Au Salvador présidentielle et législatives : des résultats très inquiétants et pas seulement pour le Salvador

Venu de la gauche, il fut membre du Front Farabundo Marti de Libération Nationale, mais il a été exclu du FMLN et fondé son parti Nuevas ideas, une fois qu’il eut gagné les élection en utilisant l’étiquette d’un parti de centre droit.

Sa politique économique est néolibérale. Aucune politique visant à combattre la pauvreté, les inégalités et l’absence d’accès aux services publics de base n’a été mise sur pied au cours du premier mandat de Nayib Bukele. La pauvreté a augmenté entre 2019 et 2022, plus de la moitié de la population ne mange pas à sa faim et le Salvador présente, en 2023, le taux de croissance économique le plus bas d’Amérique centrale.

Il a fait du Bitcoin, la monnaie virtuelle, une monnaie nationale plaçant le Salvador à l’avant-garde d’un débat mondial sur le rôle des monnaies numériques dans les économies nationales. Malgré le scepticisme du FMI et des autres institutions internationales. Le deuxième mandat de Bukele sera sans doute décisif sur ce plan.

Il entretient d’excellentes relations avec les Etats-Unis et il fut parfois comparé à Donald Trump. Mais il se rapproche également de la Chine avec laquelle il a développé de très importants projets économiques.
En revanche il est très hostile à Maduro, à Cuba ou aux Palestiniens.

Il se présente comme pragmatique, "non idéologique", de gauche et de droite, il est d’ailleurs appelé dans la presse internationale comme un "nouveau Macron"...
C’est dire.

Il n’hésite pas à faire preuve d’autoritarisme se vantant d’être "le dictateur le plus cool du monde". Pour faire passer des mesures qui lui tenaient à cœur il n’hésite pas à faire envahir l’Assemblée par l’armée.

Mais il est parvenu, malgré le fiasco de sa politique sociale, à conserver un soutien de masse dans le pays malgré des position ultra-réactionnaire contre l’avortement, même en cas de viol, contre le mariage homosexuel.

Grâce à son action contre les gangs qui pourrissaient la vie des Salvadoriens un des pays le plus dangereux de la planète. Par, sans doute, des accords secrets avec certaines mafias et une violente répression contre les autres (75.000 personnes arrêtés) il est parvenu à juguler l’insécurité même si les résultats de sa politique restent incertains puisque les journalistes ont interdiction de donner les résultats des statistiques sur l’état de la société salvadorienne.

Des écologistes sont mis en prison, des journalistes s’exilent. Le Salvador vit sous régime d’exception. Un Etat d’urgence permanent. Sa politique très répressive envers le crime organisé voit le taux d’homicide au Salvador passer de 51 pour 100 000 en 2018, avant son arrivée au pouvoir, à 2,5 pour 100 000 en 2023 : c’est le socle de sa popularité.
Du moins officiellement puisque la publication des chiffres sont trafiqués par le pouvoir.

Reste que le soutien de masse est réel. Et qu’il interroge.
Que la démagogie fonctionne lors d’une première élection est concevable, que le même parvienne à refaire le coup une deuxième fois et même à améliorer ses résultats est plus inquiétant d’autant qu’il n’a réglé aucun des problèmes sociaux gravissimes du Salvador.

La gauche (FMLN) et la droite classique (ARENA) sont marginalisées avec environ 6% des voix chacune.

Un schéma qui, on l’a déjà dit ici, est le rêve de la bourgeoisie et pas seulement pour le Salvador.
C’est exactement le projet de Giscard, "2 Français sur 3", de Juppé, avec son image de" l’omelette", et de Macron.

Si cela échoue c’est grâce à une gauche puissante ou du moins incontournable, pesant sur la vie nationale. Aujourd’hui c’est grâce aux 22% de Jean Luc Mélenchon et aux résultats de la NUPES.

Conserver et surtout développer, agrandir, renforcer la gauche de gauche est le seul barrage sérieux à cette vague d’extrême-droite qui contamine tant de pays.