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Vingt et unième siècle : le crépuscule de la raison ?

mercredi 18 janvier 2023 par Francis Arzalier (ANC)

Contribution de Francis Arzalier, pour nourrir les débats engendrés lors de l’Assemblée Générale de l’ANC le 16 Janvier dernier.

Il est vrai qu’aujourd’hui notre univers menacé d’apocalypse nucléaire révèle une capacité d’irrationnel inusitée. Des millions d’hommes et de femmes sautillent de joie quand des professionnels milliardaires ont réussi à placer un ballon au fond d’un filet malgré d’autres professionnels tout aussi éloignés de leurs difficultés de fins de mois.

Opium des peuples, direz-vous ? Certes, ces « émotions » valent bien les foules emportées dans la France d’antan par des thaumaturges faiseurs de miracles, qui n’étaient pas toujours des saints ni des exemples.

Mais le plus grave dans notre pays aujourd’hui est ce constant matraquage médiatique sur les méfaits supposés des méchants Russes au détriment des anges ukrainiens, un discours écrit par l’OTAN et les officines nationalistes ukrainiennes nourries par la CIA, qui devient peu à peu un récit raciste sans nuance, plus virulent que celui du XXème siècle, en pleine guerre coloniale.

Cette aliénation irrationnelle en 2022 est un retour des aspects les plus effrayants du passé, ceux qui permirent les pogroms médiévaux et les bûchers de l’Inquisition, et plus près de nous les « ratonnades » coloniales de la Guerre d’Algérie. Elle est d’autant plus grave qu’elle est portée par des milliers « d’experts » auto-désignés, civils et militaires confondus, tous affirmant que la Russie est l’Empire du Mal comme d’autres, autrefois, dénonçaient le péril judéo-bolcheviste, qui voulait engloutir notre France bénie, fille de Saint Louis et de romanité.

Une foule de communicants mâles et femelles, jeunes et vieux, qui hurlent leur haine anti-russe, comme d’autres le faisaient il y a 60 ans contre « les Arabes criminels de la Casbah d’Alger ». Nourrissant la marche à l’abîme pour leurs maîtres de Washington, de Kyiv et de Paris, traînant une opinion anesthésiée vers une future Troisième Guerre Mondiale, ils sont les farfadets de l’Impérialisme occidental, dansant sur le volcan menaçant d’exploser.

Dans ce fatras belliciste quotidien qui nous submerge, certains « événements » récents retranscrits par nos médias, relèvent du « happening » qui fut cher aux Surréalistes, tant ils offensent le bon sens dans leur fougue belliciste. Ainsi quand le paltoquet de la CIA Zelenski, acteur ultra-nationaliste ukrainien promu en archange Saint Michel contre le Satan de Moscou par nos communicants, y va de son discours grandiloquent devant le Congrès des USA, où il assène aux Députés enthousiasmés : « En donnant vos milliards de dollars à l’armée ukrainienne, vous ne nous faites pas la charité, vous défendez la liberté et la Démocratie mondiale ! ».
Le personnage ne manque pas d’air, qui parade de temps à autre avec ses amis nostalgiques de la SS d’autrefois, qui a interdit ou emprisonné tous ses opposants politiques, à commencer par les Communistes d’Ukraine.

Et pour couronner cet édifice absurde et opportuniste à la fois, quel meilleur exemple que ce crétin électoraliste, maire de Pantin, qui fit autrefois partie de la « ceinture rouge » de Paris, qui clôt l’année en décidant sans rire que 2023 verra « sa » ville porter un nouveau nom, Pantine !

Faut-il considérer que l’irrationnel a gagné, que la raison a définitivement perdu la bataille des idées en France et dans le monde, que l’avenir est dès lors indéchiffrable, et que nous n’avons plus les moyen de le comprendre ou le modifier ?

Se donner une grille de lecture

Nous sommes résolus à refuser d’accepter cette vision irrationnelle que voudraient nous imposer ces Pouvoirs qui prétendent penser pour nous.

Le monde, en fait, est toujours plein de sens, de logique. Encore faut-il pour le décrypter trouver la grille de lecture adéquate, la clé sans laquelle on ne peut en déchiffrer les modes de fonctionnement, et donc le transformer, pour ne pas être le fétu de paille emporté par le prétendu chaos de l’histoire des peuples.

Pour notre part, héritiers de Descartes autant que de Thorez et Alleg, nous nous en tenons à cet éclairage scientifique mis au point par Marx, le théoricien visionnaire, et ses disciples maître-d’œuvre, Lénine, Castro, Mao et l’oncle Ho, qui ont su mettre en pratique dans l’histoire de leur pays leurs découvertes. Quitte à se tromper parfois, ils ont démontré que cette « manière de voir » fonctionnait, que quelques lois dévoilées par le barbu de Trèves régissent les peuples et que la connaissance de ces règles permet d’agir sur leur histoire.

🔴1/ La première règle des sociétés humaines est la lutte de classes, qui oppose au sein même de chaque peuple depuis l’aube de l’humanité ceux qui n’ont pour vivre que le produit de leur travail et ceux qui vivent du travail des autres, esclaves et leurs propriétaires, serfs et seigneurs, ouvriers ou prolétaires et bourgeois.
Sous des formes extraordinairement diverses, des plaintes religieuses aux débats électoraux plus ou moins truqués, des revendications concrètes aux affrontements sanglants, le combat éternel entre Ceux qui n’ont pas et Ceux qui ont est le substrat explicatif des remous de l’histoire. Car toute expression politique, tout événement collectif, est, soit une façon pour des non-possédants de dire leurs revendications, soit le moyen pour les possédants de les empêcher de le faire, par la répression ou par la manipulation.

Car les classes possédantes successives ont assuré depuis l’Antiquité leur domination par le biais de l’État et ses rouages, qui, au fil des siècles, ont acquis une capacité de formatage des esprits plus efficace que les répressions brutales d’autrefois, toujours présentes par ailleurs.

Ajoutons que si la lutte de classes, contrairement aux légendes conservatrices, se déroule à tout instant de façon imprévisible, sans avoir besoin d’un conspirateur révolutionnaire pour l’inventer, elle n’a jamais en elle-même abouti à une révolution politique et sociale sans l’apport d’une stratégie et d’analyses efficaces portées par une organisation disciplinée autour d’une réflexion théorique.

En 1917, l’effondrement de l’armée russe contre la guerre impérialiste, et le refus des classes prolétariennes, n’aurait pas enfanté la révolution socialiste sans le rôle moteur de Lénine et du parti Bolchevik.

À l’inverse, le vaste mouvement des Gilets Jaunes en France, se refusant toute alliance avec une organisation politique structurée, traversée de divergences, même s’il elle relevait pour l’essentiel d’une insurrection des couches prolétariennes, n’avait aucune chance de parvenir à une transformation sociale ou politique fondamentale, et ne pouvait guère échapper à l’implosion rapide. Il est même évident que les luttes revendicatives syndicales, quelles que soient leur force et leur pertinence, ne sont en aucun cas révolutionnaires en elles-mêmes.

🔴 2/ Il n’a pas suffi aux bourgeoisies de notre Europe occidentale d’employer ces moyens pour exploiter leurs peuples. Elles ont, depuis cinq cents ans, soumis à leur domination, militaire, économique et politique, les peuples étrangers, pour en exploiter les richesses endormies.

Cette omniprésence de l’Impérialisme occidental marque aujourd’hui encore notre monde. Tout au plus à t-il changé de forme plusieurs fois en quatre siècles. Depuis le début du Vingtième, les États Unis d’Amérique, cet enfant géant des puissances d’Europe, est devenu le cœur du Moloch impérialiste, grâce notamment à deux conflits mondiaux qui ont ravagé les autres continents, sans que le territoire états-unien ne soit touché par les combats.

Aujourd’hui encore, ces USA sont la plus forte économie mondiale, leur monnaie sert aux transactions en tous les continents, et leurs capacités militaires (40/100 des dépenses mondiales) lui permettent de jouer le maître de l’Univers sur tous les continents et océans. Une maîtrise telle que les puissances européennes autrefois coloniales ne sont plus que les supplétifs du chef de file Yankee.

Après avoir remporté par défaut la « guerre froide » contre l’URSS en 1990, cet Impérialisme occidental à direction états-unienne constate ses échecs, notamment dans la compétition économique mondiale, et la croissance irréversible en ces domaines du concurrent chinois. D’où la conversion d’une partie de ses « élites », sous l’égide du président Biden à Washington, à la guerre comme seule issue pour maintenir sa primauté mondiale.

🔴 3/ Les colonisations, les impérialismes, qui parfois confinèrent à l’extermination, ne pouvaient manquer de faire naître en retour les réactions nationales : la Nation est, en quelque sorte, la mobilisation d’un peuple pour affirmer son droit de choisir son destin et ses lois sans ingérence extérieure, un moyen de se prémunir contre l’exploitation de ses richesses au profit de l’impérialisme étranger.

Ce prurit national, inauguré en France par la Révolution de 1789-94, s’est poursuivi depuis sur tous les continents, parfois par le rassemblement en nations de peuples dispersés (unité italienne ou allemande au 19éme siècle), et surtout après 1945 par la naissance de nations décolonisées en Asie et Afrique (l’Inde de Nehru, l’Égypte de Nasser, l’Algérie de Ben Bella, la Libye de Khadafi, etc…).

Cette floraison d’États-Nations, qu’on disait il y a 60 ans du « Tiers-Monde », et plus souvent aujourd’hui « du Sud » ou « des périphéries » (qualificatifs fort imprécis et ambigus) continue de nos jours de plus belle, parce qu’elle exprime le refus dans tous les continents de la domination impérialiste.

Il a souvent pris la forme d’un État national, dont les dirigeants peuvent incarner des orientations politiques diverses, voire opposées, du Vietnam dirigé par le Communiste Ho Chi Minh, à l’Inde du pacifiste Nehru et à l’Égypte autoritaire de Nasser, qui ne récusaient pas un Capitalisme encadré par l’État-Nation. La plupart de ces États ont confié les rênes du pouvoir à une bourgeoisie nationale, parfois d’inspiration militaire (Algérie) ou cléricale (Iran de Khomeiny) autant que civile (l’Irak de Saddam Hussein). Mais généralement désireuses d’indépendance économique et diplomatique, ces bourgeoisies nationales furent et restent les cibles permanentes des Impérialistes, qui ont tout fait pour les détruire, y compris militairement.

Ce fut le cas pour l’Irak de Saddam Hussein, envahi et occupé par l’armée US en 2003, de la Libye de Khadafi, envahie par la France de Sarkozy en 2011. Et d’autres tentatives de subversion et d’insurrection armée, par le biais de groupes pro-occidentaux, souvent nationalistes ou intégristes, financés et armés par les services occidentaux, se multiplièrent au 21éme siècle, sous le nom hypocrite de « Révolutions orange ». Elles réussirent à installer quelques pouvoirs pro-occidentaux, en Géorgie (2003), et surtout en Ukraine (Maidan 2014).

Mais, parallèlement, les échecs de cette stratégie subversive et guerrière de l’impérialisme se multipliaient : en Afghanistan, que les troupes US et alliées durent évacuer piteusement en 2021 après 20 ans de guerre inutile, en Syrie, où les alliés, notamment intégristes, de l’Occident ne purent détruire l’État national syrien malgré 10 ans de combats, grâce à l’aide militaire de la Russie à Damas (2011-21). Ce sont bien ces défaites qui ont poussé le nouveau président des USA Biden à multiplier les mesures d’encerclement militaire et de provocations par l’OTAN et les nationalistes ukrainiens pour déclencher la riposte russe de 2022. L’objectif de cette guerre par Ukrainiens interposés toujours en cours était et est encore de punir l’État russe, coupable de cet échec syrien.

Pour une vision dialectique : l’exemple du concept de bourgeoisies nationales

🔴 4/ Ce dialogue heurté constant entre menées de l’Impérialisme d’un côté, bourgeoisies nationales et forces populaires qui s’y opposent de l’autre, est la seule grille de lecture qui permet de déchiffrer le chaos mondial apparent. Encore faut-il pour l’employer à bon escient ne pas oublier la quatrième obligation fondamentale de la démarche marxiste, la vision dialectique des faits, la plus difficile à respecter parfois par ceux qui aspirent à des changements rapides.

La seule façon pourtant d’analyser les faits sociaux et politiques est d’en éviter toute vision simpliste, de les considérer en bons ou en méchants au gré de nos désirs. Alors que toute réalité historique contient en elle-même son contraire en devenir, comme l’exploitation capitaliste génère l’émancipation du prolétariat, et l’Impérialisme les mouvements de libération nationale qui les combattent.

Le sectarisme simplificateur, souvent défini comme « gauchiste » ou « opportuniste de gauche » dans l’histoire du mouvement communiste, a été présent dans toutes les époques militantes. Il est toujours actuel, notamment à propos de ces « bourgeoisies nationales » qui constituent en 2022 plus encore qu’en 1960 une des formes les plus fréquentes des résistances à l’Impérialisme, qu’on ne peut considérer que de façon dialectique.

Comment pourrait-on construire une approche marxiste efficace de l’État russe actuel en oubliant le fait jugé très positif par les citoyens russes qu’il a reconstruit un État national après la période désastreuse d’Eltsine et autres fossoyeurs de l’URSS, inféodés à l’impérialisme occidental, qui ont bradé son économie au profit des affairistes « oligarques ».
De même qu’on ne saurait nier le désir justifié des minorités russes de Crimée, du Donetsk et d’ailleurs d’échapper à la tutelle persécutrice de nationalistes antirusses née de l’implosion de l’URSS et de « retourner à la mère Russie », comme il y a un siècle et demi les Siciliens, Romains et Lombards voulaient se retrouver dans une même Italie.

Ce qui n’interdit pas de constater que cette bourgeoisie nationale russe incarnée aujourd’hui par Poutine est très loin d’aspirer à une renaissance de l’URSS dont elle accompagna l’enterrement.
Elle est plus inspirée de l’autoritarisme tsariste et de l’église orthodoxe la plus réactionnaire que des rêves léninistes. Elle est d’ailleurs, comme la plupart des bourgeoisies nationales, susceptible de réprimer sans état d’âme son propre peuple, et d’aspirer à en soumettre d’autres, si les conditions s’y prêtaient. Mais nous devons soutenir sans barguigner ses volontés d’indépendance nationale contre l’Impérialisme, qui rejoignent nos luttes.

Cette contradiction n’est pas nouvelle, elle était présente dès la décennie 1960, quand ont fleuri les indépendances sur les décombres des Empires coloniaux occidentaux.
Le régime de Nasser en Égypte (1952-70) était très autoritaire, éradiqua brutalement ses opposants, Frères Musulmans, syndicats et Communistes égyptiens. Il était pourtant totalement justifié de le soutenir contre les attaques de l’Impérialisme occidental, l’invasion Franco-britannique de 1956, et les attaques successives israéliennes.

Les pratiques dictatoriales de Saddam Hussein en Irak, de Mouammar Khadafi en Libye, de Bachar El Assad en Syrie étaient tout aussi discutables, cela ne justifiait en rien les guerres impérialistes occidentales menées contre eux par les USA, l’OTAN et la France. La faiblesse des réactions de la population française a l’invasion de la Lybie par Sarkozy (2011) fut même le symptôme évident de l’effondrement en cours de l’anti-impérialisme dans notre pays au 21éme siècle.

Aujourd’hui encore, il serait aberrant de ne pas soutenir l’État national Iranien contre les attaques de l’Impérialisme occidental, USA, Israël, France, même si le régime clérical de Téhéran persiste à imposer à son peuple une tutelle réactionnaire inacceptable. Toute la difficulté est de concilier la solidarité avec les forces progressistes iraniennes sans se laisser leurrer par les médias au service de l’Impérialisme, qui rêvent d’asservissement de l’Iran comme autrefois à l’époque du Shah, et de sa féroce police politique Savak, qui savait torturer bien mieux que celle des mollahs.

Cette nécessité de mener en même temps les deux combats de solidarité nécessaires a toujours été difficile, elle l’est encore plus aujourd’hui, quand les médias ne cessent de brouiller les cartes, à tel point qu’elle entraîne aujourd’hui une dramatique cassure entre organisations communistes à l’échelle mondiale, entre une minorité de partis qui ne voient en Ukraine qu’un affrontement entre deux impérialismes aussi néfastes l’un que l’autre, et vont jusqu’à condamner comme « honteux et criminel pour des communistes de se ranger derrière le gouvernement d’un pays bourgeois », et de fait exonèrent les responsabilités de l’Impérialisme occidental, OTAN et USA.
Il est vrai que, parallèlement, d’autres militants anti-impérialistes, en toute bonne foi, négligent d’ajouter à leurs diatribes justifiées contre l’Impérialisme occidental, qu’ils ne partagent nullement les motivations et la stratégie de l’État « grand-russe » capitaliste.

Ces différences d’approche, nourries d’un simplisme qui refuse d’analyser jusqu’au bout les contradictions du réel, sont après tout inévitables. Encore faut-il éviter le glissement à des controverses qui peuvent devenir aussi catastrophiques pour le mouvement anti-impérialiste que le fut en son temps la dispute sino-soviétique.

Ce monde qui change

🔴5/ S’il est nécessaire de s’en tenir fermement à une grille de lecture rationnelle du monde, que les découvertes de Marx nous ont léguées, elle ne peut se passer non plus d’une évidence, formulée déjà par Héraclite dans l’Antiquité : « Aucun homme ne marche deux fois dans la même rivière, car ce n’est plus la même eau, et ce n’est pas le même homme » . Une façon de dire que cette réalité humaine que nous nous efforçons de déchiffrer est en constante mutation.
Ce qui doit nous inciter à ne pas nous en tenir en guise de preuve à de constantes références à des solutions qui étaient justes dans un contexte qui n’est plus le même, à l’usage abusif de citations des « grands ancêtres », qui furent vérités en réponse à des faits qui ne sont plus les mêmes.
On ne résoudra pas les complexités de 2023 par une phrase de Lénine en 1920, ou de Fidel Castro à Cuba en 1960. Comment d’ailleurs ne pas remarquer que ces grands pratiquants de la Révolution n’usaient guère eux-mêmes de citations péremptoires, plus volontiers pratiquées par de piètres imitateurs ?

Ce monde qui change depuis des millénaires et peut être plus vite encore aujourd’hui, repose tout de même sur quelques permanences depuis deux siècles :

A / le mode de production capitaliste reste dominant, même s’il change de formes économiques, sociales et politiques et constamment (financiarisation mondialiste du Capital, et délocalisations). Il joue un rôle essentiel au sein même des quelques États socialistes (que comprendrait on à la Chine actuelle, si l’on ignore le rôle des investissements privés dans son économie, passée et même présente ?)

B / l’Impérialisme, économique, politique, militaire, qui en est le corollaire est toujours la règle essentielle des relations entre peuples et nations, profondément inégalitaires.

C /Depuis le début du Vingtième siècle, l’impérialisme le plus puissant est celui des États Unis d’Amérique, renforcé par les Guerres mondiales successives et l’effondrement de l’Union Soviétique, sur le plan économique, et militaire (40/100 du budget mondial militaire ). Il est secondé par les États impérialistes dits « occidentaux », à la fois alliés et concurrents subalternes (France, Allemagne et OTAN, Royaume Uni, Japon, Israël, etc).

Remarquons au passage que cette « cohorte occidentale » comprend aussi des « États de bourgeoisies nationales », comme l’Inde de Modi, le Brésil de Bolsonaro, le monarchie Marocaine. Il n’existe pas de séparation absolue entre bourgeoisies nationales et « compradores », comme on qualifiait autrefois celles des pays du Sud colonisés complices de l’exploitation de leur peuple. On a vu ainsi l’État égyptien clairement anti-impérialiste sous la direction de Nasser « s’arranger »avec Israël au détriment du peuple palestinien dès l’arrivée de Sadate, puis Moubarak au pouvoir. Il est donc présomptueux d’affirmer que « l’ancien ordre international est mort ».

Prendre ses désirs pour la réalité n’est jamais une attitude rationnelle pour qui veut influer sur l’avenir du monde.

D / Ceci étant, cet ordre séculaire impérialiste a subi de successives défaites depuis le début du siècle, notamment sur le plan militaire ; la piteuse retraite d’Afghanistan, l’échec de la stratégie occidentale de subversion en Syrie, et le retrait obligé de l’armée française du Mali. Mais l’évolution du rapport de forces au détriment des puissances occidentales est surtout une réalité économique, marqué par la progression fulgurante du commerce mondial maritime au détriment des puissances atlantiques et méditerranéennes : depuis le Seizième siècle leur impérialisme reposait sur cette primauté.

Dans le classement mondial des 30 ports à container les plus importants en 2021, 7 sont chinois dans les 10 premiers, 1 seul (Los Angeles) n’est pas asiatique. Encore faut-il ajouter que le volume de son trafic est indiqué par 20,1, alors que Shanghai est compté 47 (l’unité de mesure étant le conteneur de 20 pieds, en millions).

Le premier port européen, Rotterdam, au 11éme rang mondial, est côté 15,3, et Anvers, au 15éme rang mondial, à 12. New York suit au 18ème rang, avec 9, et Hamburg, 19éme, avec 7.

La Méditerranée n’est plus présente que par Tanger (23éme, 7,2), Valence (27éme, 5,6), et Le Pirée (29éme, 5,3). Bien sûr, aucun port français n’accède au classement !
De quoi inciter nos journalistes Otaniens à un peu plus de modestie !
(Statistiques établies par les organismes maritimes internationaux, et collationnées par l’association Comaguer).

C’est même ce constat d’un basculement en cours des rapports de forces économiques universels, ajoutés aux quelques déboires diplomatiques (Syrie, Afghanistan) qui ont convaincu une part importante de la bourgeoisie dirigeante des USA et de l’OTAN que le maintien de « l’ordre américain » ne pouvait se garantir que par la guerre.
Il est vrai que la puissance militaire des USA et leurs alliés est démesurée par rapport à leur capacité économique. Et cela tient notamment au roi-dollar, dont la valeur est gonflée par son rôle de monnaie mondiale.

E/ Dans ce contexte global, d’autres faits sont le symptôme de la crise de la domination impérialiste occidentale (USA et OTAN).
D’abord, le fait que les diplomates occidentaux (USA, Grande Bretagne, France, Allemagne, etc) n’ont jamais réussi à l’ONU à entraîner une majorité de soutien aux thèses de Washington, même si nos médias affirment le contraire, en baptisant sans scrupule la minorité occidentale « Communauté Internationale » .
Ensuite, et c’est révélateur, parce que parmi ces alliés de l’Occident, des fissures s’élargissent, même si nos médias font mine de les ignorer.

La Turquie, qui est un des piliers de l’OTAN depuis le début, joue une sorte de double jeu en négociant avec la Russie la possibilité d’exporter ses produits par la Mer Noire, et son retrait de la Syrie. Ce qui la met en position de parrainer la future négociation entre les belligérants. La Hongrie, autre pays de l’Union Européenne, refuse de participer à la guerre antirusse.

Autre fait très significatif, l’Arabie Saoudite, une puissance pétrolière qui s’est construite uniquement grâce aux USA vient d’organiser à Riyad des négociations commerciales avec la Chine, qui ont fait grincer des dents à Washington.
Cela ne signifie pas qu’ils changent de camp, ni que la coalition guerrière nouée autour des USA soit moins dangereuse, notamment en Europe, où Suède et Finlande se sont ralliées à l’OTAN, alors que l’Allemagne et le Japon ont rompu avec leur orientation pacifiste d’après 1945.

Une seule issue donc pour nous : imposer à l’impérialisme occidental, y compris sa composante française, de rompre avec ses livraisons d’armes à l’Ukraine.
L’ANC est engagée en ce sens, et doit continuer, ce qui est le meilleur moyen de progresser vers la reconstruction d’un Parti Communiste de France digne de ce nom.

14/12/2023

   

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