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Les communes de France, un acquis à défendre ! À quoi servent les élections municipales ?

vendredi 6 décembre 2019 par Francis Arzalier (ANC)

Le prochain scrutin de mars 2020 commence à être omniprésent dans les débats télévisés : qui l’emportera à Paris, Griveaux ou Villani, les deux frères ennemis proches de Macron, ou Anne Hidalgo, l’égérie de la "Gauche", qui se montre chaque fois qu’elle le peut aux petits écrans, à Saint Denis, pour l’inauguration du futur Village Olympique, à Chanteloup les Vignes, pour condamner la destruction d’une école par de jeunes crétins. Mais ce qui passionne quelques milliers de journalistes laisse totalement indifférents des millions de Français n’ayant que leur travail pour vivre (mal) leurs fins de mois. Car ils sont bien placés pour savoir que PS plus Verts, avec une pincée de PCF propres sur eux, ou Centristes de choc En Marche à l’Hôtel de Ville , cela ne changera pas l’essentiel des problèmes à Paris.

Les prix d’achat des logements et les loyers y sont devenus tellement démentiels que les salariés ont dû massivement quitter la capitale, pour aller acheter ou louer en banlieues de plus en plus lointaines, avec des heures de transport quotidiens à la clé. La plupart des quartiers de la Capitale, populaires autrefois comme autour de la Bastille, sont aujourd’hui implicitement réserves à des foyers privilégiés de la fortune. Et le choix des souriants Villani, Griveaux ou Hidalgo ne changera strictement rien à cela.

Si l’on ajoute à ce constat que, depuis 30 ans, les électeurs des milieux populaires ont vécu au rythme des multiples trahisons de la "Gauche", de ces politiciens prêts à tous les discours pour obtenir leur vote, et à tous les reniements une fois au pouvoir, des Mitterand, Jospin, Hollande, et leurs ministres, fustigeant un jour la Finance, et privatisant le lendemain plus que la "Droite".

Comment, pourrait-on s’étonner que nombre d’entre eux s’interrogent" : à quoi sert-il d’aller voter, de se faire rouler à nouveau ?

Nous pourrions dire à ces citoyens écœurés des jeux politiciens, que le suffrage universel fut une conquête payée très cher par nos ancêtres ; qu’il en fut de même des communes élues, inventées par la Révolution française, enrichies par deux siècles de luttes ouvrières, et mises en cause aujourd’hui par les technocrates libéraux de l’Union Européenne. Et qu’il est toujours désastreux, sous prétexte d’apolitisme, de laisser à d’autres, Corrompus ou Exploiteurs, le soin de décider de notre sort, en notre nom, car ils ne s’en priveront pas. Mais ces arguments historiques et théoriques ne suffiront pas à les convaincre, il nous faut formuler les questions autrement, de façon plus concrète.

En quoi une municipalité, un maire élu, peuvent-ils changer, en bien ou en mal, la vie quotidienne des salariés ou chômeurs vivant dans la commune ?

Car il faut le dire : les Municipalités ne peuvent résoudre tous les problèmes, notamment parce qu’elles ne peuvent agir que dans la limite des lois nationales, dont elles ne décident pas.
Mais, dans ce cadre, elles ont pu jouer un rôle très positif.
Le long des côtes françaises, par exemple en Corse ou en Bretagne, la loi "de protection du littoral" a permis de limiter la spéculation immobilière et les grands ensembles touristiques, quand les élus municipaux savaient l’utiliser en refusant certains permis de construire abusifs.
Ce ne fut pas le cas quand d’autres élus communaux ont donné libre cours à la frénésie immobilière, et parfois même tiré profit de cette invasion de résidences touristiques plus ou moins luxueuses.

Les Communes jouèrent un grand rôle aprés la défaite du Nazisme et de ses alliés français, quand furent élues de nombreuses municipalités ouvrières, dirigés par les Communistes, auréolés de leur rôle dans la Résistance. Durant la période 1945-70, elles permirent des progrès essentiels en matière d’éducation et de sante, en créant des Dispensaires, en même temps que naissait la Sécurité Sociale, en multipliant les Colonies de vacances, en inventant les "Classes de neige", etc…

Et c’est grâce à elles que furent construits par milliers les HLM des banlieues urbaines, qui permirent de reloger dans des appartements enfin pourvus du confort moderne à Argenteuil, de Gennevilliers ou Saint Denis (propres et correctement chauffés, avec ce luxe neuf que constituaient salles de bain et WC) les travailleurs et leurs familles entassés jusque-là dans les taudis et les "bidonvilles" de Nanterre et d’ailleurs.

Évidemment, tout a changé depuis que le Capitalisme mondialisé, par le biais des institutions supranationales de l’Union Européenne, a mis en marche à partir des années 1990, avec l’assentiment des dirigeants successifs de l’État Français, la machine à broyer les 36 000 Communes de France, au profit de décideurs de plus en plus éloignés des citoyens qui les élisent, dans le cadre de Régions immenses et artificielles, de Communautés de Communes énormes et arbitraires, de Métropoles tout aussi arbitraires.

Dès lors, les Élus communaux, mis dans l’incapacité financière et décisionnelle d’améliorer la vie de leurs administrés, deviennent les boucs émissaires des mauvais coups portés par le Gouvernement.

Sur quels critères choisir un " bon maire " ?

Nos télévisions nous régalent régulièrement de l’image d’un maire " particulièrement habile ",
où d’autres trainés en justice pour s’être enrichis aux dépens de la Commune ou des entreprises qu’elle emploie. Et certes les corrompus et les imbéciles existent dans cette activité, comme dans toute catégorie sociale.

Mais, il faut le dire, les jugements moraux ou le quotient intellectuel ne sont pas le critère le plus important pour décider si un élu municipal va jouer un rôle bénéfique ou néfaste une fois élu.

Un maire, même s’il n’est pas un génie, sera capable de réaliser des équipements municipaux si sa Commune dispose des ressources nécessaires. Et si les époux Balkany ont su profiter indûment de leur charge à Levallois, ils ont fait pire, sans pour cela contredire les lois.
En plusieurs décennies de mandat, ils ont multiplié sur la Commune les " résidences de standing "
à la place des quartiers populaires, chassé ainsi de la ville les ouvriers qui y formaient autrefois la majorité, au profit de ces "classes moyennes Bobos", qui constituent le cheptel électoral des partis " libéraux", centristes et conservateurs.

Car le critère essentiel pour juger d’une gestion municipale est un jugement de classe : au service de quelle partie de la population s’exerce-t’elle ? des minorités aisées, bourgeoises, ou de la majorité la plus pauvre, qui n’a que son travail pour vivre ?

Jean Claude Gaudin est ainsi un très bon maire pour les bourgeois cossus de certains quartiers de Marseille, il est très attentionné à leur égard. Mais il a ignoré totalement le drame vécu par les habitants de secteurs déshérités de la ville, avec leurs immeubles délabrés et insalubres, quand ils ne s’effondrent pas comme ceux de la rue Paradis.

Un autre exemple illustre le pouvoir de nuisance de maires oublieux des moins aisés, dans cette zone de "grande banlieue" parisienne que je connais bien pour y vivre depuis 50 ans, les villes de la Vallée de Montmorency, entre Argenteuil et Pontoise.

Ces localités, anciens villages maraîchers, s’étaient peuplées d’ouvriers et employés venus de leur Bretagne ou de leur Picardie natale entre deux guerres. Le semis de pavillons modestes qu’ils avaient construits en se privant, et parfois en coopératives (les Barbus) ont pris en quelques décennies une valeur démesurée, telle que ces quartiers qui furent populaires, et votaient volontiers communiste, sont devenus aujourd’hui "résidentiels" et huppés, du seul fait de la spéculation immobilière. Raison fondamentale qui a fait tomber à Droite les mairies, depuis dix ans, alors qu’ont disparu les militants qui vendaient "le muguet du Parti" le premier Mai, ou diffusaient leurs tracts sur les marchés ou à la gare.

Une évolution liée à la "contre-révolution libérale" qui imprègne le XXIème siècle débutant. Mais elle est aggravée par la génération d’élus locaux qui en partagent les croyances "libérales". Ermont, Taverny, Beauchamp, Montigny, etc…, multiplient depuis deux ou trois ans de nouveaux ensembles immobiliers, de résidences qu’on disait autrefois "de standing", parce qu’elles intègrent d’emblée le confort maximum, et sont chères, et qu’on dit aujourd’hui "éco-quartiers" pour être à la mode écolo.

Cela à la place des derniers espaces agricoles, et des pavillons minables d’autrefois. De quoi accroître la population de milliers d’électeurs "classes moyennes" sinon "bobos". Cette mutation sociologique se répand sur tout l’est de l’Ile de France, notamment en Seine Saint Denis voisine, avec la collaboration de certains maires, chassant les moins aisés vers les ghettos "communautaires", ou les villages lointains du Vexin ou de Seine et Marne.

Ces élus, libéraux convaincus de divers partis, n’ont évidemment pas la même sollicitude pour les plus faibles que pour leurs futurs électeurs. A Taverny, ville de 25 000 habitants qu’elle projette d’amener rapidement à 30 000, le Maire (les Républicains) a dès son intronisation enlevé la gestion d’une Épicerie Solidaire au Secours Populaire qui la gérait. Et dans les premiers froids de mi-novembre, on a pu voir pour la première fois un jeune SDF survivre sous une toile près du stade. Tout un symbole, confirmé le 25 novembre par un gros titre de l’hebdo local : " selon Le Préfet et les ONG confirment, le département du Val d’Oise compte 200 000 personnes en dessous du seuil de pauvreté, un habitant sur 6 de cette banlieue d’Ile de France ! "

Un chiffre ahurissant qui n’est dépassé que par la Seine Saint Denis voisine...

-* -L’ANC n’a pas vocation à mener des transactions électorales.

  • Mais ses militants ont le devoir de juger des choix de classe des élus, et d’exiger des candidats des engagements clairs, en faveur de ceux qui n’ont que leur travail pour vivre et des plus démunis, dans les domaines ou les communes peuvent intervenir efficacement : urbanisme, santé, éducation, culture, sport, etc…
  • -L’ANC repugne à toute démarche électoraliste.
  • Mais, nous avons conscience de l’importance politique des communes, conquête démocratique de notre nation, aujourd’hui menacée par les tenants du capitalisme qui gouvernent la France et l’union européenne.

C’est pourquoi elle organisera en février 2020 une rencontre nationale sur le thème : sauver les communes, avant qu’il ne soit trop tard !

   

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