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Les bulgares ne veulent pas de l’euro !

samedi 14 juin 2025 par Tocsin/Le Figaro

Après la Roumanie, c’est une nouvelle tentative antidémocratique de l’Union Européenne en perte de crédibilité.(JP/URC)

En Bulgarie, la fronde monte contre l’entrée imminente du pays des Balkans dans la zone euro.

Manifestations, appel au référendum et désinformation : la colère gronde en Bulgarie, où la perspective de rejoindre la zone euro au 1er janvier 2026 ne fait pas l’unanimité. Après un retard lié à son instabilité politique, le pays des Balkans membre de l’UE depuis 2007 devrait prochainement devenir le 21e État à adopter la monnaie unique, trois ans après la Croatie. Le feu vert de Bruxelles est attendu courant juin.

« Adopter l’euro reviendrait à embarquer sur le Titanic », assure Nikolai Ivanov, haut fonctionnaire à la retraite, venu « soutenir le lev (la monnaie bulgare utilisée depuis 1881, NDLR) » lors d’un récent événement de promotion de la devise nationale à Sofia. Selon des sondages récents, près de la moitié des personnes interrogées se disent opposées à l’entrée du pays dans la zone euro dès l’an prochain.

Le grand entretien avec Dostena Anguelova-Lavergne Anthropologue politique et culturelle et journaliste pendant 20 ans Auteur de « l’Europe en Otage » paru en 2022 chez le Murmure Editions

Pour Boriana Dimitrova, directrice de l’institut Alpha Research, ce désamour de la monnaie unique s’explique avant tout par « la méfiance envers les institutions », provoquée par le chaos politique de ces dernières années. Les habitants redoutent les conséquences sur leur quotidien de ce changement historique. « Les pauvres ont peur de devenir encore plus pauvres », résume-t-elle, dans ce pays de 6,4 millions d’habitants, le moins riche du bloc.

À lire aussi Jean-Pierre Robin : « L’euro est devenu une monnaie de singe, comparée au franc suisse »

Craintes sur le pouvoir d’achat

Les réticences sont particulièrement fortes dans les zones rurales, où certains Bulgares n’ont jamais voyagé à l’étranger et n’ont pas l’habitude des transactions internationales. D’autant que perdure le souvenir de la grave crise économique de 1996-97, accompagnée de la faillite de 14 banques et d’une hyperinflation dépassant 300%. Nombreux sont les élus à exploiter ces craintes, estime l’experte, à l’image du parti d’extrême droite Vazrajdane, qui a convoqué un nouveau rassemblement samedi dans la capitale.

Bulgarie : des milliers de manifestants s’opposent à l’adoption de l’euro à Sofia

https://video.lefigaro.fr/figaro/video/bulgarie-des-milliers-de-manifestants-sopposent-a-ladoption-de-leuro-a-sofia/

Le président Roumen Radev a surpris début mai en réclamant l’organisation d’un référendum sur le sujet. Et il a renchéri cette semaine en accusant le gouvernement de ne pas avoir mis en place les mesures nécessaires pour permettre aux « plus vulnérables » de supporter un éventuel choc des prix. Un tiers des Bulgares vivaient l’an dernier sous la menace de la pauvreté ou de l’exclusion sociale, d’après les statistiques d’Eurostat.

Le chef d’État « fédère les peurs et s’adresse aux désabusés, aux oubliés. C’est un geste politique bien calculé », commente Boriana Dimitrova. Cette proposition jugée « inconstitutionnelle » a soulevé un tollé du côté des juristes et la présidente de l’Assemblée Natalia Kisselova a refusé de la soumettre au vote. Mais elle a suffi à raviver la propagande anti-UE.

Infox sur les réseaux sociaux

Parmi les infox les plus répandues sur les réseaux sociaux, on apprend que « Bruxelles va confisquer vos économies pour financer l’Ukraine ». Ou encore que le lev serait la monnaie la plus ancienne d’Europe et qu’il faut donc à tout prix sauver « le lion bulgare », signification du mot « lev ». Même des humoristes relaient ces fausses informations à travers des clips vidéo cumulant des millions de vues sur Facebook et TikTok.

En face, les voix pro-européennes ont bien du mal à se faire entendre. Pour ces défenseurs d’un passage à l’euro, ce serait un pas important vers l’ancrage géopolitique occidental et une protection contre l’influence du Kremlin. « À Sofia et dans les grandes villes, la population - plus riche, plus instruite et plus jeune - y voit une étape logique dans le processus d’intégration européenne, après l’adhésion à l’UE et à l’espace Schengen » début 2025, souligne Boriana Dimitrova.

Les institutions et les banques sont prêtes, et le design des pièces a même été choisi, avec pour celles de deux euros l’inscription : « Dieu, protège la Bulgarie ». Mais signe du manque d’information et du sentiment d’infériorité encore très répandu dans ce pays périphérique, « certains me demandent encore si l’euro bulgare sera valable et aura la même valeur » en France ou en Allemagne, s’amuse l’analyste.

   

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