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Les incendies d’Amazonie, en route vers la catastrophe de 2019

mercredi 2 septembre 2020 par Pablo Rivas

"Après la déforestation, des incendies sont allumés intentionnellement pour défricher des terres afin de faire place à l’agriculture, à l’élevage et à la spéculation immobilière, souvent illégalement. Les incendies sont généralement plus nombreux en août ou en septembre", note un rapport de Human Rights Watch (HRW).

El Salto, 31 août 2020 - L’année 2019, la première année où Jair Bolsonaro a occupé le poste de président de la République, a été une catastrophe pour l’Amazonie, principal poumon vert de la planète. Le système de détection de la déforestation en temps réel de l’Institut national de recherche spatiale (INPE) du Brésil a publié au début de 2020 que la zone concernée par les "avertissements de déforestation" s’étendait sur 9 166 kilomètres carrés, contre 4 946 kilomètres carrés en 2018, soit une augmentation de 85 %. C’est la plus grande destruction annuelle de forêt en une décennie.

Et l’année 2020 pourrait être pire si le rythme actuel des incendies se poursuit.

Rien qu’au cours des dix premiers jours du mois d’août, 10 136 incendies ont été détectés dans toute l’Amazonie brésilienne, soit une augmentation de 17 % par rapport au chiffre de l’année dernière pour la même période et le plus élevé de la dernière décennie. Si l’on analyse la période entre le 16 juillet et le 15 août, le nombre de foyers enregistrés par l’INP était de 20 473, soit seulement 8 % de moins qu’en 2019.

Human Rights Watch (HRW) a mis en garde contre cette situation le 26 août dernier avec la publication d’un rapport dénonçant qu’au rythme actuel, les incendies pourraient être plus graves cette année. En fait, malgré le fait que la politique nationale sur le changement climatique, qui est contraignante, dicte un engagement du gouvernement brésilien à réduire le taux annuel global de déforestation à 3 925 kilomètres carrés, en avril, les nouvelles zones déboisées totalisaient déjà 4 509 kilomètres carrés entre les terres brûlées et défrichées et les terres non encore brûlées. En outre, dès le mois de juillet, 28 % de plus d’incendies ont été détectés par rapport au même mois de l’année précédente.

"Les incendies dans la forêt amazonienne ne se produisent pas naturellement", rapporte Human Rights Watch.

Les communautés scientifiques et environnementales ont déjà vu en 2019 la main de Bolsonaro derrière la catastrophe. Dans ses projets d’exploitation de l’Amazonie, il a dépouillé de leurs pouvoirs et de leurs ressources les administrations publiques comme l’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables (IBAMA), lié au ministère de l’environnement et chargé de mettre en œuvre la politique nationale de l’environnement.

Le magazine Globo Rural a averti que le 7 août 2019, trois jours avant la soi-disant "Journée du feu", lorsque les incendies massifs ont commencé dans la région de Novo Pogresso, dans l’État du Pará, un groupe de 70 personnes - dont des propriétaires terriens, des producteurs ruraux, des commerçants et des syndicalistes - s’est coordonné par un groupe de WhatsApp, pour mettre le feu aux rives de la route BR-163, une route qui relie la région à l’État du Mato Grosso et aux ports fluviaux de la rivière Tapajos. L’information a été publiée par le ministère de l’environnement avant la "journée du feu", mais aucune mesure n’a été prise.

Cette année, la cause est la même, selon les chercheurs et les écologistes, malgré le moratoire de 120 jours qui a interdit les incendies dans la région et l’envoi de personnel militaire sur place, une mesure "pratiquement sans efficacité", selon HRW.

"Les incendies dans la selva amazonienne ne se produisent pas naturellement", affirme l’ONG. "Après la déforestation, des feux sont allumés intentionnellement pour défricher des terres afin de faire place à l’agriculture, à l’élevage et à la spéculation immobilière, souvent illégalement. Les incendies sont généralement plus nombreux en août ou en septembre.

L’étude Las manzanas podridas del agronegocio brasileño (Les pommes pourries de l’agronégoce bérsilien), publiée dans le magazine Science en juillet, a révélé qu’environ 20 % des exportations de soja - dont le Brésil est le premier producteur mondial - et 17 % des exportations de bœuf du pays sud-américain vers l’UE proviennent de zones de déforestation illégale en Amazonie.

Les chercheurs ont directement accusé Bolsonaro d’encourager la déforestation "au mépris du code forestier brésilien et de l’accord de moratoire sur le soja, qui interdit l’abattage des forêts pour la production de céréales".

Pour sa part, Bolsonaro a tenté de minimiser la gravité de la crise, allant jusqu’à dire le 11 août, face aux preuves brutales, devant plusieurs dirigeants sud-américains : "Ils ne trouveront pas un seul foyer d’incendie, ni un quart d’hectare déboisé. Cette semaine, un journaliste a publié un extrait du documentaire Le Forum dans lequel le président du Brésil communique à l’ancien vice-président des États-Unis et leader dans la lutte institutionnelle contre le changement climatique, Al Gore, son souhait que le Brésil et les États-Unis "exploitent ensemble l’Amazonie", avec pour conséquence la perplexité de Gore, pour qui la forêt est une cause de "profonde inquiétude".

En mars, une étude de l’ONG Amazon Watch a révélé qu’entre 2017 et 2019, Citigroup, JPMorgan Chase, Goldman Sachs, HSBC et BlackRock ont signé des projets d’une valeur de 6 milliards d’euros avec des entreprises telles que GeoPark, Amerisur, Frontera et Andes Petroleum pour l’exploitation de champs pétrolifères dans l’ouest de l’Amazonie, en l’occurrence un quart des forêts qui composent la zone amazonienne de la Colombie, de l’Équateur et du Pérou.

Pendant la quarantaine, l’Institut Sinchi de Colombie a dénoncé sur les pages web de la Semaine du développement durable que des incendies intentionnels se produisaient dans la jungle colombienne.

Mobilisation mondiale

Le vendredi 28 août, des organisations telles que Fridays for Future, Ecologistas en Acción ou la campagne d’État Non aux traités de commerce et d’investissement se sont réunies à l’ambassade du Brésil à Madrid et au consulat du Brésil à Malaga pour dénoncer la collusion de Bolsonaro avec l’industrie agricole illégale et la passivité internationale face à la catastrophe.

Ils ont demandé au président brésilien "d’arrêter sa politique de destruction de ce poumon du monde et de respecter les droits de l’homme des peuples indigènes du Brésil", des communautés qui, dénoncent-ils, sont expulsées et déplacées de leurs terres par les incendies, l’avancée de l’agro-industrie et les projets illégaux d’exploitation minière ou d’infrastructures.

En fait, ils accusent Bolsonaro de développer des mécanismes "de légalité douteuse" contre ces peuples, comme le démantèlement progressif de la Fondation nationale de l’indien (FUNAI), qui a également été laissée sous la direction d’un ancien évangéliste.

Parmi les revendications de la manifestation, les groupes se sont également adressés au gouvernement espagnol, lui demandant de mettre fin à l’accord commercial entre l’UE et les pays du bloc Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay), "qui encouragera et facilitera l’importation de trois produits responsables de la déforestation de l’Amazonie : la viande bovine, le soja pour nourrir le bétail et la canne à sucre pour fabriquer des biocarburants".

L’Autriche, la Hollande, la région belge de Wallonie et l’Allemagne, cette dernière par le biais de certaines déclarations faites par Angela Merkel avec de jeunes militants, ont montré leur rejet de l’accord dans son état actuel en raison de son impact environnemental ou du refus de Bolsonaro de se conformer aux objectifs de l’accord de Paris. De plus, "l’accord commercial ne contient aucun mécanisme de sanction concernant les droits de l’homme, le climat ou l’environnement", rappelle Ecologistas en Acción.

La manifestation de vendredi s’inscrit dans le cadre de la campagne mondiale lancée par "Vendredi pour le Brésil futur", l’Articulation des peuples indigènes du Brésil (APIB) et l’Assemblée mondiale pour l’Amazonie, promue en juillet par 540 groupes de la région, sous les slogans SOS Amazonie et "Sans Amazonie, il n’y a pas d’avenir".

source d’origine El Salto : https://www.elsaltodiario.com/amazonia/incendios-camino-alcanzar-desastre-2019

traduction carolita d’un article paru sur Servindi.org le 31/08/2020


Voir en ligne : http://cocomagnanville.over-blog.co...

   

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