Le Manifeste

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Les gentils et méchants d’autrefois

vendredi 23 mai 2025 par Francis Arzalier (URC)

La nostalgie peut nous envahir, au souvenir pas si lointain d’une image du monde très simple, à l’opposé des réalités embrouillées d’aujourd’hui.

Les bons vieux westerns du siècle dernier dépeignaient sans compliquer les choses, une société de l’Ouest nord-américain opposant les bons et les méchants, les gentils colonisateurs qui avaient quitté l’Europe des persécutions et de la misère, les Indiens sauvages, cruels et vicieux, qui, heureusement, tombaient comme des mouches sous les coups de feu des pauvres blancs assiégés, incapables qu’ils étaient de tirer profit des fusils que leur avaient vendu de sordides trafiquants.

Cette dichotomie travestissant l’histoire de la conquête de l’Ouest américains, au profit des exterminateurs Étatsuniens, ne pouvait durer éternellement, tant elle était mensongère. Et on put savourer dès les années 70, quelques récits filmés par des auteurs critiques d’Hollywood (eh oui, il y en avait alors, les mêmes qui manifestaient contre la guerre infâme des USA au Vietnam !), dans lesquels les Amérindiens jouaient un rôle de victimes.

D’autres racontars simplistes ont pris place, dans cette guerre mondiale des idées que fut la « Guerre Froide », avec d’autres méchants à la peau moins cuivrée, les Communistes de tout poil et leurs alliés des continents « du Sud « , Asie, Afrique, etc., tous ces voraces et méchants agresseurs menaçant de submerger le Camp des « Pays Libres », de la « Démocratie » régnant aux USA et chez leurs alliés d’Europe Occidentale.
Encore une fois, la lutte du Bien contre le Mal, imprégnant les trois-quarts de la production de récits et images, amplifiées au fil des décennies par les progrès massifs de la télévision, puis d’internet et ses réseaux.

Permanences du discours médiatique

Nous ne sommes plus en « Guerre Froide », l’URSS ayant disparu il y a 35 ans, plus d’une génération. Mais l’image dominante du monde qui nous est quotidiennement déversée est encore tissée d’affirmations simplistes, du conflit entre Bons et Méchants, même s’ils ne sont plus exactement les mêmes. Mais nombre de nos « médiocrates », experts en tout, mais surtout en médiocrité intellectuelle, emploient encore en 2025 les mots de leurs parents ou grand-parent : « le monde libre », et surtout « les démocraties », dont la France est évidemment le fleuron, avec ses comparses de l’Union Européenne, voire de l’OTAN, des USA de Trump et de son protégé l’État Sioniste d’Israël, dont la volonté affirmée est de déporter plusieurs millions de Palestiniens par les bombes et la famine : un crime génocidaire comme il n’y en a pas eu dans le monde depuis 1945.

Et face à ce camp du Bien, la Russie menaçante » et autres alliés « illibéraux » ou « populistes », la Chine, l’Iran, Cuba et le Venezuela, etc.
Le camp du Mal en quelque sorte : Il faudrait être aveugle ou borné pour ne pas voir dans cette opposition simpliste l’Occident impérialiste global malgré ses divergences, qui défend sa domination en voie d’effritement, et contre eux tous ceux, très divers, qui acceptent de plus en plus mal cette domination économique et militaire occidentale.

Complexités du monde

Dans chacun de ces deux « camps », la « diversité » est bien ce qui ressort de la moindre observation rationnelle, qu’il s’agisse des « Occidentaux » : où l’élection de Trump à la Maison Blanche fait apparaître au grand jour entre deux réconciliations la concurrence entre les vieilles métropoles ex-coloniales-impérialistes d’Europe et les États Unis qui se veulent leur suzerain incontesté. Et il est vrai aussi que le « camp du mal » selon nos petits écrans est tissé de contradictions, qui parcourent les BRICS par exemple. Ils refusent tous le monopole du dollar, mais les différences sont grandes entre les États socialistes comme la Chine, les expériences réformistes du Brésil, celles nationalistes, teintée de théologie chiite d’Iran, et d’autres qui conservent une structure capitaliste comme la Russie ou l’Inde.

Une extrême diversité, donc, à ne pas négliger, mais sans perdre de vue que le clivage mondial essentiel, la contradiction géopolitique principale, est entre l’impérialisme occidental en crise dirigé depuis les USA, accompagnés peu ou prou de leurs comparses-vassaux en Europe, en Asie (Japon, Corée du Sud, Taïwan, etc.) et Océanie (Australie, etc.) et le « Sud global » qui en est exclu.

Une curieuse conception de la démocratie

Les mots supposés recouvrir des concepts, sont piégés par l’un et l’autre camp de cet affrontement mondial, notamment au niveau des médias organisés pour façonner les opinions. En ce domaine, la palme revient sans conteste au sigle « Démocratie », supposé caractériser le « camp du Bien » « occidental », menacé par les méchants qui l’entourent.

Il faut donc prendre le temps de revenir à l’origine de cet idéal politique.
Rappelons d’abord qu’il est né dans la Grèce Antique, quelques siècles avant notre ère chrétienne, à partir du mot « démos » qui signifie le peuple, soit l’ensemble des citoyens vivant dans une Cité (une ville-État et ses dépendances), et de « krator » le pouvoir). Autrement dit, c’est le
Gouvernement du Peuple par lui-même, choisissant à la majorité ses dirigeants et ses lois. Ce concept appelé à traverser les millénaires, et à servir d’emblème à des millions de militants au cours de l’histoire humaine, a toujours été un idéal plutôt qu’une réalité concrète.

Ainsi dans la Cité d’Athènes qui l’inventa au Vème siècle avant notre ère, cette démocratie si peu parfaite que seuls prenaient part aux délibérations citoyennes les adultes mâles, les femmes et surtout les esclaves en étant exclus, soit la majorité de la population. Un constat qui n’enlève rien à l’importance historique de cet idéal politique, pour lequel des hommes sont morts dans tous les pays au cours des siècles suivants.

Pour en revenir à l’usage biseauté qui en est fait aujourd’hui en France, constatons d’abord qu’il se contente d’accoler le sigle démocratique à chacun des États dont les citoyens sont conviés à voter de temps en temps pour choisir entre des candidats partageant pour l’essentiel les mêmes objectifs politiques et sociaux, tout en se disputant les prébendes que procure le pouvoir, local ou national. C’est le cas en France 2025, où ni RN, ni Droite, ni Macroniens, ni la plupart des candidats qui se réclament de la gauche ou de l’écologie, ne contestent les dogmes de l’économie capitaliste, ni les volontés bellicistes de l’Impérialisme.

De plus, cette approche de la Démocratie limitée au suffrage est un leurre que dément l’histoire de notre pays régulièrement : elle consiste trop souvent à donner une délégation de pouvoir à des politiciens qui ne sont nullement tenus de respecter une fois parvenus aux commandes les engagements d’avant le vote.

Trois exemples parmi les plus flagrants de cette caricature de démocratie :

1/ l’Assemblée élue en 1936 avec une majorité dite de Front Populaire, sur un programme de lutte contre le Fascisme, est la même qui, après avoir réduit en 1939 les Communistes à l’illégalité, a voté massivement les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940.

2/ Depuis l’adoption de la Constitution Gaulliste de 1958, la France vit sous un système de « Monarchie élective », qui confère au Président un pouvoir démesuré, y compris d’engager une guerre, même quand sa popularité est aussi faible que celle de Macron.

3/ les artifices légaux ne manquent pas pour détourner les chois exprimés par les électeurs quand ils ne conviennent pas à la Bourgeoisie dirigeante. C’est ainsi qu’en mai 2005 la majorité des votants français a rejeté lors du référendum le projet de Constitution de l’Union Européenne, à la surprise quasi-générale. En 2008, les Députés et Sénateurs réunis en Congrès à l’appel du Président ont adopté le texte rejeté par la majorité des Français, à peine amendé : Pas touche à notre UE, la Démocratie a des limites !

« Démocratie » deux poids deux mesures

On pourrait trouver bien d’autres exemples de cette conception très particulière de l’idéal démocratique, notamment dans le discours quotidien des médias audiovisuels de grande écoute, qui savent amplifier les messages lancés par certains politiciens démagogues.
Ainsi, le 20 Mai et les jours suivants, après Retailleau et quelques autres, l’enflure médiatique s’est élevée autour d’un « rapport d’expert » sur les menaces pour la France des Frères Musulmans, par le biais d’affirmations aussi malhonnêtes qu’ineptes comme :
« La plus grande mosquée du monde, c’est Tik-Tok ! »
Les mêmes « experts », qui n’hésitent pas à dénoncer le financement des frères par l’État du Qatar, ont les semaines précédentes encensé le PSG qui n’existerait pas sans lui !

Cette conception d’une « Démocratie » deux poids deux mesures est encore plus évidente dans les comptes redus médiatiques de la vie internationale. Qui ne se souvient du tollé propagé par nos chaînes d’info continue après le résultat important le mois dernier du candidat roumain opposé à l’OTAN et au soutien militaire à la guerre antirusse d’Ukraine ?

Un véritable défi à la « démocratie » selon Macron, de ce peuple européen dont le Gouvernement accueille une bonne partie de l’effort belliciste du Quai d’Orsay. Dès lors, ce candidat était qualifié « menace d’extrême droite », et le vote fut à la grande joie de nos « médiocrates parisiens » annulé purement et simplement, car entaché selon eux « d’ingérences russes » par le biais de TikTok !
Un autre vote a eu lieu à Bucarest, dûment préparé par les réseaux informatiques dont les GAFAM Californiens sont maîtres, et ont heureusement restauré ce mois-ci la Démocratie version OTAN et 7éme Arrondissement parisien !

L’armée française antirusse pourra s’y déployer tout à son aise !

On peut même pousser le décryptage des concepts un peu plus loin en 2025 : l’idée même de démocratie inclut une volonté d’égalité politique et sociale entre les citoyens formant une Nation.

Est-elle compatible avec le Capitalisme, qui repose sur l’inégalité croissante des patrimoines et l’exploitation du travail des uns par les autres ? ?

Sûrement pas ! !

   

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