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Quand l’IFOP fait de la (mauvaise) politique

jeudi 25 janvier 2018

Par Francis Arzalier (ANC)

En ce début d’année 2018, avec un ensemble parfait, les télévisions françaises nous ont annoncé avec une mine affligée ( et gourmande ) une grande nouvelle : "Soixante-dix neuf pour cent des Français sont complotistes !". Constat irréfutable selon nos communicants de service, puisqu’il résulte de "l’enquête d’opinion réalisée à ce jour par l’Institut Français d’Opinion Publique, organisme insoupçonnable et ... scientifique.

Cela mérite d’y regarder de plus près. Car, s’il existe effectivement des procédures scientifiques de sondage, tout est dans l’art de formuler les questions, et d’en manipuler les résultats.

D’abord rappelons qu’un sondage est toujours commandé (et payé) a l’organisme qui l’effectue par un client, qui formule les questions à poser, parce qu’il a besoin des réponses.(et ne publie en général que celles correspondant à ses thèses). En l’occurrence, il s’agit de la Fondation Jean Jaurès, très liée aux " Socialistes" français, et de l’officine anglo-saxonne Conspiracy Watch, dont l’objectif est de pourchasser dans l’histoire et l’actualité les causes maléfiques liées au complotisme répandu dans l’opinion.

Ce sont des "explications" très répandues aux USA, ou l’élection d’un xénophobe provocateur à la Maison Blanche est par beaucoup attribué à un complot russe, comme si cela n’exprimait pas de fâcheuses réalités de la société US. Et, en écho, Trump vocifère que ses déboires ne sont que l’expression de la haine des intellectuels de la côte est et des élites fortunées et cultivées ( dont il ne ferait pas partie !).

Mais ces billevesées sont largement diffusées en France, des télévisions d’état à celles de Bouygues, le complotisme étant selon nos bavards attitrés, la fâcheuse caractéristique des incultes populaires, voire "populistes", par opposition aux "élites" cultivées. Le dictionnaire Larousse, lui, définit le complotisme ainsi : "se dit de quelqu’un qui récuse la version communément admise d’un événement et cherche a démontrer que celui ci résulte d’un complot." Ce qui revient à l’attribuer à toute opinion minoritaire, comme si celles majoritairement admises étaient toujours La Vérité ! Toutes les opinions révolutionnaires ou critiques qui ont permis les progrès de l’humanité depuis ses origines sont ainsi condamnées sans appel.

Les questions posées dans cette enquête sont un exemple parfait de ces jugements vrais et faux qualifiés de complotistes, simplement parce qu’ils ne sont pas acceptés par nos censeurs de la"pensée bourgeoise unique".
Des âneries anti-scientifiques comme la croyance en la platitude de la terre, partagée encore par 9 pour cent des interrogés. Remarquons tout de même que 91 pour cent savent la terre ronde, ce qui n’est pas un résultat négligeable de leur cursus scolaire.

Des affirmations bien plus controversées sont mises sur le même plan : Ainsi, sont considérés comme complotistes ceux des sondés qui croient que la CIA ne fut pas étrangère à l’assassinat du Président Kennedy à Dallas, version défendue par de nombreux historiens. Et sont flétris comme complotistes aussi les 55 pour cent qui affirment une collusion entre les firmes pharmaceutiques et les autorités de l’état à propos des vaccins : faut il rappeler le scandale en 2009 de ces millions de vaccins anti-grippe payés par les contribuables et mis à la poubelle ensuite ? Et bien d’autres complicités depuis que le public n’oublie pas ?

C’est en s’appuyant sur de telles approches hypocrites, que la Fondation Jean Jaurès ( la bourgeoisie sait utiliser les morts, qui n’en peuvent mais ) se permet d’affirmer que 54 pour cent des Français sont complotistes, notamment parmi les jeunes et les" populistes ",qui ont voté Mélenchon en 2017 (comme par hasard) ! ! !

L’idéologie dominante est celle de la classe dominante !

En fait, la société française contemporaine est soumise a des forces contraires internes, comme les océans le sont a des courants marins en profondeur.

D’une part, les luttes inhérentes aux antagonismes de classes, telles que Marx les a décrites il y a deux siècles. Elles opposent le prolétariat (au sens premier du terme, l’ensemble de ceux qui ne possèdent que leur force de travail, manuelle ou intellectuelle, et, en son sein, la classe ouvrière), à la bourgeoisie capitaliste,qui possède les grands moyens de production, et en tire profit grâce au salariat, actionnaires grands et petits, mais aussi leurs fondés de pouvoir (patronat), idéologues et "communicants" à leur service. Cette réalité n’est pas une invention de quelques barbus marxistes malveillants, elle découle des antagonismes sociaux : les luttes de classe sont seules capables d’accoucher de progrès imposés aux privilégiés.

D’autre part, les dits privilégiés s’efforcent d’empêcher les exploités d’accéder à la conscience de leurs intérêts : c’est leur façon à eux de mener la lutte de classe.

Ce combat de la bourgeoisie fut, durant des siècles, mené d’abord par le biais des religions, des messages de soumission que leurs prêtres enseignaient aux fidèles. Cet "opium par la foi", s’il existe toujours, ne joue plus le rôle premier en nos contrées : cette première place est aujourd’hui dévolue à ce qu’on nomme communément "les médias". Supposés informer l’opinion de la réalité, ils en construisent une version suffisamment gauchie pour empêcher l’essor des luttes populaires.

Ils ont pris en ce siècle une puissance telle, qu’on le dit fréquemment celui d’information, alors qu’il est surtout de manipulation. Ce pouvoir inouï de " normalisation bourgeoise " s’exerce au travers de la presse, des radios, des télévisions, et de plus en plus, par ce qu’on dit les" réseaux sociaux ".

Mais aussi, on l’oublie souvent, par le biais de l’enseignement, du discours politique, l’art et les échanges culturels, la publicité, la recherche, etc.. et les instituts de sondage.....Dans tous ces domaines, l’idéologie du capitalisme fait la loi, contrôle pour l’essentiel les leviers de commande, est en mesure de choisir ceux qui ont accès à la parole publique quand le sujet est important, notamment par les prébendes et la servilité carriériste...

" TOUT EST POLITIQUE ! "

Un slogan bien réducteur claironné par les jeunes trublions " gauchistes " de 1968, dont la plupart fréquentent cinquante ans plus tard les lieux les plus bourgeois. Ce qui par contre est vrai, c’est que rien de ce qui est humain n’échappe à l’idéologie. Celle dont l’objectif est d’entraver la lutte de classe investit ainsi tous les domaines de la vie, détourne les plus justifiées des intentions du monde vers des voies sans issue, des attitudes de soumission sociale.

  • L’envie compréhensible d’échapper individuellement a un monde trop rude par les paradis artificiels du jeu, de l’alcool, ou des drogues, détruit d’abord toute velléité de lutte organisée, et conduit parfois à la mort ensuite. Qui profite de ces crimes sociaux, plus encore que les dealers de quartier ?
  • Quand des politiciens démagogues détournent la colère légitime contre le chômage, le mal vivre, l’exploitation, vers la xénophobie et le racisme, contre des boucs émissaires innocents, "basanés", musulmans ou migrants. À qui profite le crime ?
  • Quand d’autres politiciens et gouvernants, relayés par les médias, utilisent l’indignation justifiée des citoyens français contre les attentats terroristes pour fabriquer une unanimité hypocrite, pour faire manifester des foules de braves gens avec des bellicistes coloniaux comme Netanyaou. À qui profite cette escroquerie ?
  • Quand durant des mois, les télévisions enflamment délibérément les féministes exaspérées à juste titre par le harcèlement sexuel, au point de fabriquer une inepte guerre des sexes, divisant la société en hommes tous violeurs potentiels et femmes toutes vénales. À qui profite cette disparition des antagonismes sociaux réels ?

En fait, tous ces dérapages, toutes ces manipulations multiformes, ont la même origine, le désir de la bourgeoisie d’empêcher les luttes de classe. Ce constat n’a rien de complotiste, il découle des faits et de l’analyse. Comment, au vu de cette guerre idéologique constante, s’étonner que les luttes nécessaires aient du mal à se développer ?

   

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