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Grève massive des métallurgistes en Afrique du Sud

Un exemple à suivre ...

samedi 9 octobre 2021 par Patrick Martin

Plus de 150.000 travailleurs de la sidérurgie et de la métallurgie se sont mis en grève mardi en Afrique du Sud. Ils exigent des employeurs des augmentations de salaire substantielles et ils jurent de débrayer jusqu’à ce qu’ils atteignent cet objectif. La grève n’est pas une protestation d’un jour ou limitée, mais illimitée, et elle vise une augmentation immédiate des salaires de huit pour cent cette année, et l’inflation plus deux pour cent pour chacune des deux années suivantes.

Le premier jour de grève, appelé par le Syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud (National Union of Metalworkers of South Africa – NUMSA), a revêtu un caractère festif. Des milliers de travailleurs, portant des chemises rouges, ont envahi les rues de Johannesburg et d’autres villes lors de puissantes manifestations.(Voir photo)

Les événements de mercredi ont démontré la gravité de la confrontation de classe qui a commencé. À Boksburg Nord, à 50 kilomètres à l’est de Johannesburg, des agents de sécurité privés ont ouvert le feu et blessé par balle un travailleur en grève, qui a été transporté dans une clinique médicale locale. La police a déclaré enquêter sur un cas de tentative de meurtre. Aucune arrestation n’a été effectuée, mais la police a confirmé la fusillade et que la victime « se trouvait parmi les personnes portant des T-shirts Numsa ».

À Booysens, au sud de Johannesburg, un groupe de travailleurs a manifesté devant une usine et la police a ouvert le feu avec des balles en caoutchouc. Au moins un travailleur a dû être amené à l’hôpital pour que l’on soigne ses blessures. La police a déclaré qu’elle renforçait les gardes de sécurité de l’usine lorsque les travailleurs ont refusé les ordres de se disperser.

Une autre confrontation a eu lieu à Krugersdorp, à 80 km à l’ouest de Johannesburg, mais aucun coup de feu n’a été tiré sur les grévistes, selon les médias.

Les grévistes étaient actifs dans cinq des neuf provinces d’Afrique du Sud, et des marches et des piquets de grève ont été organisés partout. La grève devrait s’étendre à un total de 300.000 travailleurs lorsque d’autres travailleurs des usines concernées, y compris certains syndicats alliés à NUMSA, se joindront à eux.

Les travailleurs réclament une augmentation de 8 pour cent la première année (le taux d’inflation officiel des prix à la consommation était de 4,9 pour cent en août 2021), suivis d’augmentations de l’inflation majorée de 2 pour cent pour les deuxième et troisième années de tout accord. Si le taux d’inflation du pays se maintient à environ 5 pour cent par an, cela reviendrait à 22 pour cent sur trois ans.

La Fédération des industries de l’acier et de l’ingénierie d’Afrique du Sud (SEIFSA) a répliqué avec une offre de 4,4 pour cent pour 2021, l’inflation plus 0,5 pour cent en 2022 et l’inflation plus 1 pour cent en 2023.

La grève a été effective à presque 100 pour cent dans les aciéries et les usines métallurgiques de tout le pays.

Le directeur général de la National Association of Automotive Component and Allied Manufacturers, Renai Moothilal, a averti que l’industrie automobile serait bientôt touchée. « Nous demandons instamment aux parties de sortir rapidement de l’impasse et prévenir les dommages à long terme et les éventuels arrêts de production pour les véhicules assemblés en Afrique du Sud et à l’étranger », a-t-il déclaré à Reuters.

L’industrie automobile emploie directement 110.000 travailleurs en Afrique du Sud et représente près de 7 pour cent du produit intérieur brut (PIB) du pays. L’industrie sidérurgique est la plus importante d’Afrique et, avec la métallurgie, elle représente près de 15 pour cent du PIB du pays, soit quelque 44 milliards de dollars.
Le plus grand producteur d’acier est ArcelorMittal d’Afrique du Sud, la division locale du géant mondial.

La grève des sidérurgistes et métallurgistes est la première depuis 2014, lorsque les travailleurs avaient fait grève pendant quatre semaines et avaient eu un impact important sur l’économie sud-africaine.

Les travailleurs de l’acier et de la métallurgie seront renforcés jeudi par des millions de travailleurs participant à une grève d’une journée appelée par le Congrès des syndicats sud-africains (COSATU), afin de faire pression sur le gouvernement du Congrès national africain (ANC) concernant ses politiques économiques.

La grève d’un jour est un effort du COSATU pour laisser les travailleurs se défouler dans ce qui est clairement un mouvement croissant de la classe ouvrière sud-africaine. Le pays a été secoué par de vastes émeutes en juillet, déclenchées par l’emprisonnement de l’ancien président Jacob Zuma, mais elles étaient motivées par la colère croissante de la classe ouvrière face à l’inflation, la pandémie de coronavirus et des décennies de promesses non tenues par le régime nationaliste bourgeois de l’ANC.

Le secrétaire général du COSATU, Bheki Ntshalintshali, a déclaré que l’objectif de la grève était d’exiger « que les décideurs politiques et les dirigeants du secteur privé agissent de manière urgente pour mettre fin aux attaques dirigées contre les travailleurs. Tant le secteur public que le secteur privé minent de manière flagrante la négociation collective ».

Le chef du COSATU s’est plaint que les entreprises qui avaient reçu des incitatifs financiers du gouvernement dans le cadre de sa réponse à la pandémie de COVID « empilaient ou exportaient de l’argent hors du pays » au lieu de l’investir en Afrique du Sud.

Le COSATU fait partie du gouvernement contre lequel les travailleurs font grève jeudi, aux côtés de l’ANC et du Parti communiste sud-africain. En 2020, une manifestation similaire d’une journée avait rassemblé trois millions de travailleurs, mais cette année, d’autres fédérations syndicales ont refusé de se joindre au COSATU pour cette grève d’une journée.

La grève des sidérurgistes et métallurgistes témoigne des relations sociales et économiques explosives qui caractérisent l’Afrique du Sud post-apartheid, le pays le plus industrialisé du continent.

L’ANC, depuis son arrivée au pouvoir en 1994, représente une couche corrompue de la bourgeoisie et de l’élite petite-bourgeoise noires aux dépens des masses de travailleurs et de pauvres. Le régime applique les diktats des multinationales, notamment par la répression violente de la classe ouvrière, comme en témoigne le massacre de Marikana en 2012, lorsque la police a assassiné 34 mineurs de platine en grève.

L’Afrique du Sud a l’un des niveaux d’inégalité des revenus les plus élevés au monde.
Les 20 pour cent les plus riches de la population s’approprient plus de 68 pour cent des revenus.

(Article paru en anglais le 7 octobre 2021)


Voir en ligne : https://www.wsws.org/fr/articles/20...

   

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