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Que nous disent les sondages en 2019 ?

lundi 28 octobre 2019 par Francis Arzalier (ANC)

Les sondages d’opinion ont pris dans la société française contemporaine une importance parfois démesurée. Une partie des politiciens professionnels, à commencer par notre Président-monarque et sa Cour, les consultent et les manipulent à satiété, pour tenter de regonfler leur cote en berne.
Car si le procédé est d’ordre scientifique, issue des calculs de probabilités, leurs résultats peuvent être massivement manipulés, par celui qui finance et formule les questions, et publie les réponses qui lui donnent raison.

Tout sondage apporte néanmoins des indications sur l’idéologie et les mentalités d’une société donnée, à une date donnée. Encore faut-il les analyser sans à priori, en tenant compte des différences de classe, de revenu, d’éducation, etc.

C’est avec ces précautions que l’on peut aborder le sondage IFOP publié dans le numéro des 13,14 et 15 septembre 2019 par le quotidien L’Humanité, sous le titre " Dans la tête du peuple de gauche " ! !

Rejetons d’emblée les présupposés de lecture des journalistes, qui s’évertuent à démontrer que " la Gauche " existe dans l’opinion française, malgré ses déboires électoraux, et qu’elle peut rebondir aux élections municipales si elle sait s’unir. Cette réaffirmation de la défunte et catastrophique " Union de la Gauche " avec un PS et des Verts convertis au Libéralisme, aux privatisations, a causé le désastre actuel du PCF et de la CGT, elle ne peut donc certainement pas être la solution !

Ce qu’ils ne disent pas de l’opinion française.

Restons-en donc à l’analyse des réponses aux questions posées par l’IFOP : " Trouvez-vous positif ou négatif le concept exprimé par les mots suivants ? "
Questionnement légitime pour juger de l’état de l’opinion, puisque toute idéologie transite par des concepts et les mots qui les portent. Encore faut-il en analysant ces réponses ne pas oublier que les mots sur lesquels portent les questions ont des sens contradictoires, suivant qui les emploie. Cet usage faussé des mots est même l’une des méthodes favorites de nos fabricants d’opinion libéraux, dans les médias contrôlés par le Capital et ses idéologues.

Ainsi du concept et du mot "Démocratie",qui signifie a l’origine, " le pouvoir du peuple ", un idéal de société dans laquelle les citoyens égaux entre eux choisissent et contrôlent leurs dirigeants. Un idéal auquel on aspire plutôt qu’une réalité, car la Grèce d’il y a deux millénaires qui l’a inventé ne l’a jamais réalisé : la " Démocratie athénienne" comptait autant d’esclaves au statut d’animal domestique que de citoyens, dont les uns étaient riches et les autres fort peu. Depuis deux mille ans, jusqu’à nos jours, des hommes et des femmes, en France et ailleurs, luttent pour cet idéal, et parfois meurent pour lui.

Mais le troupeau libéral des fabricants d’opinion, en rangs serrés derrière Macron et ses rivaux politiciens de gauche et de droite, ont une autre acception du mot et du concept, qu’ils nous assènent tous les jours en discours et images. Selon eux, les démocraties comme notre bienheureuse France, que l’on disait autrefois "Monde libre", sont définies par le pluripartisme politique, le pluralisme en matière de médias, et la liberté de posséder et commercer.

Sauf que cette liberté des possesseurs du Capital leur donne droit d’exploiter ceux des citoyens qui n’ont que leur travail pour vivre, et que le droit de changer d’élus ou de médias n’est guère efficient quand ils pensent tous la même chose. Selon cette version, la démocratie se réduit à l’inégalité capitaliste, et à un Parlementarisme qui n’a plus rien de représentatif, une caricature de l’idéal premier. Mais le rabâchage médiatique au service du Pouvoir libéral a réussi à le transformer en postulat massivement accepté par l’opinion française.
Tout enquêteur d’opinion sérieux sait donc à quel point la réponse est faussée, quand une énorme majorité de Français dit avoir une opinion positive du mot " démocratie ", sans dire exactement ce qu’il signifie. L’article de l’Humanité n’a d’ailleurs pas osé en faire état. Cette ambiguïté sémantique qui vide de toute signification les pourcentages recueillis ne concerne pas que ce concept...

Ainsi, faut-il se féliciter de voir parmi " les mots les plus appréciés des personnes de gauche " et des Français en général (83/100 et 81/100) le mot " Liberté " : Liberté de faire quoi et en faveur de qui ? De penser et de publier ? De tirer profit du labeur de son salarié ou son esclave selon les " lois du Marché " ? De détruire la réputation par une campagne calomnieuse, voire la vie, de qui nous gêne ? La liberté des tueurs en série, jusqu’à présent, est corsetée par la loi, et c’est heureux pour la survie de la société, qui ne peut fonctionner sans règles contraignantes. La loi peut imposer les volontés de Pouvoirs prédateurs, ou au contraire incarner les conquêtes sociales ou politiques d’un peuple.

La "liberté" est ce que la Philosophie rationnelle nomme un concept creux, qui ne prend sens qu’accolé à un qualificatif signifiant, une réalité, positive ou négative. Rien d’étonnant donc à voir "la liberté " (la leur, pas celle des autres) jugée positivement par presque tous, du criminel a l’altruiste. Une question pour rien, scientifiquement parlant...

Bien d’autres éléments questionnés dans le sondage souffrent de la même ambiguïté : Les concepts " Solidarité " et "Égalité" recueillent l’approbation d’une forte majorité de Français… Pour les interrogés, ces mots signifient ils la même loi pour tous ou l’égalité de fortune ?
Le premier est-il une approbation de l’action charitable, qui n’a jamais suprimé l’injustice sociale, ou un accord de combat entre ceux qui luttent contre l’inégalité sociale tout autour du globe ?

La même ambiguïté enlève toute signification précise à la question sur " le Socialisme ", jugé positif par seulement la minorité des Français (44/100) et par 68/100 de ceux qui s’estiment de gauche. Mais s’agit-il de l’économie Socialiste, ordonnée par la propriété collective des grands moyens de production, ou des Partis socialistes, convertis aujourd’hui aux vertus du Capitalisme ?

Ces quelques exemples parmi bien d’autres doivent inciter à beaucoup de prudence vis à vis des sondages et ce qu’on leur fait dire en leur conférant une autorité scientifique imméritée.

Est-ce à dire qu’ils ne disent rien méritant l’attention ?

Ce qu’ils disent de la France et du Monde

On peut au contraire y trouver des indices formels de l’évolution des mentalités, d’une période à une autre. Ainsi quand on constate le succès de certains thèmes cultivés par Les médias contrôlés par le Capital et ses hommes : Le "Libéralisme", est une valeur positive pour 53/100 des interrogés, et 43/100 de ceux qui se disent " de gauche".
Et parallèlement, le mot-concept "Communisme" "est totalement discrédité, avec 19/100 de jugements positifs en général et 31/100 pour les interrogés de gauche.
"Grève, Mouvements Sociaux " recueillent 45/100 d’approbation en général, et 60/100 "à gauche", chiffres moins élevés de façon révélatrice que ceux alloués à "l’Entreprise", vue comme un groupe de gens, salariés et actionnaires, ayant les mêmes intérêts.
D’autant que "Les Syndicats" sont, eux aussi, remisés à 43/100 d’opinions favorables, donc une majorité d’opinions négatives.

En fait, ces quelques éléments sont un symptôme du tsunami libéral qui submerge et imprègne l’idéologie, les mentalités et les comportements des Français depuis une génération. Cette contre-révolution culturelle libérale qui a succédé à l’effondrement de l’URSS et des mouvements et partis communistes et progressistes dans le monde. Pour le faire apparaître, il faudrait pouvoir comparer ces chiffres de 2019 avec ceux obtenus en 1950, quand le mot "communisme" évoquait encore pour la majorité des Français l’idéal qui avait vaincu le Nazisme.

Des opiums pour les peuples

On peut ajouter à ces signes évidents de la contre-révolution libérale dominante en France en 2019, les nouveaux " Opiums du peuple ", propagés épisodiquement par les campagnes médiatiques, maintenant que les religions ne peuvent plus jouer ce rôle, au gré des puissants.

Durant des mois, ce fut la lutte pour l’égalité des sexes déviée en guerre des sexes, entre les mâles tous suspects de viols, et les femmes toutes victimes en quête de réparation financière. C’est maintenant cette nouvelle mystique, qui transforme la peur des lendemains d’exploitation et de guerres possibles chez des foules affolées, en catastrophisme " écologiste " irrationnel, et les amène à scander en chœur "le climat, la planète", en sautillant comme un cabri ignorant le couteau du boucher (l’Impérialisme) qui menace de les égorger.

" En un an ", estime le Directeur adjoint de l’IFOP, "la lutte contre le chômage (- 14 points) a été éclipsée par la lutte contre le changement climatique (plus 9 points)".

Quel sera le prochain thème racoleur offert en pâture a l’opinion par les médias ? Tout, en fait, peut quelque temps servir "d’opium ", pourvu que cela fasse un instant oublier les vrais responsables du délabrement social, et la lutte de classe, seule capable d’y mettre un terme.

Ce phénomène régressif de l’idéologie et des comportements n’a pas concerné que le peuple français. En novembre 1964, Che Guevara, représentant la nouvelle Révolution cubaine, intervenait devant l’Assemblée Générale de l’ONU, avec flamme, pour dénoncer l’Impérialisme et le Capitalisme.
Un demi-siècle après, le 23 septembre 2019, c’est la gamine suédoise promue en icône médiatique de "l’écologie" Greta Thunberg, qui tance les dirigeants mondiaux assemblés à l’ONU, pour n’avoir pas encore sauvé le climat. " Vous avez brisé mes rêves !", clame cette enfant qui a échappé à l’école. Et ces démagogues réunis l’applaudissent hypocritement, heureux de se faire humilier par une adolescente qui n’a jamais manqué de rien. Paris valait bien autrefois une messe, l’occultation par un dérivatif des crimes qui parsèment le globe vaut bien de se faire un peu insulter par une fillette qui fait le tour du monde accompagnée d’une armada aéroportée de courtisans pour prêcher la planète sans CO2....

La peur de l’enfer ne marche plus, celle de l’apocalypse climatique la remplace. Ce discours qui annonce la fin du monde proche, en punition des pêchés des hommes, est directement inspiré des prêches des charlatans évangélistes, venus des États Unis d’Amérique, pour annoncer leur punition sur terre à tous ceux qui refusent leur sort.

Éloge du militant

Face à ce maelström idéologique, les obstinés qui persistent à organiser les luttes populaires, ont d’autant plus de mérite à le faire qu’ils sont souvent le dos au mur, confrontés à l’océan de l’incompréhension, aux sables mouvants de l’apolitisme et du refus de l’organisation.
Et ils doivent résister aux coups distribués par l’adversaire libéral, dans ses diverses livrées politiciennes, celles de Marine Le Pen et Macron, celles de Droite et celles de Gauche et du Centre, des Verts ou des Jaunes...

Ils n’ont pour eux que la fierté du devoir accompli, ce qui n’est pas rien en ces temps où tout s’achète et tout se vend, Et le bonheur d’avoir été " au service des spoliés de la terre ", selon la belle formule du résistant antifasciste Jean Nicoli, assassiné en 1943 par les occupants mussoliniens de la Corse.
Ils n’acceptent pas d’être comme des feuilles mortes, ballotées au vent de l’histoire et au gré des modes, de penser frileusement comme la majorité versatile autour d’eux, parce qu’on l’a dit à la télé, ou sur face-book. Il leur arrive de se tromper, notamment quand le découragement l’emporte. Mais ils sont " le sel de la terre ", selon la formule biblique, les germes de l’avenir qui ne s’est jamais écrit sans eux.

Oui, la morale communiste existe toujours, et elle est une dimension irremplaçable de l’aspiration à un monde, à une nation plus juste. Car cet objectif ne pourra être atteint sans l’avant-garde militante, seule capable, sans en tirer le moindre avantage personnel, d’organiser les luttes populaires.

Avec pour seuls motifs un "impératif catégorique " de justice et d’égalité entre les hommes et entre les peuples. Le contraire, exactement, de ces politiciens professionnels qui n’ont en vue que les avantages du Pouvoir, et qui se sont discrédités à juste titre. Et le contraire aussi des bons apôtres du repli sur soi, de l’égoïsme pour lequel l’individu se réduit à ses pantoufles, des coléreux irréfléchis qui se condamnent à l’impuissance, en niant l’organisation collective, en clamant une liberté qui n’est que le meilleur moyen de se résoudre au statu-quo.

   

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