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Urgence Sanitaire : Il faut nationaliser Luxfer-Gerzat et Famar-Lyon

jeudi 26 mars 2020 par Eric Juillot

L’usine de Gerzat (Puy-de-Dôme), appartenant au groupe britannique Luxfer, est la dernière en France à fabriquer des bouteilles d’oxygène médical. Ces bouteilles sont utilisées notamment par les hôpitaux français pour des patients nécessitant une assistance respiratoire. Elle fabrique également des appareils respiratoires mobiles pour les pompiers. Or, le groupe Luxfer a informé en novembre 2018 les 136 salariés du site de son intention de le fermer pour regrouper la production sur ses sites anglais et américains [1].

La fermeture de ce site industriel est un nouvel exemple, après des milliers d’autres, du déclin de la base industrielle française sous l’effet conjugué de la mondialisation et de la construction européenne [2]. Elle en présente toutes les caractéristiques, jusqu’à la caricature :

L’actionnaire plutôt que le travailleur : l’activité du site dégage des bénéfices mais l’entreprise veut accroître encore sa rentabilité financière [3] ;

La concurrence destructrice par le libre-échange généralisé : la direction justifie son choix par « la concurrence agressive de pays à bas coûts ». L’usine de Gerzat est la dernière au monde à fabriquer des bouteilles en aluminium très haut de gamme [4]. Si elle ferme, les hôpitaux devront se contenter de produits de moindre qualité, nouvelle illustration de la spirale descendante du « low cost ».

Le mépris des dominants jusqu’à l’ignominie  : la direction propose aux salariés un reclassement à… Notthingham ;

L’indifférence des pouvoirs publics, dès lors que le site est de taille modeste et qu’il ne fait pas l’objet d’une forte médiatisation ;

L’indécence des indemnités de licenciement proposée par la direction, conformément aux « réformes » du droit du travail entreprises sous Hollande et Macron avec notamment le plafonnement des indemnités prud’homales ;

Par ailleurs, l’usine Famar Lyon de Saint-Genis-Laval (Rhône) est la seule en France habilitée à fabriquer de la chloroquine, dont l’usage – s’il se révèle efficace dans la lutte contre le covid-19 – promet d’être massif dans les semaines à venir. Or il se trouve qu’elle est actuellement placée en redressement judiciaire. Ses 250 employés sont inquiets car le site, en difficulté financière, est à vendre depuis neuf mois par son propriétaire, un fonds d’investissement américain [5].

Dans son discours du 12 mars, E. Macron a évoqué les « ruptures » à venir qu’il entendait assumer. Il a même précisé :

« Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d’autres est une folie »  [6].

De tels propos détonaient dans la bouche d’un chantre de la mondialisation heureuse et de « l’Europe » salvatrice.

Quelques jours plus tard, B. Le Maire n’a pas hésité à employer le mot « nationalisation  [7] » – mot tabou de la bien-pensance néolibérale –, affirmant qu’une telle option était parfaitement envisageable pour certaines entreprises menacées par la crise économique en cours. G. Darmanin a enfoncé le clou quelques jours plus tard sur le même thème : « Nationalisation, le mot ne me fait pas peur  [8] ». Le gouvernement en appelle même désormais au patriotisme économique (9).

Ces déclarations ne manquent pas de sel : elles sont le fait des responsables politique qui, il y a un mois encore, étaient persuadés que l’État n’était pas une solution mais un problème à l’époque du capitalisme mondialisé, et que le patriotisme économique relevait d’un dangereux repli nationaliste. S’il faut saluer cette prise de conscience salutaire, il faut en même temps se désoler qu’elle soit si tardive. Il est bien tard en effet pour se soucier de préserver l’intérêt supérieur du pays et la sécurité des Français. Nous allons payer cher, en vies humaines, les effets catastrophiques du néolibéralisme bruxellois sur notre souveraineté sanitaire [9].

Luxfer-Gerzat et Famar-Lyon donnent l’occasion à nos responsables politiques de montrer qu’ils sont capables de passer des paroles aux actes. Ces deux sites industriels ne doivent pas fermer. Leur importance est trop grande pour le pays. L’État doit en prendre le contrôle.
Le chef de l’État doit apporter la preuve que les préjugés idéologiques qui l’animaient jusque-là ont bel et bien volé en éclats. Il en va de son engagement à protéger les Français dans le cadre dramatique de la crise sanitaire en cours.

« Seul le choc avec le réel peut réveiller d’un sommeil dogmatique » dit avec justesse Alain Supiot.

M. Le président, prouvez-nous que vous être bien tombé du lit : Nationalisez Luxfer-Gerzat et Famar-Lyon.

(Si vous le souhaitez, vous pouvez signer la pétition demandant la nationalisation de Luxfer-Gerzat ici : https://bit.ly/2wrGeYH)


Voir en ligne : https://www.les-crises.fr/urgence-s...

   

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