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Preuve de la guerre hybride à la frontière entre la Pologne et le Bélarus

jeudi 11 novembre 2021 par Alessandro Avvisato

La crise des migrants se poursuit à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, où des centaines de personnes campent dans des conditions difficiles alors qu’elles tentent d’entrer dans l’Union européenne.
Mais alors que le temps se refroidit, les tons s’échauffent de part et d’autre avec un langage de plus en plus belliqueux qui reprend le vocabulaire des guerres hybrides (auxquelles nous renvoyons les nombreux articles publiés dans notre journal, ndlr) récemment inaugurées à l’OTAN mais aussi à Bruxelles....

La crise actuelle a éclaté après qu’une colonne de migrants originaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, espérant obtenir l’asile de Varsovie, sont arrivée à la frontière biélorusse-polonaise lundi.

Selon les estimations polonaises, près de 4 000 personnes restent à la frontière, le groupe le plus important étant massé près du poste frontière de Kuznica-Bruzhi. On pense que 10 000 autres migrants se trouvent ailleurs au Belarus et se dirigent vers la frontière pour tenter d’entrer dans l’UE.

La Pologne a déployé des policiers et des troupes supplémentaires, ainsi que des équipements de surveillance électronique, car des migrants ont tenté de franchir la frontière, coupant les fils barbelés et abattant les arbres de la clôture.

Mais, selon un observateur comme Matteo Villa, de l’Ispi (Istituto Studi Politica Internazionale), le problème à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne est "amplifié" pour des raisons politiques, car les migrants qui font pression pour entrer dans l’UE sont en réalité des centaines, tout au plus 2 500 selon les estimations les plus élevées.

"Des chiffres facilement gérables" - dit Villa dans une interview à Adnkronos - "les autorités polonaises ont dit en octobre qu’il y avait entre 15 000 et 30 000 tentatives de passage de la frontière, mais elles ont compté les mêmes personnes qui ont essayé plusieurs fois de passer la frontière".

Selon l’expert d’Ispi, l’affaire permet à la Pologne, le pays qui s’est le plus heurté à Bruxelles ces derniers mois, de "jouer une carte" avec l’Union européenne, en se comportant comme la Turquie d’Erdogan il y a quelques années, c’est-à-dire en misant sur le fait qu’elle défend ses frontières contre une vague de migrants et en demandant de l’argent pour cela.

Le renforcement militaire aux frontières de la Pologne a été critiqué par les autorités biélorusses, le président Lukashenko condamnant les actions de Varsovie. Il a rejeté les accusations selon lesquelles il aurait de quelque manière que ce soit "attaqué" la Pologne, insistant sur le fait qu’il n’était pas "fou" de chercher un conflit au milieu de l’Europe, car il pourrait facilement devenir incontrôlable au moindre "faux pas".

L’Union européenne, à son tour, a réitéré ses accusations à l’encontre des dirigeants biélorusses d’"armer" la migration, un porte-parole de la Commission européenne ayant déclaré que le comportement de Loukachenko était celui d’un "gangster" et qu’il prenait les migrants en otage.

"Cela fait partie de l’approche inhumaine et véritablement gangster du régime de Loukachenko, qui ment aux gens, abuse des gens... et les amène au Belarus avec la fausse promesse d’avoir une entrée facile dans l’UE", a déclaré le porte-parole européen.

Auparavant, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait exhorté les membres de l’UE à introduire de nouvelles "sanctions étendues" à l’encontre du Belarus en raison de la crise actuelle.

De hauts responsables polonais sont allés encore plus loin, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki déclarant que les migrants massés à la frontière n’étaient pas des demandeurs d’asile légitimes, mais des "boucliers humains" délibérément amenés par Minsk pour "déstabiliser" ses voisins et l’ensemble de l’UE.

Frontière Belarus/Pologne

De plus, selon les dirigeants polonais, l’"attaque hybride" en cours (et c’est ici que le nouveau langage de guerre de l’OTAN sur les "guerres hybrides" entre en jeu, ndlr) est en fait mise en scène par le président russe Vladimir Poutine, avec Loukachenko comme pourvoyeur de la prétendue politique "néo-impériale" de la Russie.

"La dernière attaque de Loukachenko, qui est devenu un auteur, mais avec Poutine comme directeur à Moscou, montre la détermination dans le scénario de la reconstruction de l’empire russe", a déclaré le premier ministre polonais.

La Pologne est même allée jusqu’à invoquer l’article 5 de l’OTAN, s’estimant " agressée " par les migrants qui franchissent la frontière.

S’adressant à la presse, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié la situation à la frontière d’"extrêmement tendue", accusant les pays de l’UE de traiter les réfugiés traversant la Pologne depuis le Belarus différemment des migrants précédents.

"Il y a une catastrophe humanitaire imminente mais vous pouvez voir de la réticence des collègues européens à montrer leur engagement envers leurs valeurs européennes." Selon M. Peskov, les nations de l’UE ont prêché leurs valeurs à d’autres pays, "en parlant des idéaux les plus élevés de l’humanisme, mais cette fois, il semble qu’il n’y ait pas une telle volonté."

Frontière Pologne/Belarus

Nous pouvons voir ci-dessous quelques photos de groupes de migrants pressant les frontières de divers pays européens. Franchement, il est difficile de dire que la situation à la frontière avec le Belarus est différente de ce que nous avons déjà vu aux frontières de la Turquie, de la Grèce, de la Bulgarie, de la Hongrie, de la Bosnie ou, pire encore, des lagers libyens où sont emprisonnés les migrants rejetés ou ceux qui attendent d’être vendus aux trafiquants d’êtres humains et embarqués sur des barges en Méditerranée.

Confinement en Libye
Frontière Bosniaque
Frontière Grèce/Bulgarie
Frontière Turquie/Grèce

La situation des migrants aux frontières entre le Belarus et ses voisins européens s’est incontestablement détériorée ces derniers mois, après que Minsk a annoncé qu’elle cesserait de refouler les personnes tentant de rejoindre l’UE en représailles aux sanctions imposées par le bloc (ce dont Erdogan, par exemple, a souvent menacé).

Bruxelles a toutefois affirmé que le Belarus avait délibérément stimulé artificiellement le flux de migrants, une accusation que Minsk a toujours démentie. Depuis le mois d’août, plusieurs personnes tentant de franchir la frontière sont mortes des deux côtés, selon les autorités polonaises.

Atteindre l’Europe n’a jamais été facile pour ceux qui fuient le Moyen-Orient déchiré par la guerre, entre le risque constant de se noyer en essayant de traverser la Méditerranée ou d’être tué et gelé dans les forêts des Balkans. Mais l’impasse en Europe de l’Est semble avoir ouvert une nouvelle route, plus sûre, pour les migrants vers le nord.

11 novembre 2021

Avec l’autorisation de nos camarades italiens, traduction JP avec DeepL


Voir en ligne : https://contropiano.org/news/intern...

   

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