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Grève massive dans le secteur de l’énergie
mercredi 3 septembre 2025 par FNME-CGT/Marie Toulgoat
Prévue depuis juin, soit avant les appels au 10 septembre. Le mardi 2 septembre, plus de 200 piquets de grève ont été recensés dans toute la France à l’appel de la CGT des entreprises des Industries électriques et gazières.
Un mouvement large sur des revendications ambitieuses
La FNME-CGT a déposé un préavis de grève reconductible à partir du 2 septembre dans 157 entreprises sur la base de trois axes revendicatifs majeurs :
- -l’abrogation de la réforme des retraites, qui prive tou·tes les nouveaux·lles embauché·es du régime pionnier des industries électriques et gazières (IEG) et modifie les droits de tou·tes ;
- -l’augmentation des salaires des électricien·nes et gazier·es (grilles des salaires, astreintes, échelons, minimum de pension…) ;
- -la baisse des factures d’énergie pour tou·tes les usager·es.
Un appel à l’écoute du terrain
La CGT a répondu à la volonté des travailleuses et travailleurs de partir en grève tou·tes ensemble en même temps, et les salarié·es ont été associé·es au processus dès le début. Une réunion d’information s’est ainsi tenue en ligne en direct le 1er septembre, réunissant plus de 4 000 connexions.
Cette stratégie a porté ses fruits : plus de 200 piquets de grève ont d’ores et déjà été recensés ce 2 septembre.
Élargir la lutte
Si ce mouvement est porté par la CGT des IEG (FNME-CGT) sur la base de ses revendications, elle n’est pas fermée à ce que les autres organisations syndicales le rejoignent.
Par ailleurs, la CGT n’oppose pas les dates du 2, du 10 septembre et du 18 septembre. Ces dates se complètent : « plusieurs feux, un même brasier » comme le dit son Secrétaire général.
Fabrice Coudour, secrétaire général de la FNME, ajoute que
« cette lutte sera menée jusqu’à la victoire », et que « le nombre sera le curseur de nos revendications ».
La radicalité par la masse.
FNME-CGT
Le grand coup d’envoi de la rentrée sociale sera cette année donné par les énergéticiens.
À partir de ce mardi 2 septembre, les agents d’EDF, d’Engie, d’Enedis et de toutes les industries électriques et gazières sont appelés à la grève et à la mobilisation par la FNME-CGT, majoritaire dans le secteur.
Plus de 200 lieux de mobilisation et piquets de grève ont été décomptés par la fédération syndicale, annonçant un mouvement suivi sur tout le territoire. Les agents de la centrale nucléaire de Gravelines (Nord), du site Enedis de Besançon (Doubs), des barrages hydrauliques du Jura-Maurienne (Savoie) ou encore du site de stockage de gaz Storengy à Cerville (Meurthe-et-Moselle) seront notamment mobilisés.
Si ces actions s’inscrivent dans un large mouvement de riposte contre le projet de rigueur orchestré par Emmanuel Macron et François Bayrou, c’est pour leurs rémunérations que les énergéticiens entendent se mobiliser.« Nos grilles salariales conventionnelles commencent 9 % en dessous du Smic. Les employeurs sont obligés de raboter les bas de la grille pour verser des rémunérations supérieures au salaire minimum », expose Stéphane Avonture, délégué syndical d’Engie thermique France.
Celui-ci dénonce une« échelle des salaires sciée par le bas », faussant le bon déroulement des carrières. Ainsi, en débutant leur parcours professionnel au quatrième échelon sur douze plutôt qu’au premier, un agent qui travaillerait toute sa vie dans l’entreprise subirait un gel de l’avancement pendant les six premières années et ne partirait à la retraite qu’avec 24 % d’ancienneté au lieu de 33 %. La situation passe d’autant moins aux yeux des énergéticiens qu’une négociation avait débuté avec les employeurs du secteur, conformément à ce qu’avait ordonné Élisabeth Borne, première ministre en 2023. Les discussions ont depuis été interrompues, à la demande des directions des industries électriques et gazières.
La FNME-CGT demande également une revalorisation du montant des primes d’astreinte, versées aux travailleurs mobilisés en dehors des heures de travail, toujours calculées selon l’échelon un, pourtant inférieur au Smic. Cette prime concerne par exemple les salariés des centrales nucléaires œuvrant à la maintenance la nuit, comme les travailleurs d’Enedis rétablissant le réseau après qu’une tempête nocturne a fait tomber des pylônes électriques.
« peser dans le sens du pouvoir d’achat »
Défenseure d’un service public de l’énergie, la fédération syndicale n’en oublie pas les usagers des industries électriques et gazières. Parmi les revendications des grévistes figure donc également le rétablissement de prix justes de l’énergie.« À chaque fois que nous réclamons des hausses des salaires, on nous oppose l’impact que cela pourrait avoir sur les factures. Or, nos analyses ont montré que la masse salariale ne compte pour rien dans le prix que les consommateurs payent, au contraire de ce que représentent les conséquences du marché de l’énergie et des taxes », assure Fabrice Coudour, secrétaire général de la FNME-CGT.
Ce 1er août en effet, la TVA appliquée sur l’ensemble des factures d’électricité et de gaz – abonnement et consommation comprise – a été rehaussée de 20 %, contre 5,5 % auparavant, selon une disposition de la loi de financement de 2025, adoptée par recours à l’article 49.3. Un non-sens pour les salariés du secteur, qui s’opposent à cette mesure injuste au cours de leurs mobilisations et demandent son abrogation.
La CGT soutient également une proposition de loi déposée par le groupe communiste au Sénat prévoyant le rétablissement de la taxe à son plus bas niveau, l’énergie étant selon les élus un bien de première nécessité.« Le pouvoir d’achat des Français et des petites entreprises est durablement frappé par les factures d’énergie. 13 millions de personnes aujourd’hui vivent en situation de précarité énergétique. Nous espérons que notre mobilisation permettra de peser dans le sens du pouvoir d’achat », poursuit Fabrice Coudour.
Pour le moment annoncée jusqu’au 4 septembre, la grève pourrait être reconduite dans la durée si les employeurs des industries électriques et gazières faisaient la sourde oreille devant la colère exprimée sur les piquets de grève. Voire continuer le 10 septembre, date du mouvement « Bloquons tout », né sur les réseaux sociaux d’un mécontentement largement partagé face à la rigueur austéritaire du gouvernement Bayrou.« Nous ne voulons pas nous approprier la colère citoyenne, mais nous créerons les conditions pour que les salariés de l’énergie puissent participer à cette journée », précise le secrétaire général de la FNME-CGT.
Marie Toulgoat/L’Humanité

