Benjamin Netanyahu est de retour

Benjamin Netanyahu est en route pour sa troisième visite à Washington ces six premiers mois du second mandat du président Donald Trump. Bibi a sollicité cette visite parce qu’il espère clairement quelque chose, et qu’il n’aime pas qu’on lui dise “non” !

La communauté juive américaine et l’État d’Israël, qui œuvrent de concert, mobilisent déjà des ressources considérables pour donner au Premier ministre tout ce qu’il désire, et peu importe quoi. S’il le faut, le soi-disant lobby israélien, qui contrôle de nombreux aspects de ce qui est couramment appelé le gouvernement américain, a la capacité inégalée de faire culpabiliser fortement quiconque tente de s’immiscer dans ses prérogatives. Sa capacité de persuasion repose souvent sur l’évocation répétée d’un événement semi-mythique appelé “l’holocauste”, qui fut et continuera d’être un fardeau pour le reste de l’humanité.

De nombreux Juifs ont ainsi réussi à se muer en caricatures, victimes permanentes d’une haine irrationnelle, et ont donc droit à des mesures extraordinaires pour se protéger. En effet, cela signifie que tout ce qui arrive aux Juifs ou à Israël octroie ipso facto un “permis de tuer” pour garantir que cela ne se reproduise “plus jamais”.
La journaliste sud-africaine Ilana Mercer décrit succinctement le processus actuel :

• “La ‘perspective stratégique’ d’Israël exige en tout lieu et de tout temps un ennemi. Cet ennemi désigné sera calomnié à l’aide de formules terribles : on dira de lui, d’elle ou d’eux qu’ils sont antisémites, qu’ils veulent la peau des Juifs. Ce dénigrement violent ignore la vérité, car lorsque les faits et la réalité sont examinés de près, ce sont les Arabes qui sont exterminés quotidiennement en masse, avec les subventions occidentales et les privilèges accordés par les gouvernements, et non les Israéliens. Il faut reconnaître cela à Israël. Il s’est érigé en croix du monde, une malédiction qui accable l’intégralité des individus non juifs-israéliens venus au monde qui doivent supporter cette malédiction”.

Il est regrettable que Netanyahu atterrisse à Washington, où son arrivée sera sans aucun doute sécurisée par les bataillons de soldats mobilisés dans la capitale il y a deux semaines pour défiler sur Constitution Avenue afin de célébrer l’anniversaire de Donald Trump - qui n’a pas servi à la guerre du Vietnam.

Si Bibi atterrissait à New York, il risquerait d’être arrêté en vertu du mandat délivré par la Cour pénale internationale. Le candidat démocrate à la mairie de New York, Zohran Mamdani, est harcelé sans relâche par le lobby israélien et divers groupes identitaires juifs, en partie parce qu’il est musulman, mais aussi parce qu’il a déclaré que s’il est élu maire, il arrêtera Netanyahu s’il se présente dans la ville.
Cette déclaration m’a réjoui, ainsi que d’autres, mais nous aurions également souhaité qu’il existe un mécanisme permettant d’arrêter également Joe Biden et Antony Blinken, coupables eux aussi de génocide. On peut présumer que Donald Trump, autre complice de génocide, est intouchable, sauf en cas de destitution, car il est en fonction, ce qui est fort dommage, car lui et sa clique de criminels de guerre, qui n’ont rien à envier à ceux qui entourent Biden, mériteraient bien de passer un peu de temps à l’ombre.

Certains journalistes estiment que pendant son séjour à la Maison Blanche, Trump fera pression sur Netanyahu pour qu’il accepte une nouvelle trêve de soixante jours à Gaza, mais Bibi n’aurait sûrement pas sollicité cette rencontre s’il pensait être piégé et contraint de mettre fin au massacre des Palestiniens.

J’ai ma propre théorie sur les raisons de la présence de Netanyahu à Washington et, mis à part le fait qu’il se fera abondamment lécher les bottes par Trump et quatre cents membres du Congrès corrompus et subornés, cela ne sera pas joli joli.

Car voyez-vous, Bibi veut étendre l’hégémonie israélienne “des fleuves à la mer”, c’est-à-dire depuis l’Euphrate, le Litani et le Nil jusqu’à la Méditerranée. Ceci va exiger une opération de changement de régime en Iran pour éliminer cette nation ennemie, mais la récente guerre éclair contre les Iraniens a clairement montré qu’Israël ne peut y parvenir seul, à moins d’avoir recours à l’arme nucléaire, ce qui pourrait porter un coup fatal à la capacité de Tel-Aviv à traiter avec le reste du monde et signifierait facilement la fin de facto de l’État juif.

Il doit donc convaincre un Donald Trump crédule de le faire à sa place, et est prêt à mentir copieusement sur la menace que représente l’Iran pour y parvenir.

De toute évidence, le problème auquel Netanyahu est confronté est que l’Iran ne représente strictement aucune menace pour les États-Unis, ni même pour Israël si les Israéliens étaient prêts à renoncer à leur quête de domination et à leur expansion régionale. Il va donc devoir inventer quelque chose, ce qu’il sait très bien faire, il faut le reconnaître. Mais que se passera-t-il si Trump ne mord pas à l’hameçon, quel qu’il soit ?

Le Trump Riviera Resort Gaza suffira-t-il à convaincre l’homme d’affaires new-yorkais qui se fait passer pour le président des États-Unis ? Je pense plutôt que Netanyahu a plusieurs plans dans la manche s’il se heurte à un mur à Washington, notamment des opérations sous faux drapeau qui pourraient être imputées à l’Iran tuant beaucoup d’Américains afin de faire passer le message que les Iraniens constituent un réel danger pour les États-Unis.

Il est certain qu’Israël a démontré qu’il n’hésite pas à tuer des Américains lorsque ses propres intérêts exigent des mesures extrêmes, comme en témoignent le meurtre délibéré de 34 marins américains à bord de l’USS Liberty en 1967, et la mort récente de citoyens américains à Gaza, pour lesquels le gouvernement américain n’a rien fait. Israël sait qu’il peut s’en tirer à bon compte, au sens propre comme au sens figuré, et même si le peuple américain en a assez du massacre des Palestiniens, le lobby israélien sait qu’il a le soutien du Congrès et des médias, quoi qu’il fasse.

À mon sens, ce qu’Israël fera va dépendre de la conviction apparente de la Maison Blanche que la reprise de la guerre avec l’Iran entraînera des attaques contre certaines des nombreuses bases américaines dans la région du golfe Persique. Comme l’Iran est peu encline à vouloir mener une telle escalade, Israël pourrait décider de faire le travail lui-même, en laissant traîner des détails accusant l’Iran ou un mandataire iranien.

Israël dispose de nombreux agents actifs du Mossad dans toute la région, comme en témoignent les assassinats de hauts responsables du gouvernement iranien et de scientifiques et toute leur famille, lorsque la première phase de la soi-disant “guerre des douze jours” a commencé par une attaque israélienne il y a un mois.
Israël fera donc probablement sauter une ou deux bases américaines, puis proclamera haut et fort que cet acte a été commis par l’Iran pour se venger du bombardement américain des installations nucléaires de Natanz, Ispahan et Fordow.

Ou, si toutefois l’on veut vraiment explorer les options du côté obscur, Israël pourrait décider de vraiment hisser le faux drapeau, l’amenant à utiliser l’une de ses propres armes nucléaires pour faire le travail, embellissant cette histoire en soulignant que l’explosion est la preuve évidente que l’Iran avait et a toujours un programme secret d’armes nucléaires.

Les clowns du Congrès comme Lindsey Graham, Tom Cotton et Ted Cruz recycleront immédiatement la nouvelle et appelleront bruyamment à la vengeance. Trump sera incapable de résister, ou du moins c’est ce que pense Netanyahu, et si une arme nucléaire devait être utilisée sur une base américaine, la volonté de riposter serait totale et absolue à Washington.

Comme Bibi et Donald ont tous deux recommandé à plusieurs reprises aux plus de 10 millions d’habitants de Téhéran, la capitale iranienne, d’évacuer leurs foyers, il est, à mon avis, tout à fait possible qu’Israël et les États-Unis envisagent depuis un certain temps déjà de recourir à l’arme nucléaire.
Ce qui, si tout se passe bien pour Bibi, leur permettra d’obtenir ce qu’ils veulent, à savoir un changement de régime dans un Iran dévasté et la fin du défi iranien à Israël.

Espérons qu’au lieu de cela, Trump écoutera son bon sens, s’il en dispose, et que Netanyahu sera mis en échec et rentrera chez lui la queue entre les jambes la semaine prochaine !