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L’Afrique du Sud saisit à nouveau la Cour internationale de justice après les premiers signes de famine à Gaza

vendredi 8 mars 2024 par Stéphanie Maupas

D’après le journal Le Monde...
Pretoria demande aux juges de La Haye d’ordonner à Israël et au Hamas de mettre fin à leurs combats. Dans une première décision, rendue fin janvier, la CIJ s’était contentée d’enjoindre à Israël de ne pas commettre d’actes génocidaires.

Mourir de faim à Gaza n’est plus un « risque » mais une réalité, écrit l’Afrique du Sud dans une nouvelle requête déposée le 6 mars sur le bureau des juges de la Cour internationale de Justice (CIJ). Un mois et demi après que la plus haute instance judiciaire de l’ONU a rendu une première ordonnance sur la guerre en cours dans l’enclave palestinienne, Pretoria lui demande de prononcer des mesures supplémentaires contre Israël, qu’elle accuse de violer la convention sur la prévention et la répression du crime de génocide.

L’Afrique du Sud décrit une situation « terrifiante » et « indescriptible » à Gaza, et affirme qu’« au moins quinze enfants palestiniens, y compris des bébés, sont déjà morts de faim la semaine passée ». « Des morts prévisibles, ajoutent les avocats de Pretoria, mais complètement évitables. »

Pour ce faire, l’Afrique du Sud demande à la CIJ d’agir d’urgence, sans même convoquer de nouvelles audiences, dénonçant « le mépris » d’Israël envers leur ordonnance du 26 janvier. Les juges avaient alors évoqué un risque « plausible » de génocide des Palestiniens de Gaza et enjoint à Israël de ne pas commettre d’actes génocidaires et de punir toute incitation au génocide. La demande sud-africaine de suspension des opérations militaires israéliennes avait été rejetée, mais les juges de La Haye avaient ordonné à l’Etat hébreu de garantir l’accès des Gazaouis à l’aide humanitaire.

Israël invoque la légitime défense

Le 26 février, comme la CIJ le leur avait demandé, les autorités israéliennes ont remis à la Cour un rapport, censé attester de leurs efforts pour se conformer à l’ordonnance du 26 janvier. Ce document, confidentiel, a été transmis à l’Afrique du Sud. Durant cet intervalle d’un mois, 4 548 Palestiniens ont été tués affirme Pretoria, et les difficultés des organisations humanitaires à faire rentrer de l’aide dans Gaza se sont encore aggravées.

Depuis la saisine de la Cour, fin décembre 2023, l’Etat hébreu rejette la procédure, arguant que son offensive à Gaza relève d’un acte de légitime défense, en réponse à l’attaque du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël.
Cette fois, alors que la famine menace, Pretoria demande aux juges d’ordonner aux deux parties, à Israël et au Hamas, de cesser les combats et de libérer les otages israéliens à Gaza en échange de prisonniers palestiniens. L’Afrique du Sud demande aussi aux juges d’ordonner aux 153 Etats parties à la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide de « s’abstenir de toute action, et en particulier de toute action armée ou de soutien à [l’armée], qui pourrait porter atteinte au droit des Palestiniens de Gaza d’être protégés contre les actes de génocide ».

Plainte du Nicaragua

Ce faisant, Pretoria demande implicitement aux juges d’ordonner un embargo international sur les livraisons d’armes à Israël. Dans le même esprit, vendredi 1er mars, le Nicaragua a porté plainte contre l’Allemagne pour complicité de violation de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, demandant à la Cour d’ordonner à Berlin la suspension de ses ventes d’armes à l’Etat hébreu. A moins qu’elle ne décide de rejeter la demande de Managua, la Cour pourrait tenir des audiences sur ce point prochainement.

L’Afrique du Sud demande encore aux juges d’ordonner à Israël la levée du blocus de Gaza et, de nouveau, l’accès des Palestiniens à l’aide humanitaire. Elle rappelle l’hécatombe du 29 février – 118 Palestiniens tués et 700 blessés – causée par des tirs israéliens et des mouvements de foule lors de l’entrée de camions d’aide dans Gaza. « Israël massacre désormais des Palestiniens désespérés et affamés qui cherchent à obtenir de la nourriture pour leurs enfants qui meurent lentement », écrit Pretoria.

L’Afrique du Sud dénonce aussi les « tentatives délibérées [d’Israël] de paralyser l’UNRWA », l’agence des Nations unies qui assure notamment la logistique de l’aide humanitaire, et « dont dépendent pour leur survie la grande majorité des hommes, des femmes, enfants et bébés assiégés, déplacés et affamés ».

Pour conclure, les avocats de l’Afrique du Sud mettent en garde les juges. En juillet 1993, alors que la Bosnie-Herzégovine accusait la Serbie de génocide, les juges avaient ordonné des mesures d’urgence, mais rejeté par la suite une seconde demande de Sarajevo. Deux ans plus tard, à Srebrenica, l’armée serbe exterminait de 7 000 à 8 000 hommes bosniaques, tous musulmans. Un massacre que la CIJ a reconnu comme génocide en 2007.
Cette fois, l’Afrique du Sud demande à la Cour d’agir « avant qu’il ne soit trop tard, pour faire ce qui est en son pouvoir pour sauver les Palestiniens de Gaza d’une famine génocidaire ».

   

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