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Centrafrique et Mali face à l’impérialisme français : Les peuples exigent le respect de la souveraineté nationale !

mardi 29 décembre 2020 par Diagne Fodé Roland

Le ton monte à Bamako entre le président malien de la transition et les officiels français aussitôt suivie d’une mission du chef d’état-major de l’armée française. Presque au même moment entre en scène une offensive militaire des opposants armés pour empêcher la tenue de l’élection présidentielle en Centrafrique. Quel lien peut-on établir entre ces deux évènements de Bamako et de Bangui qui se déroulent à 4151 km de distance ?

Au Mali, le leitmotiv des impérialistes français est « On ne négocie pas avec les terroristes », « On ne peut pas dialoguer avec les groupes djihadistes qui n’ont pas renoncé au combat terroriste » ( ministre des armées Florence Parly),

« Disons les choses très clairement : il y a les accords de paix […] et puis il y a les groupes terroristes qui n’ont pas signé les accords de paix […]. Les choses sont simples » ( ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian),
« Je crois que nous sommes engagés dans un combat, et c’est un combat sans ambiguïté... Et contre le terrorisme et ceux qui s’en revendiquent, il n’y a qu’un moyen. Il n’y en a pas deux » (Jean-Marc Ayrault à Bamako, ex-premier ministre),
« Il faut être intraitable avec le terrorisme, mais il faut être aussi extrêmement ferme à l’égard du pouvoir malien », « l’idée que l’on pourrait avoir des négociations avec ceux-là mêmes qu’on cherche à frapper me paraîtrait un manquement par rapport aux engagements qui avaient été pris au moment du départ de cette opération » (François Hollande, ex-président).

Alors que le dialogue national inter-malien qui a mis en place la transition post-IBK et la Conférence d’entente nationale qui réunit l’ensemble des communautés du pays, conformément à l’accord de paix d’Alger signé en 2015 recommandent d’engager le dialogue avec tous les fils du Mali, les rebellions maliennes, et notamment de « négocier avec Ahmadou Koufa », le chef de la Katiba Macina, ainsi qu’avec « lIyad Ag Ghali », le chef Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM).

Or on peut lire dans Le Monde, une des voix médiatiques de l’impérialisme français, que "ce dialogue « ne change rien », Iyad Ag Ghali et Hamadoun Koufa « restent des cibles » et que le chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, s’exprimait ainsi devant les sénateurs français : « Il doit être très clair […] que nous ne déviions pas de ligne, que notre combat reste le même et qu’il est tout aussi légitime qu’il l’était ». Ligne qui s’est manifestée par la mise hors du contrôle de l’État malien de Kidal et la déclaration à Paris de "l’indépendance de l’Azawad" par le MNLA.

Cette ligne justement est en totale contradiction avec ce que disent les nouvelles autorités maliennes qui considèrent qu’ « en réalité, nous sommes presque tous d’accord avec cette solution, y compris au niveau du gouvernement. Nous ne pouvons plus nous enliser de la sorte alors que le dialogue dans notre pays a toujours été notre moyen de gérer les conflits".

D’où « cette dissonance entre l’État malien et la posture officielle du gouvernement français ». Le président malien de la transition somme les forces armées françaises de ne plus mener d’actions sans concertation avec l’armée malienne.
La presse malienne fait état de la découverte par des douaniers maliens d’une extorsion et d’un trafic d’or de militaires français. Les appels à manifester contre la présence militaire de Barkhane, nouveau nom de l’opération Serval par laquelle l’occupation militaire du Mali avait été décidée par le président français Hollande.

Les populations et forces patriotiques du Mali demandent de plus en plus ouvertement un accord de coopération militaire avec la Russie après avoir vu l’efficacité dont celle-ci a fait preuve en Syrie. L’exigence de souveraineté nationale oppose de plus en plus la France officielle et l’actuel Mali officiel né de la transition engendrée par la mobilisation insurrectionnelle du peuple prolongée par l’intervention de l’armée nationale qui a contraint l’ancien président soumis et servile à démissionner.

En Centrafrique, la fin du premier mandat du président Faustin-Archange Touadéra et l’échéance du nouveau scrutin présidentiel auquel il se présente est l’occasion du réveil des groupes armés que l’opération militaire française Sangaris n’est nullement parvenu à juguler.

L’armée nationale et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) ont annoncé avoir mis les troupes régulières et les Casques bleus en "alerte maximale" dans les localités " cibles d’attaques [menées] par des éléments armés du 3R, du MPC et des anti-balaka".
Bozizé chassé par la françafrique pour avoir concédé des exploitations minières à la Chine semble être revenu en grâce pour chasser l’actuel président qui a signé l’accord de paix de Khartoum sous l’égide de la Russie censé pacifier le pays.

Comme au Mali, on est loin du scénario de départ qui fut le prétexte de l’occupation militaire de la Centrafrique par Sangaris. Les milices Séléka (musulmans) et Anti-Balakat (chrétiens) qui se tuaient entre eux se sont réunis maintenant dans la CPC contre l’actuel président Faustin Archange Touadéra, lequel avait fait appel à la Russie, notamment des sociétés militarisées privées, pour desserrer l’étau du face à face avec l’impérialisme français qui alimente en sous main les différentes factions armées depuis que ses Multinationales ont commencé à perdre des parts de marchés en Centrafrique au profit des entreprises chinoises et russes.

Une conférence des chefs d’États d’Afrique centrale (Centrafrique, Tchad, Congo Brazzaville, Gabon, Guinée Équatoriale, Cameroun, RDC) a condamné les tentatives de déstabilisation armée de toute la sous région à partir de la tentative de sabotage armé des élections en Centrafrique.

Ce qui se joue au Mali et en Centrafrique est un bras de fer feutré qui peut à tout moment devenir ouvert entre l’impérialisme français et la montée progressive de l’exigence de souveraineté nationale des peuples des pays du Sahel qui se rendent compte du double jeu des régimes de droite et PS successifs qui alternent à Paris.

L’enfumage qu’est la stratégie d’occupation militaire du Sahel sous le prétexte de "lutte contre le terrorisme" est de plus en plus balayé par la tornade de l’accaparement boulimique à peine déguisé des matières premières par les Firmes transnationales prédatrices françaises.

Il apparaît de plus en plus nettement et à juste raison aux yeux des peuples, mais aussi de certains chefs d’états africains que la guerre de destruction de la Libye, pays qui avait l’Indice de Développement Humain (IDH) le plus élevé d’Afrique, et l’assassinat de Khadafi n’étaient que l’acte 1 d’un cycle guerrier de l’occident impérialiste états-unien, européen et français pour essaimer ses armées tout le long du Sahel afin de parer à ses pertes de parts des marchés africains face à la coopération "gagnante-gagnante" Sud – Sud impulsée par la Chine Populaire Communiste et les pays émergents des BRICS.

Dans un tel contexte, la rupture du face à face "unilatéraliste" des États africains balkanisés avec les impérialistes françafricain, eurafricain, usafricain au profit du multilatéralisme de la liberté souveraine de choisir ses partenaires investisseurs et commerciaux est une étape vers l’indépendance et la souveraineté nationale.

Les peuples africains doivent forger, à partir de la prise de conscience montante qui alimente l’actuelle rébellion de la jeunesse patriotique et panafricaine, des forces politiques patriotiques, panafricaines, anti-impérialistes, révolutionnaires et internationalistes à même de parachever le multilatéralisme anti-unilatéraliste en indépendance et souveraineté nationale et populaire pour sortir nos pays et l’Afrique du sous-développement.

28/12/2020

   

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