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Les défenseurs de la caricature à tous vents sont aveugles aux conséquences de la mondialisation

jeudi 5 novembre 2020 par Jean Penichon

Dans le quotidien français Le Monde du 4 novembre 2020, Olivier Mongin et Jean-Louis Schlegel mettent en question la prétention de la France à imposer comme une valeur universelle le droit au blasphème et les caricatures des religions. Notamment dans un contexte mondialisé où chaque dessin satirique peut avoir une diffusion planétaire.

« Ce n’est pas la liberté d’insulter et de caricaturer la religion en France qui fait problème : c’est l’inexistence de cette liberté dans de nombreux États du monde et son rejet de fait par certaines religions et d’autres cultures ».

En référence aux caricatures de Mahomet, dont s’était servi le professeur Samuel Paty, assassiné le 16 octobre 2020, les anciens de la revue Esprit, reviennent sur la liberté accordée en France à tous les médias de caricaturer les religions, quelles qu’elles soient. Or les moyens de diffusion actuels permettent, en effet, de propager largement, à l’échelle de la planète, des dessins satiriques du pape, du Christ, de Boudda, de Jehova ou du prophète Mahomet. Mais, à l’origine cette possibilité était cantonnée aux marchants de journaux, chacun étant libre de l’acheter ou pas. En tous cas, nous n’étions pas obligé de les regarder comme c’est le cas aujourd’hui.

"Aujourd’hui cette barrière - cette "liberté de réserve" - semble avoir sauté, non seulement dans les médias mais jusque dans les hautes sphères de la société civile et politique..."

..."Le paradoxe, nonobstant toutes les proclamations émotionnelles et incantatoires entendues depuis des jours, est que la et les libertés d’expression ne sont guère mises en cause en France (sinon à la marge, par exemple pour limiter les discours de haine sur Internet). Ou alors, si vraiment un seul assassin fou les menace, il faudrait admettre qu’elles sont vraiment fragiles. En réalité, la France reconduit inlassablement le schéma qui, depuis le début de son histoire moderne, a fait sa grandeur mais aussi sa limite, voire sa médiocrité : un universalisme républicain et laïque admirable, avec ses valeurs-phares de liberté et d’égalité (la fraternité restant plus incertaine à réaliser), mais aussi la tentation de les imposer par la force quand des individus, des groupes, des peuples et des nations résistent au nom d’une autre liberté, religieuse ou politique, jugée "esclaves" par les éclairés. Chaque fois renaît l’"universalisme abstrait", son assurance de posséder, sinon un "droit des races supérieures", pour reprendre le mot de Jules ferry, du moins une supériorité qui ne lui interdit pas de piétiner sans problème de conscience excessif le droit des pauvres qui ne connaissent pas encore les principes républicains..."

..."Sauf que ce n’est pas la liberté d’insulter et de caricaturer la religion qui fait problème : c’est l’inexistance de cette liberté dans de nombreux États du monde et son rejet de fait par certaines religions et d’autres cultures..."

..."Il est abstrait ou idéaliste, de dire, "nous ne visons que les islamistes, les radicaux, les fous d’Allah, pas l’Islam". L’intention est bonne, mais très dangereuse, quand l’Islam compte quelques milliers d’islamistes décidés à tuer au nom de Dieu, capables de manipuler pour leur combat nombre d’illettrés ou de semi-cultivés dans le monde, qui n’ont jamais entendu parler de liberté d’expression. À fortiori à l’heure d’Internet, où la diffusion des messages électroniques et des discours de haine est quasi illimitée et immédiate, et peut atteindre tous les publics..."

..."Dans ce contexte, les grandes religions traditionnelles établies sont partout ébranlées ou débordées, donc en position de faiblesse. Elles sont contestées d’un côté par l’individualisme religieux, "la religion à la carte", l’émancipation moderne de la religion, et d’autre part confrontées à l’expansion des tendances radicales et intégristes : intransigeance intégriste ou traditionaliste catholique ; fondamentalisme évangélique du côté protestant ; ultra-orthodoxie juive ; salafisme et djihadisme musulmans ; nationalisme hindouiste et bouddhiste"...

Il faut donc, concluent Olivier Mongin et Jean-Louis Schlegel, redonner à la politique ses lettres de noblesse. « Non pour pratiquer la culture de l’excuse, mais pour rappeler à César ses responsabilités », argumentent-ils, en citant en conclusion le Français Michel de Certeau, philosophe jésuite, théologien et historien :
« Lorsque le politique fléchit, le religieux revient ».  [1]


[1Ça me rappelle un truc du vieux Marx, comme quoi la religion serait le dernier refuge (l’opium) des peuples asservis...

   

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