Le Manifeste

Un point de vue communiste sur l’actualité nationale et internationale

À l’exception de ceux signés « URC », tous les articles proposés sur ce site sont destinés à élargir notre champ de réflexion. Cela ne signifie donc pas forcément que nous approuvions la vision développée par les auteurs. L’utilisation des commentaires en fin d’article, permet à chacune et chacun de s’exprimer et de nourrir le débat démocratique.

Accueil |  Qui sommes-nous ? |  Rubriques |  Thèmes |  Cercle Manouchian : Université populaire |  Films |  Adhésion

Accueil > Repères et Analyses > Pourquoi le Hezbollah est-il entré en guerre pour soutenir Gaza ?

Pourquoi le Hezbollah est-il entré en guerre pour soutenir Gaza ?

vendredi 10 octobre 2025 par Sondos Al-Asaad

Le Hezbollah est entré en guerre pour soutenir Gaza dans un contexte plus large et cumulatif qui allait au-delà de la ferveur politique ou d’une émotion passagère.
Cette décision historique n’était pas une aventure irréfléchie, mais plutôt le fruit d’une lecture stratégique du paysage régional et de la position et du rôle du Hezbollah dans le conflit avec Israël depuis la guerre de juillet 2006, lorsqu’il a consolidé l’équation de dissuasion qui a empêché l’ennemi de lancer une agression à grande échelle contre le Liban pendant dix-huit ans.
Cependant, l’opération Al-Aqsa Flood a modifié l’équilibre et rouvert les questions fondamentales du conflit, faisant de la guerre contre le Liban une question de temps, quelle que soit la position du Hezbollah sur l’ouverture d’un front de soutien.

Dès les premières heures de l’opération du 8 octobre 2023, le Hezbollah a compris que ce qui se passait à Gaza n’était pas un événement passager, mais plutôt un séisme politique et militaire dans la région de l’Asie occidentale.

La rhétorique de Benjamin Netanyahu dès le début de la guerre a clairement révélé son intention d’exploiter Al-Aqsa Flood pour remodeler la région, un schéma qui s’est répété à plusieurs reprises par la suite.

Pour le Hezbollah, laisser Gaza affronter seul son destin équivalait à un péché politique, moral et éthique ; cela aurait été perçu comme un abandon de la cause palestinienne, qui est le fondement de son existence et de son identité depuis sa création.

C’est pourquoi la décision de rejoindre le front de soutien a été prise afin de préserver le principe et la crédibilité du discours de la Résistance devant son public et l’Axe de la Résistance en général.
Mais le motif religieux et moral n’était pas le seul facteur décisif ; le Hezbollah, qui surveillait depuis des années les transformations militaires et technologiques en Israël, était conscient que l’ennemi cherchait à lancer tôt ou tard une frappe préventive contre lui.

Les déclarations des dirigeants ennemis, de Galant à Eisenkot, ont confirmé que la discussion d’une frappe préventive contre la Résistance était déjà à l’ordre du jour dans les premiers jours qui ont suivi l’attaque Al-Aqsa Flood et que c’est l’intervention de Washington qui en a gelé la mise en œuvre.

En d’autres termes, l’implication du Hezbollah dans la guerre n’a pas été la cause de son déclenchement, mais plutôt un facteur déterminant dans son timing et sa forme.
L’ennemi israélien cherchait un prétexte, et non une justification, pour lancer une agression qu’il préparait depuis des années.

D’autre part, l’équilibre de dissuasion qui protégeait le Liban depuis 2006 avait peu de chances de durer longtemps après le séisme qui a frappé la sécurité nationale israélienne à Gaza.
L’image de l’« armée invincible » était ébranlée, le sentiment de menace israélien s’était accentué et des voix s’élevaient dans les colonies du nord pour exiger l’élimination de ce qu’elles appelaient la « menace libanaise ».

Le Hezbollah se trouvait alors confronté à deux choix difficiles : soit rester les bras croisés et observer le génocide à Gaza, soit ouvrir un front limité pour imposer une nouvelle équation.
Dans ses calculs sur le terrain, le Hezbollah a tenté dès le début de contrôler le rythme des combats afin qu’ils ne dégénèrent pas en une guerre totale, en s’attachant à épuiser l’ennemi sur le front nord sans élargir la portée de la confrontation.

Cette approche visait à éviter une explosion majeure tout en affirmant que le Liban n’était pas un spectateur passif, mais faisait partie intégrante de l’équation de la résistance.

Au fil du temps, le front de soutien s’est transformé en un véritable point de pression sur l’entité d’occupation israélienne, la forçant à redistribuer ses forces et ses ressources entre Gaza et le nord, ce qui a contribué à soulager une partie de la pression sur la résistance palestinienne.
Il est indéniable que la décision de participer n’a pas été sans coûts. Le Liban a supporté d’énormes charges économiques et sécuritaires, et ses régions méridionales ont été prises pour cible presque quotidiennement, faisant des centaines de morts et de blessés.

Néanmoins, le Hezbollah est resté fidèle à son choix, estimant que le coût de l’abstention aurait été plus élevé.

Son retrait aurait été interprété dans la conscience arabe et islamique comme une trahison, conduisant à une dangereuse fracture entre les factions de la résistance et peut-être même à des conflits sectaires, sur lesquels Washington et Tel-Aviv misaient depuis des années.
La participation à la guerre, malgré les lourdes pertes, a protégé l’unité de l’Axe de la Résistance et maintenu le drapeau palestinien haut dans la conscience publique.

Elle a également contrecarré, au moins en partie, les tentatives de l’ennemi israélien de dépouiller le Hezbollah de sa dimension nationaliste et islamique et de l’isoler politiquement.
Ainsi, le choix du soutien est devenu une position morale et historique, transcendant les limites de la politique actuelle pour atteindre le niveau de la conscience collective dans la région.
Le Hezbollah aurait pu choisir la neutralité, mais la neutralité dans un moment de génocide n’est pas une position, mais plutôt une complicité !

Le Hezbollah a considéré la bataille de Gaza comme le prolongement de sa propre bataille, et que défendre la Palestine revenait à défendre le Liban lui-même !

La guerre, qui était vouée à l’échec pour le Liban depuis l’opération Al-Aqsa Flood, n’était pas le résultat d’une décision libanaise, mais plutôt le résultat d’un déséquilibre des pouvoirs dans la région.

Confronté à un projet israélo-américain visant à remodeler l’Asie occidentale par la force, le Hezbollah a choisi d’affronter, plutôt que d’attendre son tour.

En ce sens, l’implication du Hezbollah n’était pas une aventure, mais un impératif historique imposé par la géographie, les principes et l’histoire, ainsi que par l’équation de l’existence.

Traduction JP avec DeepL


Voir en ligne : https://www.tehrantimes.com/news/51...

   

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.