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Le « Parti de l’étranger »

lundi 21 novembre 2016 par Francis Arzalier

C’était il y a bien longtemps, en 1977 : Jacques Chirac, qui n’était alors qu’un politicien gaulliste en début de carrière, qualifiait de ce terme insultant (« Parti de l’étranger ») la partie de la droite française totalement alignée sur les dirigeants de Washington. Charles de Gaulle, bien avant lui, l’utilisait pour insulter les communistes, inféodés selon lui aux Rouges de Moscou, et le MRP atlantiste, quand lui se méfiait des USA, désireux de voler aux Français leur empire africain. C’était l’époque où les bourgeois français défendaient bec et ongles leurs capitaux et leurs profits, investis pour l’essentiel dans l’hexagone et dans les colonies.

Mais le monde et la France ont changé. Notre pays est toujours capitaliste, mais ce capitalisme a basculé progressivement dans un système mondialisé, structuré par de grandes sociétés privées transnationales, dont le budget est souvent supérieur à celui d’un État, dont les entreprises qu’elles contrôlent sont dans plusieurs continents, dont les actionnaires et les sièges sociaux sont de partout dans l’univers, et dont les investissements ont souvent voyagé au travers des frontières, à la recherche de bas salaires et de plus élevés taux de profit.

Le capitaliste français de 1960 veillait à la santé de ses actions, dans une entreprise textile ou métallurgique de France, ou dans le trafic du coton cultivé au Mali. Son petit-fils, vers 2010, est actionnaire d’une multinationale fabriquant des tee-shirts en Chine ou à Madagascar, dont le PDG est à New York ou New Delhi, et la côte aux bourses de Londres, Paris et Singapour. Dans une France dépeuplée de la plupart des usines qui firent sa richesse et la force de son mouvement ouvrier, les mentalités ont-elles aussi muté, en même temps que le capitalisme.

La bourgeoisie française, toutes catégories et toute appartenance politique confondues, s’est désaffiliée du nationalisme gaulliste et de ses bouffées anti-américaines, pour se convertir à l’atlantisme le plus virulent, à l’impérialisme brutal de l’OTAN, à l’allégeance énamourée de la moindre nouveauté venue de Washington.

La campagne électorale engagée pour les Présidentielles en 2017, après celle des États-Unis en 2016, en apporte une nouvelle preuve : des invectives personnelles volant en tous sens, des candidats et de droite et de gauche dont la moitié des Français ne croient plus les promesses, des surenchères nationalistes et xénophobes qui sentent fort l’extrême droite coloniale, un déballage continu des personnalités des candidats ou de leurs turpitudes en guise de programme.

Décidément, ce mode d’élection d’un Président-monarque, enflé jusqu’à la démesure par le matraquage médiatique, n’a qu’un rapport lointain avec ce que Jean-Jacques Rousseau ou Robespierre nommaient « souveraineté populaire » !
A l’imitation de celle en vigueur outre Atlantique, cette élection d’un monarque-Président, avec le concours de médias affairés à formater l’opinion plutôt qu’à informer des faits, n’est plus qu’un grand cirque démagogique pour le partage des pouvoirs, sans remise en cause du mécanisme social capitaliste. C’est vrai des candidats de la droite classique, qui ne se différencient que par leurs surenchères au service de l’inégalité sociale et de l’impérialisme guerrier. C’est vrai de l’extrême droite FN qui concurrence largement les outrances xénophobes et les promesses démagogiques de Trump, tout en affirmant sa fidélité aux " mécanismes du Marché ». C’est aussi, malheureusement, le cas des divers candidats du PS, convertis enthousiastes aux « lois du libéralisme sans frontières » et aux expéditions guerrières aux premiers rangs de l’OTAN.

Cette évolution vers le mondialisme capitaliste a entraîné une autre conséquence déplorable, et mise en pleine lumière par les échéances actuelles : le mouvement révolutionnaire et pacifiste français, adossé depuis 200 ans à la classe ouvrière, a été dévitalisé par la destruction programmée des grandes entreprises industrielles.
Au point que le PCF lui-même, qui fut puissant d’être moteur des luttes populaires, s’est évertué à décourager les travailleurs qui lui faisaient confiance, en se vautrant dans l’opportunisme électoral et la conciliation avec le social libéralisme, en se convertissant peu ou prou au mondialisme, à la cavalcade sans rivages des capitaux, des marchandises et des hommes au service du profit capitaliste.

Cruel révélateur, la proximité des élections présidentielles a vu un PCF résiduel se diviser encore, se révéler incapable de présenter un candidat, se rallier en bout de course à l’un ou l’autre socialiste en bafouillant des mots d’ordre conciliateurs, pour conserver quelques sièges de députés et de maires.

Le discrédit sans précédent dans lequel sont tombés à ce jour tous les partis politiques français déclarés, a d’abord une raison objective, les mutations du capitalisme et de la société. Mais il s’est amplifié de causes subjectives, la corruption de certains responsables politiques, et le carriérisme d’autres, leur électoralisme et la distance de plus en plus grande entre programmes annoncés et réalités.

Sur ce discrédit surfent quelques fringants tribuns, créatures politiciennes nourries de médiatisation et réseaux internet, qui poussent jusqu’au bout à leur profit, le mode monarchique d’élection, conçu par de Gaulle et Debré en 1958, et aggravé par la starisation people des médias actuels.

Chacun d’eux a lancé sa candidature, offrant son « charisme » en guise de programme au départ, en dehors de toute allégeance partisane. Au centre droit, Emmanuel Macron, gravure de mode issue d’une banque yankee, s’efforce d’aspirer les bourgeois modernistes attirés par l’ultralibéralisme, électeurs de la droite ou du Parti socialiste, pour en faire sa cour dévouée.

A l’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon, trublion social-démocrate fraîchement converti aux envolées chavistes, cherche à rallier à son panache rouge tous les électeurs anticapitalistes, en siphonnant le reliquat de voix et de forces d’un PCF moribond. Il parachève ainsi une disparition espérée du Parti, largement esquissée déjà au sein du « Front de Gauche », au profit d’un ectoplasme politique à l’image du Podemos espagnol ou du Cinq Étoiles italien, d’autant plus personnalisés que leur structure est molle.

Nos lecteurs sont adultes, et face à ce désastre, capables par eux-mêmes de juger où se situe le moindre mal dans cette élection, en fonction de leur idéal communiste.

Pour nous, la seule option possible est une obstination. Il faut convaincre autour de nous, convaincre encore ceux qui le perdent de vue : comme l’affirme l’ANC, l’objectif, même lointain, demeure, d’une nation régénérée par une société socialiste, reposant sur la propriété collective des moyens de production, la démocratie politique et sociale, et la paix par la sortie de l’ Union Européenne et de l’OTAN.

Le seul chemin pour y parvenir est la lutte des classes, unissant ceux qui n’ont que leur travail pour vivre, contre ceux, quels qu’ils soient, qui profitent du travail des autres ou du pouvoir qu’ils leur confient.

   

Messages

  • 1. Le « Parti de l’étranger »
    21 novembre 2016, 20:33 - par RICHARD PALAO


    et si dans le contexte de l’élection présidentielle , la poursuite de la lutte des classes et la "propagande" pour l’édification communiste consistait pour l’ ANC a se positionner pour une abstention positive BONNET BLANC= BONNET ROSE en popularisant notre manifeste et en travaillant au rassemblement des masses ?

  • 2. Le « Parti de l’étranger »
    25 novembre 2016, 20:42 - par Jean pierre de Lacruz


    Les communistes que nous sommes ne peuvent pas faire l’impasse sur ces présidentielles .
    Nous devons appeler les travailleurs a la LDC , comme seul remède de lutte contre le capital.
    Nous devons expliquer que nous n’avons pas a choisir la sauce avec laquelle ils nous mangerons.
    Les travailleurs ne doivent pas, au premier comme au second tour , choisir entre la peste brune et le collera rose ,
    Appelons a l’abstention communiste , et a la lutte des travailleurs comme seule solution de sortir de cette société merdique et inscrire l’avenir d’une société de justice et de fraternité

  • 3. Le « Parti de l’étranger »
    30 novembre 2016, 00:40 - par Alain CHANCOGNE, membre de l’A.N.C


    Bonjour

    Je ne partage pas les opinions de mes Camarades Richard P et JP de la CRUZ
    Volontairement excessif je vais plus loin ;

    Selon moi, TOUTE CONSIGNE de VOTE , ou de BOYCOTT , qui serait autre chose quetel ou tel point de vue personneL, qui engagerait l’ANC, ne serait ni conforme à l’esprit et la lettre de l’ANC..ni forcément "fondée" pour certains militants

    Je partage assez ce que dit Fancis
    "Nos lecteurs sont adultes, et face à ce désastre, capables par eux-mêmes de juger où se situe le moindre mal dans cette élection, en fonction de leur idéal communiste"
    "
    Je connais des copains qui sont communistes ( je ne parle pas d’une carte à jour à jour ou pas de cotises !!) et qui vont certes BOYCOTTEr ces urnes, comme moi, qui ferait TOUT publiquement, à TITRE PERSONNEL, pour "FLINGUER" ce que j’estime être une caution à une opération politicienne d’enfumage et de recomposition politicienneAfin que la suite ne soit pas "trop" handicapante pour les LUTTES et la reconstruction d’une force communiste de masse. ;
    Mais d’autres camarades penseront exprimer aussi leur refus des manoeuvres dites d’"Insoumission" en votant blanc, nul, ou par des votes dits de"témoignge" par exemple pour le syndicliste cgt POTOU, ou la militante LO Arthaud...
    Ceci dit :
    l"ANC , bien entendu ne peut rester en tant qu’ASSO COMMUNISTE, paralysée et meuette au prétexte des divisions et de prises de positions "déroutantes" de tels ou tels dirigeants dits communistes..

    C’est en s’appuyant sur notre tronc commun de référene à la LUTTE des CLASSES qui allie le combat frontal quotidien contre leK , c’est en écliarant la route avec le manifeste pour la construction de rapports de force intégrant un besoin de boussolle marxiste ET toutes les formes dites d’expressions démocratiqyes à tous les niveaux (donc, bien entendu les"institutions"...ceci dansle processus de destrucyion de l’ETAT ) que nous serons véritablement en démonstration que nous ne voulons pas devenir une nième chapelle

    ....c’est dans ce cadre que nous pouvons expliquer pourquoi le PRINTEMPS des URNES ne PEUT pas , dans TOUS les CAS de figure aujourd’hui, être un quelconque point d’APPUI pour les LUTTES à mener.

    Et dire que cette affirmation est valable quels que soient les places des uns ou des autres dans ces éliminatoires dont chacun sait qu’in fine , elles conduiront à préferer tel bourreau à tel autre. ;

    Je pense vraiment que ces erait une erreur si nous prenions toute autre position plus ou moins partisane.. , EN TANT quASSO, je le répête,

    pour le reste je suis de ceux qui ne se génent pas pour donner leur point de vue, sans prendre de gants inutiles ;

     ;Cordialement

    A.C

  • 4. reponse a ALAIN CHANCOGNE »
    30 novembre 2016, 15:39 - par RICHARD PALAO


    Malgré son âge avancé , le camarade ALAIN a du remarquer que je commençais ma contribution par " SI ..." et que je terminais par un point d’interrogation ...Comme disent lesintellos, il s’agissait donc d’une question ouverte ...Je comprends le point de vue d ’ ALAIN qui veut éviter les prises de positions "clivantes" dans notre association .
    Pour ma part je pense qu’il ne faut pas nous fixer de barrières dans le débat , il n y a pas de sujet tabous et si le débat apporte la preuve que la très large majorité des membres de l’ ANC sont d’accord sur le principe d’un appel à l’abstention je ne vois pas pourquoi l ANC se priverait d’un appel dans ce sens car même dans une association les règles élémentaires de la démocratie doivent être respectées ;
    Dans le cas ou il n y aurait pas de consensus sur le sujet il est évident que L ANC ne devra prendre position , le débat aura toutefois eu son utilité , cela n est pas contradictoire avec les arguments de ALAIN qui proclament avec juste raison que seule la LDC permettra d’ éradiquer le capitalisme et ouvrir la voie au communisme
    il est donc très important que les bouches s’ouvrent que le débat sur ce sujet ne se limite pas à deux ou trois camarades .

    AMITIES A ALAIN , JEAN-PIERRE et tous les camarades de l’ ANC

    richard
    amitiés à ALAIN , JEAN PIERRE et tous les camarades

  • 5. Le « Parti de l’étranger »
    30 novembre 2016, 19:32 - par Jean Penichon, Chargé de la Communication à l’A.N.C


    Je suis d’accord avec Richard Palao. Nous pouvons même appeler "refus de vote" notre abstention.

    Plus de 9 millions de citoyens n’ont pas voté aux dernières élections présidentielles, soit 1 français sur 5. Et c’est encore pire dans les quartiers populaires.
    Nous sommes bien placé pour savoir que face à cette défiance démocratique, aucun changement n’est envisagé, et pour beaucoup il semble que l’isoloir et le bulletin de vote soient le seul moyen de changer de politique.
    Ce que souhaitent les politiciens de tout bord c’est « être élu », même avec 14% des inscrits, mais, être élu et profiter du système autant que faire se peut, pour le bien parfois mais plus souvent pour le mal. Car celui qui décide vraiment c’est le grand capital aujourd’hui mondialisé. Les élus, cette aristocratie élective, qui appartient aux couches aisées de la population peut donc se prévaloir d’avoir été élue par le peuple pour faire passer la politique qui convient au capitalisme. La boucle est bouclée.

    Et entre deux élections le peuple n’a aucun pouvoir ! (cf le traité de Lisbonne).
    Il est peut-être temps de nous interroger sur ce sacro-saint respect du vote qui n’est pas le fondement de la démocratie, mais juste une de ses composantes.
    Demandons nous pourquoi les pouvoirs publics organisent des campagnes pour appeler les gens à voter et réduire l’abstention à un acte anti-démocratique.
    Devant l’échec flagrant de la démocratie représentative pour donner le pouvoir au peuple et changer la société, nous devons commencer à nous interroger sur le mode de représentation que nous souhaiterions mettre en place ...

  • 6. Le « Parti de l’étranger »
    2 décembre 2016, 14:01 - par Jean pierre de Lacruz


    Si des camarade ANC désirent voter Mélenchon ou autres candidats extreme gauche , chacun est libre avec sa conscience avec ou sans "urnes ".
    Mais a mon avis cela n’empêche pas l’organisation communiste ANC d’avoir une position politique face a ces élections.
    Je pense que sous prétexte de non "positions clivantes " nous ne pouvons pas nous passer d’une " position communiste ", et je ne voie pas d’autre position a avoir que le "non vote , abstention, ou boycott de classe ". au premier comme au second tour.

    Il serait bon que plus de camarades s’expriment sur ce sujet comme sur d’autres

    Fraternellement

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