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Où en sommes nous ?
jeudi 6 février 2025 par URC

Pour tout ceux qui n’ont pas pu participer au dernier Comité National de l’URC nous vous proposons ici la présentation introductive proposée par Charles Hoareau et sous la présidence de William Roger. Bonne lecture.
Chers et chères camarades.
Il me semble superflu entre nous de faire l’inventaire des attaques auquel le peuple de France est confronté. Le chiffre seul de 300 000 emplois menacés dit l’ampleur de l’attaque surtout si on songe au fait que cela vient après des décennies de casse de l’emploi productif en France.
À cela s’ajoute la baisse du pouvoir d ’achat, la continuation des attaques sur la protection sociale, la politique de mal logement au point que la France vient de battre son record de SDF avec le chiffre de 350 000 selon la fondation Abbé Pierre et le nombre record lui aussi de 735 morts dans la rue en une année...
Dans cette situation de casse sociale, conséquence logique de l’évolution du capitalisme, nous le savons, ce n’est pas un phénomène national mais secoue tous les pays capitalistes de l’arc impérialiste occidental auquel se rajoute même l’Australie longtemps considéré comme pays à la santé économique exceptionnelle et qui voit ses perspectives 2025 s’assombrir après une année 2024 morose.
De plus, nous l’avons dit, la guerre est à la fois une nécessité à l’international pour défendre l’hégémonie de ce capitalisme, le pillage des richesses des pays dits émergents et qu’il cherche à ne pas faire émerger justement, mais c’est aussi la seule porte de développement et de profit du capital dans la production intérieure et pour laquelle il pille allègrement les budgets des états sans lesquels il serait incapable de faire fonctionner sa sacro-sainte loi du marché.
En cela il fait mentir Alain Minc qui disait en 1994 : « le capitalisme ne peut s’effondrer c’est la loi naturelle de la société ». La preuve en est encore plus faite aujourd’hui : sans l’argent public arraché aux revenus et donc aux salaires et à la protection sociale, le capitalisme ne peut pas se suffire à lui-même.
L’appareil d’état est au service du capital comme il ne l’a jamais été sans doute depuis le début de son développement au 19ème siècle.
La loi de l’offre et de la demande, l’équilibre du marché cher aux Adam Smith et Milton Friedman de notre temps ne sont au mieux qu’une illusion, au pire une infamie sans nom qui précipite le monde dans la barbarie comme disait l’autre.
Concernant le capitalisme les marxistes ont toujours parlé de la juxtaposition de 3 phénomènes : l’exploitation, l’aliénation et la domination.
Si l’exploitation est consubstantielle de ce système depuis son apparition, les deux dernières prennent à mon sens un tour nouveau en montant d’un cran en ce début de 21ème siècle. Et elles sont au cœur du combat que nous devons mener. Nous ne sommes plus dans la situation passée où le seul énoncé des tares et aspects insupportables du système pouvaient soulever une colère solidaire des exploités.
Etape après étape, le capital a travaillé à aller au cœur de l’intime des gens pour casser les solidarités, démembrer les familles, décrédibiliser toute information le freinant, et, fait nouveau par sa force, interdire toute information le desservant car mettant en lumière la nature de ses actes. On a donc réussi grâce à cette guerre idéologique d’une ampleur inégalée à inverser la responsabilité du mensonge.
Sous Pétain, que l’on soit résistant ou pas, on savait que « Paris ment » [1], même les collabos le savaient, aujourd’hui dans la classe ouvrière de notre temps, extraordinaire de diversités multiples, les menteurs sont les diffuseurs de « fake-news » terme imposé dans l’inconscient populaire, les climato-septiques, les antivax, les complotistes et par extension les islamo-gauchistes...et ne parlons pas des communistes héritiers des millions de morts de Staline qui, comme chacun sait, a passé un pacte avec Hitler...
La guerre idéologique est d’autant plus forte que ce qu’il est convenu d’appeler la gauche ne la mène pas : toutes forces réunies, aucune n’a soutenu les gilets jaunes, aucune ne s’est opposée à la gestion de l’épidémie de COVID, validant de fait les thèses défendues par les médias aux ordres, aucune ne mène une vraie démarche scientifique sur les questions environnementales et si, au niveau international, quelques-unes résistent (et encore !) sur la Palestine, aucune ne résiste sur l’Ukraine ou la Corée du Nord.
Et même au niveau national, il faut bien se le dire, les rares forces qui résistent le font d’un point de vue électoral ou parlementaire et pas d’un point de vue des luttes et de leur animation.
Cette guerre idéologique sert de point d’appui et de justification à la domination sans laquelle le capital ne peut plus gouverner. Et c’est bien ça la leçon du moment : il ne s’agit pas d’une crise de régime ou du moins pas seulement, nous sommes arrivés à un moment de l’histoire où les bourgeoisies ne peuvent plus faire avec une quelconque forme de démocratie. Aussi timide soit-elle, aussi dévoyée soit-elle, la démocratie ne peut plus être un mode de gouvernement pour la bourgeoisie. Elle n’a plus d’autre choix que la dictature. Et la couleur politique déclarée importe peu. De ce point de vue, Macron n’est pas différent de Trump sur l’autoritarisme qui découle des mêmes choix économiques.
C’est un point que je mets au débat afin que nous vérifiions ensemble que nous sommes bien d’accord sur le constat.
Aujourd’hui quand Jean Paul Delescaut ou Timothée Esprit sont attaqués, les réponses de la gauche ne sont pas à la hauteur. Un peu moins pour Jean Paul (si on oublie le coup de poignard dans le dos de Roussel ou les absences coupables du jour du procès) mais bien plus Timothée pour une journée qui aurait mérité un appel confédéral.
Même l’URC a été en-dessous de ce qu’il aurait fallu faire et que nous étions logiquement en situation de faire.
La domination, l’ensemble de la « gauche » ne s’y oppose pas ou de manière trop sporadique ou désordonnée, car elle est gagnée à certaines idées. Ce n’est pas d’aujourd’hui : rappelons-nous la manif derrière Erdogan et Netanyahu pour Charlie : à l’époque il n’y a eu en France et sauf erreur de ma part, que la CGT 13 pour s’opposer à cette manœuvre et, au plan politique, le RC et l’ANC ont été bien seuls.
Depuis l’effondrement idéologique n’a cessé d’empirer et il faut avoir des lunettes en contreplaqué pour affirmer avec certains militants du PCF que depuis son 38ème congrès il a changé quand son secrétaire général affirme successivement que son parti n’est plus pour les nationalisations, qu’il est la « gauche du travail », qu’il manifeste avec l’extrême droite que ce soit en soutien à la police ou pour l’instrumentalisation de l’antisémitisme, qu’il vote l’envoi d’armes en Ukraine...et ne parlons pas de l’illusion de « l’Europe sociale »...
Cette désertion de la bataille idéologique désarme le peuple qui ne se reconnait plus dans ce camp qui a été le sien et, donc il déserte tout à la fois la rue et les urnes.
La rue parce qu’il n’y a pas d’appel clair à la bataille générale coordonnée, parce que ne transparaissent des appels nationaux uniquement des postures convenues sans conviction de la gagne possible, les urnes parce que les erreurs et les manœuvres ont enlevé chez lui tout espoir en un changement par cet outil.
Ainsi quand le NFP se vante d’une victoire historique aux dernières législatives, il oublie de préciser que, même là où des députés ont été largement élus au 1er tour, ils l’ont été avec un taux particulièrement bas de votants en particulier dans les grands quartiers populaires comme cela a été observé en Seine St Denis et dans les BDR, les deux seuls départements où j’ai eu accès aux résultats par bureau : entre 10 et 15% de votants...
Cette guerre idéologique fait des dégâts chez nous au point que le corps militant baisse les bras et trouve dans la faiblesse de la réponse de la direction de la CGT des raisons supplémentaires de se décourager. Ce désinvestissement laisse le champ libre à la domination et à la répression qui en est son expression. Elle s’exerce tous azimuts puisqu’il n’y a pas de réaction forte en entreprise et dans la rue. Le capital trouve même des relais complaisants à « gauche » qu’il s’agisse de Jean-Paul à Lille, de Mohamed à Villeneuve, de Rima Hassan au parlement européen...
On en est au point où on pourrait paraphraser le pasteur Niemöller : « quand ils sont venus chercher les musulmans, quand ils sont venus chercher les islamo-gauchistes (terme inventé par l’extrême droite et aujourd’hui consacré y compris « à gauche »), quand ils sont venus chercher les syndicalistes (qui l’avaient bien mérité...) je n’ai rien dit »...
Dans ces conditions que peut et doit faire l’URC ?
D’abord nous devons avoir en tête que l’URC, qui suscite bien des espoirs fragiles, représente moins d’1% des gens de France qui cherchent dans la voie du communisme, de manière explicite ou implicite.
Nous ne sommes donc, non seulement pas le nouveau parti communiste, ni le socle sur lequel se construira celui-ci, mais une petite organisation de communistes dont une des tâches fondamentales doit être de permettre le rassemblement et donc l’expression des communistes en son sein et dans toute leur diversité. En termes d’organisation nous n’y sommes pas encore mais c’est bien un des buts que nous devons nous fixer.
Ensuite il nous faut avoir en tête que face au processus de fascisation dans lequel notre pays est engagé, l’histoire nous apprend que seuls les communistes ont fait face au fascisme pendant que la social-démocratie se couchait devant lui. Dire cela est-ce à dire que tout l’appareil de LFI deviendra Munichois au fur et à mesure du durcissement du combat ? Nul ne le sait ni même si cela sera, mais en tout état de cause, dans le temps présent cela nous impose de nous affirmer et d’affirmer notre ligne.
La liste ANC aux européennes procédait de cette démarche et je fais partie de ceux qui se disent que les élections de Villeneuve St Georges auraient dû être l’occasion d’une expression autonome et non enfermée dans la gangue électoraliste de la direction LFI. [2]
S’affirmer pour résister, et c’est le 3ème axe de notre tâche à accomplir, cela veut dire être compris pour pouvoir mobiliser.
Sinon nous sommes un club de discussion et c’est autre chose. Être compris cela veut dire selon moi de s’adresser au peuple et pas seulement aux communistes du pays. Au peuple des entreprises, des quartiers populaires, de la ruralité et des lieux publics. De ce point de vue nous avons des progrès à faire que nous mesurerons d’autant plus que nous nous attellerons à la diffusion de masse de nos expressions. Je pense que nous n’y sommes pas encore et ce serait bien que dans le débat chaque camarade dise si dans son coin il y a pu avoir une diffusion de masse des expressions parues depuis le congrès, auprès de qui et ce qu’elles ont permis.
A quoi ça sert de faire une déclaration sur le cessez le feu ou sur la valse des gouvernements si celles-ci ne dépassent pas le cadre des réseaux sociaux voire, dans de rares cas les manifs Palestine ?
Ce n’est pas en s’adressant aux convaincus que l’on va convaincre et donc élargir le rapport de force. Il faudrait donc, sauf si on est en désaccord avec cela se fixer des objectifs de diffusion d’expressions par territoire dès que nous sommes plusieurs sur celui-ci.
Pourquoi ne pas se donner l’objectif d’une entreprise, d’un quartier ou village et d’un lieu public par mois chaque fois qu’il y a 3 ou 4 membres de l’URC ?
Nous avons une machine au siège et nous expédierons chaque fois qu’une demande sera faite.
Est-il si irréaliste que cela de se fixer par exemple le chiffre de 5 ou 10 Manifeste par membre de l’URC ? Personnellement je ne le crois pas en partant de l’expérience vécue.
Ne peut-on pas penser nos moyens de propagande comme un mix des 3 niveaux de propagande nécessaire un recourant aux sites existants (Pensée libre, URC, Rouge Midi...), au Manifeste, aux pages de réseaux sociaux et aux publications locales dans leurs formes diverses ?
Nous avons fait la fusion et c’est très bien. Maintenant il faut que l’on s’adresse au peuple pour l’appeler à la résistance en vue de la reconquête.
Si on est d’accord avec ces objectifs ne quittons pas cette réunion sans donner des pistes de diffusion du prochain Manifeste qui sortira la semaine prochaine et une liste de points fixes de diffusion chacun sur son secteur dans les 3 catégories citées plus haut entreprise, lieu de vie, lieu public.
Contribution au débat de Charles Hoareau
[1] Radio Paris ment, Radio Paris est allemand !
[2] Lire ici : https://ancommunistes.fr/spip.php?article7463