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Soirée spéciale Syrie

dimanche 5 janvier 2025 par Charles Hoareau (URC)

Ce vendredi 3 janvier le Cercle Manouchian et l’ANC 13 (future URC) tenaient une soirée sur la Syrie. Ci-dessous vous trouverez l’introduction qui a été faite avec les premiers éléments de réflexion en attendant l’expression future de l’URC sur cette question en complément de la déclaration du 11 décembre qui suit cette introduction.

En préambule


La chute du gouvernement de Syrie, passée la stupéfaction, a fait naitre des espoirs chez certains, des craintes ou un mélange des deux chez d’autres. Il est encore trop tôt pour savoir avec certitude à quoi cela va aboutir il n’y a pour l’instant que des faits qui découlent de la situation créée :

  • - Prise du pouvoir par un groupe issu de l’Etat islamique soutenu par la Turquie, l’entité sioniste, les USA et l’UE. Soutien dénoncé par les partis progressistes de la région.
  • - Déroute du parti Baas et fin de la dynastie
  • - Libération de tous les prisonniers sans distinction, pillages et ouverture des dépôts d’armes
  • - Extension, jusqu’à 20 km de Damas, de l’occupation sioniste qui a fait plus de 450 bombardements sur le pays
  • - Désarmement et affrontement avec la résistance palestinienne.
  • - Attaque contre les kurdes
  • - Promesse d’élections...dans 4 ans !



De ces faits-là chacune et chacun a sa propre lecture et sa propre analyse. Elles peuvent être divergentes ce qui ne signifie pas qu’elles doivent nous diviser sur ce qui nous rassemble, le soutien à la Palestine et à travers elle au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cela signifie qu’il faut en parler afin de continuer le combat commun quelles que soient nos approches différentes sur lesquelles nous pouvons les uns et les autres avancer ensemble.

Je précise que l’ANC (URC) qui a des contacts dans la région avec des forces progressistes a une opinion ce qui ne signifie pas que nous nous placions dans un camp et en donneurs de leçons et surtout pas en colonialistes politiques mais, paraphrasant le mot de Sénèque nous intervenons parce que « rien de ce qui est humain ne nous est étranger » ...

Merci de prendre ce qui suit donc comme une information pour certains, une contribution au débat public pour toutes et tous.

1) Bref historique

Depuis l’antiquité, l’un des arcs du croissant fertile bénéficiait d’une situation exceptionnelle au confluent de l’Orient et de l’Occident. Ce territoire vit émerger un peuple plurimillénaire qui inventa il y a plus de 5000 ans, l’alphabet, l’agriculture et le travail du bronze et du cuivre. C’est sur ce territoire, appelé alors Mésopotamie, bien plus grand que l’actuelle Syrie, puisqu’il couvrait le Liban et une partie de l’Irak, qu’apparut la 1re ville du monde, Uruk, il y a 6000 ans.
Après les Grecs d’Alexandre le Grand, elle sera colonisée par les Romains, puis le théâtre des guerres opposant l’empire romain d’Orient aux califats arabes, guerres qui vont se prolonger par les croisades, durant 200 ans. A l’issue de celles-ci, l’empire ottoman va gouverner le territoire pendant près de 400 ans, de 1516 à 1916. La France avait déjà envoyé des troupes au cœur de l’Empire mais c’est la guerre de 14/19 qui va trancher les choses.

L’empire ottoman ayant perdu la guerre au côté des Allemands, la SDN va s’occuper, comme en Afrique, du partage des terres. Dans un mémoire (le même que celui dans lequel il accorda la création d’un « foyer national juif » en Palestine), l’homme d’État britannique Lord Balfour, dans la continuité des accords Sykes- Picot [1] écrivait 3 ans plus tard, en août 1919, que, quels que soient les vœux exprimés par les populations, la décision reviendra dans les faits aux puissances européennes qu’« il n’est pas possible d’appliquer à la Syrie et à la Palestine les principes édictés par le pacte de la SDN » et voilà ce qu’il écrit :

  • « Comment seront choisies par les alliés les puissances qui auront le mandat sur la Syrie et la Palestine, puisque la charte de la SDN dit : « La volonté de ces communautés… doit être le critère déterminant dans le choix d’un mandataire ? ». L’intention est irréprochable, mais comment la réaliser dans les faits ? Prenons d’abord la Syrie. Est-ce que cela signifie que nous allons avant tout consulter la population ? Nous n’y pensons pas… quelle que soit la volonté des populations, c’est certainement la France qui aura le mandat… »

En opposition aux propos de Balfour, le congrès national syrien proclame son indépendance le 7 mars 1920.

En avril 1920 pourtant, la Conférence de San Remo, conférence des vainqueurs de la guerre, confirma le contrôle français de la Syrie et du Liban, pour les transformer en mandats plus tard, lesquels devaient rapidement aboutir, du moins en théorie, à l’indépendance des deux territoires. Et pour convaincre les Syriens qui n’acceptaient pas ce mandat, la France impérialiste envoya son armée qui, le 24 juillet, battit sans peine la toute jeune armée syrienne.

Dans la foulée les puissances occidentales, lors d’un autre traité [2] rédigé la même année, décidaient de reconnaitre la légitimité de la création d’un état kurde ce que la Turquie n’a jamais accepté et ce traité ne sera jamais signé.

La France, sous son mandat, créa le Grand Liban, dont le Liban actuel se détacha en 1926 avec la bénédiction du mandataire et ce, pour répondre favorablement aux vœux des chrétiens maronites. Le mandat français sur la Syrie durera jusqu’en 1943, année où fut élu le 1er président syrien et l’indépendance réelle démarra en 1946, année où fut adopté le drapeau à 3 étoiles supprimé en 1958 et repris par les maitres actuels de Damas mais aussi par les rebelles de 2011.

La création de l’entité sioniste, la guerre de 1948 qui s’en est suivie et la Naqba qu’elle va provoquer, vont faire plonger un peu plus la Syrie dans la guerre et l’instabilité politique.

En 1963 c’est le parti Baas qui prend le pouvoir et en 1970, Hafez-El-Assad ministre de la Défense, s’en empare par un coup d’état après que le congrès du parti l’eut démis de ses fonctions. Pouvoir, qu’il ne va plus lâcher jusqu’à sa mort et sa transmission à son fils Bachar, celui donc qui vient d’être chassé en décembre, nous y reviendrons.

Ce rappel juste pour montrer comment on est passé au fil de l’histoire d’un territoire vaste et riche, à un territoire morcelé, miné par les guerres situation qui incombe pour la plus grande part aux puissances coloniales.

2) Le grand Moyen Orient

La force des événements nationaux qui peuvent se produire dans un pays, la détestation que l’on peut avoir de son gouvernement, nous pousse à avoir tendance à isoler les événements les uns des autres. Or il faut rappeler que tout se tient, que la stratégie impérialiste est une stratégie d’ensemble et qu’elle a des priorités.

Le Proche Orient en est une à cause de l’existence d’Israël qui dans la région représente la pointe avancée d’un système dominant déclinant qui est de plus en plus mis en question. Également pour l’impérialisme l’enjeu est de poursuivre le pillage des matières premières et surtout de s’assurer le contrôle des corridors terrestres et maritimes, ce qui est devenu un enjeu capital. Depuis Palmerston [3] et Balfour l’existence d’un foyer juif dans cette région a toujours été vue comme indispensable.

Hier pour l’empire britannique pour assurer son contrôle sur l’Inde et tout autant aujourd’hui pour les USA et ses vassaux. Enfin cette région au cœur de l’Eurasie borde les flancs de la Russie et de la Chine dont le partenariat stratégique représente le danger majeur pour les occidentaux et la suprématie US. C’est comme cela qu’il faut analyser l’IMEC [4] projet en concurrence avec les nouvelles routes de la soie et passant par Israël.

C’est cette histoire régionale qui explique que, par l’action conjuguée de l’impérialisme occidental, la volonté expansionniste de l’empire ottoman, les aspirations légitimes à la souveraineté nationale et populaire mais aussi les chauvinismes qui ont été exacerbés chez des peuples qui refusent de faire nation, les dictatures, monarchiques ou non, installées sous l’œil bienveillant de l’Occident, on a aujourd’hui une région du monde, où la mosaïque des peuples vivant ensemble depuis des millénaires, n’a pas réussi à créer son panarabisme espéré dans les années qui ont suivi la période des indépendances.

Toutes les tentatives faites en ce sens, comme entre autres la création de la fédération, Egypte, Syrie, Irak, ont échoué. Les USA en particulier ont joué un rôle particulièrement nocif et actif contre ces velléités d’union des peuples. Si la division est aujourd’hui un fait établi, il faut bien comprendre que, quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir sur tel ou tel régime, telle ou telle gouvernance d’un Etat de la région, la situation au Moyen Orient, malgré la création de l’entité sioniste, ne satisfait pas l’impérialisme étatsunien.

C’est le moteur de la stratégie états-unienne visant à redessiner l’ensemble du Moyen-Orient avec pour objectif de balkaniser tous les Etats pouvant lui résister. Il s’agit d’utiliser toutes les diversités ethniques, religieuses, tribales, etc., pour justifier des éclatements de nations.

La chute de l’URSS qui semblait lui ouvrir de nouvelles portes pour asseoir sa domination n’a pas suffi et ce pour des raisons qui dépassent largement le cadre de la région, la création des BRICS et les nouvelles routes de la soie en sont de criants exemples.

C’est ce qui explique le projet de « remodelage du Grand Moyen Orient » théorisé par les conservateurs US en 2003 du temps de Georges BUSH, projet qui n’a jamais été remis en cause par aucun président depuis.

  • « Tant que le Moyen- Orient restera un lieu de tyrannie, de désespoir et de colère, il continuera de produire des hommes et des mouvements qui menacent la sécurité des États-Unis et de nos amis. Aussi, l’Amérique poursuit-elle une stratégie avancée de liberté dans le Grand Moyen-Orient » [5] .

Par liberté il faut bien sûr entendre liberté d’investissement et de commerce et donc remodelage économique et politique et cela se traduit par la destruction de l’Irak et de la Lybie, soutien à la politique de Grand Israël, balkanisation de la Syrie et du Liban...
Dans ce projet, une Syrie amie de l’URSS hier et de la Russie aujourd’hui, quels que soient ses choix politiques intérieurs et la nature de son régime ne peut convenir ni aux USA, ni à l’entité sioniste. Ce projet, toujours actuel est vaste puisqu’il inclut 27 pays, du Maroc aux... Comores ! Dans ce projet, la Syrie était un maillon faible tout à la fois du fait des conséquences de la guerre, de l’occupation de la majeure partie du pays par des forces étrangères, du pillage de ses ressources, des sanctions mais aussi du fait de l’absence de cohésion politique du pays qui n’était pas en ordre de bataille.

Le soutien de l’impérialisme à Daesh hier et au HTS aujourd’hui s’explique dans ce sens et non dans la volonté de « libérer le peuple ». Ce projet d’éclatement des nations (Irak, Somalie, Lybie, Syrie, etc.) s’inscrit également dans la stratégie du pivot asiatique visant à isoler la Chine en affaiblissant tous les Etats pouvant entrer en alliance avec Pékin. [6]

3) La gouvernance de la dynastie Assad

Employer le mot dynastie, n’est évidemment pas neutre. De fait, depuis l’indépendance et particulièrement depuis la prise du pouvoir de 1963, la Syrie a été le théâtre de coups d’état qui se sont succédé avec en arrière-fond, le rôle des puissances occidentales et celui de l’entité sioniste qui a toujours redouté une Syrie indépendante et forte car soutien des Palestiniens. Ces coups d’états successifs (Hafez en a fait 3 pour arriver au pouvoir) vont dénier le droit au chef d’état de parler au nom d’un peuple qui l’aurait élu. Il va en être de même pour Bachar, le fils désigné par son père pour lui succéder. Pour parler de la gouvernance il faut distinguer le rôle de la Syrie au plan international et les choix politiques intérieurs.

Au niveau international, la période des indépendances divisa elle aussi le monde en deux. Le camp capitaliste s’y opposant, le « camp socialiste » les soutenant en particulier Cuba qui envoya 55 000 volontaires en Afrique pour soutenir les guerres de libération. Naturellement la dynastie va se ranger du côté de l’URSS et donc s’opposer aux choix de l’impérialisme au moins en partie et non sans contradictions.
Cela va se manifester par le soutien à la lutte des Palestiniens y compris par la guerre contre le colonisateur, par la volonté d’être partie prenante du panarabisme, cette idéologie qui, en écho au panafricanisme, fait le choix d’un développement dégagé des tutelles internationales, par le soutien au monde multipolaire.

Au niveau national, si avant Hafez El Assad le parti Baas défendait un socialisme d’état, cette conception va notablement évoluer avec une libéralisation de l’économie, politique qui s’accompagne d’une restriction des libertés avec une constitution de plus en plus taillée pour consolider le pouvoir personnel, un régime de parti unique et la fermeté vis-à-vis des opposants.
Dans ce contexte l’isolement de la minorité alaouite qui contrôlait tout le pouvoir depuis 50 ans à travers un Baas corrompu, refusant tout partage du pouvoir et voulant tout contrôler de la présidence aux syndicats comme cela était le cas à l’époque de Hafez el Assad a précipité sa chute. En Syrie même le mouvement communiste était divisé.

Evidemment cette question des libertés conjuguée à celles des questions sociales va engendrer un mécontentement profond du peuple. Dans la foulée de ce que l’on a appelé le Printemps arabe le peuple va manifester sa colère et son désir de changement. Non sans succès. Malgré la répression, les manifestants obtiennent des avancées possibles avec en particulier la perspective de la fin du parti unique et de la clause de la constitution qui prévoyait que « le dirigeant du parti Baas est le chef de l’Etat et de la société ».

Le poète Adonis écrit une lettre à Bachar (Ecoutez le peuple qui a inventé l’alphabet) qui a un retentissement international. Mais cette possibilité sera rompue par le basculement dans la guerre civile selon le cycle infernal que l’on a connu dans d’autres pays répression, lutte armée, interventions militaires...etc.
Avec pour les forces de la rébellion le soutien massif des forces armées occidentales qui iront jusqu’à dire que « Al-Qaïda fait du bon travail en Syrie » et bombarderont le pays. Au lieu d’aider à la paix, à ce que le gouvernement négocie vraiment avec le peuple, l’impérialisme va mettre de l’huile sur le feu et la guerre civile va faire des milliers de morts, de réfugiés et la répression va encore s’accentuer.

Bachar de manière très opportuniste a pensé par ailleurs qu’en se rabibochant avec la ligue arabe, les émirats, l’Arabie saoudite il allait pouvoir desserrer l’étau. Mais il s’est trompé et aucune suite concrète n’a été donnée au processus d’Astana. [7]

Pas étonnant que dans ces conditions, nombre de Syriens accueillent avec soulagement et un espoir fragile la chute du régime...
C’est toute la différence avec un pays comme le Venezuela où malgré la multiplication des manœuvres de déstabilisation le pays tient parce qu’il y existe un soutien populaire. C’est ce soutien qui a manqué en Syrie.

Un peu comme lorsque le shah d’Iran est tombé il reste une question :
qui sont les nouveaux maitres de Damas ?

A voir leurs soutiens, la réponse ne fait guère de doute : c’est Al-Qaïda le retour. Et on ne peut s’empêcher de penser à l’Irak, la Lybie, l’Afghanistan...où sous prétexte de faire chuter des dictateurs on a abouti à des situations pires aujourd’hui...

4) Quel avenir pour la Syrie ?

Comme l’écrit ce politologue britannique,

  • « La Syrie n’existe plus en tant qu’entité géopolitique. A l’est, les forces kurdes (avec le soutien militaire des Etats-Unis) s’emparent des ressources pétrolières et agricoles de l’ancien Etat. Les forces d’Erdogan et ses mandataires tentent d’écraser complètement l’enclave kurde (bien que les Etats-Unis aient désormais négocié une sorte de cessez-le-feu). Et au sud-ouest, les chars israéliens se sont emparés du Golan et de terres au-delà, jusqu’à 20 km de Damas. En 2015, le magazine The Economist écrivait : « De l’or noir sous le Golan : les géologues israéliens pensent avoir trouvé du pétrole – dans un territoire très délicat ».
  • Et un obstacle majeur aux ambitions énergétiques de l’Occident – la Syrie – vient de disparaître.
  • Le contrepoids stratégique et politique que constituait la Syrie depuis 1948 pour Israël a disparu. Et l’apaisement des tensions entre la sphère sunnite et l’Iran a été perturbé par l’intervention brutale des renoms de l’EI et par le revanchisme ottoman en collaboration avec Israël, via des intermédiaires américains (et britanniques). (...)
  • En quelques jours, la Syrie a été démembrée, divisée et balkanisée. Alors pourquoi Israël et la Turquie continuent-ils à bombarder ? Les bombardements ont commencé au moment du départ de Bachar el-Assad, car la Turquie et Israël craignent que les conquérants d’aujourd’hui ne soient éphémères et ne soient bientôt eux-mêmes déplacés. Il n’est pas nécessaire de posséder une chose pour la contrôler.
  • En tant qu’États puissants de la région, Israël et la Turquie souhaiteront exercer un contrôle non seulement sur les ressources, mais aussi sur le carrefour et le passage régional vital qu’est la Syrie.
  • Il est cependant inévitable que le « Grand Israël » se heurte un jour ou l’autre au revanchisme ottomaniste d’Erdogan. De même, le front saoudo-égypto-émirati n’accueillera pas favorablement la résurgence des refontes de l’EI, ni celle des Frères musulmans, inspirés par la Turquie et ottomanisés. Ces derniers représentent une menace immédiate pour la Jordanie, désormais limitrophe de la nouvelle entité révolutionnaire.
  • Ces inquiétudes pourraient pousser ces États du Golfe à se rapprocher de l’Iran. Le Qatar, fournisseur d’armes et de financements au cartel HTS, pourrait à nouveau être ostracisé par les autres dirigeants du Golfe.
  • La nouvelle carte géopolitique pose de nombreuses questions directes sur l’Iran, la Russie, la Chine et les BRICS. La Russie a joué un rôle complexe au Moyen- Orient : d’un côté, elle mène une guerre défensive contre les puissances de l’OTAN et gère ses intérêts énergétiques clés ; de l’autre, elle tente de modérer les opérations de la Résistance contre Israël afin d’empêcher que ses relations avec les États-Unis ne se détériorent complètement. Moscou espère – sans grande conviction – qu’un dialogue avec le nouveau président américain pourrait émerger, à un moment ou à un autre.
  • (...)Le guide suprême iranien a déclaré le 11 décembre :
  • « Il ne fait aucun doute que ce qui s’est passé en Syrie a été planifié dans les salles de commandement des États-Unis et d’Israël. (...)
  • L’Iran va vraisemblablement revenir à sa position antérieure, qui consiste à rassembler les différents éléments de la résistance régionale pour combattre la réincarnation d’Al-Qaïda. Il ne tournera pas le dos à la Chine, ni au projet BRICS. L’Irak – rappelant les atrocités commises par l’EI lors de sa guerre civile – se joindra à l’Iran, tout comme le Yémen. L’Iran sera conscient que les éléments restants de l’ancienne armée syrienne pourraient bien, à un moment donné, entrer dans la lutte contre le cartel HTS. (...)
  • La Chine ne sera pas ravie des événements en Syrie. Les Ouïghours ont joué un rôle important dans le soulèvement syrien (on estime qu’il y avait 30 000 Ouïghours à Idlib, formés par la Turquie (qui considère les Ouïghours comme la composante originelle de la nation turque). La Chine aussi verra probablement le renversement de la Syrie comme une mise en évidence des menaces occidentales qui pèsent sur ses propres lignes de sécurité énergétique qui passent par l’Iran, l’Arabie saoudite et l’Irak).
  • Enfin, les intérêts occidentaux se disputent depuis des siècles les ressources du Moyen-Orient – et c’est précisément ce qui se cache derrière la guerre d’aujourd’hui.
  • (...)Malgré tous les débats autour d’éventuels « accords » de Trump avec l’Iran et la Russie, il est probablement trop tôt pour dire s’ils se concrétiseront – ou pourront se concrétiser.
  • Le Hezbollah est contenu, la Syrie est démilitarisée et l’Iran n’est pas à la frontière d’Israël. La menace qui pèse aujourd’hui sur Israël est d’un ordre qualitatif inférieur. Cela suffit-il en soi à apaiser les tensions ou à faire émerger des accords plus larges ?
  • Beaucoup dépendra de la situation politique de Netanyahou. Si le Premier ministre sort relativement indemne de son procès pénal, devra-t-il prendre le grand « pari » d’une action militaire contre l’Iran, alors que la carte géopolitique s’est soudainement transformée ? »

Il y a beaucoup d’incertitudes et des conséquences négatives pour l’axe de la résistance mais cela ne modifie pas la tendance générale. Le niveau de la bataille et les enjeux sont plus élevés et tout le monde en tient compte sur l’échiquier. Dans ce contexte la situation en Ukraine influence le déroulé des événements et il y a fort à penser que nous ne sommes pas au bout des rebondissements.

Devant ces questions sans réponses et devant les incertitudes le rôle des communistes de France et de toutes celles et ceux qui se disent progressistes est de répondre à l’appel des communistes arabes : « soutien à la résistance palestinienne et respect de la souveraineté du peuple syrien ».

Il nous faut soutenir la résistance des peuples et en particulier celle des Palestiniens qui sont sur la ligne de front et assument la part la plus importante du fardeau. Celle-ci tient en échec Israël et n’oublions pas que malgré sa fuite en avant dans le crime génocidaire, Israël est dans une crise existentielle profonde.

Qui peut aujourd’hui garantir ce que va devenir l’entité sioniste au moment où ceux qui la supportent à bout de bras sont aux prises avec une crise systémique qui met en cause le capitalisme lui-même ?

Le 3 01 2025

Charles Hoareau avec mes remerciements à Francis Arzalier, Saïd Bouamama, Bruno Drweski et Jean-Pierre Page pour leurs avis et compléments.

***********
« Libération » du peuple syrien ou balkanisation impérialiste de la Syrie ?
Déclaration de l’Union pour la Reconstruction Communiste – URC
11 décembre 2024

s


Voir en ligne : https://rougemidi.org/spip.php?arti...


[1Les accords Sykes-Picot sont des accords secrets signés le 16 mai 1916, après négociations entre novembre 1915 et mars 1916, entre la France et le Royaume-Uni (avec l’aval de l’Empire russe et du royaume d’Italie), prévoyant le découpage du Proche-Orient à la fin de la guerre en plusieurs zones d’influence au profit de ces puissances, ce qui revenait à dépecer l’Empire ottoman. Notons qu’en contradiction avec ces accords, publiquement, les empires coloniaux promettaient l’indépendance aux Syriens et aux Kurdes pour mieux les convaincre de s’engager dans la guerre…

[2Le traité de Sèvres il sera remplacé 3 ans plus tard par le traité de Lausanne qui ne fera plus allusion aux kurdes mais instaurera des déplacements de populations entre la Grèce et la Turquie sur une base strictement religieuse ce qui ne choquera pas la France signataire officiellement laïque depuis 1905

[3Secrétaire d’état aux affaires étrangères, puis 1er ministre se prononça le 1er en 1840 pour la création « d’un foyer national juif » en Palestine afin de ne pas « laisser les ottomans maitriser la route du commerce avec les Indes » propos qui prendra encore plus d’ampleur avec la construction du canal de Suez. A sa suite Lord Shaftesbury en 1853 inventa l’expression : « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre ».
La France ne sera pas en reste :
« Placés comme un vivant trait d’union entre trois mondes, vous devez amener la civilisation chez les peuples encore inexpérimentés, vous devez porter les lumières d’Europe que vous avez recueillies à flot... Marchez, Juifs de tous les pays !...Vous serez les instituteurs de peuplades africaines et des bandes errantes de l’Arabie... Et si vous marchez, rappelez-vous fils d’Israël, rappelez-vous de la France, car la France vous a aimés et la France n’a pas fini de vous défendre » Ernest Lahanne,1860 député, secrétaire de Napoléon III, dans le livre « La nouvelle question d’Orient ».

[4Le projet IMEC, corridor entre l’Inde et l’Europe en passant par Israël a été officialisé par le G7 et entre en concurrence directe avec les nouvelles routes de la soie. Georges Bush discours sur l’état de l’Union du 24 janvier 2004, discours qui constituera la référence de la doctrine Bush

[5Georges Bush discours sur l’état de l’Union du 24 janvier 2004, discours qui constituera la référence de la doctrine Bush

[6Là aussi on est dans la continuité impérialiste. Palmerston déjà cité fut celui qui voulut asservir la Chine en l’inondant d’opium.

[7Processus qui devait aboutir sur un accord de cessez le feu qui n’a finalement été signé ni par le gouvernement ni par l’opposition.

   

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