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Annie Ernaux, écrivaine révoltée, Prix Nobel de littérature

samedi 8 octobre 2022 par Contre-attaque

« Je vengerai ma race », écrivait la jeune Annie Ernaux dans son journal en 1963, inspirée par cette phrase de Rimbaud : « Je suis de race inférieure de toute éternité. » Celle des dominés, selon le sociologue Pierre Bourdieu, qui a été d’une grande influence dans son parcours.

L’Académie suédoise a voulu saluer en Annie Ernaux « le courage et l’acuité clinique avec lesquels elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ». Cela ne pourrait mieux s’appliquer à son livre Les années, ce chef-d’œuvre par lequel le grand public a découvert Annie Ernaux en 2008 et qui l’a fait connaître mondialement, où elle racontait la traversée d’une vie, en même temps que la traversée de toute une société. ( Chantal Guy/ La Presse )

Révoltée et féministe, Annie Ernaux, 82 ans, est une écrivaine qui n’a en jamais cessée de lutter. Un engagement qui se traduit dans ses livres, des récits à la fois intimes et sociologiques. Fille d’ouvrier, elle obtient aujourd’hui le prestigieux Nobel de littérature.
Quelques citations d’Annie Ernaux .

Dans une interview en 2021 :

« Je suis toujours dans la vie, et je suis toujours révoltée, le racisme, le sexisme, l’injustice, voilà, révoltée, c’est le mot. Je ne peux pas me taire. »

« Je suis une femme, et d’une manière générale, les femmes sont beaucoup moins reconnues, c’est indéniable. C’est partout pareil. Dans le domaine littéraire, c’est la même domination masculine qu’ailleurs. »

Dans Libération durant la campagne présidentielle 2022 :

« Emmanuel Macron est le grand responsable de la montée de l’extrême droite en France, il n’a cessé de donner des gages en ce sens […], sur les sujets de société, toutes ces choses rances qu’on a entendues pendant cinq ans. »
À propos de la manifestation de syndicats policiers d’extrême droite devant l’Assemblée nationale :

« Yannick Jadot, je ne lui pardonnerai pas de s’être rendu à cette manifestation de policiers factieux devant l’Assemblée nationale. Jamais ! Et c’est pareil pour Fabien Roussel… qui est communiste comme moi je suis religieuse. »

Une lettre ouverte à Macron durant le confinement, en 2020 :

« Monsieur le Président,

« Je vous fais une lettre/ Que vous lirez peut-être/ Si vous avez le temps ». À vous qui êtes féru de littérature, cette entrée en matière évoque sans doute quelque chose. C’est le début de la chanson de Boris Vian Le déserteur, écrite en 1954, entre la guerre d’Indochine et celle d’Algérie. Aujourd’hui, quoique vous le proclamiez, nous ne sommes pas en guerre, l’ennemi ici n’est pas humain, pas notre semblable, il n’a ni pensée ni volonté de nuire, ignore les frontières et les différences sociales, se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre. […]

Prenez garde, Monsieur le Président, aux effets de ce temps de confinement, de bouleversement du cours des choses. C’est un temps propice aux remises en cause. Un temps pour désirer un nouveau monde. Pas le vôtre ! Pas celui où les décideurs et financiers reprennent déjà sans pudeur l’antienne du « travailler plus », jusqu’à 60 heures par semaine. Nous sommes nombreux à ne plus vouloir d’un monde dont l’épidémie révèle les inégalités criantes, nombreux à vouloir au contraire un monde où les besoins essentiels, se nourrir sainement, se soigner, se loger, s’éduquer, se cultiver, soient garantis à tous, un monde dont les solidarités actuelles montrent, justement, la possibilité. Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie, nous n’avons qu’elle, et « rien ne vaut la vie » – chanson, encore, d’Alain Souchon. Ni bâillonner durablement nos libertés démocratiques, aujourd’hui restreintes, liberté qui permet à ma lettre – contrairement à celle de Boris Vian, interdite de radio – d’être lue ce matin sur les ondes d’une radio nationale. »

Que la révolte littéraire d’Annie Ernaux résonne jusqu’au sommet du pouvoir.

   

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