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Les plans de relance du capitalisme

mardi 9 juin 2020 par Charles Hoareau, Président de l’A.N.C

Nous avons eu l’occasion de dire et de redire ce que nous pensions du traitement par le pouvoir de la pandémie actuelle : nous n’y reviendrons pas. De ce point de vue notre appel Pandémie : lucidité et détermination, lancé au lendemain de la mise en place du confinement, est pour nous pleinement d’actualité.
Pour faire face aux conséquences de leurs choix en matière de santé et à la crise qu’elle a entrainée, le gouvernement français et ses alliés européens ont prévu de créer en 3 étapes, 2 grands dispositifs qui concernent particulièrement la France. Il y a donc eu dans l’ordre :
- La loi de finances rectificative du 19 mars de 300 milliards, déjà opérationnelle
- Le plan Merkel /Macron du 18 mai de 500 milliards
- Le projet de plan de relance européen du 27 mai de 750 milliards s’appuyant sur la proposition franco-allemande et qui reste à finaliser en juin.

Autant le dire tout de suite, aucun de ces 2 plans, qui sont des remèdes bien pire que le mal, ne nous semble défendable et si l’ANC avait des élus à l’assemblée nationale ou au parlement européen nous aurions voté contre chacun de ces deux plans.
Tout d’abord pour une raison bien simple : les deux plans s’appuient sur l’impôt c’est-à-dire, en l’absence de confiscation des profits ou de toute autre mesure de large appropriation sociale des grandes entreprises, sur des mesures qui vont être quasi exclusivement financées par les contribuables et en particulier celles et ceux qui ont les revenus les plus bas.

Le vote incroyable du parlement français le 19 mars

Concernant le plan français du 19 mars il est d’ailleurs incroyable qu’il ait été voté à l’unanimité par les députés ce qui fera dire au président de l’Assemblée Nationale : « Nous montrons l’union et l’unité nationales en votant ce texte à l’unanimité. »
C’est d’autant plus incroyable que même si on admet qu’il faille en passer par l’impôt « citoyen » (sic !) la discussion a bien montré que non seulement le gouvernement annonçait que sur 300 milliards seuls 2 iraient à l’hôpital mais qu’en plus, malgré les questions posées sur ce sujet précis à plusieurs reprises par plusieurs députés, personne n’a pu savoir si ces hypothétiques 2 milliards seraient bien dépensés et pour quoi faire.

De même dans la discussion le gouvernement s’est opposé à toute mesure, même symbolique de taxation des grandes entreprises ou des grandes fortunes et de ce fait, pour nous communistes, voter ce plan est une position indéfendable.
On ne peut qu’engager celles et ceux qui veulent en savoir plus à aller sur le lien ci-dessus qui renvoie à l’intégralité des débats parue sur le site de l’Assemblée pour en avoir le cœur net.

Dans la situation actuelle, on peut attendre d’un état qu’il intervienne pour éviter que la crise sanitaire se double d’une crise économique et sociale, mais on ne peut accepter que les recettes proviennent de nos seuls impôts avec tout ce que cela veut dire comme recul des conditions de vie. En plus dans un pays où la part des salaires dans le PIB ne cesse de baisser depuis des décennies ce qu’analyse y compris l’OCDE, pourtant organisme international du capital, et où les entreprises du CAC 40 ont réalisé à elles seules près de 80 milliards de profits en 2019, soit en une année plus du quart du plan gouvernemental.
Ce vote unanime est encore moins tenable quand on voit comment des grands groupes ont profité et comptent bien encore profiter de la situation pour nous faire payer leur crise.

Le plan européen et l’absence d’opposition ferme du GUE.

D’abord, et ce n’est pas qu’une question de forme, on ne peut que constater qu’avec la 1ère étape de ce plan qui reste à finaliser, est revenu l’axe franco-allemand, reléguant les autres pays de l’union, au rang de puissances de seconde zone : bonjour le respect des peuples et de leur gouvernement !
De plus, en passant à 750 milliards le plan européen ne fait pas assaut de solidarité mais fixe à ce montant, le prix à payer pour, comme l’a dit Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, assurer « la sauvegarde du marché unique comme la première priorité ». Pour le moment (et en l’attente des débats de juin) il n’est pas prévu que ces sommes soient financées par une quelconque ponction sur les entreprises mais uniquement par un recours à l’emprunt donc à terme par des politiques d’austérité.
Et le fait que ce soit l’UE qui fasse l’emprunt en lieu et place des états ne change rien à l’affaire. Cela veut simplement dire, puisque cet emprunt devra être remboursé, que les états contributeurs vont être sollicités en proportion de leur contribution. La France étant le 2ème pays contributeur, les contribuables de France, quelle que soit leur nationalité, seront aux premières loges du remboursement de cet emprunt.

Dans ces conditions on ne peut qu’être en désaccord avec Manon Aubry (FI) pour qui « Tout n’est pas à jeter, notamment l’embryon de solidarité européenne que vous allez créer. »
Solidarité entre plus ou moins pauvres d’un pays à l’autre alors que le capital a prévu de ne rien verser et de nous faire payer la crise ?
Sur ce point précis elle semble en contradiction avec Jean-Luc Mélenchon qui, parmi, les raisons de ses désaccords, pointe le fait que la dette sera payée essentiellement par les pays du sud de l’Europe.
Cela n’enlève rien à la joie de Stéphane Séjourné (LREM) pour lui : « Il s’agit au contraire d’un plan keynésien d’investissement sur le long terme. »

Soyons clairs, le keynésianisme [1] théorie dont on assiste au retour à la mode chez un certain nombre de dirigeants politiques censés être de notre camp, n’est pour nous qu’une politique d’aménagement du capitalisme, et dans le cas précis un plan financé par nous…

Les médias ne s’y sont pas trompés qui dès l’annonce de ce plan ont spéculé et spéculent encore sur les impôts nouveaux à venir…
Et ce n’est pas une éventuelle taxe sur les GAFA qui ferait le compte. Elle pourrait rapporter tout au plus 10 milliards par an : 75 ans de remboursement !!!

Et que dire de la position du PCF/PGE qui, dans la lignée de sa position au parlement français salue le fait dans ses propositions pour l’UE que « le concept de « transition juste » que promeut la Confédération Syndicale Internationale (CSI) combine la transition écologique et la protection sociale. » (sic !)

La solution est dans nos luttes

Devons-nous le redire ? En régime capitaliste croissance ne rime pas automatiquement avec emploi, progrès social et mieux vivre mais au contraire, s’il n’y a pas lutte des travailleurs, en se développant «  le capital épuise l’homme et la nature » (Marx). La croissance a été très forte en France jusque dans les années 80 est-ce pour autant qu’il n’y avait pas d’exploitation ? Les seuls droits que nous avons eus ils ne sont pas dus à la croissance capitaliste mais aux conquis des luttes de celles et ceux qui nous ont précédés. Comme le dit le PTB : « Plutôt qu’un plan qui risque de faire payer les travailleurs de l’Allemagne à l’Espagne, il nous faut un plan qui fasse contribuer les grandes multinationales et les multimillionnaires européens ».

Plus que jamais pour les communistes, l’heure n’est ni à « saluer » des plans capitalistes, ni à se résigner à des compromis au nom d’un dialogue social qui est la version contemporaine de la soumission à des hommes et des femmes qui s’arrogent le droit de posséder les richesses que nous produisons et qui comptent bien, comme le souligne l’OIT pas connue pour ses positions marxistes, priver de tout revenu 1,6 milliards d’êtres humains dans le monde.

Si nous ne voulons pas que le monde du travail paie la crise du capital, il nous faudra être à la pointe des luttes pour arracher le progrès et l’appropriation sociales à une classe dominante qui n’a su montrer que sa nocivité y compris en faisant clairement le choix de l’argent au détriment de la santé de l’humanité.

Pour le conseil national de l’ANC


[1De l’économiste anglais John Maynard Keynes mort en 1946 et partisan d’une intervention de l’état pour que le capitalisme qu’il ne remettait pas en cause soit amélioré.

   

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