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Régressions, névroses, multiculturalisme et minorités - Le « modèle français » en question

vendredi 9 avril 2021 par Bruno Drweski (ANC)

Si la question des minorités occupe aujourd’hui, en France comme ailleurs, le devant de la scène, c’est parce que le système capitaliste dominant est en crise profonde, d’où un sentiment de déficit « d’identité », de perte de repères. Perte de repères qui force à reposer la question des modèles d’intégration sociale hérités d’un passé aujourd’hui en passe d’être révolu. Ce qui, dans le cas français, impose de revoir les fondements des faux débats compulsivement renouvelés dans les médias et au niveau des couches politiciennes dominantes sans plus aucune imagination et donc sans capacité d’innovation.(La pensée libre)

Je vais commencer cet essai en présentant mes origines qui peuvent sans doute expliquer mon approche peut-être un peu distanciée et en même temps « intime » de la réalité française aujourd’hui en crise, une réalité qui est en conséquence obsédée par son « identité » faute de pouvoir régler ses blocages socio-économiques et donc aussi politiques ou idéologiques. Conséquence d’un système capitaliste à bout de souffle dans un pays du « second cercle impérialiste » bâti autour de la puissance nord-américaine et des « Five Eyes » anglo-saxons.

Je suis donc né au Québec (Canada ? Dominion britannique ? Nouvelle France ?), d’origine polonaise par mon père et française (bretonne) par ma mère, ce qui m’a donné de fait a priori, de naissance, trois « nationalités » (française, québecoise, polonaise), en plus de deux citoyennetés (française, polonaise) et d’un « asujetissement » (« Sujet de sa Gracieuse Majesté britannique par la grâce de Dieu, reine du Canada »).

Je fais donc partie, entre autre, d’une double francophonie, celle de sa « Métropole » culturelle, en principe « une et indivisible » et celle de sa périphérie, une Nouvelle France devenue en quelque sorte ensuite une « Vieille France » puisqu’elle n’a pas connu le « reset », l’élément « refondateur », que fut pour le peuple de France la Révolution de 1789, et que le « Canada français », comme on disait alors, est donc resté catholique, sous « protection » royale, coloniale et britannique, au moins jusqu’à la « révolution tranquille » des années 1960-70 qui toucha le Québec de mon enfance et de mon adolescence, « révolution » inachevée et pas toujours tranquille d’ailleurs puisqu’elle fut ponctuée par le « terrorisme » (Front de Libération du Québec), par des vagues de grèves ouvrières très dures avec, comme conséquence, la proclamation de la loi dite « des mesures de guerre » et son cortège de prisonniers et de procès politiques qui se sont terminés fort heureusement sur un mode plutôt ubuesque.

Ces années là ont donc vu l’émergence d’un « Québec libre », ou tout au moins tendant à se vouloir libre, libéré de la domination du tout anglais au niveau de la vie économique, et libéré de la tutelle de l’Église catholique alors étendue à tous les domaines de la vie sociale, politique et éducative, aux portes de l’empire d’où fuyaient au même moment vers le Canada les jeunes réfractaires américains à la conscription pour la guerre du Viêt-nam.

Par mon enfance passée à l’ombre de la monarchie et du colonialisme britanniques, elle-même sous la pression constante de la puissance yankee, autrefois jugée « rebelle » à Londres, proclamant sa « Destinée manifeste » et située à 80 km de la ville où j’habitais, mon nom me plaçait en situation de double minoritaire, francophone catholique dans un océan anglophone et protestant, et « polonais » au milieu d’un entourage francophone, dans un continent par ailleurs hanté par le souvenir des « nations premières » éparpillées dans les réserves, et qu’on appelait encore à l’époque souvent « les sauvages ».

« Nous », nous étions les « nègres blancs d’Amérique », comme les colons anglais « nous » appelaient, nous les francophones, presque toujours concentrés d’ailleurs dans les métiers paysans, ouvriers ou subalternes. Quand on entrait dans un grand magasin systématiquement aux mains d’Anglais ou d’Écossais, on vous criait « Speak white ! » si jamais on parlait à haute voix dans une autre langue que celle de sa gracieuse majesté, donc dans une langue ...de nègre [1].

Ce pays était déjà abordé par ailleurs par toutes les immigrations au milieu desquelles j’ai grandis, dans la rue, à l’école, dans les commerces, chez les voisins, à la maison, venant à la fois de tout le « Commonwealth des nations britanniques » et de la « francophonie ». « Polonais » en plus, cela voulait aussi dire, porteur du passé des peuples et religions cohabitant depuis un millénaire dans l’espace Baltique-mer Noire post-jagellon, ou polono-lithuano-ruthène, au contact du « monde russe », du « monde germanique » et du « monde ottoman ».

J’ai vécu là, au milieu de « Polonais catholiques » et de juifs polonais, entre polonais, yiddish et autres langues slaves et je me rappelle l’ambiance mystérieuse qui descendait dans la cours de mon petit immeuble le vendredi soir à l’entrée du shabbat, quand toutes les lumières s’éteignaient pour laisser la place aux frêles tremblements des bougies, tous nos voisins étaient juifs pratiquants.

C’est d’ailleurs sans doute pour cela que le propriétaire de l’immeuble immigré de Radom avait voulu avoir mon père pour voisin un « goy » de chez lui, pour mieux revivre le pays natal. Tout était donc prêt pour faire de moi en principe « l’être multiculturel idéal », voire le Nord-Américain plastique, élevé à l’ombre de la prétendue « tolérance britannique » d’un côté, et du non moins prétentieux « idéal républicain de la patrie des droits de l’homme » de l’autre puisque, francophonie oblige, à Montréal, on lisait, écoutait, entendait tout ce qui tournait en français, de Québec à Paris, de Port-au-Prince à Alger, entre « Français de France » et francophones « d’ailleurs ».

Mon école, du primaire au bac, dépendait d’ailleurs de programmes du ministère de l’éducation parisien que nous suivions sous l’égide de prêtres ou d’enseignants laïcs tous envoyés de Paris. J’ai donc appris d’un côté dans les manuels que « mes ancêtres étaient gaulois » et que Napoléon avait été un grand homme, comme Louis XIV ou de Gaulle, et, par ailleurs, pour les cours d’histoire du Canada, qu’il fallait remercier sa Gracieuse majesté britannique d’avoir daigné nous permettre de garder « notre religion catholique » et de nous avoir par la même occasion préservé de la « diabolique révolution française », tout cela alors que, au milieu des années 1960, l’Église catholique canadienne française arrogante jusqu’au bout tout en prêchant la soumission s’écroulait par pans, que les prêtres se défroquaient en masse, et que nous vibrions dès l’adolescence aux échos des révolutions cubaine et algérienne.

Plusieurs de mes camarades d’écoles ont vu leurs parents emprisonnés sous des accusations de « communisme » lors des dernières secousses du maccartysme. D’où la fascination d’autant plus forte pour ces deux révolutions, puisque l’une, « latine », visait le colon « anglo » honni, et l’autre, francophone bien qu’arabe, visait la « mère-patrie » qui avait « traîtreusement » abandonné en 1763 aux Anglais ses enfants paysans de Nouvelle-France tout en prenant soin de rapatrier ses nobles.

Sentiment d’ambivalence envers une « France-mère indigne » qui convergeait d’ailleurs avec le sentiment polonais d’avoir aussi été abandonné par la France au XVIIIe et XIXe siècles, et surtout en septembre 1939 pour combattre seul l’agresseur teuton alors que celui-ci avait totalement dégarni sa frontière occidentale, sachant la pleutrerie des dirigeants d’alors régnant à Paris et à Londres qui n’attaqueraient pas alors qu’ils seraient entrés en Allemagne comme dans du beurre.

Expériences enfantines cumulées qui m’amènent donc à prendre ici la parole pour expliquer mon regard à la fois intérieur et extérieur sur la société française actuelle, ses blocages « identitaires » qui convergent d’ailleurs, est-ce un hasard, avec ses blocages économiques et sociaux ou politiques tout aussi d’actualité.

Pour résumer en avant-propos ma thèse faite d’un mélange d’expériences personnelles et de réflexions plus rationnelles, je dirais que le modèle « multiculturel » bourgeois anglo-saxon est à la base hypocrite et ségrégationniste, tandis que le modèle « uniformisateur » bourgeois français était au départ franc, égalitariste et arrogant. Chez les uns « on ne mélange pas les torchons et les serviettes », chez les autres on veut faire rêver d’un modèle unique de serviette tout en laissant une partie de la masse à l’état de torchon.

Crise du globalisme anglo-saxon et du modèle républicain français

Nous sommes donc aujourd’hui obligés de vivre dans un « village global » capitaliste, impérialiste, vivant partout à l’heure anglo-américaine. Cercle culturel qui réduit traditionnellement les libertés et les relations humaines aux seuls droits individuels, et qui prône le « droit à la différence », le « droit des minorités », et tout ce qui peut du coup affaiblir en fait l’exigence de droits collectifs, sociaux ou économiques.

Libertés individualistes bourgeoises donc, qui peuvent apparaître comme la porte ouverte aux fragmentations identitaires empêchant les « minorités » vivant dans une société foncièrement inégalitaire de se rassembler toutes ensemble autour d’objectifs sociaux et économiques communs égalitaristes opposés au règne du colon ici, du capitaliste là. A côté de ce modèle dominant, voilà une francité aujourd’hui en régression malgré l’augmentation constante du nombre de francophones, surtout grâce à l’Afrique, et qui, dans son noyau français, se cabre dans une « laïcité » déclamée sous tous les modes.

Laïcité devenue souvent un laïcisme rigide et religieusement célébré qui aboutit en fait au développement de sentiments juxtaposés de marginalisations dans une « République » désormais vidée, entre autre par les structures euro-atlantistes, de tout contrôle populaire et qui, par ce fait même, a cessé d’être « une et indivisible » puisqu’elle n’assure plus, capitalisme tardif oblige, la promotion sociale, culturelle et économique des enfants issus de son droit du sol.

C’est dans ce contexte que, alors que le monde capitaliste anglo-saxon survit pour le moment à sa crise en démultipliant de par le monde, y compris en France, les ingérences, les interventions, les guerres et les fragmentations « multiculturelles » entre « minorités visibles », « raciales », « genrées », « d’orientation sexuelle », cultuelles, etc., l’espace public français est saturé lui par les polémiques surdimensionnées autour de la « laïcité » ...ce qui dans les faits aboutit à un processus comparable de fragmentation auquel se rajoute la frustration de n’être plus qu’une puissance de second ordre, voire une nouvelle république bananière aux ordres de l’hyperpuissance unipolaire aux pieds d’argile qui lui attribue le plus souvent le rôle d’un kapo dans le camp de déconcentration mondialisé traversé par des masses de déportés économiques qu’on appelle « migrants ».

Un pays en principe laïc où l’État prétend ne pas se mêler d’organiser les cultes et où les cultes ne doivent plus, comme auparavant le culte catholique, en retour, s’ingérer dans le fonctionnement de l’État, mais où tout semble désormais parfois devoir tourner malgré cela et depuis plus de trente ans autour de la place de la religion dans l’espace public – en fait d’une seule religion, la religion musulmane.

Les « leaders » politiques peuvent bien se bousculer année après année aux dîners du CRIF pour y entendre des oukazes à peine voilés de quasi-représentants d’une entité extérieure prétentieuse et arrogante, et l’Église catholique peut bien être proclamée par certains comme étant à la racine de l’héritage français, dans les faits, dans les médias comme dans les assemblées, c’est la question du « voile », islamique dit-on, qui pose un problème existenciel à la « république », voile qui n’est d’ailleurs presque toujours qu’un foulard puisqu’il ne voile rien mais qu’il recouvre les cheveux qui ne peuvent par principe être voilés.
Et que c’est l’habit traditionnel de toutes les femmes du peuple dans le monde méditerranéen depuis la plus haute Antiquité jusqu’à l’époque de nos grands-mères.
Amnésie collective quand tu nous tiens !

Tout ou presque sur les bords de la Seine semble aujourd’hui tourner autour de la fameuse loi de 1905, en principe l’acte de naissance de la laïcité « à la française ». Certains « laïcs » en font une lecture plutôt « libérale », comme Jean Baubérot et l’Observatoire de la Laïcité, d’autres, « laïcistes » militant, semblent y voir un moyen d’éradiquer la religion par l’imposition d’une quasi-religion « civile » dont cherchent à profiter tous les politiciens s’accrochant à leurs fauteuils pour la défense d’un ordre économique et social injuste et vermoulu, et qui sont par voie de conséquence en manque de programme de progrès social à offrir à leur (supposés) concitoyens en passe de redevenir des sujets d’une république quasi-néomonarchique soumise à une nouvelle Rome centrée cette fois sur la rue du mur (Wall street).

Le dernier « village gaulois » n’a cette fois-ci pas été (assez) réfractaire à la macdonaldisation de la culture autochtone, et pas besoin des laboratoires pharmaceutiques de toute façon en déshérence pour produire la potion magique qui va permettre de râler contre la multiplication des ...kebabs, qui sont eux censés ruiner les fines papilles gustatives des Français, dixit Menard et son FN-RN.

Ce sont les politiques menées tambour battant par les proconsuls envoyés des bords du Potomac qui provoquent en fait partout misère, guerres et déracinements récurrents, et donc migrations incontrôlables, pour les plus grands profits d’un patronat voyant arriver avec joie des sous-prolétaires et des lumpenprolétaires prêts à être mis sur le marché « libre et non faussé » pour faire baisser le « coût du travail » en concurrençant des « immigrés » locaux, des « post-immigrés » précaires et des « autochtones » désormais sans perspectives d’avenir.

1905, un moment fondateur ?

Se limiter à 1905 comme début de l’histoire de la laïcité, c’est oublier que la France, autrefois « fille ainée de l’Église », a un lourd passé d’éradications des religions « dissidentes » (cathares, juifs, huguenots, et même musulmans du Languedoc et Roussillon ou de Provence) et que, de génération en génération, une masse de Français transmettent les blessures pas vraiment cicatrisées des humiliations subies de la part d’un clergé autrefois arrogant et humiliant, parfois jusqu’au plus profond de l’intimité des jeunes paysannes, et même de jeunes paysans.

La révolution française fut en fait, entre autre chose, une nouvelle guerre de religion visant cette fois, et en principe une fois pour toute, à remplacer la vieille religion catholique hautaine jugée irrationnelle par une nouvelle religion plus rationaliste (la déesse Raison, le culte de l’Être suprême, l’athéisme militant puis, pour calmer les choses, un catholicisme concordataire et post-concordataire réduit de plus en plus au strict « domaine privé », et poussé vers une adaptation continuelle aux évolutions successives d’une modernité bourgeoise, individualiste, consumériste, désenchantée, en changement permanent).

C’est dans ce contexte naissant que, finalement, la loi de 1905 fut votée, à une époque où la République offrait des possibilités de promotion sociale à l’ensemble de ses citoyens et de beaucoup de ses immigrés. Ce fut un compromis conclu pour la seule « Métropole » avec les religions alors présentes de façon visible dans l’Hexagone, entre les partisans d’une laïcité qu’on pourrait qualifier d’« inclusive », Jean Jaurès par exemple, et partisans d’un laïcisme plus « expansif » et éradicateur, chacun ayant désormais le droit de s’organiser pour tenter d’amener la société à évoluer démocratiquement dans la direction que chacun pouvait souhaiter.

Au même moment cependant, dans « l’empire », l’État colonial français continuait à « gérer » les cultes à son profit en assurant simultanément la primauté des missionnaires catholiques sur les représentants des autres religions, en particulier sur les religions « indigènes ». Au point où Paris pouvait avoir l’audace de se proclamer protectrice des chrétiens d’Orient et aller plus tard arracher à la Syrie un Liban auquel la République française donna un système politique ...(multi)confessionnel.

Or, avec les mouvements migratoires qui ont drainé vers la « Métropole » ex-fonctionnaires coloniaux, ex-colons et ex-colonisés de l’empire françafricain néocolonial faute d’être post-colonial, ce compromis bancal de 1905 ne pouvait plus tenir, puisque ces « rapatriés » et ces « immigrés » avaient connu une autre France, et une autre législation de la religion, chose qui touche tout particulièrement les musulmans et l’islam.

Islam que la « République » s’était acharnée à vouloir d’un côté domestiquer en créant, selon un mode quasi- « néo-catholique », un clergé à sa solde dans une religion qui n’en prévoyait pas l’existence et en éradiquant simultanément et violemment les réseaux scolaires autochtones en arabe, et toutes les « coutûmes » décrétées « archaïques » qui entraient en fait en contradiction avec l’expansion du capital français et du salariat.

Dans les colonies comme en Métropole d’ailleurs, petit à petit, la femme devait pouvoir être salariée puisque les revenus de son mari suffisaient de moins en moins à faire vivre toute la famille et que le capitalisme expansif avait besoin d’une main-d’œuvre grandissante. C’est ce qu’on a appelé la libération de la femme. Cheveux à l’air avec deux salaires pour le prix d’un et maintien d’un droit du travail inégalitaire socialement, mais dans les faits aussi entre les sexes.

Encore aujourd’hui, la France est l’un des pays où les différences salariales entre hommes et femmes sont parmi les plus élevées de l’Union européenne, la Pologne ou la Roumanie étant parmi les pays où elles sont les plus faibles [2]. Ce qui, en tout cas, démontre que la « laïcité à la française » n’est pas un gage d’égalité entre les sexes et que la religion ne constitue pas forcément non plus un frein. Et que le féminisme français est particulièrement tardif, d’où sans doute son radicalisme encensé par les autorités tant qu’il reste ...verbal, et se contente de cibler surtout les marginalisé/e/s parmi les maginalisé/e/s [3].

Sur les bords de la Seine, on a loupé ce train là et c’est ce qui fait sourire l’Européen de l’Est, ou le musulman connaissant son histoire, qui doivent entendre des notables politiques incultes proclamer que les droits de la femme font partie des « valeurs républicaines françaises » ...très tardives et particulièrement incomplètes sous le ciel gris de Paris. Mais se poser en donneur de leçons reste une habitude ancrée dans le monde occidental post-colonial, surtout quand on n’a plus rien, armes mis à part, à proposer au monde.

Droit à la différence ou droit à l’indifférence ?

Alors que le monde anglo-saxon multiplie la promotion, l’invention ou l’installation de minorités visibles, ethniques, rituelles ou sexuelles, et joue ensuite sur elles pour mieux fragmenter ce qu’une Lady Thatcher rêvait de n’être qu’un amalgame d’individus et de familles juxtaposées sans existence sociale et « sociétale » [4], l’actuelle république française ne sait pas comment traiter les « différences visibles », encore moins les différences sociales et régionales, et, tout en refusant « le droit à la différence » tant adulé dans le monde anglo-saxon, elle ne peut encore imaginer ce que tout le monde attend en fait, un « droit à l’indifférence », préférant, encore une fois, tenter d’éradiquer ce qu’elle ne peut domestiquer ou cacher. Comme à l’époque des guerres de religions puis des politiques scolaires d’éradications des « patois ».

Il faut dire que, effectivement, vu sa grande diversité historique, l’État français aurait pu disparaître à maintes reprises, ce qui explique les réflex uniformisateurs de ses dirigeants et législateurs, sous la royauté comme sous la république. Et nous n’avons pas à regretter que la France ai pu maintenir son unité, quoiqu’il en ai coûté ici ou là car, sans ce pays qui a permis le développement d’une grande culture, notre humanité serait grandement appauvrie.

Mais ce réflex devenu politique uniformisatrice se prolonge aujourd’hui envers les populations « rapatriées » ou « immigrées » qui ont tendance à rester de fait mentalement, et souvent socialement, « post-immigrées », de génération en génération, puisque l’ascenseur social est en panne et que l’absence voulue par les classes possédantes de construction de HLM dans les « beaux quartiers » les empêchent de se mêler à tous les « issus de la promotion sociale » de la génération précédente, quand il y avait encore une dynamique de développement et d’aménagement du territoire.

Fondamentalement et il faut en prendre conscience, dans les tensions et pseudo-débats actuels, ce n’est pas de religion et de laïcité qu’il s’agit en fait car ce débat apparent cache une toute autre problématique dont on ne veut pas débattre en haut lieu. Dans les médias, publics ou privés, qui sont presque en totalité soumis aux élites possédantes et installées, on tourne donc en rond et on fait tourner en rond.

Uniformisation capitaliste moderniste

Avant de poursuivre notre réflexion sur l’état de la France, de la laïcité et des « communautés » qui y vivent, rappelons que les puissants États modernes, les États capitalistes et impérialistes occidentaux, ont tous, sans exception, mené des politiques d’uniformisation implacable, chacun à sa façon. D’abord d’uniformisation religieuse à l’époque des guerres de religion en Occident puis du « cuius regio eius religio »(« Tel Prince, telle religion » [5] qui a préparé la suite, les révolutions bourgeoises.

Vint dans la foulée, la mobilité sociale et spatiale qui a tendu à transformer la main-d’œuvre en salariés concentrés dans les villes et dans de grandes entreprises et, avec elle, l’uniformisation linguistique et idéologique.

Anglicisation, francisation, germanisation, voilà les trois grands processus d’assimilation linguistique qu’ont imposé à toutes les populations, l’Angleterre, la France ou la Prusse puis le Reich allemand. D’autres États moins dynamiques et moins puissants ont voulu faire de même, Russie, Espagne, Turquie, etc.

Seul le degré de puissance et de richesse de chaque État a pu au final forcer les enfants de Bretons, d’Irlandais, de Silésiens, de Gallois, d’Occitans, de Catalans, de Basques, etc, à accepter ou non de renoncer à leur parler en échange d’une promotion sociale offerte par la langue « nationale ».

Et là où l’uniformisation religieuse n’avait pu être totalement atteinte à l’époque des guerres de religion, phénomène renforcé par les migrations nécessaires au développement du capitalisme, on tenta de « dépasser » les guerres religieuses intestines par des religions domestiquées et associées au culte de l’État-nation, républicain ou monarchique selon l’évolution politique de chacun.

Cet État-nation puissant, expansif et donc à terme colonial s’est répandu partout en Europe occidentale, ce qui constitue la différence fondamentale avec l’Europe située à l’est du monde germanique, l’Europe « slave », « l’Eurasie », où la cohabitation multiethnique et multireligieuse traditionnelle n’a jamais pu ou voulu être « dépassée » par des guerres de religion puis par la modernité.

Là où la puissance économique de l’État et sa force de domination et d’attraction n’ont jamais pu atteindre non plus celle des États coloniaux, mais là aussi où la tolérance religieuse était historiquement enracinée et codifiée (État polono-lithuanien, Hongrie, empire ottoman, Horde d’or tatare, Russie post-tatare, tsariste puis soviétique) selon le modèle législatif de cohabitation emprunté peu ou prou à la Charte de Médine inventée par le fondateur de l’islam.

D’où l’évolution vers la conception est-européenne, austro-marxiste puis soviétique, de deux concepts distincts, celui de citoyenneté qui est acquis à la naissance dans le cadre de l’appartenance à un ensemble étatique, et celui de nationalité qui est laissé à la subjectivité de chacun au moment de son choix à l’âge adulte. L’Europe orientale préfère d’ailleurs le concept de « nationalité » à celui de « minorités nationales », même si dans les faits, il y a presque toujours une nationalité « centrale » et des nationalités périphériques, généralement minoritaires.

C’est en ayant conscience de cette histoire commune aux pays-puissances des rivages de l’Atlantique nord que nous devons essayer d’appréhender le cas français. Car les formes d’assimilation ont largement varié, en particulier entre la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, la première souhaitant une uniformisation visible des comportements, des habillements, des rituels sociaux, les seconds préférant laisser se perpétuer des différences visibles vidées toutefois de leur éventuel contenu social, économique, politique revendicatif.

France : religion et identités

Si le terme « d’identité » est flou et pose beaucoup plus de problèmes qu’il n’en résout, c’est néanmoins autour de ce mot que le malaise français actuel se manifeste le plus souvent. Malgré les rêves éradicateurs toujours présents dans un pays qui a souffert du dogme et de l’autoritarisme catholique et romain, il reste malgré tout plus facile de reconnaître aux citoyens leur religion plutôt que leur « nationalité » dans son sens distinct de celui de « citoyenneté » ...

À la condition que la religion et les croyants n’aient pas de « prétention » sociale, de projet économique ou, pire, d’ambitions politiques ou législatives découlant de leur éthique religieuse leur permettant proposer à leurs concitoyens, et cela même s’ils le font sur un mode démocratique et respectueux des opinions divergentes.

Une « démocratie chrétienne » peut donc exister, à condition qu’elle ne cherche pas à bâtir avec d’autres un ordre social et économique qui permettrait la réalisation concrète des principes sociaux christiques.

Le refus islamique de l’usure, par exemple, constitue donc un non dit en France car cela s’attaquerait d’emblée au principe de base du capitalisme, et on préfère donc, côté « laïc » comme côté « musulman conservateur », discutailler en permanence sur la stérile question du « voile » qui ne gêne pas fondamentalement l’ordre social, qu’on le porte ou non.
Même si le foulard peut être aux yeux de certaines une protestation contre la publicité sexiste, la marchandisation de la femme et la pornographie dégradante qui se déversent à longueur de devantures de kiosques à journaux, de panneaux-réclames ou de clips télévisés.

La France est donc un « drôle de pays » où un « juif » comme un « protestant » sont censés ne devoir cette appellation qu’à leur religion ...qu’ils la pratiquent ou pas, qu’ils y croient ou pas.
Éventuellement, on acceptera, puisqu’ils existent bien, malgré ce non sens, une « empreinte » héritée du passé, car on conçoit l’héritage religieux le plus souvent comme étant censé devoir disparaître avec les effets de la poursuite d’une modernisation-laïcisation-athéïsation ...aujourd’hui en panne.

C’est ainsi qu’on parlera de certains politiciens comme ayant des comportements caractéristiques d’une « culture » protestante, de juifs athées dont on ne sait pas très bien en quoi leur judéïté serait différente du judaïsme et, bien sûr, de personnes « de culture musulmane » pour caractériser le « bon musulman » assimilé à qui on ne doit pas demander sa croyance ...tant elle est et doit rester invisible par opposition au « musulman réfractaire » donc « intégriste » qui jeûne, qui ne boit pas d’alcool, qui ne mange pas de cochon ou qui va même jusqu’à demander que dans un pays en principe « laïc » soit on supprime toutes les fêtes religieuses officielles soit que toutes les religions soient prises en compte dans le calendrier des fêtes.

Chose qui prouve bien que la France est un pays post-catholique, ce dont elle n’a pas à rougir mais ce qu’elle devrait assumer franchement, en acceptant donc de laisser du coup une place visible pour ses minorités religieuses, puisqu’elle laisse une place visible pour son (ex-)majorité.

Si l’on accepte aujourd’hui le « voile » des bonnes sœurs, c’est parce qu’il n’y en a pratiquement plus et que les Français ont oublié comment s’habillaient la plupart de leurs grands-mères, « modernisation » accomplie qui explique le choc de voir des jeunes musulmanes reprendre ce qu’elles considèrent comme un acte de pudeur dans une société qu’elles trouvent non pas tant « féministe » que dégradante pour la femme réduite à son apparence alors qu’on devrait plutôt, selon elles, admirer ce qu’elles possèdent en-dessous de leur foulard, un cerveau, et même, plus bas, un cœur.

On peut donc dans la France de 2021 être à la rigueur protestant, juif ou musulman « de culture », mais le traitement de cette spécificité restera de toute façon inégalitaire car dépendant d’un ordre de préséance lié à la position de classe des élites issues de chacun de ces groupes.

On ne peut par contre par principe pas revendiquer l’existence d’une « nationalité » juive, comme d’ailleurs il est exclu de se revendiquer « citoyen français » de nationalité corse, basque, a fortiori arabe, vietnamienne, réunionaise [6] ou guadeloupéenne.

La différence essentielle étant que les organisations juives plus ou moins sionistes, suite à la culpabilité liée aux déportations-exterminations effectuées par la police française sous l’occupation nazie, ont su jouer à la fois sur le registre des libertés individuelles et religieuses de la République française et sur celui des libertés associatives, donnant de fait à ces Juifs là les moyens de fonctionner comme ce qu’on appellerait dans d’autres pays une « minorité nationale ».

Situation qui ne satisfait pas tous les « juifs » puisque certains voudraient être totalement assimilés et profiter d’un « droit à l’indifférence », tandis que d’autres, tel le député Meyer Habib, revendiquent ouvertement non seulement la double citoyenneté mais aussi de fait la double nationalité, tout en concentrant l’essentiel de son activité politique à la promotion de l’État d’Israël, d’une religion juive politisée vers la droite et donc ethnicisée, et aussi à la stigmatisation de l’islam.

La France d’aujourd’hui éprouve cependant toujours un malaise non dit tant vis à vis des « juifs-avec-minuscule » (quelqu’un qui pratique la religion judaïque) que des « Juifs-avec-majuscule » (quelqu’un déclarant son appartenance au « peuple juif ») en raison du long passé antijudaïque chrétien puis antisémite, en particulier sous Pétain.

Cette question n’a donc pas été véritablement tranchée même si on fait semblant. Et du coup on ne sait pas vraiment quelle « judéité » représente par exemple le CRIF, de toute façon minoritaire au sein de la population « d’origine juive », ce qui ne l’empêche pas de se prétendre et d’être reconnu de fait par la plupart des politiciens français de presque tous les bords comme « représentatif » de l’ensemble des J/juifs, et qui font la queue chaque année à son « dîner ».

Imagine-t-on chose comparable de la part des mêmes avec un éventuel Conseil représentatif des Institutions musulmanes (arabes ?) de France ou avec l’Église catholique, l’Église réformée ou des associations auto-décrétées « représentatives » bretonnes, corses ou basques que les médias ignorent ?

Cela étant dit et écrit, le problème « central », visible, est bien aujourd’hui celui de « l’islam ». Parce que cette religion est issue du monde colonial bien sûr, qu’elle peut à travers une « identité », souvent fantasmée d’ailleurs, représenter le réceptacle de toutes les frustrations coloniales passées et surtout de toutes les frustrations de classe présentes dans les quartiers populaires périphériques, mais aussi parce que cette religion n’est pas (encore ?) passée d’un côté par la moulinette de l’embourgeoisement de toutes ses élites et l’empetit-bourgeoisement de sa masse, ni d’ailleurs de la décolonisation d’une grande partie de ses « représentants » de l’autre car ceux-ci fonctionnent souvent encore selon la mentalité remontant au « clergé musulman » construit, financé et géré autrefois par le colon en Afrique du nord ou subsaharienne :

« ...A la tête de l’islam institutionnel se trouve le gouvernement général ...Celui-ci a autorité sur les préfets d’Algérie qui, à partir de février 1933, disposent d’un Conseil consultatif sur le Culte musulman (CCCM) ...Les clercs musulmans dépendent donc de l’autorité coloniale. Et ce d’autant plus que leurs postes, non pérennes, assurent une notabilité, des privilèges et des honneurs ...Ce dispositif de rémunération est devenu au fil des décennies le principal moyen de contrôle et d’encadrement du culte musulman en Algérie » [7].

Dans les autres colonies, la tutelle française a pu s’exercer directement ou, dans les protectorats, de façon indirecte, mais dans tous les cas, la religion a été domestiquée par le haut selon un schéma qui n’est pas très éloigné de ce à quoi un catholique, ou un « post-catholique », a été habitué.

Ce qui a produit une culture de la révérence chez certains musulmans soumis et, en réaction, une culture de la rébellion, ou aussi du repli identitaire, chez ceux qui ne pouvaient plus accepter un statut de citoyen de seconde zone (« de non droit » ?). Le vrai « séparatisme » en France vient de la haute bourgeoisie qui pratique un entre-soi exclusiviste, et en face ce qu’on trouve tout au plus, ce n’est qu’un « contre-séparatisme ».

Et c’est évidemment dans ce passé qu’on doit rechercher la différence importante du statut de fait des musulmans d’avec les juifs, car il faut savoir que, avant la fin du XVIIIe siècle, il n’y avait pratiquement plus de juifs en Europe sauf dans l’espace polono-lithuano-ruthène qui avait accueilli au Moyen-âge tous les fugitifs juifs survivants persécutés à l’Ouest, ce qui explique que entre 80 % et 90 % des juifs européens habitaient alors l’État polono-lithuanien.

Ailleurs, les rares juifs qui avaient pu rester, c’est le cas de quelques villes en France, en Hollande, en Angleterre, en Allemagne ou des États du pape, étaient peu nombreux, contrôlés et liés à des professions intermédiaires. Il n’y avait donc rien qui s’opposait à leur « émancipation » à partir du moment où, au XVIIIe et XIXe siècles, émancipation voulait dire embourgeoisement.

Les masses juives prolétarisées et lumpenprolétarisées se trouvaient alors toutes à l’Est. Donc, à la fin du XVIIIe siècle, dans la foulée des idées bourgeoises des Lumières, la révolution française émancipa les peu nombreux juifs de France, juifs de religion, à une époque où la religion était tout, et où la « nationalité » et la culture étaient liées à l’appartenance religieuse.

Dans son Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs paru en 1787, l’abbé Henri Grégoire, un des promoteurs de « l’émancipation des juifs » pouvait ainsi écrire ce qui apparaitrait aujourd’hui comme « antisémite » en décrivant les Juifs d’Alsace s’exprimant « encore » en yiddish :
« ...on parviendra à extirper cette espèce d’argot, ce jargon tudesco-hébraïco-rabbinique dont se servent les Juifs allemands, qui n’est intelligible que pour eux, et ne sert qu’à épaissir l’ignorance ou à masquer la fourberie » [8].

Il fallait donc qu’ils renoncent à toute forme de particularisme culturel, ce qu’ils firent d’autant plus volontiers que cela leur permettait de s’intégrer dans la bourgeoisie montante et de fuir les classes populaires méprisées. Ces juifs là servirent la France, son expansionnisme, son colonialisme, et éliminèrent toute trace distinctive visible, limitant au maximum, voire parfois totalement, leurs liens avec la religion de leurs ancêtres.

Cela donna aussi les Rothschild, les Crémieux et le capitaine Dreyfus. Certains jouaient sur deux tableaux comme on peut le constater avec l’attitude protectrice des Rothschild envers le sionisme que la bourgeoisie voulait répandre dans les masses juives de l’Est pour éviter qu’elles n’affluent à l’Ouest, ou pour les séparer des idées et des partis révolutionnaires internationalistes.
D’autres rompirent totalement avec le judaïsme et avec la judéïté.

Un phénomène comparable se produisit en Grande-Bretagne, en Prusse et plus tard dans le Reich allemand, ce qui put générer un Karl Marx comme un ministre allemand Rathenau ou un dirigeant britannique Disraëli.

Au même moment, la petite-bourgeoisie et une partie des intellectuels conservateurs issus du monde chrétien développaient l’antisémitisme contre cette fraction concurrente et d’origine juive de la nouvelle bourgeoisie mais surtout contre les « masses juives » qui commençaient à immigrer à partir de l’Europe orientale en état de sous-développement.

À la fin du XIXe siècle, des millions de Juifs quittèrent l’Europe orientale pour émigrer vers les États-Unis, le Canada, le Brésil mais aussi l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Ces Juifs-là, religieux ou pas, mais visuellement distincts, pauvres, travailleurs, souvent rebelles, alimentaient l’hostilité antijuive, y compris chez beaucoup de « Français israélites intégrés ».

En forçant les juifs algériens à prendre la pleine citoyenneté française que l’on n’accorda pas aux « Français musulmans », on arracha les juifs arabo-berbères à leur terroir et à leur culture pour en faire des ultra-français au service du colonialisme, ce qui produisit plus tard des Eric Zemmour glorifiant leur francité en se distinguant par la surenchère de leurs ex-compatriotes désormais « musulmans racisés ».

« Racisation » proclamée aujourd’hui à la fois par les ultras de la post-colonisation et par certaines élites petits-bourgeoises d’origine immigrée qui s’intitulent « indigénistes » et qui tendent ainsi de se constituer une « clientèle captive » parmi les « issus de l’immigration », ce qui peut sembler d’autant plus facile à organiser que la panne de l’ascenseur social provoque un sentiment de stagnation qui s’enracine au travers des multiples formes de discriminations, au logement d’abord, puis à l’embauche, et enfin, face à la police, lors des contrôles au faciès à répétition visant indistinctement francophones ou arabophones, pratiquants et non pratiquants, bruns ou noirs.

Ce qui de façon en apparence paradoxale par rapport au « modèle français républicain », crée de fait des « minorités visibles » sur le modèle anglo-saxon. Modèle anglo-saxon qui avait d’abord généré contre lui des mouvements d’émancipation militant pour l’égalité sociale et civique (Martin Luther King, Black Panthers Party, Malcolm X, etc.) avant d’être en état de « reprendre la main » en jouant sur les distinctions à utiliser entre classe et race pour manipuler la naissance de groupes racialistes embourgeoisés sortis des officines public-privées du système dominant et dont le prototype le plus « réussi » est Black Lives Matter, prototype modèle financé par tout l’establishment capitaliste et impérialiste, et qui a essaimé dans une France obnubilée et pénétrée de partout par la « culture » anglo-américaine [9].

Sous la forme de mouvements de revendication identitaires qui ne collent pas à la réalité française et qui ne peuvent donc pas plus être en état de dépasser les blocages de la société française que leurs « miroirs » identitaires d’en face, d’extrême droite « blanche » ou laïcistes désincarnés issus d’une gauche « sociétale » et donc objectivement devenue antisociale, ayant rompu avec ses bases de classe prolétarienne, internationaliste, anticolonialiste et anti-impérialiste.

Religion ou religiosités ?

Il existe en France en fait un lourd malentendu concernant la religion car cette notion véhicule d’énormes restes de ressentis et de ressentiments tirés de l’histoire ancienne de bien avant les lois sur la laïcité.

Des ressentiments contradictoires entre les descendants de la religion anciennement majoritaire et dominante, catholique romaine, par rapport à ceux issus de traditions « dissidentes » toutes aussi anciennes, protestants et israélites d’avant les processus migratoires modernes.
Tous néanmoins, hormis les « catholiques maintenus » aujourd’hui largement marginalisés, ont pu « communier » depuis dans une défiance vis à vis de la religion toujours perçue sous sa forme catholique, ou issue du catholicisme.

Dans ce contexte hérité de l’histoire ancienne, beaucoup de critiques faites aujourd’hui à l’islam ne cadrent en fait pas du tout avec la réalité de l’islam mais, quand on les écoute bien, révèlent une propension à faire revivre des frustrations anticatholiques enfouies. Il y a donc souvent projection inconsciente anticatholique ne visant l’islam que par ricochet, parce qu’on lui attribue automatiquement la méfiance et la réticence qu’on a hérité de sa propre histoire.

Anticléricalisme historique anticatholique et antireligieux menant souvent vers l’athéisme militant qui, pourtant, peut souvent prendre la forme d’un prêchi-précha pas si éloigné de celui qui caractérisait l’ancien absolutisme catholique. Phénomène de projection bien connu en psychologie.

De leur côté, les élites individualistes écolobobos « New Age » d’aujourd’hui, encore quelque peu possédantes, intellectuellement désenchantées et socialement installées dans une république en déshérence restent dans une situation de plus en plus incertaine.

Un état de fait qui peut les pousser à rechercher une certaine « spiritualité » leur permettant de fuir leur sentiment grandissant de précarisation qui a remplacé l’ardent athéisme d’antan lorsqu’elles pouvaient emprunter pour elles-mêmes et leurs enfants l’ascenseur social aujourd’hui en panne.

Ce qu’on appelle « le retour du religieux ». Ces privilégiés en voie d’affaiblissement veulent toutefois se limiter aujourd’hui à « faire leur choix » qui doit rester peu contraignant par rapport aux dogmes de la société individualiste de consommation. Chaque individu peut dans ce capharnaüm prendre ou laisser ce qui lui convient, dans une espèce de loi de l’offre et de la demande au supermarché de la consommation « spirituelle ».

Religiosité self-service qui ne peut convenir à ceux qui cherchent quelque chose de spirituellement plus solide, ne serait-ce qu’à cause d’une position de classe bien plus difficile à supporter.

Pour les marginalisés, les prolétaires, les surexploités et les précaires qui ne trouvent plus l’appui d’un État social en constant rétrécissement, qui ne trouvent plus l’engagement des cellules disparues du Parti communiste au bas de leur tour, qui ne trouvent plus dans une situation de précarité professionnelle l’assurance d’un appui syndical et d’un collectif de travail, et qui, en plus, ne peuvent déménager dans un quartier moins délabré, le réseau religieux ou ethnico-religieux joue souvent un rôle de soutien et de solidarités concrètes.

Pour ces classes précarisées là, la religion ne peut suffire comme self-service spirituel à bobos, elle représente la seule solidarité concrète pour des populations (post-)immigrées par ailleurs parfois encore issues d’un monde rural ou de bidonvilles, et qui se sont retrouvées parachutées non seulement dans un monde « étranger » mais aussi et surtout dans des méga-villes impersonnelles où il est facile de se sentir eseulé et paniqué.

Ignorant donc les comportements citadins, c’est à dire « civils », c’est-à-dire civiques, qui autrefois s’apprenaient à l’usine et à « l’école de la république », qui préparait à une carrière professionnelle, aussi limitée soit-elle.

Régressions sociales, « classes dangereuses » et stigmatisations

C’est dans ce contexte délabré que la France d’aujourd’hui se trouve confrontée à des élites incapables de penser ou de vouloir comprendre le changement de société qui s’opère, et toute l’immense régression sociale qui touche « la France d’en bas », celle des « gilets jaunes » comme celle des « quartiers populaires » de banlieues [10].

La réaction des élites possédantes et politiques face à ces phénomènes est à des années lumières de leur réalité. Elle témoigne de leur mépris à l’égard du peuple réellement existant et de leur soumission à un ordre mondialisé stérilisateur, superficiellement moralisateur et matériellement de plus en plus improductif pour cause de délocalisations, n’ouvrant donc aucunes perspectives à ceux qui sont censés être leurs concitoyens et qu’ils ne perçoivent le plus souvent plus que comme Thiers et sa classe percevaient autrefois les « classes dangereuses ».

Sauf que cette fois-ci une « visibilité » linguistique et cultuelle s’est souvent rajoutée à la situation sociale des « gueux », des « sans dents », des « déplorables », des « inutiles ».

Aujourd’hui, la crise sociale du système socio-économique mondialisé arrivé en bout de course est partout sur les rives de l’Atlantique nord, et aussi bien le modèle anglo-saxon que le modèle français sont en panne et génèrent des tensions et des fragmentations ingérables dans le cadre du capitalisme encore dominant.

En France, certains musulmans s’extasient encore sur les policières britanniques des bas quartiers ayant le droit de porter le foulard « islamique » sans réfléchir sur le fait qu’elles n’auront jamais leur mot à dire sur le destin de l’empire capitaliste inégalitaire au service de qui elles sont. Empire asocial et porteur de guerres, en particulier, mais plus seulement, dans l’espace post-colonial africano-méditerranéen.

Les mêmes peuvent aussi s’époumonner de plaisir sur les quelques élues outre-atlantiques occupant des fonctions non stratégiques au service de la plus grande puissance militaire expansionniste de la planète en guerre permanente.

Si, en France, les « élu/e/s de la diversité » doivent porter dans les institutions et même ailleurs « l’uniforme républicain » décrété depuis peu, ils/elles n’ont ni plus ni moins de pouvoir sur les décisions clefs que leurs correligionnaires d’outre-Atlantique.

C’est comme pour les femmes, ce n’est pas la loi sur la parité qui a changé quoique ce soit dans la vie des femmes travailleuses. Car la question fondamentale, c’est qu’il n’y a plus d’élus d’origine ouvrière ou populaire, hommes ou femmes, dans les parlements des « grandes démocraties », phénomène révélateur entre tous.

L’Afrique du Sud de l’African National Congress, de la COSATU et du Parti communiste sud-africain, à l’époque où ils luttaient ensemble contre l’apartheid, puis par contraste ensuite, nous a appris que la question du pouvoir, n’est pas celle de « l’empowerment » sur la base de la couleur de la peau (ou de la religion proclamée) du ministre mais celle des décideurs des grandes entreprises, et que le capital n’a ni odeur ni couleur ni religion autre que celle de l’argent, celle de Mamon.

Et que, pour les classes populaires, la seule question qui compte au final, c’est celle du remplacement des élites possédantes bloquant tout progrès social par un système en état d’assurer des politiques de développement et donc de mobilité et de promotion sociales et culturelles, par définition pour tous, comme dans toute dynamique.

Minorités et uniformisation

Dans le contexte d’uniformisation à l’échelle globale, planétaire, des comportements, des goûts, des habits, des apparences, des modes de vie, on doit poser la question de la survie ou non des nations, des nationalités et a fortiori des minorités, ethniques ou religieuses.

Face à la stagnation-régression des modèles occidentaux, anglo-saxon comme français, on doit poser avec un regard renouvelé la question de la pertinence des modèles issus du socialisme soviétique qui se prolongent dans la Russie d’aujourd’hui comme dans la Chine, là où les nationalités sont reconnues comme telles au sein d’un État qui se définit comme « multinational », avec souvent des statuts d’autonomie régionales.

Que l’on peut certes questionner dans leur application mais qui n’en restent pas moins des principes fondateurs. On peut critiquer la forme prise par l’autonomie du Tatarstan ou du Xinjiang et la place légalement accordée à la langue tchétchène ou ouïghoure, mais on ne peut nier que ces faits sont reconnus officiellement en soi par l’Etat et que les citoyens de ces « nationalités » dès lors qu’ils se placent dans le cadre de la légalité existante peuvent pratiquer leur langue, l’apprendre dans les écoles publiques et monter en même temps jusqu’aux plus hauts sommets décisionnaires de leur Etat.

On peut ensuite bien sûr trouver réducteur l’approche de l’État chinois à l’égard de la religion islamique, mais cela ne peut être que comparé à la façon dont l’État français souhaite organiser et s’ingérer chez lui dans le fonctionnement du culte musulman et, dans la foulée, de tous les autres [11].

Une autre tentative de régler le problème des populations traditionnellement doublement marginalisées et humiliées est celui de « l’État plurinational de Bolivie ». Ce que la Bolivie tendant à nouveau vers le socialisme tente de faire face à l’adversité des États-Unis et d’autres puissances est certainement bien plus créatif et novateur que n’importe quel débat théorique sur « l’intersectionalité » des contradictions de classe, de nationalité, de religion et de sexe.

Certes, le capitalisme, comme beaucoup d’autres systèmes, a toujours aimé que les lignes de fragmentation soient multiples, contribuent à la division des classes et groupes exploités, mais, pour y faire face, encore faut-il définir quel est l’axe central de clivage par rapport auxquels les autres sont importants mais restent complémentaires.

La question est aujourd’hui posée de savoir si ces modèles évolutifs post-soviétiques ou bolivien sont pertinents à étudier pour un pays comme la France et pour toutes les autres démocraties occidentales en panne. Mais peut-être conviendrait il de commencer par apprendre auprès de nos « compatriotes » réunionais qui, sans théoriser leur « modèle », savent faire sans doute mieux vivre leur « diversité » [12] ?

Peut-on expliquer cela par l’héritage du poids du colonialisme et de l’esclavage ?

En tous cas, la question mérite d’être posée car un tel héritage apprend quelque chose qui manque souvent sur les bords de la Seine, de la Tamise ou du Potomac, l’humilité.

Bien sûr, même si nous pouvons constater qu’il existe des sociétés ayant des rapports quelques peu détendus sur les « questions identitaires », cela ne doit pas faire illusion, le problème des discriminations ne pourra être vraiment résolu qu’avec la révolution qui doit amener à la socialisation des moyens de production et d’échanges grâce à la fin des processus de concentration de la propriété imposés par la baisse tendancielle des taux de profit dans le cadre du système capitaliste.

La France se signale par une attitude jugée assez universellement intolérante envers les questions de nationalité et aussi les convictions religieuses ayant une portée ou une vision sociale. La croyance est censée ne devoir être qu’une question « privée », ce qui entre en contradiction avec les conceptions désormais formellement dominantes dans l’Union européenne ou au Royaume-Uni.

La loi du 15 mars 2004 interdisant le port de signes religieux décrétés « ostentaroires », chose indéfinissable par principe, n’a d’équivalent dans aucun autre pays, et une série de nouvelles législations plus contraignantes encore se sont multipliées en France portant sur les habits tolérés ou pas et sur ce que peut ou ne peut pas dire un imam, alors que jusqu’à présent seule la loi générale pour l’ensemble des citoyens suffisait.

Ce qui fait sourire dans une situation où l’obligation sanitaire de porter des masques empêche de fait d’appliquer la loi « anti-niqab » et qu’on n’a pas remarqué à cette occasion une augmentation de l’insécurité provoquée par cette « impossibilité » faite aux autorités de saisir le visage, alors même que c’est sous le prétexte hypocrite de la « sécurité » qu’on avait fait adopter cette loi, en criant alors sous tous les toits qu’il n’était pas question de voir dans cette loi une mesure visant les seules musulmanes se voulant plus traditionalistes.

Comment peut-on déclarer vouloir « intégrer-la-musulmane-aux-valeurs-de-la-République » tout en faisant en sorte qu’elle ne puisse fréquenter ses concitoyens à la piscine, aux sports collectifs, aux activités associatives, aux sorties scolaires, et bientôt à la plage, etc ?

La France en pleine névrose

La crise économique et sociale globale explique sans doute pourquoi les élites mettent l’accent sur les formes d’expression de ladite « diversité culturelle » réduite à l’appartenance religieuse privée et formelle, ce qui ne fait que renforcer le blocage de la société française, qui se manifeste en particulier sur l’islam, même si celui-ci n’est que la partie visible de la crise de société, et qu’il n’est en fait que le principal révélateur d’un malaise beaucoup plus profond qui touche la majorité de la société, donc aussi mais pas seulement toutes ses « minorités ».

Le rêve d’un « islam de France » apparaît souvent aux yeux des musulmans comme une volonté de « catholiciser » l’islam, de le hiérarchiser, de le « gallicaniser » et de l’étatiser, selon ce qu’on a fait dans l’Algérie coloniale et ailleurs, et ce qui, par ailleurs, entre en contradiction avec le principe laïque et républicain de la séparation du religieux et de l’État, et ce qui provoque aujourd’hui, par ricochet, les réactions négatives des Eglises chrétiennes et des rabbins qui se sentent eux-aussi du coup potentiellement menacés par un Etat étendant ses prérogatives dans un domaine qui jusque là leur était exclusivement réservé, celui du culte et de la foi.

Des sociologues [13] nous ont démontré qu’il est stérile pour l’État et toutes les institutions politiques de discuter les croyances et les faits religieux qui tournent en particulier autour de la question des femmes et de leur vêtement, question devenue de fait une obsession paranoïaque puisqu’elle tourne en boucle sans jamais être définitivement tranchée.

Chose qui aurait dû faire suite à un débat véritablement pluraliste et équilibré. Il y a en fait refus de faire montre et même de tendre vers un sens de la nuance, tant envers les symboles que envers les croyances, et surtout envers des éthiques qui impliquent l’adhésion à un projet économique et social particulier souhaité comme porteur, pour des croyants comme pour des non croyants [14].

Dans une société en voie d’effritement pour des raisons systémiques, sociales et économiques, où les solidarités de classe ont été attaquées puis affaiblies, sauf celles de la haute bourgeoisie séparatiste depuis toujours, et où la « culture » est devenue une marchandise standardisée, uniformisée et mondialisée, les humains découvrent qu’ils ont perdu en route les vieilles solidarités et les vieilles traditions culturelles, locales ou nationales et aussi religieuses.

Ils courent donc tous affolés à la recherche d’un hochet identitaire qui pourrait leur donner l’impression d’avoir retrouvé une place et un repère, « islam », « valeurs chrétiennes », « judéo-christianisme », « catholicisme », « ethnie », « identité », « laïcité », « république », « démocratie », « nation », etc autant de mots souvent vidés aujourd’hui de leur sens profond, de leur créativité mais auxquels s’accroche une masse désorientée, perdue et paniquée.

Certes, tout cela se réfère à un héritage respectable qu’il faudrait pouvoir reprendre, réinterpréter, réadapter et reconstruire dans un contexte tout à fait nouveau. Mais cela exigerait une révolution qui abatte définitivement les fausses divinités agitées aujourd’hui par des pouvoirs à bout de souffle.

Qu’elles soient d’origine religieuse ou laïque, ces divinités de remplacement dominantes ne sont plus que des faux semblants mis à la place de ce qui s’est construit à chaque étape de l’épopée humaine. Et c’est donc sur les ruines de ces idoles, qu’on pourra reconstruire une société « inclusive », dynamique, capable d’assurer le progrès social et humain, et donc de reprendre le fil interrompu de la trajectoire sublime à laquelle aspirent tous ensemble tous les êtres humains de par leur naissance en tant qu’humain.

Mais pour cela il faudra à terme abolir l’usure, donc le capitalisme.


[3< https://www.huffingtonpost.fr/entry/lutilite-des-reunions-non-mixtes-expliquee-par-les-feministes_fr_60616926c5b67593e05a0dde >. C’est ainsi que l’écriture dite « inclusive » n’est qu’un faux semblant d’égalité qui constitue une innovation langagière achevant de rendre la pensée confuse. Elle est mise de l’avant en même temps qu’une fausse parité qui ne touche pas aux inégalités d’accès aux postes réellement décisionnels dans le système capitaliste et qui ne pose surtout pas la vraie question d’égalité, celle de l’égalité pour les femmes des classes populaires.

[6A ce sujet, il faut noter la cohabitation bien plus détendue des « communautés » et des religions à la Réunion, ce qui n’a pas entraîné des tensions et des fragmentations « séparatistes » comparables à celles qu’on peut constater dans les faits en « Métropole », bien au contraire. Dans ce pays, on a donc appris « tous ensemble » à contourner le plus souplement possible les « lois de la République » portant sur les « signes ostentatoires ». Mais les élites « républicaines » n’ont toujours pas appris de leur côté et malgré leurs classiques, à « apprendre auprès de plus petit que soi ». Donc, dans le cas réunionais comme dans d’autres, à apprendre à partir de la culture vivante des « départements d’outre-mer ». Preuve, là encore, de l’inégalité de fait régnant dans une « République » qui se camoufle souvent derrière une égalité d’apparence qui n’a d’autre but que d’assurer le maintien de privilèges pour les élites possédantes (de toutes origines) et le nivellement pour toutes les classes populaires vivant et faisant vivre le pays de leur travail.

[7Pierre Vermeren, La France en terre d’islam – empire colonial et religions XIXe et XXe siècles, Texto : p. 234

[9Voir le rôle de l’ambassade des USA dans le département du 93 : < https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/pourquoi-les-etats-unis-arrosent-la-banlieue-parisienne-a-coups-de-millions-de-dollars-30-12-2019-8225955.php > et aussi dans ce contexte, par exemple, le rôle ambigu d’une Rokhaya Diallo qui se fait porte-parole des minorités « racisées » mais qui a bénéficié de l’appui constant de l’establishment « blanc » du « Deep State US ». < https://www.20minutes.fr/arts-stars/medias/2845635-20200824-rokhaya-diallo-integre-washington-post-global-opinions >. On voit que dans leur stratégie impérialiste mondialisée visant tous les pays, dont bien sûr la France, les USA n’hésitent pas à utiliser tous les facteurs possibles de fragmentation des classes populaires et de la nation françaises : < https://www.sudouest.fr/2020/12/12/assa-traore-designee-guardian-of-the-year-par-le-magazine-time-8182599-10407.php >

[10Cet article répond à la question où trouver le prolétariat réellement existant aujourd’hui et comment est il structuré : < http://www.reveilcommuniste.fr/2021/04/qui-sont-et-ou-sont-les-proletaires-en-2021.html >

[13Voir à cet égard l’ouvrage Françoise Gaspard, Farhad Khosrokhavar, Le Foulard et la République, La Découverte, 1995.

[14Henri Goldman, Op. Cit.

   

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