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Israël défend la barbarie de ses soldats

lundi 3 novembre 2025 par Lubna Masarwa

Lorsqu’une vidéo montrant des soldats israéliens violant un prisonnier palestinien a fait surface la semaine dernière, l’indignation en Israël a été immédiate, mais pas à propos du crime.

Au contraire, la colère s’est dirigée vers la fuite.

La semaine dernière, Yifat Tomer-Yerushalmi a démissionné de son poste d’avocate de l’armée israélienne après avoir confirmé son implication dans la fuite d’images de vidéosurveillance provenant de l’intérieur du tristement célèbre camp de détention de Sde Teiman pendant la guerre génocidaire menée par Israël contre Gaza.

Sur les images, on pouvait voir des soldats israéliens lourdement armés attraper et emmener un prisonnier palestinien aux yeux bandés, avant de l’encercler avec des boucliers anti-émeutes pour dissimuler leur viol collectif.

L’homme palestinien, qui selon certaines informations aurait depuis été renvoyé à Gaza, a subi des blessures à l’anus, une rupture intestinale, des lésions pulmonaires et des côtes cassées.

Après la divulgation de ces images, Tomer-Yerushalmi, qui a passé toute sa carrière à défendre l’armée israélienne, s’est retrouvée harcelée par des politiciens de droite.

Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a critiqué l’avocate, affirmant qu’elle « avait agi contre nos soldats » et « collaboré à la divulgation d’informations antisémites ».

Pendant ce temps, les soldats impliqués dans le viol ont tenu une conférence de presse pour réclamer une indemnisation pour « atteinte à leur image ».

Dans un pays qui se targue constamment de respecter l’État de droit, cet épisode aurait dû susciter une remise en question morale. Au lieu de cela, il a révélé à quel point la déshumanisation des Palestiniens est profonde et à quel point la violence sexuelle et la torture sont devenues courantes dans les centres de détention israéliens.

Lors de leur conférence de presse devant la Haute Cour, les quatre soldats qui ont violé collectivement la Palestinienne se sont vantés d’être toujours en liberté.

Portant des cagoules, dans le but d’échapper à des poursuites devant la Cour pénale internationale (CPI), les hommes ont déclaré : « Nous vaincrons ».

« Vous avez essayé de nous briser, mais vous avez oublié une chose : nous sommes une unité de 100 personnes ».

Ils n’avaient pas honte.

Ils étaient enhardis.

Le message était sans équivoque : en Israël, même le viol peut être présenté comme un acte héroïque lorsque la victime est palestinienne.

Pendant ce temps, les dirigeants du pays ont fermé les rangs autour des auteurs.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a refusé de dénoncer l’agression. Au lieu de cela, il a qualifié la fuite d’« attaque de propagande peut-être la plus grave que l’État d’Israël ait connue depuis sa création ».

Il se souciait de l’image d’Israël, et non de l’homme brutalisé à l’écran.

Cette inversion morale n’est pas un échec isolé. Un rapport récent du groupe israélien de défense des droits humains B’Tselem, intitulé « Welcome to Hell » (Bienvenue en enfer), a documenté les abus systématiques dont sont victimes les détenus palestiniens depuis qu’Israël a lancé sa guerre contre l’enclave.

Cinquante-cinq anciens prisonniers ont décrit des passages à tabac, des privations de sommeil et des violences sexuelles.

Fadi Baker, 25 ans, se souvient que des soldats l’ont brûlé avec des cigarettes et lui ont attaché les parties génitales à des objets lourds.

Il a ensuite été laissé nu dans une cellule glaciale pendant deux jours, avec de la musique à plein volume. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a signalé la mort d’au moins 53 Palestiniens détenus par Israël depuis le début de la guerre.

Ces témoignages brossent le tableau d’un système de détention régi par l’impunité.

Même lorsque des preuves apparaissent, comme ce fut le cas l’année dernière dans les installations de Sde Teiman, où des soldats ont été arrêtés pour abus, les personnalités politiques se précipitent pour défendre les accusés.

Des membres d’extrême droite de la Knesset ont pris d’assaut des bases militaires, menacé des procureurs et accusé le corps juridique de l’armée de « trahir » la nation.

Les réseaux sociaux ont été inondés d’appels à « brûler » et « lapider » les fonctionnaires enquêtant sur les soldats.

Depuis qu’Israël a lancé son offensive sur Gaza, les abus sexuels et les tortures infligés aux Palestiniens se sont multipliés dans les territoires occupés, comme l’ont documenté à plusieurs reprises les Nations unies et les organisations de défense des droits humains.

Le prétendu statut d’« armée morale » de l’armée israélienne, sans parler de « l’armée la plus morale au monde », s’est avéré être une nouvelle tentative de relations publiques visant à dissimuler les crimes commis par Israël contre le peuple palestinien.

En Israël, la fuite de la vidéo a bouleversé les Israéliens plus que le crime lui-même.

Elle a révélé qu’Israël a perdu sa capacité à s’indigner moralement lorsque les victimes sont palestiniennes.

Source : Middle East Eye

   

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