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Les grands courants du marxisme

vendredi 6 novembre 2020 par Charles Hoareau

Les militantes et militants que nous sommes constatent une grande multiplication d’organisations se réclamant de la « gauche » même si ce terme a largement perdu de sa pertinence aujourd’hui. On entend parler de différents courants dont ces organisations se réclament. Pour limiter le propos nous allons nous en tenir aux grands courants de pensée qui, dans la foulée de Marx et Engels et de leur manifeste du parti communiste paru en 1848, vont se dessiner (et souvent se déchirer) à partir de la création de la 1ère internationale en 1864.
Ils ont en commun de poser la question de la propriété collective et donc de s’opposer aux détenteurs de capital. Nous n’aborderons pas les courants qui ont ensuite dérivé vers ce qu’on appelle la social-démocratie (PS en France, parti démocrate en Allemagne, parti travailliste en Angleterre…) qui sont au marxisme ce que le canada dry est au whisky…

Anarchie :

*L’anarchisme est une philosophie politique qui défend une vision d’une société humaine sans hiérarchie, et qui propose des stratégies pour y arriver.

L’objectif principal de l’anarchisme est de renverser l’ordre social, par nature autoritaire et d’établir un système sans dirigeants ni dirigés. Mais renverser l’ordre social ne signifie pas être en faveur du désordre social. Les anarchistes défendent la socialisation des moyens de production, mais par contre certains suggèrent à travers la mutualisation des « possessions » individuelles le respect de la petite propriété privée. Ce fût la position défendue par Pierre Joseph Proudhon dans la deuxième partie du 19e siècle. Marx s’y opposera radicalement dans son fameux pamphlet « Misère de la philosophie » en réaction à l’ouvrage de Proudhon « Philosophie de la misère ».

*L’anarchisme est donc une vision politique, sociale, philosophique. Celle-ci conteste toutes formes d’autorité, de contraintes ou de mise sous tutelle que cela soit celle d’un état, d’un gouvernement, d’une église, d’un parti ou d’un individu. Le but est de développer une société sans domination et sans exploitation ou les hommes coopèrent entre eux dans une démarche autogestionnaire.

Pour cela, l’anarchisme propose une société basée sur la solidarité et l’égalité ou l’on doit trouver une complémentarité entre la liberté de chacun et celle de la collectivité. Il ne s’agit pas de résoudre les antagonismes, les contradictions des membres de la société mais de trouver les moyens de les associer, de les harmoniser, de les faire coopérer entre hommes et femmes, libres et conscients.

On trouve trois courants au sein du mouvement anarchiste :

  • 1-« insurrectionnel », elle fédère les mouvements organisés ou les « individualistes » qui veulent détruire le système autoritaire avant de construire. Ils sont les partisans de ce que l’on appelle « la propagande par le fait », concrètement la violence, par les attentats contre des monarques des hommes politiques, les grands bourgeois, mais également par« la reprise individuelle » (la bande à Bonnot). Très influent au début du 20e siècle en Russie, en France, en Italie et aux USA, ils suivent principalement les théories de l’action directe des anarchistes russes comme Bakounine, Kropotkine.
  • 2-« l’anarcho-syndicalisme », il vise à faire du syndicat et de la classe ouvrière, les principaux artisans du renversement de la société capitaliste, et les créateurs de la société future. De nombreux dirigeants syndicalistes français, fondateurs de la CGT sont issus de ce courant historique : P. MONATTE (l’un des fondateurs de la Vie Ouvrière), B. FRACHON, G. MONMOUSSEAU. Plus tard, avec la révolution russe et la création du jeune PCF et de la CGT- U, la lutte politique se radicalisera entre anarchistes et communistes.
  • L’anarcho-syndicalisme a joué un rôle très important en Italie, aux USA, au Mexique (Emiliano ZAPATA) mais surtout en Espagne avec la Confédération Nationale du Travail (CNT, qui subsiste aujourd’hui y compris avec une structure internationale) qui joua un rôle important pendant la guerre civile espagnole en 1936, notamment dans la défense de Barcelone et Madrid à travers l’action héroïque de la fameuse colonne Durruti nommé après Buenaventura DURRUTI qui fut un prestigieux dirigeant anarchiste espagnol. Autre figure importante à noter, celle associée à la révolution russe avec l’anarchiste Nestor MAKHNO qui en Ukraine créa des soviets dans plusieurs régions et mis en place la socialisation des terres et leur répartition entre producteurs. Il combattit les armées blanches tsaristes aux côtés de l’armée rouge puis se retourna contre celle-ci. Trotski, créateur et chef de l’armée rouge, écrasa la révolte de Makhno et de que l’on a appelé la « makhnovchtchina ».
  • 3- « l’anarchisme par l’éducation » Dans cette démarche, les anarchistes privilégient la préparation à tout changement radical par une éducation libertaire, une culture formatrice, des essais de vie communautaire, la pratique de l’autogestion et de l’égalité des sexes, etc. Ce modèle est proche des théories à la fin du 19e siècle de l’italien MALATESTA et du grand géographe et pédagogue Élisée RECLUS, communard de la première heure aux côtés de Louise Michel qui d’ailleurs n’était pas anarchiste mais blanquiste.

Anarchistes et Marxistes jouèrent un rôle important à l’origine de la 1re internationale des travailleurs (AIT) fondée en 1864 à Londres. Les anarchistes français sont alors influencés par Pierre Joseph PROUDHON. Celui-ci était à l’origine un prolétaire authentique, autodidacte, philosophe, homme politique. Proudhon eut un ascendant important, bien que ses thèses donnassent lieu à des controverses. Beaucoup d’anarchistes se divisèrent et adopteront des positions en rupture avec Proudhon, par la défense de positions collectivistes.

Au tout début du socialisme naissant et après avoir été alliés Marx et Proudhon vont s’affronter radicalement. Leurs désaccords portent essentiellement sur le rôle de l’état et de la dictature du prolétariat et celui de la propriété.

Pour Proudhon si selon sa formule « la propriété c’est le vol », il s’agit en fait de mettre en cause la propriété de « droit divin ». Cela le conduit à faire l’apologie du petit propriétaire lorsque dit-il la propriété est liée à l’usage par exemple celui du petit fermier qu’il nomme « la possession » en opposition à « la propriété » du grand propriétaire terrien, aristocrate ou autre. Il n’est donc pas question pour Proudhon d’abolir la propriété mais de permettre son usage de manière plus égale dans un souci d’équité.

Paradoxalement, il tient sur la valeur et la plus-value un discours qui met en cause l’exploitation capitaliste. Sur le plan du contrôle ouvrier dans la production il défend les idées d’une organisation et d’un contrôle des travailleurs à caractère corporatiste.

Sur d’autres sujets les positions de Proudhon sont souvent jugées conservatrices. Ainsi, Proudhon est antisémite, il s’oppose à l’abolition de l’esclavage. Enfin pour lui la place de la femme n’est pas à l’usine mais au foyer. Convaincu de leur infériorité ils les pensent incapables « de produire des idées » « elles n’accèdent au verbe précise-t-il que par la médiation de l’homme. »

Si Proudhon participe à la révolution de 1848, il deviendra par la suite député de la seconde république, mais sera plus tard emprisonné à cause de ses écrits.

Incontestablement, il a joué un rôle important et influent dans le développement de l’anarchisme en particulier dans le mouvement syndical naissant. Ainsi Emile POUGET un des dirigeants du courant des syndicalistes révolutionnaires dans la CGT proche de MONATTE se revendiquait de Proudhon. On continue à considérer Proudhon comme « le père de l’anarchisme ». C’est les divisions entre anarchistes et communistes sur la nation, le rôle et la structuration des organisations et la notion de passer par le socialisme par pays, qui aboutira à l’explosion de la 1ère internationale en 1876.

Trotskisme :

C’est une pensée politique et une action inspirée par Léon Davidovitch Bronstein dit TROTSKI. Elle était censée s’opposer à l’idée de socialisme dans un seul pays, à ses débuts au socialisme par étapes (les fronts populaires) et à la bureaucratie au sein du parti communiste de l’URSS (nomenklatura). Sujets qui sont tous associés par le mouvement trotskiste à la personnalité de Staline et à l’URSS.

Trotski est le partisan de « la révolution permanente » dont le concept fût en fait introduit par Marx et Engels. Cette idée s’oppose à l’idée de révolution par étapes. Elle doit prendre toute sa dimension à travers la nécessité de poursuivre le processus révolutionnaire, quand celui-ci n’est pas directement conduit par le prolétariat mais par une fraction de la bourgeoisie, des intellectuels ou encore dans les pays du 1/3 monde par des forces s’appuyant sur la paysannerie comme on l’a vue en Chine et dans une certaine mesure à Cuba.

Trotski compagnon proche de LENINE au même titre que d’autres révolutionnaires russes est souvent présenté comme l’interprète et le continuateur de la pensée de celui-ci. La réalité est tout autre ! Avant la révolution, Trotski oscille entre ces deux courants du POSDR (parti ouvrier social-démocrate de Russie), que sont les mencheviks (la droite) et les bolcheviks (la gauche). Trotski est issu du courant de gauche des mencheviks. Ces derniers s’opposent à la stratégie et la tactique de Lénine de prise du pouvoir et recherchent des alliances avec tout ou partie de la bourgeoisie.

Trotski se ralliera finalement aux bolcheviks en 1917 et jouera un rôle déterminant dans le déclenchement de la révolution d’octobre. Il accède à la direction du nouveau parti communiste qui se met en place et au gouvernement où il sera à l’origine de l’armée rouge. Il s’opposa à Lénine puis s’y rallia dans la négociation de la paix avec les puissances étrangères à Brest Litovsk qui avaient agressé militairement la jeune Russie soviétique. Trotski avait une personnalité controversée. Il était considéré comme un brillant orateur et organisateur mais également comme une personne autoritaire, ambitieuse, narcissique, méprisante. Il fut aussi partisan de la terreur comme on le verra entre-autre dans la liquidation de la révolte des marins de Kronstadt ou celle des troupes de l’anarchiste Makhno en Ukraine.

Paradoxalement et contrairement à une idée répandue, la proximité de Trotski avec Staline et Lénine sur de nombreux sujets essentiels était pourtant réelle. Ce fût le cas surtout de la NEP en 1921(la Nouvelle Politique Economique) qui introduisit dans le système soviétique une certaine libéralisation de l’économie par une politique de compromis avec le capital et une partie de la bourgeoisie.

Bien avant la mort de Lénine en 1924, Trotski a organisé au sein du parti communiste où existaient les tendances, le fractionnisme à travers ce que l’on a appelé « l’opposition de gauche ». Il s’agissait essentiellement d’une bataille pour le pouvoir au sein de la direction du parti qui à ce moment était aux prises avec les graves problèmes de santé de Lénine conséquence d’un attentat et aussi d’une congestion cérébrale. Cette activité fractionniste de Trotski culminera après la disparition de Lénine et conduira à son expulsion du gouvernement puis à son exclusion du parti en 1927. Son refus de la discipline du parti et son caractère personnel finirent par desservir Trotski et ses proches.

Après son expulsion de l’URSS, Trotski va séjourner dans plusieurs pays dont la France, puis s’établir au Mexique ou il fût finalement assassiné en 1940.

A la veille de la seconde guerre mondiale il devient un partisan des alliances avec les partis sociaux-démocrates, ou partis socialistes opposés aux PC dans leur pays respectifs. Ce fût le cas en Allemagne, ou les sociaux-démocrates qui avaient joué un rôle dans l’assassinat de Rosa Luxembourg et de Karl Liebknecht dirigeants communistes, se montraient complaisants à l’égard de la répression anti communiste par les nazis. Ailleurs, il incita ses partisans à adhérer aux Partis socialistes et à y créer des tendances.

Le trotskisme comme mouvement international s’est développé à travers la 4e internationale. Trotski la met en place en 1938 en opposition à la 3e internationale qui fédérait tous les PC à travers le monde. La base politique de ce mouvement est une hostilité radicale à l’URSS et à la personnalité de Staline. Il s’en suit un combat à leurs yeux prioritaires des organisations trotskistes contre les PC existants. Quitte au besoin à pratiquer des alliances de circonstances avec l’adversaire de classe. Par la suite la 4e internationale s’est elle-même divisée et a éclaté en plusieurs fractions opposées les unes aux autres, dont notamment : le Lambertisme, le Pablisme, le Morenisme, le Posadisme, etc. Chacune d’elles ont donné naissance internationalement à des formations politiques différentes dans de nombreux pays, mais se combattant souvent entre elles.

En France le trotskisme s’organise à partir de 1934. Sur instructions de Trotski, ses militants doivent renoncer à la création d’un nouveau parti communiste et rejoindre le Parti Socialiste en s’organisant en fraction à l’intérieur de celui-ci. C’est la tactique de « l’entrisme ». Mais très vite et à partir de là vont commencer les scissions entre les différents groupes qui ne partagent pas cette orientation. Les exclusions définitives ou provisoires vont se multiplier. Souvent les différents groupes ne comptent qu’un nombre très limité de militants, certains groupuscules vont disparaître et parfois renaître sous d’autres appellations.

En France les organisations trotskistes les plus connues sont.

*Lutte ouvrière : longtemps familière à travers la personnalité d’Arlette LAGUILLER. LO est issu d’un de ces courants du trotskisme d’avant-guerre créé par David KORNER dit « Barta » : l’Union Communiste Internationaliste dont les dirigeants furent exclus du Parti Socialiste.

LO a une indiscutable base de masse, comme l’ont prouvé plusieurs élections présidentielles et une influence parmi de jeunes ouvriers et employés, les enseignants. Elle est implantée dans le mouvement syndical principalement à la CGT à FO et à la FSU où elle pratique la tactique de l’entrisme souvent avec succès. Ses militants occupent souvent des responsabilités importantes dans les entreprises. LO milite pour la formation d’un parti communiste en France et n’est pas affilié à la 4e internationale.

*Le NPA (nouveau parti anticapitaliste) qui a succédé à la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) est lui aussi le résultat d’une des nombreuses batailles internes du mouvement trotskiste. A l’origine de la LCR il faut remonter à l’année 1944 et à la création par Pierre FRANCK du Parti communiste internationaliste (PCI). En 1969 à sa fondation, la LCR est le résultat de la fusion du PCI et de la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR) qui joua un rôle important parmi les étudiants pendant les évènements de mai juin 68 et dont une partie des dirigeants sont issus de l’Union des étudiants communistes, (organisation dépendante du PCF et de la jeunesse communiste). Parmi eux, A. KRIVINE, Jeannette HABEL. La LCR était membre de la 4e internationale- secrétariat unifié ou elle jouait un rôle important. Elle s’est opposée aux courants Lambertiste et Pabliste (Michel PABLO) partisans de l’entrisme au PS ou au PCF. La ligne majoritaire qui était suivie dans les années 70 était considérée comme guevariste.

Jusqu’en 2009, la LCR adopte une position critique contre la social-démocratie et le social libéralisme depuis l’arrivée de Mitterand au pouvoir avec le soutien du PCF et la participation de celui-ci au gouvernement. Dans le même temps plusieurs scissions vont intervenir au sein de la LCR puis du NPA et conduire certains dirigeants vers le PS, c’est le cas de Henri WEBER et de Gérard FILOCHE. A partir de 2002, la participation de la LCR aux élections présidentielles avec Olivier BESANCENOT va marquer une évolution significative au sein du rapport des forces à gauche puisqu’il obtient plus de voix que le PCF en 2007. L’addition des voix de Laguiller et Besancenot allant jusqu’à totaliser presque 10%.

Le NPA va succéder à la LCR en 2009. Il n’est officiellement pas trotskiste et cherche à fédérer des organisations qui se réclament de l’anti-capitalisme. Il fait le choix d’un programme de transition, d’une 6e république et d’une rupture avec le capitalisme avec un pouvoir ouvrier. Le NPA est très impliqué sur des questions sociétales : environnement, féminisme, LGBT, antiracisme.

Ces dernières années son affaiblissement est notoire, les divisions et démissions se sont multipliés, certains de ses anciens dirigeants ont rejoint également le PCF comme Christian PIQUET. Par contre il faut noter récemment le résultat significatif de Philippe POUTOU, militant de la CGT chez Ford à Bordeaux et ancien candidat du NPA aux présidentielles. Il a dépassé aux élections municipales les 10% en 2020 à Bordeaux.

* Le Lambertisme : en référence à Pierre BOUSSEL dit Lambert. Il fût une des figures importantes du trotskisme international, en particulier depuis la rupture de 1953 au sein de la 4e internationale dont les lambertistes seront exclus. Lambert sera associé à ses débuts à Pierre Franck et Raymond Molinier au parti communiste internationaliste (PCI) après son exclusion du Parti socialiste d’avant-guerre. Il va jusqu’à rechercher à ses débuts l’entrée dans le parti fascisant de Marcel Déat, puis est exclu du PCI . Il va ensuite pendant la 2e guerre mondiale et à l’époque de la résistance au fascisme préconiser « le défaitisme révolutionnaire ». A la libération après avoir rejoint une nouvelle formation trotskiste, il est élu membre du Comité Central de la 4e, jusqu’à la rupture de 1953.

Militant syndicaliste il rejoint FO (à sa mort Marc Blondel lui a rendu un hommage remarqué), il créé l’OCI (organisation communiste internationaliste) qui débouchera sur la création du Parti des travailleurs et la mise en place d’un important réseau international que l’on peut vérifier au Brésil où les lambertistes militent et occupent d’importantes responsabilités au sein du PT de LULA ou de la CUT, ou encore en Algérie à travers le parti de la députée Louisa HANOUN.

Ensuite le Parti des travailleurs a muté en Parti ouvrier indépendant (POI) puis à la suite de nouvelles exclusions une partie de ses dirigeants ont constitué le Parti ouvrier indépendant démocratique.

Le lambertisme s’est aussi fait connaître par son entrisme au PS dont plusieurs dirigeants en sont issus comme Lionel JOSPIN, Jean-Christophe CAMBADELIS ou encore Jean-Luc MELENCHON dirigeant la France Insoumise. C’est aussi le cas sur le plan syndical où plusieurs dirigeants nationaux de FO et de la FSU sont connus comme lambertistes. Internationalement, il faut noter que plusieurs lambertistes ont joué un rôle au sein de l’AFL-CIO et en relais à la CIA pour déstabiliser plusieurs confédérations syndicales dans le monde sur une base anticommuniste.
L’évolution et le fonctionnement du mouvement trotskiste, ses divisions, scissions, exclusions confirment le point de vue de Lénine qui aimait à dire « deux trotskistes peuvent faire un parti et trois une scission ».

Marxisme-léninisme

Comme son nom l’indique ce courant se situe dans la continuation de la pensée de Marx et de Lénine. C’est globalement le courant historique des partis communistes et ouvriers du monde et c’est dans ce courant de pensée que se situe l’ANC. Marx étant le penseur qui est à l’origine du mouvement communiste et qui met ses idées en oeuvre dans la création et l’animation des deux premières internationales, alors que Lénine lui va être confronté à la mise en pratique des théories de Marx dans l’exercice du pouvoir et sa relation au parti dans le contexte particulier de la Russie. Lénine explique dans Que faire ? (1902), l’importance, pour conduire une révolution, d’un parti strictement organisé selon les principes du centralisme démocratique, notion qui veut qu’à tous les échelons du parti (entreprise, localité, région, nation) ce soit la majorité qui décide, principe de fonctionnement que Lénine définit comme l’alliance de la « liberté de discussion » et de l’« unité d’action ». Pour les marxistes-léninistes, la bataille idéologique est telle qu’il est nécessaire d’avoir une structure porteuse d’une réflexion collective pour y résister. C’est donc un tout à la fois :

  • - Une prise en compte du matérialisme dialectique.
  • - L’affirmation de la supériorité de la pensée collective qui va faire de cette organisation une organisation d’avant-garde (à ne pas confondre avec un parti guide qui aurait raison tout le temps, sur tout et qu’il faudrait suivre aveuglément).
  • - L’affirmation de la nécessité d’une organisation pour faire vivre la démocratie interne. A noter que cette organisation peut prendre dans l’esprit de Lénine, des formes différentes selon l’évolution des événements et qui vont amener par exemple le PCUS, à un moment donné de son histoire, à préconiser l’existence de tendances en son sein pour permettre l’expression de débats nationaux au-delà des structures locales
  • - L’affirmation que le socle du parti est la cellule, lieu de la mise en pratique de la théorie révolutionnaire par sa confrontation au réel qui en retour enrichit la pensée du parti tout entier.

Dans L’État et la Révolution, rédigé durant la révolution russe, Lénine aborde la question de l’État et du gouvernement sous la dictature du prolétariat. Ce mot qui a pu paraître connoté signifie dans l’esprit des marxistes-léninistes qu’une révolution (et encore plus un processus électoral) ne peuvent suffire pour garantir le pouvoir au peuple. La bourgeoisie ne s’avoue jamais vaincue et tentera par tous les moyens de reprendre le pouvoir afin de satisfaire des intérêts particuliers. Le cas du Venezuela et de la Bolivie sont illustratifs aujourd’hui. Il faut donc s’assurer que le pouvoir du peuple ne sera pas remis en question.

Dans Matérialisme et empiriocriticisme (1909), Lénine affirme la nécessité de « l’esprit de parti en philosophie Pour Lénine, le matérialisme dialectique permet de faire de la représentation en général un reflet de la réalité objective : la pensée humaine est par conséquent capable d’atteindre « la vérité absolue qui n’est qu’une somme de vérités relatives ». Lénine conçoit la pensée marxiste comme étant elle-même d’essence scientifique, le matérialisme ne pouvant qu’être confirmé par les sciences.

En 1921, Lénine fait voter, lors du Xe congrès du Parti communiste, une résolution selon laquelle « le marxisme enseigne que seul le parti politique de la classe ouvrière, c’est-à-dire le Parti communiste, est en mesure de grouper, d’éduquer et d’organiser l’avant-garde du prolétariat et de toutes les masses laborieuses ». C’est une évolution par rapport à Marx qui n’a jamais été confronté à l’exercice pratique du pouvoir. C’est ce qui explique que dans l’histoire les partis au pouvoir qui se réclamaient du léninisme aient défendu la notion de parti unique.

STALINE est le premier à donner une définition synthétique du « léninisme », qu’il définit comme « le marxisme de l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne. Plus exactement : le léninisme est la théorie et la tactique de la révolution prolétarienne en général, la théorie et la tactique de la dictature du prolétariat, en particulier ».

Fidel CASTRO se situe dans la continuation du marxisme léninisme en ayant la volonté de l’adapter à la réalité de Cuba. Il est à noter que Che GUEVARA dont il est de bon ton de diffuser une image romantique opposée à celle du bureaucratisme stalinien disait : « il faut regarder Staline dans le contexte historique dans lequel il évolue […] dans ce contexte historique particulier […] Je pense que les choses fondamentales sur lesquelles Trotsky s’était basé étaient erronées et que son comportement ultérieur était mauvais et ses dernières années étaient même sombres. Les trotskistes n’ont rien apporté au mouvement révolutionnaire »

« Le maoïsme »

C’est le nom qu’on a donné en Occident au courant d’idées issu de la pensée de Mao ZEDONG, dirigeant de la Chine de 1954 à 1976. C’est en fait une interprétation qu’en a faite ceux qu’on a appelé La bande des Quatre. On peut le définir comme une lecture très rigoureuse, voire figée, du marxisme-léninisme et marqué par une volonté de s’en tenir strictement aux principes initiaux de la mise en œuvre du marxisme en Russie tout en prenant en compte la réalité de la Chine. Selon Mao et les dirigeants du PC chinois cela impose de passer directement du féodalisme au socialisme sans passer par l’étape de la bourgeoisie c’est ce que le PC chinois a appelé Le Grand Bond en avant. Le maoïsme est aussi la théorie des 3 mondes (impérialiste, pays développés vassaux de l’impérialisme et pays en voie de développement et les non-alignés). Théories que le PC chinois abandonnera au nom du principe de réalité.

A la lecture de ce qui précède on ne sera pas étonné que la matrice de création de la FI, au-delà du fait qu’il reste à vérifier qu’elle soit réellement sur des bases de rupture avec le capitalisme (Mélenchon affirmant qu’il est keynésien), se situe dans ce courant trotskiste en ce sens qu’elle est en soi plus dans l’entrisme dans le mouvement populaire que dans l’organisation structurée dont elle va même jusqu’à nier l’importance du mandat collectif représentatif par la théorisation du tirage au sort.

En ce qui concerne le PCF qui fut historiquement issu du courant marxiste-léniniste difficile de le situer aujourd’hui. Sa direction nationale, quels que soient les débats internes qui la traversent et semblant plus relever de la posture que du débat de fond, parait bien plus keynésienne que révolutionnaire. Ainsi ne se prononce-t-elle plus pour les nationalisations ce qui fut son combat jusqu’aux années 80. Sur le plan théorique le PCF a abandonné le concept de dictature du prolétariat pour le remplacer par le concept vague de dépassement du capitalisme et sur celui de l’organisation il a abandonné le centralisme démocratique et la notion de cellules en particulier à l’entreprise premier lieu de l’exploitation capitaliste, pour les remplacer par une forme d’organisation où la question du lieu de décision est posée en permanence de manière souvent conflictuelle et abolit la notion de discipline et donc de cohérence au point d’apparaître souvent illisible comme en témoignent non seulement les stratégies électorales à géométrie variable mais aussi le récent vote sur le plan sanitaire gouvernemental.

Au terme de ce rapide historique, on l’aura compris, même si des débats peuvent paraître datés et hors de propos aujourd’hui, ils ne le sont pas autant que ce que l’on pourrait le croire.
Davantage que sur les buts dont les grandes lignes (expropriation capitaliste, principe d’une propriété collective des moyens de production et d’échanges, pouvoir du peuple et révolution permanente…) semblent partagées, c’est plus la question de la stratégie d’ensemble qui divise ces courants.

Au premier rang des divisions il y a la conception de l’organisation et son rapport au mouvement de masse. Les marxistes léninistes, dans la conception qu’en a l’ANC, vont insister sur l’importance de l’organisation, afin qu’elle soit toujours le lieu d’expression et de décision de la pensée collective. Elle est composée d’instances représentatives élues pour un temps donné et renouvelable à chaque assemblée générale ou congrès. Chaque membre élu doit rendre compte de l’exécution du mandat que le collectif lui a confié et pour lequel il ou elle a été élu-e. Elle suppose une discipline d’organisation qui veuille que l’individu accepte la décision majoritaire à condition que celle-ci intervienne après que tous les termes du débat aient été posés. Le vote étant « la dernière extrémité » et la culture du débat un mode nécessaire de vie.

Merci à Jean Pierre PAGE pour son aide sur ce cours.
Bibliographie :
Que faire ? - L’état et la révolution - Matérialisme et empiriocriticisme LENINE
Les amalgames de Trotsky GROVER FURR
Staline Histoire et critique d’une légende noire DOMENICO LOSURDO
De la pratique – Servir le peuple – Organisez-vous ! : MAO ZEDONG
Principes élémentaires de philosophie : GEORGES POLITZER

   

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