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3,5 millions dans la rue... On continue !

mercredi 8 mars 2023 par JP/Contre Attaque

Marée humaine dans les rues ce mardi. Des chiffres qui partout battent des records de mobilisation.

700.000 à Paris, 245.000 à Marseille, 100.000 à Bordeaux, 100.000 à Lille, 100.000 à Toulouse, 75.000 à Nantes, 55.000 à Grenoble, 52.000 à Lyon, 50.000 à Clermont-Ferrand, 42.000 à Montpellier, 30.000 à Brest …
Mais aussi : 8 000 personnes à Châteauroux (Indre), 11 000 à Rodez (Aveyron), 6 000 à Lannion (Côtes-d’Amor), 7 000 à Alès (Gard)

Tout les salariés semble avoir bien compris que la France des petites et moyennes villes a commencé à travailler tôt et sera par conséquent plus affectée par la réforme, notamment les 44 ans de cotisation.

Au total, les syndicats annoncent 3,5 millions de manifestants. Le ministère de l’Intérieur n’en compte « que » 1,28 million. D’un côté comme de l’autre, c’est historique. Mais du côté du comptage de la police, c’est un chiffre inédit pour un mouvement social depuis 61 ans, c’est à dire depuis le début du comptage officiel !

Mais le nombre ne fait pas tout si la foule en colère n’occupe pas durablement l’espace, si sa présence n’est pas visible, si la colère ne dérange pas l’ordre en place. Des secteurs sont donc en grève reconductible et mènent des blocages économiques : raffineries, centrales électriques, routiers et cheminots. Il importe de les soutenir et les rejoindre, mais aussi de compléter par d’autres actions ces mouvements de grève.

Face à cette protestation d’une ampleur inouïe, le silence de Macron, parti se faire filmer en train de boire des bières en Afrique, semble de plus en plus vertigineux. Le niveau de mépris est stratosphérique. Certains riches et puissants ne s’inquiètent que lorsque leur intégrité personnelle ou celle de leurs biens sont menacées. Apparemment, nous sommes encore loin de lui faire peur.

Alors dès aujourd’hui, on continue dans la rue, dans le cadre de la grève féministe et de la journée internationale des droits des femmes. Jeudi, multiplions les blocages. Prochaines dates nationales annoncées par les syndicats : des manifestations le 11 mars et une nouvelle grosse journée de grève mardi 15 mars…

Et maintenant trois scénarios possibles.


Après les grosses manifestations très cadrées de janvier et février, avec des journées de grèves massives mais isolées, c’est parti pour le deuxième round du mouvement contre la casse des retraites. Tout va se jouer dans les jours qui viennent. Avec le début d’une grève reconductible ce mardi, c’est parti pour un mouvement suivi pour la première fois depuis longtemps. Ce sera donc quitte ou double. Trois scénarios possibles :

➡️ Retrait de la réforme

Un scénario optimiste mais loin d’être impossible. Le pays est paralysé, il y a des pénuries de carburant, des transports fortement ralentis, des coupures de courant ciblées et des millions de personnes dans la rue. Le gouvernement voit le mouvement prendre, déborder et s’inscrire dans la durée. Au sein de la majorité, il y a des fissures. Il faut dire que, les syndicats jouent très gros avec la réforme des retraites. Peut-être autant que le gouvernement. S’ils lâchent alors qu’ils ont mis toutes leur forces dans la bataille, c’est un désaveu qui leur coûtera cher. Ils ont besoin d’obtenir une victoire pour se remettre au centre du jeu après les Gilets Jaunes. Donc les secteurs stratégique tiennent, ils sont appuyés par la jeunesse qui multiplie les actions, les blocages ont lieu partout et des affrontements gagnent de nombreuses grandes villes, de nouvelles professions rejoignent la grève... Pour ne pas perdre le contrôle, le gouvernement retire sa réforme. Il préfère éviter un embrasement et des revendications qui s’élargissent hors du cadre des retraites. C’est un désaveu pour Macron et une impulsion vers d’autres avancées.

➡️ Soulèvement

Le scénario le plus optimiste mais pas le plus probable. Comme on s’y attendait, Macron ne lâche rien, le mouvement s’étend, déborde largement la question des retraites et prend une forme inspirée des Gilets Jaunes : les lieux de pouvoir sont visés, des segments plus larges de la population rejoignent le mouvement, les affrontements se généralisent. La facs sont durablement bloquées, comme en 2006, quand elles avaient été occupées pendant presque 3 mois par les étudiant-es. La contestation ne veut plus se limiter aux retraites, la situation devient hors de contrôle, sur le modèle du soulèvement chilien de 2019 qui a conduit à un changement de régime grâce à la conjugaison de grèves historiques et d’émeutes. Tout est alors possible.

➡️ Défaite

Ne nous mentons pas, c’est un scénario envisageable étant donné le gouvernement de combat qui nous fait face. Macron reste inflexible et parie sur un essoufflement de la mobilisation, la grève ne tient que sur quelques secteurs clés, qui endossent toute la responsabilité du mouvement. Après la très forte mobilisation des 7, 8 et 9 mars, on repart sur quelques dates de grève isolées. La réforme finit par passer au forceps avant la fin mars.
Autre possibilité : un « aménagement » de la réforme, avec des modifications modestes qui plaisent à la CFDT et à l’UNSA, et permettent au gouvernement de diviser l’intersyndicale. Ce compromis permet à Macron de faire passer son projet, et aux syndicats de dire qu’ils ont tout de même obtenu des concessions. Dans ces deux configurations, c’est une lourde défaite.

➡️ Dans tous les cas

Cependant, quel que soit le résultat, ce sera une victoire en demie teinte pour Macron, car il aura imposé une mesure très impopulaire dès le début de son mandat, contre un mouvement social d’une ampleur rarement égalée, avec des pans entiers de la population très en colère, en plein milieu d’une crise sociale qui va s’aggraver dans les temps à venir.
Il pariera le désespoir provoqué par l’échec des grèves pour briser durablement les possibilités de mouvement social. Il faudra au contraire imaginer une agitation durable, durant le printemps et au-delà, pour ne pas rester bloquer sur la seule bataille des retraites et frapper plus fort.

« Pessimisme de la raison, optimisme de l’action » disait Antonio Gramsci. Travaillons aux meilleures options possibles !


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