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Le monde d’après ? Parlons-en.

lundi 8 juin 2020 par Francis Arzalier (ANC)

N’en déplaise aux démagogues braillards genre Trump, la pandémie bien réelle qui vient de parcourir le globe n’est pas sortie du cerveau de quelque savant fou, ni du complot de quelques dirigeants chinois en mal de conquête mondiale. Mais comme tout épisode historique important, ces quelques mois ont été et seront largement instrumentalises, et laisseront des traces.
Ainsi, contrairement aux assertions béates des naïfs, ils n’enfanterons pas un avenir de rêve bleu, la disparition dans un consensus général du Capitalisme et des xénophobies qui ravagent depuis longtemps tous les peuples de la planète, et notamment le nôtre.

A l’inverse, nous pouvons et devons contribuer à faire prendre conscience à nos concitoyens des résultats catastrophiques des mois de pandémie dans les mentalités, à commencer par celles de notre pays, et à organiser les luttes populaires, seules capables d’empêcher que ce " Rêve d’Après" se termine en Cauchemar pour notre peuple.

Car durant ces trois mois où nous fûmes cloîtrés sous prétexte d’épidémie, la contre-révolution libérale engagée depuis des décennies par les Pouvoirs qui nous étreignent, et notamment par les médias qui sont leur arme favorite (télévisions et " réseaux sociaux" surtout), ce formatage des esprits a progressé d’un bond, plus qu’en dix ans auparavant.

On peut en résumer ainsi les dimensions principales :

1/ l’ensemble des médias français, énormément plus suivis durant le confinement que précédemment, ont asséné la peur, à force de proclamations anxiogènes, de comptages quotidiens du nombre de morts, de chiffres aussi discutables que le discours était solennel, d’images morbides et de débats en boucle sur des données aussi imprécises que terrifiantes : comme le dit le Monde diplomatique de juin (article de Denis Duclos), ils "ont organisé la terreur sanitaire au sein d’une population française prise pour aussi mûre qu’un enfant en bas âge." Et cette culture irrationnelle de la peur, se camouflait en discours pseudo "scientifiques", déversés par tout un contingent "d’experts" et de "communicants". Avec une telle force, qu’elle imprègne encore la majorité des esprits à l’issue de la vague épidémique.

2/ Cette campagne ne fut pas que créatrice de panique, elle eut aussi la volonté délibérée de briser les solidarités, qu’elles soient de classe ou de voisinage, de parenté ou d’affinités philosophiques ou religieuses. Le nouveau credo de nos maîtres à penser quotidiens, était d’affirmer que l’autre est un danger, qu’il faut s’en protéger par la "distanciation sociale ", par des "gestes barrières ", dont le premier résultat a été de transformer les Ehpads en mouroirs de personnes âgées, parce que privés de toute affection familiale (plus de 10 000 morts durant la période d’interdiction des visites !).

3/ Enfin, redisons le, car ce n’est pas le moins nocif, et cela pèsera lourd sur l’avenir : le tout technologie informatique a fait une progression foudroyante, que nos possédants et dirigeants-managers voudraient bien pérenniser : consultations médicales à distance, qui permettront de pallier aux "déserts médicaux" sans accroitre le nombre de médecins, école à la maison, remplaçant le dialogue entre élève et pédagogue par le bachotage et le QCM, télé-travail supprimant l’entreprise comme lieu de lutte, etc… Alors que les Français ne possédant pas de "téléphone intelligent " ou ne maîtrisant pas les démarches informatisées varient selon les estimations (INSEE et autres) de 20 à 40 pour cent !)

Éric Schmidt, l’ancien patron de Google, frétillait de joie en constatant le 10 mai sur CBS : " ces mois de quarantaine nous ont permis de faire un bond de dix ans. Internet est devenu vital du jour au lendemain. C’est essentiel pour faire des affaires, pour organiser nos vies et pour les vivre."
Un optimisme compréhensible de sa part, mais fort déplacé si l’on pense au désarroi de millions de contribuables et de chômeurs en train de se débattre à cette même date avec le volapuk informatique rendu obligatoire par les services fiscaux et d’aides sociales !

4/ le résultat de ce matraquage idéologique est un délitement évident des résistances organisées contre le Capitalisme durant la récente période. Mai et juin ont vu successivement Martinez, dirigeant de la CGT, signer avec la CES et la CFDT un appel incongru a plus d’interventionnisme de l’Union Européenne, et les députés PCF et Insoumis voter avec l’unanimité de l’Assemblée nationale un texte de même inspiration.

Et, cerise sur le gâteau, Le Monde du 5 juin a annoncé, sous le titre " Agir sur le dérèglement du monde, On va s’en sortir, Lancez le débat, avec 300 acteurs du monde académique, économique, politique et social ", les rencontres organisées par le "Cercle des Économistes" les 3, 4 et 5 juillet à Aix en Provence : du beau linge, où voisinent Roux de Baizieux du MEDEF, des dirigeants de la Droite comme Valérie Pécresse, des penseurs de la Social-démocratie bancaire comme Jacques Attali, le patron de la CFDT Berger, et, divine surprise pour eux, Fabien Roussel, secrétaire général de ce qui se clame encore le PCF.

Comme s’il suffisait de concertations feutrées entre carpes et lapins, exploiteurs et exploités, pour accéder au Nirvâna d’après, en ignorant les antagonismes de classe.

5/ Heureusement, on a pu relever quelques brèches, dans ce consensus mou d’une Nation anesthésiée. Ainsi, l’affluence inattendue aux manifestations pour la mémoire d’Adama Traoré et de Georges Floyd, asphyxiés par les forces de l’ordre : début juin, plus de 20 000 personnes à Paris malgré l’interdiction, et des foules aussi denses en plusieurs villes de provinces. Ce qui montre une indéniable persistance des mécontentements contre la répression d’État et le racisme, mais sans objectifs d’issue politique clairs, et en l’absence des grandes organisations politiques et syndicales anticapitaliste. Même si la modeste ANC Ile de France y était, ce qui est tout à son honneur.

Rien d’étonnant : les appels dénonçant le Capitalisme fleurissent de ci de là, en pétitions et collectifs plus ou moins squelettiques, comme l’appel "capitalexit", parrainé par l’héritier du philosophe Lucien Sève, dont la grande ambition est de créer des groupes refusant la "verticalité desséchante", autre nom donné à l’organisation en parti, ou syndicat démocratique.

2020 semble réinventer les prémices du mouvement ouvrier français de 1830...
Comme l’a dit la Constitution française de 1793 :
" Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."

Certes, mais cette "insurrection" est vouée à l’écrasement sans organisations démocratiquement constituées, et porteuses d’un projet rationnel de la société future, notamment en matière de propriété des moyens de production et d’échange, collective ou privée.

   

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