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Palestine occupée : une explosion de la résistance armée est imminente

dimanche 1er janvier 2023 par Ramzy Baroud

Juste au moment où Israël, et même certains Palestiniens, ont commencé à parler du Repaire aux Lions au passé, un grand nombre de combattants appartenant au groupe palestinien nouvellement formé ont défilé dans la ville de Naplouse.
Contrairement à la première apparition du groupe le 2 septembre, les combattants qui ont pris part au rassemblement dans la vieille ville de Naplouse le 9 décembre était nettement plus nombreux et mieux équipés ; ils ont défilé en treillis militaires uniformisés et dans de bien meilleures conditions de sécurité.

« Le Repaire appartient à toute la Palestine et croit à l’unité des Palestiniens qui partagent le même sang, la même lutte et les mêmes armes », ce qui veut dire que la résistance collective doit dépasser les intérêts particuliers des factions.

Il va sans dire que l’événement était significatif. Il y a deux mois à peine, le ministre israélien de la défense, Benny Gantz, a minimisé l’importance et l’influence du groupe, estimant leur nombre à « une trentaine de membres » et promettant de « mettre la main sur eux […] et de les éliminer ».

L’Autorité palestinienne (AP) a également participé activement à l’élimination du groupe, mais avec une approche différente. Les médias palestiniens et arabes ont fait état des offres généreuses de l’AP – des emplois et de l’argent- aux combattants de la Tanière du lion, s’ils acceptaient de déposer leurs armes.

Les dirigeants israéliens comme palestiniens ont très mal interprété la situation. Ils ont supposé à tort que le mouvement né à Naplouse était un phénomène régional et éphémère qui, comme d’autres dans le passé, pouvait facilement être écrasé ou acheté.

Le Repaire aux lions semble au contraire s’être agrandie tant en nombre de combattants qu’en territoire. De fait, il s’est déjà étendue à Jénine, Al Khalil (Hébron), Balata et ailleurs.

Pour Israël, mais aussi pour certains Palestiniens, le Repaire aux Lions est un problème sans précédent, dont les conséquences menacent de modifier entièrement la dynamique politique en Cisjordanie occupée.

Alors que des emblèmes du Repaire aux lions apparaissent désormais dans tous les quartiers palestiniens des Territoires occupés, le groupe a réussi à sortir d’un quartier spécifique de Naplouse – Al Qasaba – pour devenir une expérience collective palestinienne.

Une étude récente du Centre palestinien de recherche sur les politiques et les enquêtes (PCPSR) l’a prouvé sans conteste.

Le sondage public du PCPSR a montré que 72 % des Palestiniens sont favorables à la création d’un plus grand nombre de groupes armés de ce type en Cisjordanie. Près de 60 % craignent qu’une rébellion armée rentre en confrontation directe avec l’AP. Un nombre impressionnant de personnes, 79 %, sont contre la reddition des combattants aux forces de l’AP et 87 % considèrent que l’AP n’a pas le droit de procéder à leur arrestation.

De tels chiffres témoignent de la réalité de la rue, et soulignent le manque presque total de confiance dans l’AP et la conviction que seule une résistance armée, similaire à celle de Gaza, est capable de défier l’occupation israélienne.

Il y a des raisons empiriques à cet état de fait, au premier rang desquelles on trouve :

  • - l’incapacité de l’AP, financièrement et politiquement corrompue, à répondre aux aspirations palestiniennes de quelque manière que ce soit ;
  • - le désintérêt total d’Israël pour toute forme de négociations de paix ;
  • - la dérive fasciste de l’extrême droite de la société israélienne, qui est directement liée à la violence quotidienne exercée contre les Palestiniens à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupées.

L’envoyé des Nations Unies pour le Moyen-Orient, Tor Wennesland, a récemment indiqué que l’année 2022 était « en passe de devenir l’année la plus meurtrière pour les Palestiniens de Cisjordanie depuis […] 2005 ». Le ministère palestinien de la Santé a indiqué que 167 Palestiniens avaient été tués en Cisjordanie cette année seulement.

Ces chiffres risquent d’augmenter au cours du nouveau mandat du Premier ministre israélien de droite Benjamin Netanyahou. Le nouveau gouvernement ne pourra rester au pouvoir qu’avec le soutien de Bezalel Smotrich, du parti Sionisme religieux, et d’Itamar Ben-Gvir, du parti Puissance juive.

Ben-Gvir, un politicien extrémiste notoire, est, ironiquement mais sans surprise, destiné à devenir le nouveau ministre de la sécurité d’Israël.

Mais la rébellion armée qui se prépare en Cisjordanie ne se limitera au combat contre la seule violence israélienne.

Près de trois décennies après la signature des accords d’Oslo, les Palestiniens n’ont obtenu aucun de leurs droits politiques ou juridiques fondamentaux. Au contraire, des politiciens de droite israéliens se sont enhardis et parlent maintenant d’une « annexion douce » unilatérale de grandes parties de la Cisjordanie.

Aucune des questions jugées importantes en 1993 – statut de Jérusalem occupée, réfugiés, frontières, eau, etc. – n’est plus à l’ordre du jour aujourd’hui.

Depuis lors, Israël a multiplié les lois raciales et les politiques d’apartheid, ce qui en fait un véritable régime d’apartheid. Les principaux groupes internationaux de défense des droits de l’homme ont identifié et dénoncé la nouvelle identité ouvertement raciste d’Israël.

Confrontée au soutien actif des États-Unis et passif de la Communauté internationale à Israël, la société palestinienne a élargi sa mobilisation au-delà des canaux traditionnels des trois dernières décennies. Malgré le travail admirable de certaines ONG palestiniennes, l’ « ONGisation » de la société palestinienne, opérant avec des fonds provenant en grande partie des bailleurs de fonds occidentaux d’Israël, a encore accentué la division en classes parmi les Palestiniens.

A côté de Ramallah et de quelques autres centres urbains qui servent de sièges à l’AP et à une grande quantité d’ONG, Jénine, Naplouse et leurs camps de réfugiés adjacents souffrent de marginalisation économique, de négligence politique et subissent les violences israéliennes.

Le désenchantement provoqué par l’échec du modèle politique de l’AP et l’exemple de la Résistance armée à Gaza, pourraient déclencher une rébellion armée en Cisjordanie plus vite qu’on ne le croit.

A la différence de l’ « Intifada de Jérusalem », également appelée « Intifada des couteaux » de 2015, qui s’est traduite par une série d’actes individuels désorganisés menés par des jeunes opprimés de Cisjordanie, l’Intifada armée qui se prépare en Cisjordanie est un phénomène populaire organisé, avec un discours politique unique qui plaît à la majorité de la société palestinienne.

Et, contrairement à la deuxième Intifada palestinienne armée (2000-2005), la rébellion armée qui s’en vient est ancrée dans une base populaire, et non dans les forces de sécurité de l’AP.

La référence historique la plus proche de ce phénomène est la révolte palestinienne de 1936-1939, menée par des milliers de fellahin (paysans) palestiniens dans les campagnes de Palestine. La dernière année de cette rébellion a été marquée par une importante scission entre la direction des fellahins et les partis politiques basés dans les villes.

L’histoire se répète. Et, comme pour la révolte de 1936, l’avenir de la Palestine et de la Résistance palestinienne – en fait, le tissu social même de la société palestinienne – est en jeu.

Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet


Voir en ligne : https://www.chroniquepalestine.com/...


Dr Ramzy Baroud est journaliste, auteur et rédacteur en chef de Palestine Chronicle.

   

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