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Rapport sur l’apartheid en Israël : une avancée pour la défense des droits humains

lundi 7 mars 2022 par Jonathan Cook

Les murs qui protègent Israël s’effritent rapidement. Il y a un an, c’était le groupe de défense des droits humains le plus célèbre d’Israël, B’Tselem. Quelques mois plus tard, c’était au tour de Human Rights Watch, basé à New York, dont les dirigeants ont souvent entretenu des relations avec le département d’État américain.

Aujourd’hui, c’est Amnesty International qui s’exprime – une organisation largement considérée comme l’arbitre le plus autorisé de ce qui constitue des violations des droits humains.
Au cours de l’année écoulée, tous sont parvenus à la même conclusion : Israël est un État d’apartheid. Selon le nouveau rapport d’Amnesty publié ce mardi :

  • « Le système israélien de ségrégation et de discrimination institutionnalisées à l’encontre des Palestiniens, en tant que groupe racial, dans toutes les zones sous son contrôle, équivaut à un système d’apartheid. »

Il ne s’agit pas seulement d’une critique de l’occupation israélienne. Les trois groupes soulignent depuis des décennies le mépris flagrant d’Israël pour le droit international et la probabilité qu’il commette des crimes de guerre dans les territoires occupés.

Mais Israël n’était guère concerné, tant que le débat public se limitait à l’occupation. Ses défenseurs ont rapidement appris qu’ils pouvaient toujours dévier vers des questions de sécurité d’Israël, en présentant toute résistance palestinienne comme du terrorisme.

Aujourd’hui, le consensus se déplace sur un terrain entièrement nouveau – un champ de bataille discursif où Israël dispose d’armes moins efficaces pour se défendre. Les plus grands observateurs des droits humains s’accordent à dire que tout ce qui concerne la domination d’Israël sur les Palestiniens est lié, de l’oppression militaire des personnes sous occupation au système juridique civil israélien qui confère systématiquement des droits inférieurs à la grande minorité de « citoyens » palestiniens nominaux du pays.

En d’autres termes, les structures d’apartheid d’Israël ne peuvent être dissociées, en séparant les territoires occupés « d’Israël proprement dit ». Tout cela fait partie du même et unique système de domination d’un groupe ethnique-national, les Juifs, conçu pour opprimer et marginaliser un autre groupe ethnique-national, les Palestiniens.

Sur le tard, les champions des droits humains ont parfaitement compris que les divisions entre Israël et les territoires occupés sont simplement cosmétiques. Elles ont servi un objectif de relations publiques, en cachant la véritable intention d’Israël : déposséder les Palestiniens partout où ils se trouvent sous la domination israélienne.

« Pas parfait »

Il est essentiel de noter que tous les principaux groupes de défense des droits humains ont désormais abandonné la distinction artificielle sur laquelle insistait Israël. Israël partait du principe que ses 1,8 million de « citoyens » palestiniens – un cinquième de la population à l’intérieur d’Israël – étaient victimes d’une discrimination informelle et inconsciente, semblable à celle dont souffrent les minorités dans les démocraties occidentales, comme les États-Unis et le Royaume-Uni.

Le message se voulait rassurant : le traitement réservé par Israël à ses citoyens palestiniens n’était pas parfait, mais il n’était pas pire que celui des autres États démocratiques libéraux. Cela lui permettait de rationaliser son traitement brutal et répressif des Palestiniens sous occupation. L’occupation militaire était censée être une anomalie, imposée à Israël par la nécessité de protéger ses citoyens et ses structures démocratiques de la violence et du terrorisme palestiniens, constants et non provoqués.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid, a répété exactement cette ligne dans une attaque préventive contre Amnesty. Peu avant la publication du rapport, il a déclaré : « Israël n’est pas parfait, mais nous sommes une démocratie engagée dans le droit international, ouverte à la critique, avec une presse libre et un système judiciaire fort et indépendant. » Pour faire bonne mesure, il a accusé Amnesty de se faire l’écho des « mêmes mensonges que les organisations terroristes. »

En Grande-Bretagne, le Board of Deputies of British Jews a adopté une approche similaire : « Israël est une démocratie dynamique et un État pour tous ses citoyens, comme l’illustrent son gouvernement diversifié et sa société civile robuste. »

Sauf que tous les principaux politiciens israéliens rejettent avec véhémence l’idée qu’Israël puisse un jour être un « État de tous ses citoyens ». C’est l’opinion exprimée par l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu. Et il y a quatre ans, un conseil de législateurs a même pris la mesure rare d’interdire qu’un projet de loi soit débattu au parlement israélien parce qu’il promouvait Israël comme un « État de tous ses citoyens. »

En fait, cette phrase est le slogan des dirigeants palestiniens en Israël qui ont mobilisé leurs partisans dans une campagne pour un changement radical afin de mettre fin au statut actuel d’Israël en tant qu’État juif raciste. Les campagnes de diversion bien rodées d’Israël et de ses défenseurs semblent de plus en plus usées.

Amnesty a maintenant rejoint B’Tselem et Human Rights Watch en rejetant ce récit comme un écran de fumée. Tous ont reconnu que la minorité palestinienne d’Israël est confrontée à une discrimination systématique, structurelle et malveillante – et ont assimilé cette discrimination à l’oppression des populations noires et « de couleur » dans l’Afrique du Sud de l’apartheid.

En bref, le racisme d’Israël n’est pas un ajout ou un phénomène temporaire. Il est ancré dans l’idée même d’un État juif.

Une trajectoire de collision

L’implication de tous ces rapports sur l’apartheid est qu’Israël, tel qu’il est actuellement constitué, ne peut être réformé. Comme dans le cas de l’Afrique du Sud de l’apartheid, il doit y avoir un réalignement fondamental du pouvoir dans la région. Le changement doit être profond et global. Et comme ce fut le cas avec l’Afrique du Sud, il ne se produira pas sans une forte pression internationale.

C’est pourquoi Amnesty a appelé le Conseil de sécurité des Nations unies à

  • « imposer des sanctions ciblées, telles que le gel des avoirs, contre les responsables israéliens les plus impliqués dans le crime d’apartheid, ainsi qu’un embargo complet sur les armes à destination d’Israël. »

La Cour pénale internationale, qui examine les violations du droit international commises par Israël, attend potentiellement dans les coulisses. Amnesty a demandé à la Cour des crimes de guerre d’étendre ses délibérations afin de déterminer si Israël est également coupable d’apartheid.

Ce moment risque d’être décisif pour Israël. Son discours et celui de la communauté des droits humains sont sur une trajectoire de collision.

Une fois que la justification de la sécurité d’Israël pour opprimer les Palestiniens est rejetée, comme l’ont fait Amnesty et d’autres en classant Israël comme un État d’apartheid même à l’intérieur de ses frontières reconnues, il ne reste plus qu’une seule position défensive : traiter les critiques d’antisémitisme.

C’est, bien sûr, exactement ce qu’Israël et ses partisans ont fait. Le ministère des Affaires étrangères, Yaïr Lapid a publié un communiqué de presse qualifiant le rapport de « faux, partial et antisémite ».
Les groupes de pression pro-israéliens ont diversement décrit Amnesty comme « vilipendant » et « diabolisant » Israël. Le Board of Deputies du Royaume-Uni a accusé Amnesty de « mauvaise foi. »

Un racisme structurel

B’Tselem, Human Rights Watch et Amnesty savaient tous qu’ils seraient eux-mêmes confrontés à une campagne concertée de diffamation s’ils osaient présenter Israël sous un jour plus véridique – ce qui explique sans doute pourquoi ils ont attendu si longtemps.

Après tout, Israël n’est pas devenu un État d’apartheid il y a un an. Il l’est depuis 1948, date à laquelle il a été explicitement fondé en tant qu’État juif, sur la base de l’expulsion massive des Palestiniens de leur patrie. Jusqu’à récemment, identifier le caractère d’apartheid d’Israël était un sujet tout simplement trop explosif pour la communauté des droits humains.

Pendant des années, le groupe juridique Adalah, qui défend la minorité palestinienne, a tenu à jour une base de données en ligne des lois israéliennes qui établissent explicitement une discrimination selon qu’un citoyen est juif ou palestinien.
Elle compte aujourd’hui plus de 65 lois.

Source : Jonathan Cook, 02-02-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises


Voir en ligne : https://www.les-crises.fr/rapport-s...

   

Messages

  • 1. Rapport sur l’apartheid en Israël : une avancée pour la défense des droits humains
    7 mars 2022, 11:51 - par RICHARD PALAO


    Si ce n était pas tragique cela serait Comique : le premier ministre israélien grand expert en occupation d un pays par un autre s est rendu auprès de Poutine pour lui proposer sa médiation pour faire cesser la guerre... En échange, Poutine lui aurait il proposé de servir de médiateur auprès des palestiniens alors que depuis la fin de L URSS la Russie a plutôt été complaisante avec Israël ?

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