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Iran et Israël, deux identités antagonistes ?

samedi 12 juillet 2025 par Francis Arzalier

Les complexités Iraniennes

L’identité nationale en Iran peut se prévaloir de racines très anciennes.
Il y a 2500 ans, les plateaux d’Iran accueillaient déjà les peuples Perses, forts de leur langue et de leur écriture ( le farsi). Ils y construisirent des royaumes structurés et conquérants, qui, dès le 16éme siècle ont adopté la version Chiite de l’Islam ( les chiites considèrent l’Imam Ali, gendre du Prophète Mohammed, comme son successeur), ce qui leur permettait de se différencier des royaumes Arabes, musulmans de rite Sunnite.

Et le plus spécifique est que cette volonté identitaire s’est achevée et durcie au XXème siècle dans les luttes populaires de défense des prérogatives nationales contre les Impérialismes coloniaux occidentaux, affairés à piller les richesses pétrolières du pays par le biais de grande Compagnies anglo-saxonnes. D’abord entre 1951 et 1953, quand le Premier Ministre Mossadegh tenta de libérer les richesses pétrolières de l’Iran de la domination des Compagnies occidentales, avant d’être renversé par un coup d’état militaire pro-occidental, qui mit au pouvoir la féroce dictature du Shah.

Le second épisode qui structura ce sentiment national fut en 1979 la Révolution populaire Iranienne, qui parvint à chasser la dictature brutale de Shah, parrainée par les USA et l’Europe occidentale, et qui aboutit sous la direction de Khomeiny au régime actuel, national voire nationaliste, mais corseté par l’autoritarisme théocratique des dignitaires religieux, qui ont muselé par la répression meurtrière et l’exil les oppositions, notamment celle autrefois puissante d’inspiration marxiste ( le Toudeh ).

Le régime de Téhéran n’est certes pas un modèle de démocratie et d’égalitarisme social. Mais la force de l’identité nationale Iranienne fait que ce pays, l’un des plus vastes, des plus peuplés (plus de 90 millions d’habitants), des plus riches en ressources du sous-sol, est la bête noire à détruire pour l’Impérialisme au Moyen-Orient, notamment parce qu’il soutient tous les mouvements de libération nationale de la sous-région, le Hezbollah du Liban, les Houtis du Yémen, et ceux divers de la Résistance Palestinienne (Hamas, FPLP, etc).

L’état sioniste d’Israël, porte-avions de l’impérialisme occidental

L’État d’Israël est une création coloniale du vingtième siècle, au sein des peuples Arabes, d’une entité étatique formée à 90 pour cent de descendants des migrants venus d’autres continents, Europe orientale et atlantique, Afrique du Nord, Amérique du Nord, sur la base d’un mythe historique, l’idéologie sioniste.

Un cas unique d’identité nationale fabriquée dans le contexte colonial du premier Vingtième siècle, forgée grâce à un mythe historique (tous les tenants de la religion juive seraient selon lui les descendants des Hébreux de l’Antiquité biblique), étayé par l’affirmation d’une volonté divine (les Juifs seraient un « peuple élu » auquel Jéhovah aurait donné la propriété du Territoire palestinien).
Le Sionisme y a ajouté le volontarisme linguistique : les migrants en Israël, qui étaient de langues et de cultures différentes, Ashkénazes d’Europe et Séfarades méditerranéens, usant de langue Yiddish, européennes ou arabe, ont dû adopter la nouvelle langue héritée de la Bible , l’hébreu promue en marqueur national.

Le mythe identitaire-religieux sioniste (« Dieu a donné la Palestine, terre de Sion, au Peuple-nation élu constitué par tous les Juifs, appelés à la réoccuper) a pris naissance au début du vingtième siècle, marqué par les expansions coloniales européennes, et la croissance des USA, né de migrations européennes. Son initiateur Théodore Herzl, juif autrichien, n’a réussi à la transformer en mouvement idéologico-politique que grâce aux dirigeants de l’Empire colonial britannique (déclaration Balfour de novembre 1917), contre les réticences majoritaires des milieux juifs de l’époque.

Ce mythe sioniste du « retour en Terre sainte » était par contre très répandu déjà parmi les idéologues protestants de la vague migratoire vers les USA au 19éme siècle (voir les travaux de l’historien JP Filiu ), ce qui explique son succès contemporain auprès des milieux de la Droite religieuse aux USA.

Les premières migrations de Juifs d’Europe vers la Palestine, sur une base sioniste, se sont faites entre les deux guerres mondiales, dans le cadre du Mandat colonial confié par la SDN aux Britanniques en Palestine, et avec leur accord.

Bien sûr, l’essentiel de l’émigration de juifs majoritairement européens a eu lieu après la deuxième guerre mondiale, et l’extermination de quelques millions d’entre eux par les nazis allemands, et leurs complices d’Europe.

Avec un événement essentiel, la création de l’État sioniste d’Israël en 1947-48 par la jeune ONU, à l’initiative de toutes les puissances coloniales et Impérialistes, USA et Européennes. Une décision justifiée moralement par la Shoah, mais d’implantation coloniale en Palestine, au détriment des peuples Arabes qui y vivaient depuis des millénaires : c’est ainsi qu’on est passé en quelques décennies de quelques milliers de juifs en Palestine à plus de 9 millions aujourd’hui.

On ne peut occulter que cette décision de l’ONU en 1947 d’approuver le projet sioniste a été votée avec le soutien de l’URSS de Staline et ses alliés, alors que la « guerre froide » débutait : une erreur politique historique majeure de leur part, qui a certainement contribué à détourner les mouvements de Libération des pays Arabes des voies marxistes au profit de dérives religieuses ou nationalistes.

Dès sa création, l’État sioniste d’Israël s’est construit en grande puissance régionale, économique et industrielle, militaire et scientifique, grâce à l’aide massive des métropoles impérialistes, USA et Europe occidentale. La France dirigée par les Socialistes a même contribué en 1956 à ce qu’Israël se dote de l’arme nucléaire, avant que De Gaulle y mette un terme, parce qu’il voulait renforcer sa force nucléaire face à l’hégémonisme de Washington).

Profitant de ces appuis occidentaux, qui ont fait délibérément d’Israël le » Porte-avions de l’impérialisme » au Moyen-Orient, avec un véritable statut d’impunité internationale, l’État sioniste a étendu par à-coups, en guerres successives, son emprise sur la Palestine, et les pays voisins, multipliant les exactions divers et les colonies, et les répressions quotidiennes ( les détenus palestiniens pour faits même mineurs de résistance sont des milliers dans les geôles sionistes, bien au-delà des quelques dizaines d’Israéliens capturés lors de l’opération inattendue du Hamas le 7 octobre 2024.

Depuis quelques mois, l’État sioniste et son armée, couronnent leur grignotage épisodique des territoires de leurs voisins ( colonisation en Cisjordanie et le reste de la Palestine, occupation du Golan libanais ) par ce qui semble bien être la « Solution finale » projetée par le Sionisme version Netanyahou, en direction de l’identité palestinienne niée. Un projet inhumain, mais approuvé par les dirigeants actuels des USA, et toléré avec hypocrisie par leurs alliés occidentaux ou parfois Arabes : contraindre les quelques millions de Palestiniens de la bande de Gaza à fuir leur pays rendu invivable par les bombardements, les fusillades et la famine, de façon à réaliser dans ce pays méditerranéen vidé de ses habitants un « paradis de vacances » (formule de Trump), produisant des profits pour les investisseurs.

Soit l’aboutissement du projet colonial sioniste par le refoulement de ses occupants depuis 35 siècles, réédition de ce que certains chefs Nazis envisageaient pour les plaines russes en 1942, un projet qu’ils ne parvinrent pas à imposer aux peuples soviétiques, malgré leurs succès initiaux de 1942.

L’histoire n’est en effet jamais écrite à l’avance par les idéologues impérialistes. L’opération militaire sioniste a déjà échoué à éradiquer les résistances organisées, Hamas, Hezbollah, Houthis, États nationaux du Liban et d’Iran, même si cet axe militant a été durement touché par une armée sioniste très supérieure en maîtrise aérienne, électronique militaire et espionnage. C’est même en fonction de ces échecs que les forces armées d’Israël, et celles des USA, ont mené une offensive meurtrière contre l’Iran, sous prétexte de menace nucléaire, en fait parce que l’Iran a partie liée avec les mouvements anti-Impérialistes du Moyen-Orient, qu’il en est le parrain aux yeux de Tel Aviv et de Washington.

Ce qui nous amène à la conclusion suivante : Le Moyen-Orient est un semis d’identités de toute nature, ethniques, linguistiques et religieuses, dont certaines s’exaspèrent jusqu’à l’outrance, au point de devenir conflictuelles. Mais la réalité majeure et dramatique dominante est liée à la manipulation de certaines d’entre elles par l’Impérialisme, qui leur fournit pour leurs objectifs de domination et d’exploitation les moyens nécessaires, et leur procure l’impunité internationale quels que soient leurs agissements.

C’est notamment le cas de l’expansion criminelle de l’État sioniste. Un mécanisme au service de l’Impérialisme étatsunien’ qui n’excuse en rien les responsabilités des manipulés qui y trouvent profit.

Retour de l’antisémitisme de nos pères ?

Depuis des mois, nos communiquant des diverses chaînes d’info, y vont de leur couplet moralisateur sur « la nouvelle flambée de l’antisémitisme déguisé en antisionisme » à la moindre critique des crimes de l’État d’Israël, sans le moindre souci de rationalité ou de stricte honnêteté. Car s’il est évident que la France actuelle est surtout infectée de racisme anti-Arabe et antimusulman, li faudrait aussi ne pas oublier que l’antisémitisme a eu tout au long du XXème siècle la fonction ambiguë d’ennemi justificatif.

Mais aussi avec l’adjuvant du sionisme : de nombreux gouvernants européens de l’après-guerre étaient bien contents sans l’avouer de pouvoir exporter « leurs « juifs et leurs problèmes vers « eretz Israël «  !

   

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