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Bélarus : Révolution ou Contre – Révolution ?

samedi 22 août 2020 par Bruno Drewski (ANC)

Vous trouverez ci-joint attaché une contribution aussi de notre camarade Bruno Drweski qui contribue à clarifier les choses quant à la situation en Belarus concernant les propos absurdes proféré par la direction de la CGT.

Je ne pense pas que ce qu’on appelle l’opposition soit une force qui va trop compter à l’avenir. Il y a les partis d’opposition traditionnels groupusculaires et peu populaires qui ont été obligés d’agir derrière des personnalités nouvelles (et féminines) sorties du chapeau pour ces élections, et sans passé politique connu ou clair, et maintenant il doit y avoir toute une faune qui gravite autour d’eux/elles à Vilnius, Vilnius qui n’est pas Minsk par ailleurs, sans parler du fait que la Biélorussie profonde n’a pas dit son dernier mot elle aussi, car Minsk ce n’est pas la Biélorussie, c’est 20% du pays et les grands centre régionaux comptent (Gomel, Moguilev, Vitebsk, Polotsk, Grodno).

En dernière analyse, ce sera au kremlin que les choses s’arbitreront semble-t-il, même si le kremlin laissera sans doute quelques os à ronger aux Occidentaux “modérés” ou à l’opposition “sélectionnée”, s’ils donnent des gages de respecter les intérêts stratégico-militaires de la Russie …à moins que Loukachenko et/ou son entourage aient encore quelques atouts méconnus dans leur besace.

Avec les paysans madrés, il ne faut jamais répondre trop vite, surtout en nos temps troublés où tout change rapidement, trop rapidement, à l’échelle de toute la planète. Après tout dans son dernier discours de dimanche, il leur a dit “je vous avais prévenu que ces élections seraient mouvementées, c’est ce qui s’est passé. J’ai eu raison” …raison de commettre des erreurs ? ou raison de prévoir d’autres étapes suivantes ???
Fanfaronnade d’un “has been” ou vision de quelque chose qui vient pour l’après ?

…loukachenko 1, loukachenko 2, loukachenko 3 (pour une seule famille, déjà trois candidats aux options diversifiées) ou encore quelqu’un d’autre dans l’administration ?
Et puis, si les choses se calment un peu avec un gouvernement assez consensuel, le peuple de Biélorussie lui-même, n’est-il pas prêt à (re)sortir dans la rue si jamais on privatisait ?
Tout le monde est bien d’accord au moins sur un fait, Louka, les opposants, poutine, les occidentaux : les Biélorussiens sont majoritairement opposés à la privatisation et au modèle libéral (et ils sont là tous d’accord, même quand cela les enragent).

Louka essaie depuis quelques jours de jouer cette carte (apparemment ce seraient même des conseillers arrivés du kremlin qui lui ont conseillé de jouer cette carte pour se rétablir …un temps !) mais cette carte, elle est bien plus large que lui-même. Tout politicien un tant soit peu malin sait que, en dernière analyse, ce sera la carte gagnante à jouer pour arriver à être populaire.

La jeunesse branchée bobo de la capitale qu’on nous montre ne représente pas grand chose proportionnellement, même à Minsk, quelques dizaines de milliers de personnes, ça s’attroupe mais cela n’est pas le pays réel. …

Donc un candidat “populiste” anti oligarchie a toutes les chances de raffler la mise, même si au final il veut jeter ensuite cette carte à la poubelle. Mais est-ce que les Biélorussiens sont aujourd’hui sur ce sujet aussi naïfs et inexpérimentés que les Polonais en 1989 ou les Russes en 1991 ?

Et donc se laisseront ils faire ou transformeront ils les grosses usines dont ils sont à juste titre fiers en forteresses ?
That is THE question !!!

N’oublions pas qu’en 1994, Loukachenko a été démocratiquement élu à la surprise générale, absolument générale, contre le candidat de la nomenklatura (Kebitch) et contre le candidat pro-occidental social-démocrate (Chouchkievitch) parce que le pays profond a déniché Louka pour empêcher la privatisation, régler leur comptes aux mafieux arrivant de Russie, rétablir la langue russe, rétablir la légitimité de la RSSB et de l’URSS, rendre leur honneur aux combattants de la république des partisans et de la reconstruction d’après guerre et accorder de l’influence à la technocratie des grandes entreprises publiques qui savait bien qu’elle n’avait aucune chance de devenir une bourgeoisie possédante en ayant les oligarques russes d’un côté et l’OTAN de l’autre.

Le paysan biélorussien sait regarder les choses en face et les mesurer à leur juste mesure, c’est ce qui lui a permis de durer au cours des siècles.
Est-ce que les choses auraient à ce point changé ?
Wait&See ! …on a éliminé une fois, en 1994, le candidat de la nomenklatura mais pas au profit de l’opposition de l’époque …grosso modo la même qu’aujourd’hui.
Le choix fait en 1994 a surpris toutes les chancelleries de l’ouest et de l’est, sans aucune exception. Donc ce peuple nous a déjà habitué à des surprises de taille, serait il rentré dans le rang cette fois ?
Dans le moule mondialisé ???

Wait&See ! Yo no se !!!


À propos du texte de la CGT (lire ci-dessous).

La CGT semble ignorer dans son communiqué la position de la Fédération des syndicats de Biélorussie, de loin le plus grand syndicat du pays, dont les actitivitées se sont étendues depuis 1991 au secteur privé et dont 75 % des membres appartiennent à ce secteur, ce qui devrait soulever l’admiration de la CGT.

La direction confédérale de la CGT devrait faire l’effort de savoir que les forces d’opposition en présence en Biélorussie n’ont présenté aucun programme économique et social au moment où la pression des oligarques, tant russes que occidentaux, pour casser le modèle social biélorussien, la société de quasi-plein emploi, de prestations sociales généralisées et de secteur public dominant se heurte à des pressions montantes en vue de soumettre leur pays aux politiques de privatisation et de bradages des entreprises nationales.

La CGT, qui est censée défendre l’existence du secteur public en France, devrait être sensible à cet aspect de la réalité biélorussienne.

Aujourd’hui 17 août, le président Loukachenko en personne s’est rendu août au devant des ouvriers en principe en grève de la grande usine de tracteurs de Minsk pour répondre à leurs questions et expliquer que dans une société de quasi-plein emploi comme en Biélorussie, ceux qui ne veulent pas travailler peuvent le faire mais alors ils deviennent des chômeurs volontaires. Et que s’ils préfèrent le système capitaliste, alors le chômage deviendra massif et il n’auront plus l’occasion de pouvoir faire grève.
On aurait aimé que la CGT exige en France de la part du président Macron qu’il ai manifesté le même courage de venir s’expliquer directement devant les multiples manifestants français lors des manifestations violentes des deux dernières années, comme l’a fait aujourd’hui le président de la Biélorussie.

Il n’a jamais été question de criminaliser les activités syndicales en Biélorussie où la majorité des entreprises sont publiques et où les syndicats participent aux consultations et aux décisions en jouant un rôle actif dans la mise en place de la politique du quasi-plein emploi et de maintien des garanties sociales et sanitaires de base en vigueur.

Contrairement à ce que le communiqué de la CGT déclare, les élections en Biélorussie n’ont pas été organisées à la va vite, elles étaient prévues depuis fort longtemps et si elles peuvent être contestées comme beaucoup d’autres élections dans le monde, y compris dans les pays occidentaux, rien ne permet d’affirmer que la campagne électorale a été plus injuste ici qu’ailleurs car, si tel était le cas, pourquoi alors les candidats d’opposition se sont-ils présentés à de telles élections ?

Parler de régime autoritaire depuis 26 ans, c’est en plus contester toutes les élections précédentes, pourtant en général globalement validées par différents organismes parmi lesquels l’OSCE. C’est donc aussi contester l’honnêteté de ces organismes et des observateurs internationaux qui y ont assisté.

Les choix stratégiques d’un État sont faits par le pays concerné en toute souveraineté et qualifier l’indépendance et le non alignement choisis par la Biélorussie de « double jeu » parce que Minsk refuse de s’aligner sur Bruxelles, Washington ou Moscou, témoigne de l’alignement de la direction de la CGT sur une logique supranationale et de bloc telle qu’elle est mise en place par l’UE et l’OTAN et qui a comme objectif de limiter l’indépendance des peuples et le droit au contrôle public de son développement économique et social.

Les choix faits à Minsk de ne pas calquer le système social du pays sur celui de ses voisins de l’Est ou de l’Ouest témoignent du refus d’accepter une politique de privatisations des fleurons de l’économie biélorussienne au profit des capitalistes russes ou occidentaux, ce que la CGT devrait en principe applaudir.

Le président Loukachenko vient de rappeler aujourd’hui devant les ouvriers de l’usine de tracteur que s’il appliquait les choix faits dans les pays voisins, une partie des grévistes qui cessent le travail aujourd’hui deviendraient chômeurs conformément aux lois de ladite « économie de marché libre et non faussée » et qu’ils devraient définitivement cesser de travailler. La CGT souhaite-t-elle l’extension du régime économique et social injuste en vigueur dans notre pays ?
Contrairement au strabisme manifesté par le communiqué de la CGT, ce week-end, il y a eu deux manifestations « gigantesques » à Minsk, une pro-gouvernementale et une anti-gouvernementale, toutes deux d’ampleur comparable, et rien ne permet donc d’accorder à une seule option politique le monopole de la représentativité « du » peuple de Biélorussie, contrairement à ce qu’affirme la déclaration confédérale de la CGT.

Les grèves dans le pays semblent par ailleurs partielles et localisées surtout dans la capitale, et la CGT n’a pas à prendre pour argent comptant sans les vérifier les exagérations des groupes d’opposition ou des petits syndicats minoritaires du pays. Rien ne permet pour le moment d’affirmer que la grève s’étend, on peut même avoir l’impression que le rappel par Loukachenko aux ouvriers de l’usine de tracteurs des conditions de travail dans les pays du capitalisme sans contrôle a contribué à calmer les ardeurs de certains mécontents.

Bruno Drweski

Ci-joint le communiqué de l’agence Belta résumant le point de vue du syndicat de loin le plus puissant de Biélorussie, la Fédération des syndicats de Biélorussie, émis le 14 août 2020 :

MINSK, 14 août (BelTA) - La Fédération des syndicats du Biélarus (FSB) appelle toute la population du pays à cesser toute violence et à entamer un dialogue pacifique pour l’avenir de la Biélorussie.

"Les gens qui sortent et se rassemblent dans les usines et les entreprises sont préoccupés par la montée des tensions et la situation d’insécurité dans les rues de nos villes. La Fédération des syndicats reçoit de nombreux appels de la part des collectifs de travailleurs pour demander à tous de mettre fin à la violence, de ne pas provoquer de conflits, de préserver la paix dans notre pays. Aujourd’hui, les gens veulent que leurs enfants, leurs parents et leurs collègues qui ont été détenus soient libérés le plus rapidement possible. Nous parlons de ceux qui se sont retrouvés dans des lieux où des rassemblements de rue ont eu lieu et qui n’ont pas violé l’ordre public. Nous partageons ces appels et insistons pour que les forces de l’ordre libèrent ces personnes le plus rapidement possible et mènent une enquête ouverte et objective dans chaque cas", a déclaré le syndicat.

La Fédération des syndicats du Bélarus fournira toute l’aide nécessaire, que ce soit sur le plan juridique, psychologique et financier à ceux qui se trouvent dans une situation difficile. "Nous demandons à tous de cesser la violence et d’entamer un dialogue pacifique pour le bien de l’avenir de chacun d’entre nous et de notre Biélorussie", peut-on lire dans la déclaration.

Depuis, et en partie suite à cette intervention constructive de cette centrale syndicale, les personnes arrêtées lors des manifestations et qui ont subi des brutalités illégales ont été libérées et une enquête a été ouverte.


Voir en ligne : http://www.defenddemocracy.press/be...

   

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