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Equateur : la dernière trahision

Non au ‘Pack’ Néolibéral !

mercredi 16 octobre 2019 par investig’action

L’Équateur traverse actuellement sa crise politique la plus aigüe de la période récente. Le président Lenín Moreno a essayé d’appliquer un « pack » néolibéral, recommandé par le Fond Monétaire International, achevant ainsi sa trahison à la gestion de Rafael Correa (que Moreno avait promis de poursuivre).

En deux ans et demi de gouvernement, Moreno est devenu de plus en plus un allié de la droite nationale et étrangère, s’attaquant à des organismes d’intégration tels que l’UNASUR et soutenant la politique étrangère des États-Unis (en remettant par exemple Julian Assange). Mais même la répression ne parvint pas à mettre fin à la vague de rejet des mesures prises, obligeant finalement Moreno à abroger le désormais tristement célèbre « décret 883 ».

La mesure qui a déclenché la crise a été l’augmentation des essences et des carburants extra-pays et éco-pays, c’est-à-dire les trois carburants les plus utilisés en Équateur, subventionnés depuis plus de 40 ans.

L’essence est passée de 1,85 USD à 2,39 USD le gallon, tandis que le diesel est passé de 1,03 USD à 2,29 USD, soit une augmentation de 123%.

Le secteur des transports a immédiatement réagi à tous les niveaux : camions, taxis, autobus, transports scolaires et institutionnels ont paralysé et bloqué toute une nation, demandant l’abrogation de la mesure.

Mais cette annonce n’était que le début de toute une série de mesures approuvées par le Fonds Monétaire International y compris une série de réformes économiques et du travail qui réduiraient considérablement les avantages de la classe ouvrière.

Par exemple, le renouvellement des contrats occasionnels avec 20% de rémunération en moins et la réduction des congés des travailleurs du secteur public (de 30 à 15 jours) lesquels devraient de toute façon contribuer avec l’équivalent d’un jour de salaire. En revanche, les taxes sur les producteurs de bananes, qui comptent parmi les plus importants groupes économiques du pays, seraient baissées.

Le secteur étudiant a rejoint les transporteurs et plus tard le mouvement autochtone, dirigé par la Confédération des Nationalités Autochtones de l’Équateur (CONAIE), la même organisation qui avait le rôle principal en 2000 lors du renversement du président Jamil Mahuad, également mis en cause pour sa politique économique. Mobilisée dans l’ensemble du pays, la CONAIE a dirigé une marche regroupant des dizaines de milliers de personnes vers Quito.

Acculé mais ferme, Moreno a déplacé le siège du gouvernement à Guayaquil, répétant sans cesse qu’il n’allait pas revenir sur ses décisions tout en cherchant à blâmer quelqu’un d’autre pour ces dernières : le mécontentement populaire face au « pack » de mesures serait soi-disant un projet machiavélique de Rafael Correa et Nicolás Maduro avec l’aide des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) !

Toutefois, les Équatoriens ne sont pas tombés dans le piège et ont continué à se battre dans les rues de leur pays.

Face à cela, l’exécutif a déclaré "l’état d’urgence » sur tout le territoire pendant au moins 30 jours. Cette annonce a permis aux autorités d’accroître la présence policière et militaire (24.000 militaires et 5.000 réservistes), ce qui s’est traduit par une répression démesurée.

La réponse des forces de sécurité a fait 7 morts, 1340 blessés, 1152 détenus ainsi que la fermeture de médias. Mais la communauté internationale a décidé de garder le silence voire même de soutenir Moreno. Les ambassadeurs des États-Unis, du Canada et de plusieurs pays d’Amérique latine ont par exemple souligné la « prudence » avec laquelle la force publique a été gérée.

Pendant ce temps, les principaux médias ont choisi d’ignorer les manifestations ou de les criminaliser en traitant les manifestants de « parasites » ou de « criminels ».

Cependant, la violence croissante de l’État n’a pas réussi à arrêter les mobilisations. Le gouvernement a été obligé de s’asseoir à la même table que la CONAIE avec la médiation de l’ONU et de l’église, pour finalement abroger les mesures et les réviser. Les prochains jours seront décisifs pour déterminer l’issue de la crise, alors que Moreno voit sa position de plus en plus délégitimée.

Bien que l’Équateur soit l’un des pays les plus petits du continent, plusieurs enseignements peuvent être tirés des événements récents. Tout d’abord, ils montrent qu’une lutte organisée et déterminée aboutit à des résultats.

Ils viennent également démentir le mythe de la supposée fin du cycle progressif en Amérique latine. Les projets dans plusieurs pays ont été épuisés à cause de leurs propres contradictions et, dans le cas de l’Équateur, il faut rajouter la trahison de Moreno.

Cependant, les tentatives visant à ramener les peuples à l’obscurité néolibérale ont mis le feu dans la rue et ont été rejetées. En quelques années, les gouvernements qui ont viré à droite (Argentine, Brésil, Équateur) ont épuisé leur crédibilité. Il appartient aux peuples de maintenir l’unité dans la lutte et aux nouveaux dirigeants (ou ceux qui vont revenir) de dessiner un horizon plus audacieux.

Suite de l’article : Amérique latine - Non au ‘Pack’ Néolibéral !


Voir en ligne : https://www.investigaction.net/fr/a...

   

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