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Syrie : « Face aux massacres des Chrétiens du Levant et des Alaouites, le silence de la France est une infamie »
lundi 10 mars 2025 par Bruno Drweski (URC)/Penser la France
Tout ce qui se passe en Syrie est d’autant plus triste que c’était une catastrophe annoncée et prévisible, mais aussi planifiée. Le cynisme de nos dirigeants est aujourd’hui sans égal. Qui en France ose le dire ? Je viens d’écouter l’intervention de Galloway en Angleterre sur la Roumanie, la Syrie et l’Ukraine. Lui au moins tient son rang ! J’ai mis son intervention sur mon Facebook, mais elle est en anglais.
En Syrie l’objectif c’est le partage du pays entre seigneurs de la guerre ethniques ou confessionnels, d’où la nécessité pour les impérialistes d’appuyer les islamistes takfiristes puis, comme le fait Trump, ensuite de "défendre les minorités" qui se soulèvent. C’est l’objectif de Tel Aviv depuis longtemps (plan Yinnon). Pour ce faire le régime al Qaida tue les minorités religieuses ou ethniques, mais aussi tous les imams sunnites qui restent fidèles à l’islam syrien, opposé aux conceptions importées du Golfe et qui ont condamné les violences (encore que les premiers imams tués l’ont été les jours qui ont suivi la prise de Damas), et je ne parle bien entendu pas de l’interdiction non seulement du Baath mais des deux partis communistes et des nassériens.
Je suppose que nos camarades libanais et grecs plus directement concernés disent des choses, il faudrait voir... La base militaire russe a accueilli un vingtaine de milliers d’Alaouites fuyant les massacres.(BD-URC)
Ce qui est publié plus bas vient de l’extrême droite chrétienne mais, malheureusement, seuls eux transmettent publiquement ici les appels venant de Syrie et on ne peut leur en vouloir de se concentrer sur les appels chrétiens, il faudrait que d’autres prennent aussi la parole publiquement pour condamner le régime actuel, comme a osé le faire l’imam sunnite de Latakie qui a depuis été assassiné par HTS.
On apprend par ailleurs que le nouveau régime syrien assassine, même à Damas, les imams sunnites décrétés "soufis". Ils avaient commencé par tuer Mohamed Bouthi, le président de l’Association des théologiens musulmans syriens, un jour après l’entrée de HTS dans Damas (son père, l’illustre Ramadan Bouthi, avait été tué par les takfiristes en 2013. Même s’ils avaient cherché à l’époque à placer la faute sur Assad, ses ouailles à la mosquée des Ommeyades et son fils avaient bien compris que cela venait d’al Qaida/HTS soutenue et financée par les USA et les Européens).
D’où l’élection peu après du fils, Mohamed, à la tête de l’Association des théologiens musulmans syriens et la vengeance qui l’a visé après la "libération" de Damas. Le mensonge et l’hypocrisie ont pris le pouvoir à Damas, avec la bénédiction des sionistes qui ont toujours aidé et même soigné dans leurs hôpitaux les terroristes de Al Qaida/HTS et de Daech.
Jolani essaie pour l’opinion internationale de prétendre s’opposer à ces massacres qu’il orchestrait publiquement quand il était à Idlib avant de tailler sa barbe et de mettre une cravate pour avoir un look "occidental" mais on sait ce qu’il a fait à Idlib et ce que ses homme font depuis décembre dans toute la Syrie ...Sauf que cette fois ci c’est devenu trop visible alors il fait des déclarations "fermes" de condamnation tout en ayant été la source de tous ces crimes.
Les partis politiques ont été interdits (ceux qui soutenaient Assad comme ceux qui s’y opposaient), les syndicats aussi, les organisations palestiniennes ont dû remettre leurs armes au nouveau gouvernement et s’engager à ne pas attaquer les sionistes qui avancent jour après jour en territoire syrien, les frontières ont été ouvertes et les droits de douanes supprimés, ce qui a forcé des entreprises syriennes à faire faillite face à la concurrence des produits turcs, les entreprises d’Etat vont être privatisées a annoncé le nouveau régime, des masses de travailleurs du secteur public ont déjà reçu leurs lettres de licenciements, alors dans ce contexte, pour faire taire les rassemblements pour la défense des droits politiques et sociaux, il faut pour le nouveau pouvoir "diviser pour régner", et donc créer des conflits sectaires et ethniques pour opposer les classes populaires au classes populaires pour le plus grand avantage de la bourgeoisie mondialiste et de ses agents, les princes hypocrites du Golfe et le président turc ...qui se disputent déjà le partage des dépouilles de la Syrie.
La Russie et l’Iran croient pouvoir modérer Erdogan, elles se trompent sans doute car en Turquie l’inflation est très forte, le mécontentement monte et, pour calmer le peuple, il lui faut une guerre ou aller piller les pays voisins. D’ailleurs "l’antisioniste" Erdogan vent toujours le pétrole de son protectorat, l’Azerbaïdjan, à "Israel" qui passe par la Turquie. S’il le coupait, Tel Aviv reculerait immédiatement de Gaza et de Jenin ! mais le business est le business.
Tout ça, c’était le but du plan israélien Yinnon, et que "Jolani" Sharaa met en place. Casser la Syrie, après l’Irak, après la Libye, après le Soudan, après le Yémen, après le Liban, après les Palestiniens ...et bientôt l’Algérie ?
Le massacre des Chrétiens et des Alaouites ces dernières heures dans la région de Lattaquié est une infamie pour la France d’Emmanuel MACRON.
Le massacre des Chrétiens et des Alaouites ces dernières heures dans la région de Lattaquié est une infamie pour la France d’Emmanuel MACRON.
Après avoir lâchement abandonné le Liban, E. Macron est-il prêt aujourd’hui à abandonner la Syrie à son funeste sort ?
Cette politique catastrophique appelle d’urgence une réaction internationale de la France face aux massacres de Chrétiens et d’Alaouites qu’aucun Français ne peut admettre en se souvenant de l’histoire complexe et du rôle imminent de la France dans cette région particulière du monde.
* Les Leçons de l’histoire :
Depuis 1516, la chute de Constantinople et la défaite des Mamelouks par les Ottomans, la Syrie a été annexée puis dépecée par les Turcs. Déjà.
La Syrie a toujours suscité l’intérêt de nombreuses puissances : Napoléon Ier en 1799, puis le vice-roi d’Egypte Méhémet Ali en 1831, Napoléon III en 1860, sensible aux sorts des chrétiens, puis les britanniques promettant l’indépendance en cas de victoire sur l’Empire Ottoman en 1916…
Les accords secrets de 1916, entre la Grande-Bretagne et la France – les fameux accords Sykes-Picots, préparés par les ambassadeurs Paul Cambo et Sir Edward Grey – partagèrent les terres arabes sous domination ottomane entre les deux puissances contre l’avis d’ailleurs des nationalistes syriens.
La Conférence de San Remo de 1920 confirma les accords Sykes-Picot et date le début du mandat français (1920 – 1941), après l’entrée de l’armée français du général Gouraud à Damas.
Le congrès national Syrien élu en 1919 - refusant cet accord - s’exila alors en Irak.
Les alaouites – issus des chiites – longtemps persécutés, furent d’ailleurs favorisés par les Français, préparant et formant une élite qui accoucha des futurs dirigeants du Parti Baas à partir de 1963.
* Le rôle particulier de « protecteur » dévolu à la France :
La France a joué un rôle politique et militaire important dans cette région du monde.
Mais bien plus, la France a longtemps honoré une mission supérieure : les Français sont les protecteurs traditionnels des Chrétiens du Levant.
Plus ancienne communauté chrétienne des Proches et Moyen-Orient, composée de plusieurs groupes confessionnels, Grecs orthodoxes, Grec catholique, Arméniens, Maronites et Syriaques, la présence des chrétiens du Levant remonte à plusieurs siècles avant l’arrivée de l’Islam.
Le rôle historique de la France est – il est vrai - ancien. Saint-Louis, et la charte du 24 mai 1250*, proclame que la France assure une protection spéciale aux populations chrétiennes du Levant.
La France apparaît ainsi peu à peu comme un recours pour les chrétiens de l’Empire ottoman.
En 1604, la France devient protectrice de l’ensemble des pèlerins européens.
En 1625, le père Joseph, l’éminence grise de Richelieu, obtient l’autorisation d’envoyer des missionnaires à Alep (Syrie) qui tissent un réseau de soutien aux chrétiens locaux et transforme la France, de facto, en protectrice de tous les chrétiens d’Orient.
Après la Révolution, la République des Lumières n’a jamais renoncé à ce rôle supérieur.
Napoléon III envoie le corps expéditionnaire au Liban en 1861 pour obtenir d’Istanbul un statut spécial pour les maronites inquiétés et notamment la désignation d’un gouverneur chrétien pour la « province autonome du Mont-Liban ».
La IIIe République laïque – elle-même - garde le cap et le Quai d’Orsay obtient un statut officiel des établissements latins.
Dans une lettre du 20 juillet 1898, Léon XIII rend même hommage à la « mission à part confiée par la providence à la France, noble mission qui a été consacrée non seulement par une pratique séculaire, mais aussi par les traités internationaux ».
Les accords de Mytilène en 1901 puis de Constantinople en 1913 couronnent ces efforts : Ils servent de base à l’École biblique française de Jérusalem.
Nous le comprenons, la France doit absolument tenir son rang !
Elle est dans l’obligation absolue d’honorer ses engagements politique et spirituel.
Marqueur essentiel de la diplomatie française, le rôle de la France - protectrice des Chrétiens du Levant - ne peut être abandonné sauf par un acte de haute trahison qui ne serait qu’une infamie au regard de l’histoire particulière de la France.
Face aux massacres des Chrétiens et des Alaouites dans la province syrienne de Lattaquié, les Clubs "Penser la France" demandent solennellement au Président de la République que par tous moyens - politique, diplomatique et si besoin militaire – la France apporte son secours aux Chrétiens du Levant et aux Alaouites.
Il en va ainsi de l’honneur de la France.
