Le Manifeste des communistes de France

Forum Communiste pour favoriser le débat. Depuis le 3 novembre 2024 l’ANC est devenue URC qui aura bientôt son site en lien avec celui-ci

Accueil |  Qui sommes-nous ? |  Rubriques |  Thèmes |  Cercle Manouchian : Université populaire |  Films |  Adhésion

Accueil > Repères et Analyses > De l’usage abusif de la théologie et de l’histoire

De l’usage abusif de la théologie et de l’histoire

lundi 9 juin 2025 par Francis Arzalier (URC)

Depuis peu, les crimes commis impunément par l’armée sioniste en Palestine, de Gaza en Cisjordanie, passent un peu moins bien aux yeux jusqu’ici extasiés de l’opinion occidentale, et c’est tant mieux.

Il est vrai qu’il devient difficile de nier les dizaines de milliers de cadavres palestiniens, éparpillés par les bombardements après avoir été préalablement affamés, par une soldatesque qui se conduit en 2025 comme les Nazis ne le firent pas en Russie envahie en 1943. Ils n’en eurent en fait pas le temps, grâce à la riposte de l’Armée Rouge, même s’ils surent pendre des milliers de villageois refusant leurs pillages en Ukraine et en Biélorussie occupées, surtout les juifs et les communistes locaux.

Nos chaînes de télé, obstinément fidèles à leurs phantasmes sionistes, persistent à pourfendre les terroristes palestiniens cachés selon eux dans les hôpitaux de Gaza, mais la plupart de nos journaux ont viré de bord, et laissent filtrer leur gêne devant le crime collectif, l’ignominie qui consiste à pousser par les bombes et la faim deux millions d’hommes, de femmes et d’enfants, à quitter leur pays convoité par les colons israéliens.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit, avec l’assentiment proclamé des USA qui arment et paient les meurtriers d’enfants, qu’ils jugent ainsi indignes de vivre, parce qu’Arabes de Palestine, et l’acceptation hypocrite des dirigeants occidentaux comme Macron, qui laissent faire les bourreaux entre deux gémissements de compassion.

Enfin l’indignation !

Heureusement, quelques journaux français sauvent ce qui leur reste d’honneur. Ainsi Le Monde, les 1 et 2 juin, qui publie un texte indigné de Hatzfeld, l’écrivain qui se fit connaître en dénonçant en plusieurs livres le génocide des Tutsis au Rwanda de 1994, autre crime de masse d’un XXème siècle qui en compta trop. Cette dénonciation des criminels israéliens d’aujourd’hui honore son auteur, d’autant qu’il l’a fait au nom de son identité juive, en déplorant à juste titre que ce crime accompli par Israël au nom du prétendu droit de propriété exclusif légué par Jéhovah aux seuls Juifs de la Palestine, les discrédite assez pour les rende indignes d’y vivre.

Ce qui est parfaitement juste, et engage effectivement l’avenir de l’État d’Israël, créé en 1948 en réponse malencontreuse aux massacres des Camps Nazis, un État qui se disqualifie peu à peu par ses actes aux yeux du monde civilisé. Même si nous ne suivrons pas Hatzfeld dans sa défense des « valeurs juives », qui seraient ainsi mises en cause par l’État de Netanyahu.

Laissons les théologiens se disputer sur des « valeurs » éventuelles que nous ne partageons pas tous.

Toutes les croyances religieuses ont leurs composantes humanistes et altruistes, j’ai tout au long de ma vie côtoyé des femmes et des hommes, prêtres ou simples mortels, qui les portaient en eux, au point d’aider tous ceux autour d’eux qui en avaient besoin, malades, abandonnés, pauvres. Assez pour en témoigner et exiger qu’on respecte leur foi.

La religion en soi n’est pas le problème, c’est l’usage que l’on en fait qui l’est.

Car toutes les religions ont aussi nourri bien des comportements criminels, des Croisades catholiques médiévales aux férocités Islamistes contemporaines, et au colonialisme sioniste, qui justifie les exactions au détriment d’un peuple par la décision d’un Dieu.

Tout cela est ignominieux ! Comme l’est le financement par les dirigeants du Qatar, de groupes armés insurgés prétendument au nom de l’Islamisme, qui ravagent les villages africains, au Mali, au Niger, au Burkina.

Des dérives de la religion d’autant plus mortifères que s’y ajoutent des volontés de pouvoir, incarnées par des militaires ambitieux comme au Soudan, où des millions de déplacés tentent d’échapper aux combats et à la faim, entraînées par le conflit.

D’un continent à l’autre, du Moyen Orient à l’Afrique de l’Est, l’odieuse manipulation de l’histoire

L’usage de la croyance religieuse peut être catastrophique pour les peuples, mais ce n’est certes pas exclusif : les manipulations de l’histoire sont tout aussi pernicieuses, du Moyen-Orient à l’Afrique équatoriale, pour ne prendre que ces deux exemples actuels.

L’honnêteté de l’argument des dirigeants israéliens, qui depuis 70 ans justifient leurs exactions en Palestine ou au Liban, en toute impunité quand les actes de « l’État Hébreu » (selon la terminologie absurde de nos journalistes télé) violent toutes les règles internationales admises par l’ONU :

  • « Les Israéliens actuels, descendants directs du peuple hébreu de la Bible, dispersé dans le monde par les persécutions, ont subi la Shoah au XXème siècle, dont les rescapés ont créé et sont le Peuple d’Israël. »

Et cette affirmation permet dans la foulée, à nos communiquant télévisés rétribués, d’accuser d’antisémitisme ceux qui osent mettre en doute le « récit historique » sioniste.
Lequel récit est pourtant totalement faux, comme toutes les recherches historiques sérieuses le démontrent, notamment celles d’historiens israéliens, qui ont parfois dû émigrer pour échapper aux persécutions politiques, comme Schlomo Sand :

1/ Car la majorité des populations de religion juive dans le monde ne sont pas les descendants des Hébreux d’il y a 2000 ans, mais de groupes convertis à cette foi juive au fil des siècles, notamment en Europe de l’Est et en Méditerranée occidentale.

2/La majorité des Israéliens actuels n’ont aucun lien familial avec les Camps Nazis d’extermination, qui constituèrent un crime européen il y a 70 ans, et sont issus majoritairement de communautés juives parties d’Europe orientale après l’effondrement de l’URSS, et de pays méditerranéens qui ont accédé à l’indépendance : ce fut notamment le cas pour l’Algérie, la Tunisie, où le Maroc qui furent colonies françaises.

3/ Établir un imaginaire lien de causalité entre la Shoah et la colonisation israélienne en Palestine est une escroquerie historique odieuse, mais son succès est tel qu’il a fait des émules.

Le « bon élève » de l’État sioniste est le Rwanda en Afrique orientale.

Il fut au XXème siècle une proie coloniale, successivement allemande, puis belge, après la défaite de Berlin en1918. Un protectorat belge qui ne laissera place à l’indépendance qu’avec l’effondrement des Empires européens des années 1960. Mais ce passé colonial lui a légué un lourd héritage de haines entre les Tutsi, descendants d’éleveurs nilotiques, et les cultivateurs Hutus. Ce qui a abouti au massacre incroyable organisé en 1994 par les dirigeants Hutus Xénophobes, sous l’égide des proches du Président Habyarimana.

La tuerie programmée ôta la vie à plus de 700 000 Tutsi rwandais, dans le silence hypocrite de leurs « Parrains » Occidentaux. Lesquels n’ont pu ou voulu par la suite endosser la honte de ce crime, et ont laissé les responsables tueurs se faire chasser militairement de Kigali par les exilés rwandais, organisés en armée de libération, le FPR de Paul Kagamé.

C’est lui qui règne à Kigali depuis, en un régime fort autoritaire, mais fort bien vu à Washington ou à Paris, Bruxelles …et Tel Aviv.

Une proximité qui n’est pas que sécuritaire : le pouvoir de Kagamé à Kigali peut se targuer à juste titre d’avoir rétabli dans les rues du Rwanda une vie normale après les traumatismes sanglants d’il y a une génération. Mais à l’image d’Israël, qui se permet les pires exactions parce qu’il se dit peuplé des survivants de la Shoah, l’État rwandais soutient impunément le groupe insurrectionnel M23 qui a pris le pouvoir au Kivu, à l’Est du Congo-RDC, et y exploite à son profit depuis Goma les richesses minérales, notamment le coltan-tantale, ce minerai rare nécessaire aux portables.
Ce coltan illégalement extrait du Kivu transite par le Rwanda, qui le « blanchit », et le vend avec profit aux pays occidentaux, notamment ceux de l’Union Européenne, qui font mine d’ignorer que leur partenaire de Kigali ne dispose pas de cette ressource dans son sous-sol.

La Shoah justifie pour les colons de Tel Aviv les massacres à Gaza, et le génocide de 1994 vaut l’impunité internationale à Kigali !

Ainsi va le monde capitaliste où le profit est Roi, et dans lequel quelques foules misérables congolaises crevant dans les mines au large de Goma, n’émeuve guère l’univers mondial médiatisé (voir cependant les reportages, purement factuels, du quotidien La Croix le 4 juin 2025).

Il faut en convenir : tout récit historique n’est pas que factuel, il implique une présentation personnelle des événements, et, comme tel, une éventuelle manipulation de leurs réalités contradictoires.

À nous, lecteurs et citoyens, d’en faire une lecture rationnelle et critique.

Image  : "Got mit uns » (Dieu avec nous) est une devise militaire allemande.

   

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.