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Élections Présidentielles : Le Cameroun à la croisée des chemins

vendredi 10 octobre 2025 par Isabelle Essono

Dans quelques jours, le Cameroun jouera son avenir lors des élections présidentielles. Il y a 35 ans, je publiais dans Cameroon Tribune un article intitulé « Le retour du diable ». Trois décennies et demie plus tard, ce texte résonne avec une acuité glaçante : notre pays s’effondre, rongé par une misère rampante qui s’est installée dans nos vies comme une fatalité.

Nous continuons, pour beaucoup, à danser au rythme d’un pouvoir vidé de sa substance. Le RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) n’est plus qu’un simulacre, réduit à la figure d’un président omniprésent dans les discours, mais devenu spectre dans les actes.

Je ne suis pas médecin. Je suis journaliste, experte en communication. Je travaille encore, avec la même passion, mais dans un autre registre. Ce qui est pathétique, voire pathologique, c’est de voir un pays s’éteindre à petit feu. Je ne suis pas en Occident. Je suis en Afrique. Je voyage dans des nations où le mot « indépendance » n’a pas été vidé de son sens.

Indépendance du Cameroun : parlons vrai

« Le contentieux historique Cameroun – France » , que le Dr Daniel Yagnye Tom dénonce depuis des décennies, reste entier. 2025 n’a rien résolu. Sommes-nous sortis du cercle tragique ? Non.

– Qui a gagné la guerre d’indépendance ? La France.

– C’est elle qui a imposé, impose encore, sa loi aux Camerounais.

– Qui connaît les accords post-indépendance ? Presque personne.

Tout passe par l’euro et la Banque de France. Le CFA nous tient toujours en laisse. Nous avons été lessivés, par les Français, bien sûr (mes oncles), mais aussi par nous-mêmes. Depuis plus de 60 ans, notre histoire est falsifiée, notre mémoire confisquée.

Et maintenant, Emmanuel Macron veut transformer cette tragédie en événement culturel… avec notre bénédiction ? Faut-il applaudir pendant qu’on nous réécrit ?

La France des Lumières s’est bâtie sur le sang africain : esclavage, colonialisme, néocolonialisme. Au Cameroun, elle a mené une guerre qui a coûté la vie à près de 300 000 nationalistes, rebaptisés « maquisards » pour mieux effacer leur combat. Paris reste, encore aujourd’hui, la voix de son maître.

Une trajectoire émaillée par le tribalisme

Pendant des décennies, j’ai subi un tribalisme rampant au Cameroun. Les insultes, des insinuations vicieuses : « chauve-souris, Nkenkerou, asmodisia, cochon gratté, Agatha »1, ont souvent jalonné mon parcours. Ainsi, je ne me reconnais pas dans ce repli ethnique qui ne sert qu’une minorité, sous couvert d’un tribalisme savamment orchestré.

Ce qui sidère, c’est de voir certains s’accrocher à des élucubrations villageoises pour justifier la longévité d’un président africain. En vérité, cette longévité repose sur une mécanique bien huilée : l’accaparement des ressources publiques par une caste qui les détourne pour corrompre et écraser.

Dire cela ne fait pas de moi une opposante. Cela fait de moi une patriote lucide.

Un choix assumé, un engagement viscéral

Je suis Camerounaise par choix. J’ai obtenu mon baccalauréat en France, mais j’ai choisi de rentrer au Cameroun en 1983. J’ai étudié, travaillé 35 ans, fondé une famille dans mon pays. C’est pour mes enfants et pour la jeune génération que je prends la parole aujourd’hui.

Même ministre, je dénoncerais la déchéance actuelle du Cameroun. Nous sommes tous complices, à des degrés divers : passe-droits, trafics d’influence, tchoko2. C’est notre Cameroun. Francophones, anglophones… nul n’est innocent.

Pendant ce temps, les OTS3 et autres gagne-misères crient famine.

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