discours de la journaliste]. "L’accès à l’épargne sera aussi facilité. Par exemple [Ici, autre plan, trois retraités, de face, en train de bronzer, allongés sur des transats] "par exemple pour acheter sa maison ou en cas de décès du conjoint. [Autre image : deux retraités se promenant seuls sur une plage, avec la mer en arrière-plan]. Actuellement les placements d’épargne-retraite ne représentent que 230 milliards d’euros, bien peu à côté des 1700 milliards que pèse l’assurance-vie, de très loin le placement préféré des Français."

Remarque 1. Dans la première phrase, pour désigner les intéressés, la journaliste passe du substantif "les Français" au substantif "les épargnants". Le problème, c’est que le premier de ces substantifs ne s’identifie pas au second : tous les Français ne sont pas épargnants ! Et tous les épargnants sont loin de posséder un capital, une réserve d’un montant qui leur garantisse un substantiel complément de retraite.

Remarque 2. Il faut, à cet égard, rappeler une chose. La capacité d’épargne n’est pas proportionnelle au revenu : elle croît, en pourcentage à mesure que ce revenu augmente. Les plus pauvres, les smicards (et même jusqu’à ceux qui vont jusqu’à la médiane - 1700 € par mois) n’épargnent presque rien parce que pratiquement tout leur revenu passe dans des achats immédiats : le logement, la nourriture, les transports, les vêtements, etc. S’ils épargnent, c’est pour avoir trois francs six sous (pour se payer un appareil ménager, changer la voiture - de petit modèle et/ou d’occasion). Pour avoir un bon complément de retraite, il faut s’élever au-delà de ces niveaux.

Remarque 3, sans doute la plus importante, car elle réside dans ce qui n’est pas dit. Le gouvernement parle des retraites sans évoquer le moins du monde les dispositions qui sont en son pouvoir : baisse de l’âge de départ en retraite, augmentation des cotisations (notamment de la part employeur), hausse des impôts (sur le revenu des plus aisés, sur les entreprises). Tout se passe comme si le gouvernement estimait qu’il n’y avait plus rien à faire pour améliorer les retraites selon des critères égalitaires et progressistes. [Et, assurément, qu’il n’en a pas du tout ni l’envie ni l’intention !]

Par ce reportage, le gouvernement signifie aux Français : "Pour votre retraite, débrouillez-vous vous-mêmes ! Épargnez (en vertu de l’ignoble fable "La cigale et la fourmi"). Si vous ne pouvez pas - ou si vous ne voulez pas - épargner, tant pis pour vous ! Vous mangerez aux Restau du Cœur, et vous ferez les fins de marché pour récupérer les invendus...". Le gouvernement abandonne le collectif et laisse toute initiative à l’individuel : chacun pour soi...

Remarque 4. En illustrant la dernière partie du sujet avec des images de Français qui "se la coulent douce" (sur la plage, sur des transats), le reportage laisse passer un message à plusieurs égards fallacieux. Fallacieux car tous les retraités sont loin, actuellement, de pouvoir s’offrir des séjours à la mer. Fallacieux aussi, car, dans le futur (même avec ces fameuses mesures censées favoriser l’épargne), tous les retraités ne pourront de toute façon pas s’offrir une retraite décente. [Sauf à vivre une vie entière de sacrifices et de privations].

Remarque 5. Les micro-trottoirs des trois hommes questionnés indiquent que, dans la tranche d’âge considérée (30-50 ans) prévaut l’idée que, dans quelques années, la retraite dépendra de chaque individu (et non plus d’un prélèvement collectif et recherchant - un peu - la péréquation) et qu’il donc faudra se débrouiller seul. L’un évoque les caractéristiques, les rendements, les avantages (preuve qu’on lui en a déjà parlé, ou qu’il l’a lu quelque part). L’autre semblé résigné à la disparition de la retraite par répartition, telle qu’elle existe depuis 1945. Preuve que la propagande du patronat et de la droite a bien entamé son travail de dissolution des idées de solidarité et d’égalité.

Remarque 6. Les deux chiffres fournis à la fin sont éloquents : 230 milliards d’épargne-retraite et 1700 milliards d’assurance vie. Ils sont à mettre en rapport avec le montant des retraites : 317 milliards. Et ils le sont de deux façons : d’abord, si le reportage a l’air de déplorer que l’épargne-retraite soit si faible, cela peut indiquer que les Français ont encore confiance dans la retraite dite (à tort), par répartition puisqu’ils semblent toujours faire confiance à la collectivité (et toujours pas à l’individu) pour financer leurs vieux jours.

Ensuite, le montant de l’assurance-vie (plus de trois fois le montant des retraites) témoigne qu’il existe, en France, beaucoup d’argent disponible - et que cet argent serait incontestablement mieux employé pour financer des retraites solidaires et plus égalitaires, que pour profiter à tel ou tel individu. [Et ce sans même recourir à une fiscalité "confiscatoire", pour reprendre les termes de la droite et du Medef].

Je vous saurais gré de vos remarques, compléments, rectifications et critiques.

   

Messages

  • 1. "Retraite : le gouvernement veut inciter les Français à épargner"
    2 juillet 2019, 21:51 - par RICHARD PALAO


    Notre système de retraite n est pas appelé à tort par repartition puisque ce sont les cotisations des actifs qui paient les pensions actuelles ...
    Les gouvernements successifs ont effectivement tout fait pour inciter les futurs retraites a se tourner vers l épargne privée : dans un premier temps en durcissant les conditions d accès avec l allongement de la durée de cotisations et le calcul du salaire annuel moyen sur les 25 meilleures annees au lieu des 10 meilleures puis dans un deuxieme temps l alignement des autres regimes sur le regime general avec pour consequence une baisse du niveau des retraites de tous les regimes ....et a ces mesures il faut ajouter la stagnation voir la baisse des retraites complementaires notamment pour les cadres ...
    suite a ses attaques notre systeme actuel et ses 42 regimes est obsolete et n est plus en mesure de financer l ensemble des regimes ainsi sur 17 regimes de non salaries , 16 sont ultra deficitaires et doivent leur survie a la solidarite inter regimes imposee par le pouvoir qui puise dans les caisses du regime general pour combler les deficits il est donc totalement incomprehensible que face a la reforme de MACRON la CGT s accroche au systeme actuel au lieu de revendiquer en tant qu heritiere du CNR la mise en place d un systeme unique et universel avec un alignement par le haut de tous les regimes tel que le prevoyait les ordonnances de octobre 1945 et les lois CROIZAT notamment celle du 22 mai 1946 ...mais ca c etait la CGT d avant , celle qui etait encore un syndicat de classe ..
    Richard PALAO
    militant CGT sécurité sociale et membre de l ANC

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