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Histoire : Les exilés Algériens de Tizi Ouzou à Safed en Palestine occupée

dimanche 23 mai 2021 par Fawzi Sadallah

Ils étaient quelques centaines seulement dans le village de Dayshum (دَيْشُومْ) à Safed (صَفَد) dans le département palestinien de Galilée (Al-Jalil الجليل) à la frontière avec le Liban. Ils vivaient là éparpillés dans une centaine de maisons depuis le milieu du 19ème siècle après avoir fui les persécutions et les graves injustices commises à leur encontre dans leur propre pays, l’Algérie, par les colonisateurs français.

De Tizi Ouzou à Galilée...

La plupart d’entre eux venaient des monts du Djurdjura et la région de Tizi Ouzou (تِيزِي وَزُّو) en particulier. Et dès leur arrivée en Palestine, ils prirent contact avec les enfants de l’Emir Abdelkader, Khaled, Said, Hassan et Salah, comme le faisaient pratiquement toutes les communautés algériennes de Bilad Achcham (بلاد الشَّام) de l’époque pour s’entraider, défendre leurs intérêts, mais surtout dans le but d’organiser et coordonner leurs activités politiques militantes.

Leurs noms ?
Des noms souvent de familles algériennes farouchement résistantes à l’occupation française de l’Algérie. Beaucoup d’entre eux appartenaient aux troupes de combattants qui se sont soulevés contre l’expédition militaire française en Kabylie et aux soldats de Cheikh le Bach Agha Mohammad Al-Moqrani lors de la révolte de 1871, tels que les Ait Yahia (آيتْ يحي), Meziane (مزيان), Ait Ahmed (آيت أحمد), Al-Haddad (الحدَّاد), Ouadhi (واضي), Al-Qadi (القاضي), Khlifaoui (خْلِيفَاوِي), Boudjemaa (بُوجَمْعَة), Qaci (قَاسي), Moh Lamnawwar (مُوحْ المْنوَّرْ), Ouqacem (أُوقَاسم), Bouaddou (بُوعَدُّو), Zarrouq (زَرُّوقْ)...

A l’époque, on n’émigrait pas en France. On partait, de gré ou de force, à Tunis, en Alexandrie en Egypte, au Hijaz en Arabie Saoudite, mais surtout au Bilad Achcham qui englobait avant Sykes-Picot- l’ensemble des actuels territoires syrien, libanais, palestinien et jordanien. Même les exilés en France déployaient tous leurs efforts pour convaincre les autorités de ce pays de leur permettre de partir en Orient.

Parmi eux, le grand Mufti malékite de Al-Jamiî Al-Kabir (الجامع الكبير) à Alger Si Mustapha ben Al-Kbabti (سي مصطفى بن الكْبَابْطِي), qui dès son arrivée en France en 1843 ne souhaitait guère y rester longtemps et priait Paris de lui accorder le droit de partir au Machreq (المشرق).

Arrivés à Bilad Achcham, les Algériens de Tizi Ouzou choisirent de s’installer à Safed sur les rives de Ouadi Al-Handaj (وادي الحنداج), où ils allaient vivre de la culture de légumes et de fruits, mais surtout de la plantation d’oliviers, ainsi que de l’élevage comme ils le faisaient sur les monts du Djurdjura.

Les racines...

Leur nouvelle vie ne leur fit jamais oublier leurs racines et leurs proches restés en Algérie. Leurs descendants assurent de nos jours que leurs parents entretenaient régulièrement des contacts avec leurs proches en Algérie.

Certaines familles continuent jusqu’à nos jours de garder jalousement des correspondances remontant aux années 1930 avec la terre des ancêtres.
Ces exilés algériens de Bilad Echcham vivaient tranquillement, lorsque soudain, les Sionistes en quête d’instauration du futur Etat d’Israël, après la deuxième guerre mondiale, tentèrent de les chasser de leurs terres comme ce fut le cas avec les Palestiniens de la Palestine historique.

Les martyrs de la Nakba... Moh Djemaa et les autres...

L’heure de la reprise des armes laissées derrière eux à Tizi Ouzou et autres régions de leur pays d’origine avait alors sonné. La résistance à l’occupant commença avec des moyens rudimentaires, mais avec beaucoup de courage et de détermination après s’être organisés en cellules armées qui ciblaient des intérêts sionistes dans leur région.

Plusieurs batailles furent menées par ces familles, dont celles de Ouadi Âarouce (وادي عروس) et Ras Al-Marj (رأس المرج), où brillaient particulièrement Mohamed Assalah (محمد الصالح), Said Assalah (سعيد الصالح), Moh Djamaa (موح جمعة), Al-Hadi Meziane (الهادي مزيان) et Said Al-Aarifi (سعيد العريفي).

Ces trois derniers comptent de nos jours parmi les premiers martyrs de la révolution palestinienne contre l’occupation israélienne pendant ces années de braise et de traîtrise...

La guerre perdue, les Israéliens, appuyés par la puissance britannique, réussirent le 30 octobre 1948 à les repousser vers le Liban et la Syrie après avoir pris de force leur village, avant de le détruire et confisquer leurs terres qui allaient servir à construire la future colonie israélienne Dichone.

Aujourd’hui ces anciens exilés, d’abord d’Algérie au 19ème siècle, puis exilés par les Israéliens en 1948, sont devenus réfugiés palestiniens au Camp Nahr Al-Barid (نهرالبارد) à proximité de Tripoli, au nord du Liban, mais aussi un peu partout en terre syrienne.

Si la guerre de Palestine lors de la Nakba 1947/1948 et la guerre d’Algérie 1954/1962 ont affaibli les contacts avec l’Algérie, la décolonisation de cette dernière allait permettre aux enfants de ces exilés victimes de la machine coloniale française de renouer avec la terre d’origine, pour laquelle se sont battus leurs parents et leurs grands-parents. Certains parmi eux rentrèrent définitivement en Algérie pour rejoindre leurs villages, où ils regagnèrent la nationalité algérienne.

Sur le front algérien avec le colonel Ouamrane, Ghozali et Mehri...
Le bureau du FLN à Damas les avait bien connus pendant la guerre de libération, où Le colonel Ouamrane et Abdelhamid Mehri, ainsi que Cheikh Al-Ghaciri leur rendaient visite.

Des témoignages assurent également que les étudiants et futurs ministres Sid Ahmed Ghozali et Mohamed Cherif Kharroubi étaient en contact quasi-continus avec eux.

Et qu’un certain nombre de jeunes issus de ces familles exilés se portèrent volontaires pour contribuer à la révolution libératrice de leur pays sans pour autant délaisser la cause palestinienne, pour laquelle ils s’engageaient parmi ses fidaiyyines (الفدائيين) de la première heure, depuis bien avant l’année 1965 qui a vu la création du Front de libération de la Palestine.

Grâce à ces enfants et petits-enfants d’héros du combat de la libération de l’Algérie, Le Fatah de Yasser Arafat, le Front de Libération de la Palestine de Georges Habache, du Docteur Wadiî Haddad et de l’Algérien Mohamed Boudia, ces mouvements étaient et sont toujours quelque part un peu algériens.

De la page Facebook de Fawzi Saadallah. Post daté du 20 mai 2020

   

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