De la « suffisance française »

Notre nation française a une longue histoire, riche de progrès intellectuels et politiques, et de révolutions populaires, qui ont servi d’exemple aux autres peuples du monde. Qui se souvient encore que les prolétaires russes de 1905 affrontaient les fusilleurs du Tsar en chantant la Marseillaise ?

Cet héritage progressiste et internationaliste ne doit pas être oublié, et nous pouvons en être fiers. Mais cela n’autorise en aucun cas à cette prétention française qui nous est à juste titre reprochée par le reste du monde, qui consiste à ne voir que les passages glorieux, en occultant ceux moins glorieux, emportés par une vague d’idées réactionnaires, empuanties de racisme colonial et de nationalisme militariste.

Cette « forfanterie-arrogance française » est devenue au fil des ans la marque de Macron, qui se ridiculise en prétendant parler au nom de la « Patrie des Droits de l’Homme », tout en clamant sa volonté d’en découdre avec la Russie, sans en avoir les moyens militaires et économiques. Mais il n’est pas le seul à tenir ce genre de discours dans une France manipulée !

Une France de paradoxes

Car notre longue histoire a connu de nombreuses périodes d’affaissement moral et intellectuel, comme celle de 1940 à 42, qui vit la majorité des Français soutenir lâchement la « Révolution Nationale » Vichyste, applaudir le Maréchal Pétain et sa servilité aux occupants nazis, avant d’aller deux ans plus tard rallier la France Libérée : Il est vrai que le sang des martyrs isolés de 1943, FTP et Déportés, avait eu le temps de sécher.

Ainsi va l’histoire des peuples, qui n’est jamais un conte de fées et de bisounours, mais un cortège de contradictions, faiblesses et grandeurs mêlées. La période actuelle est l’un de ces affaissements de la Nation française, qu’on limite souvent à une crise du politique, marquée par la piètre qualité des dirigeants actuels des partis et de l’État, imprégnés massivement d’électoralisme et de carriérisme, plutôt que de dévouement militant, et majoritairement alignés sur les objectifs de la Bourgeoisie possédante.

Car ce constat de carence ne se réduit pas aux cadres politiques, il est aussi le symptôme évident d’une décrépitude idéologique de l’opinion, car une nation a toujours un peu les « Élites » qu’elle mérite à un moment de son histoire.

Pourrait-il en être autrement dans une opinion profondément transformée ces dernières décennies par les Capitalistes qui contrôlent la richesse nationale ?

La société française, structurée depuis 1830 par sa Classe ouvrière industrielle, l’a vue se déliter durant le dernier demi-siècle, au gré des délocalisations organisées par sa Bourgeoisie. Cette société a été balayée par une authentique contre-révolution idéologique libérale, organisée grâce à un appareil médiatique omniprésent, d’une efficacité redoutable pour « fabriquer le consentement » (selon l’heureuse formule de Noam Chomski ).

C’est ainsi que l’opinion française a subi en quelques décennies un déclin massif des organisations de classe révolutionnaires et anti-impérialistes, au profit de réformismes divers, nourris de succédanés verbeux et irrationnels, wokiste ou « Verts », de la lutte de classe.

C’est par ces mécanismes d’aliénation de la pensée qu’on est parvenu au paradoxe des années 20 du 21éme siècle : une Nation française très majoritairement opposée à ceux qui la dirigent, mais incapable de s’organiser de façon cohérente pour basculer le Capitalisme qui la ravage, tant elle est engluée dans les fausses issues, racisme et xénophobie belliciste, criminalisation des mouvements populaires de libération nationale ou sociale, etc….

L’issue ?

Est-ce à dire que notre nation est définitivement condamnée au déclin, à la stagnation et aux reculs ?
Non !
Tant que des minorités militantes, même le dos au mur et peu influentes, sauront combiner lucidité et volonté de convaincre, entraîner aux luttes pour la paix et le bien-être quotidien ceux qui y ont intérêt et ne le savent pas encore.

En ce sens, l’initiative « Bloquons la France ! « du 10 septembre », unissant les citoyens révulsés par les régressions sociales envisagées par nos « Élites » est un début prometteur , qui devra se poursuivre et s’amplifier en luttes résolues de tous les prolétaires de France les semaines suivantes, pour la Paix et le Pain, comme on disait en 1936 !

Nous en serons !