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La France en déclin ? Thème obsessionnel des droites françaises ou réalité ?

vendredi 16 décembre 2022 par Francis Arzalier (ANC)

Un des refrains favoris des Droites en France, qui prônent depuis toujours le retour au passé : C’est même pour cela qu’on la dit « réactionnaire », parce qu’elle regrette les conquêtes sociales et politiques arrachées aux privilégiés de la fortune et du Pouvoir, et voudrait pouvoir les effacer.

En 1820, ses penseurs se nommaient De Maistre ou Chateaubriand, nostalgiques de l’aristocratie terrienne dépouillée de ses droits féodaux par la Révolution de 1789-94, et méprisant la République qui prétendait donner la parole au vilain peule des villages et des faubourgs.

Puis, un siècle plus tard, elle bavait d’admiration pour un Barres ou un Charles Maurras, qui pourfendaient « la Gueuse » (Politiciens corrompus et suffrage universel) coupables selon eux de laisser les ouvriers (« salopards à casquette ») se goberger à ne rien faire.

Influencés par les doctrines d’ultra-droite nées en Italie (Fascisme), ou Allemagne (Nazisme), et leurs émules français qui ne valaient pas mieux (Drumont), ils ont enrichi leur discours nostalgique de xénophobie et de racismes, bien commodes à la fois pour justifier l’exploitation des peuples coloniaux déclarés inférieurs, et trouver des « boucs émissaires » désignés comme cause de tous les maux, de l’insécurité, du chômage et de la pauvreté.

Durant la première moitié du vingtième siècle français, au mépris colonial pour les Noirs et les Musulmans s’ajouta peu à peu ainsi chez le penseur Maurras et ses fidèles un antisémitisme obsessionnel contre les juifs et la haine pour les « métèques », les migrants d’Europe orientale ou méditerranéenne dénoncés comme responsables de tous les maux français. Cette idéologie aspirant à un « État fort » inspira fortement le Pétainisme, qui accéda au pouvoir grâce à la défaite militaire de 1940, mais qui eut aussi l’assentiment de la majorité de l’opinion française, tout au moins durant deux ans, y compris quand il mit en place les mesures anti-juives.

Ce qui démontre une fois de plus que, si les circonstances s’y prêtent, les peuples peuvent basculer majoritairement dans les pires idéologies, tout au moins temporairement. Ce fut le cas notamment du peuple allemand, celui qui avait enfanté Mozart, Heine et Marx, et approuva pourtant Hitler victorieux jusqu’aux défaites après 1942.
C’est à l’inverse dans le contexte créé par l’écrasement du Nazisme et de ses alliés (grâce surtout à l’Union Soviétique, même si cette évidence est occultée dans la France actuelle) que la majorité de l’opinion française a vécu les décennies fastes d’après-guerre (les « jours heureux ») qui connurent d’énormes progrès, de la sécurité sociale aux retraites, grâce à un rapport de forces favorable aux idées communistes et pacifistes (le PCF et la CGT incarnaient alors fièrement les mentalités ouvrières).

Peut-on conclure de cette succession d’épisodes contradictoires comme le disent les partisans d’Éric Ciotti, Zemmour et Marine Le Pen que « la France est en déclin », parce qu’elle a perdu successivement « les repères civilisationnels qui ont fait sa grandeur passée » : la Monarchie, le respect des autorités, le goût du travail et la frugalité, son Empire colonial défunt et sa primauté mondiale en matière de diplomatie, ou de culture ?

Sûrement pas, car ces « repères », heureusement disparus, n’étaient pas l’expression du peuple français en général, mais de sa bourgeoisie possédante érigée en État, le visage de sa domination sur les peuples colonisés et de l’exploitation des travailleurs de France.

Par ailleurs, notre nation formait encore en 1800 l’État le plus peuplé d’Europe occidentale, elle n’est plus que l’un des plus nombreux, alors même que l’Asie, l’Amérique latine ou l’Afrique explosent en milliards d’hommes et de femmes. Ce qui devrait la persuader de n’être plus que Puissance moyenne, en dépit de cette « arrogance française » qui nous est souvent reprochée par le reste du monde.

Le « désastre français » des années 1975 à 2022

Il est vrai que notre pays a vécu une mutation totale en deux générations à cheval sur deux siècles, ressemblant fort à l’effondrement de certaines réalités économiques, sociales et idéologiques, qui faisaient depuis des siècles la force de son peuple travailleur, ouvrier, paysan et intellectuel.

1/ le premier volet de cette mutation découlait de la logique du Capitalisme, dans laquelle s’inscrivait la caste bourgeoise française, attachée à maximiser ses profits, plus encore qu’à défendre une option politique.
A partir des années 1975, le Capitalisme muta, se financiarisa en sociétés transnationales, et se mondialisa, en quête de marchés exotiques à bas salaires. La bourgeoisie de France, jusque-là affairée dans un capitalisme national et colonial, incarné auparavant par le Gaullisme, s’y impliqua avec vigueur, durant les Présidences de Pompidou, Giscard d’Estaing, et autres Sarkozy. Détruisant systématiquement les grandes industries de l’hexagone, les investisseurs français exportaient leurs capitaux (et les emplois industriels) vers la Chine ou ses voisins asiatiques, l’Afrique et ses juteux marchés, par le biais de sociétés transnationales.

2/ Ce faisant, et ce n’était pas le moindre de ses vœux, la bourgeoisie dirigeante détruisait ou déstabilisait progressivement la classe ouvrière des grandes concentrations industrielles, qui avait été le terreau nourricier du mouvement révolutionnaire français depuis 1830. Cet assèchement des forces organisées ouvrières s’est doublé dès 1990 du tsunami idéologique qu’a entraîné la piteuse, et souvent suicidaire, débâcle de l’URSS et ses alliés européens, qui avaient incarné les espoirs et les vœux d’une partie des travailleurs français. Tout cela déboucha peu à peu sur l’affadissement des combats du PCF, et du mouvement de lutte qu’il animait, peu à peu envahi par des dirigeants carriéristes et électoralistes, progressivement ralliés à l’idéologie libérale, sous le prétexte fallacieux d’Union des Gauches.

3/ cette dérive mortifère vers l’idéologie libérale, et les dogmes du Capital, s’est accompagnée d’un alignement sur les diktats des Impérialismes dominants au sein des transnationales, celui des USA d’abord, et de leurs subalternes européens regroupés au sein de l’UE. Ce qui s’est très vite traduit sur le plan idéologique dans la population française par la prégnance des modes venues des USA (des vêtements et des Mac Do, au « franglais »), jusqu’à parfois une véritable acculturation de type colonial.

4/ Dès le Vingt et unième siècle, cette invasion des mentalités françaises par les idéologies libérales, individualistes et pro-impérialistes, a déferlé massivement par le biais de médias d’État et privés, peuplés d’une foule de « communicants » formatés pour cela par un réseau scolaire perfectionné. Des médias dotés de moyens de manipulation des esprits jamais atteints dans l’histoire. Et pour ceux qui pensent échapper à cette sujétion par les « réseaux sociaux », ils se retrouvent clients assujettis aux GAFAM états-uniennes, directement liées aux services secrets de Washington.

5/ l’opinion française, comme d’ailleurs bien d’autres en Europe, a ainsi été imprégnée par une véritable contre-révolution idéologique libérale, avec ses conséquences directes dans le domaine politique (Mort des partis et organisations démocratiques de lutte, « apolitisme » justifié par le discours « tous pourris » confondant dans la même opprobre militants et politiciens carriéristes corrompus). Mais plus encore en étouffant les conflits de classe au profit de l’égoïsme individualiste, de la xénophobie raciste, des conflits de sexe sous prétexte de féminisme, aux dérives anti-productives sous prétexte « d’écologie » ou de protection animale, etc.
Cette contre-révolution idéologique libérale traine avec elle une forte vague d’irrationnel, qui a déferlé sur l’opinion française au vingt et unième siècle, sous la forme souvent de démagogies inspirées des USA (le Wokisme, et autres dérives de l’égalitarisme de genre, de race, de couleur).

6/ Mais le couronnement de cette vague idéologique libérale sur notre société française (et celles de bien des pays voisins…) a été la conséquence collatérale de l’épidémie de Covid des deux années dernières. Évidemment, la bourgeoisie régnante n’a pas inventé cette contagion néfaste, mais elle l’a fortement utilisée, notamment grâce aux médias qu’elle contrôle, peuplés
« d’experts » toujours prêts à amplifier les messages jusqu’à la démesure, quittes à se contredire à quelques jours d’intervalle.
L’objectif est de cultiver la peur panique, qui détruit toute solidarité de classe, parallèlement à l’isolement social renforcé par le télé-travail par exemple.

L’objectif est atteint pour la bourgeoisie dirigeante de 2022 :

Une bonne part des salariés de France ne voient plus en leurs collègues de travail que des dangers, susceptibles de leur transmettre le virus.

Une victoire historique de la bourgeoisie contre les héritages révolutionnaires de notre nation.

Bien sûr, cette victoire n’est pas « la fin de l’histoire », et nous y contibuerons.

Mais il faut savoir prendre la mesure de ces revers historiques, pour mieux les combattre.

16/ 12/ 2022

   

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