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Plus de 100 000 travailleurs sri-lankais font grève pour réclamer des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail

mercredi 17 novembre 2021 par W. A. Sunil

Il faut se rappeler que le Sri Lanka est un pays de 20 millions d’habitants !
Des milliers de salariés de la santé, d’enseignants, d’agents de développement et d’autres sections de la classe ouvrière comme des employés d’ateliers ferroviaires et des travailleurs du secteur privé ont organisé des manifestations et des grèves dans tout le Sri Lanka lundi et mardi dernier pour protester contre les salaires et les conditions de travail. Ces actions font suite aux manifestations anti-privatisations organisées la semaine d’avant par les employés de l’électricité, des ports et du pétrole.

Ces débrayages massifs sont une indication de plus de la colère sociale croissante contre le gouvernement Rajapakse et son programme en faveur de la grande entreprise. Celui-ci fait implacablement grimper le coût de la vie, élimine les maigres aides sociales, et force les enseignants et autres employés à reprendre le travail en pleine pandémie de COVID-19.

Lundi, environ 50.000 agents de développement ont organisé une manifestation nationale pour poser sept revendications, dont l’abolition des anomalies salariales, une augmentation de salaire mensuelle d’environ 15.000 roupies (75 dollars US) et la mise en place d’un véritable système de promotion. Il y a environ 100.000 agents de développement employés dans différents départements d’État dans le pays. Selon les médias, plus de la moitié d’entre eux ont participé à la campagne.

Mardi, les infirmières et le personnel paramédical des hôpitaux publics ont débrayé dans le cadre d’une action ‘arrêt de maladie’ d’une journée. Les responsables syndicaux ont déclaré aux médias que près de 50.000 employés de la santé participaient à la grève. Les travailleurs hospitaliers réclament la rectification des anomalies salariales, une augmentation de l’indemnité de service spécial de 3.000 roupies et un paiement plus important pour les heures supplémentaires.

La grève a été lancée par le Collectif des professionnels de la santé ( CHP), une alliance de 16 syndicats. Bien que le CHP ait appelé à une série de manifestations et de grèves pour les mêmes revendications au cours des derniers mois, il a limité les débrayages puis les a interrompus suite à de fausses promesses du gouvernement qu’il répondrait aux revendications des travailleurs.

Les employés de la santé ont reproché aux syndicats de ne pas avoir pleinement mobilisé leurs membres pour la grève de mardi, entraînant une baisse du nombre de participants.

Une infirmière de l’hôpital national de Kandy a déclaré au WSWS que les responsables syndicaux avaient dissuadé leurs membres de participer et que seulement 500 des 2.000 infirmières de l’hôpital avaient rejoint le débrayage. « Il n’y a pas eu de discussion avec les membres avant la grève. Les travailleurs ne peuvent pas être mobilisés sur simple distribution d’un tract », ont-ils déclaré.

Les syndicats de la santé, comme leurs homologues de toute l’île, ont délibérément divisé les travailleurs. Le Syndicat des infirmières et infirmiers unis des services publics (PSUNU), dirigé par le moine bouddhiste Muruththetuwe Ananda qui soutient le gouvernement Rajapakse, et le Syndicat des services de santé de Ceylan (ACHSU) contrôlé par le parti d’opposition Janatha Vimukthi Peramuna (JVP), n’ont pas participé à l’action de mardi. Au lieu de quoi l’ACHSU a appelé à une manifestation séparée à l’heure du déjeuner.

Alors que les travailleurs de la santé sont déterminés à se battre pour leurs revendications de longue date, les syndicats eux, cherchent désespérément à éviter toute confrontation politique avec le gouvernement. La journée de protestation de la semaine dernière avait pour but de dissiper la colère croissante des travailleurs de la santé qui depuis près de deux ans travaillent de longues heures pour tenter de traiter les patients atteints de la COVID-19 dans des hôpitaux manquant dangereusement de personnel et de fonds.

Mardi également, des milliers d’enseignants et de directeurs d’écoles publiques ont manifesté dans diverses parties de l’île. Parmi eux, environ 3.000 enseignants dans le centre de Colombo et plus de 1.000 à Kandy, un nombre similaire se mobilisant à Hatton, dans les Central Hill Districts. Les manifestations ont été organisées par une alliance d’environ 30 syndicats d’enseignants et de directeurs d’école, dont le Syndicat des enseignants de Ceylan (CTU) et le Syndicat des services des enseignants de Ceylan (CTSU), contrôlé par le JVP.

Des milliers d’enseignants, de directeurs d’école et de parents ont également manifesté devant le poste de police de Mawanella, à environ 25 kilomètres à l’ouest de Kandy. Ils demandaient que la police arrête un politicien local du Sri Lanka Podujana Peramuna qui aurait agressé physiquement un parent lors d’une manifestation la semaine précédente. La police a ensuite arrêté l’homme politique et trois autres personnes impliquées dans l’agression, mais ils ont été libérés sous caution par un magistrat local.

Les manifestations d’enseignants faisaient suite à l’arrêt par les syndicats, le 25 octobre, d’une grève déterminée de 100 jours et d’un boycott des services d’éducation en ligne par 250.000 enseignants réclamant l’augmentation de leurs salaires. Les enseignants se battent depuis plus de 20 ans pour obtenir des augmentations de salaire.

Le gouvernement Rajapakse a refusé d’accéder à la revendication salariale des enseignants, mais il a ensuite « offert » un tiers du montant réclamé, à verser en plusieurs fois au cours des trois prochaines années. Désespérés de mettre fin au conflit, les syndicats ont accepté le montant réduit, exigeant qu’il soit payé en une seule fois, puis ont mis fin à la grève, ordonnant aux enseignants de reprendre le travail. Les protestations de cette semaine et les manifestations similaires de la semaine précédente étaient une tentative cynique des syndicats pour dissiper la colère de leurs membres.

Mercredi, le premier ministre Mahinda Rajapakse et le ministre des Finances Basil Rajapakse ont rencontré les syndicats d’enseignants et ont déclaré que le gouvernement verserait son offre de salaire réduit en une seule fois. Les syndicats ont accepté sans hésiter cette maigre augmentation, abandonnant ainsi les revendications salariales de longue date des enseignants. Le ministre des Finances, Basil Rajapakse, a ensuite déclaré aux médias que l’accord de Colombo ne devait pas être considéré comme une augmentation de salaire.

Les manifestations de la semaine dernière étaient contrôlées par les syndicats. Elles ont été programmées pour coïncider avec les propositions budgétaires annuelles du ministre des Finances, Basil Rajapakse, présentées au parlement samedi ; elles visaient à entretenir l’illusion que le gouvernement pouvait être mis sous pression. Les syndicats contrôlés par le JVP exigent que le budget du gouvernement augmente les salaires mensuels des travailleurs de 10.000 roupies.

Le ministre des Finances, Basil Rajapakse, qui est confronté à l’effondrement des recettes d’exportation, à la chute de la monnaie, et au remboursement massif de la dette extérieure a clairement indiqué qu’il allait dévoiler un budget d’austérité impitoyable. « Le peuple ne gagnera rien. Au contraire, nous allons lui prendre quelque chose » , a-t-il déclaré aux journalistes la semaine dernière. Il prévoit de réduire le déficit budgétaire de deux tiers pour le ramener à 4,5 ou 5 pour cent du produit intérieur brut, contre 14,7 pour cent l’année dernière.

Face à cette crise – qui a été exacerbée par la pandémie de COVID-19 – le gouvernement Rajapakse donne la priorité aux profits sur les vies et met en œuvre des politiques d’« immunité collective ». Cet agenda criminel a été entièrement soutenu par les syndicats et a vu les syndicats de la santé abandonner les demandes de leurs membres pour une plus grande sécurité au travail.

Ce rôle réactionnaire des syndicats fait entrer les travailleurs sri-lankais en conflit avec ces organisations qui défendent le gouvernement Rajapakse et sont hostiles à toute mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière contre le système de profit capitaliste.

Parallèlement à la montée des luttes des travailleurs, les agriculteurs poursuivent leurs protestations, réclamant des engrais et d’autres produits nécessaires à la culture. Mardi 8 novembre, des centaines de femmes au foyer ont manifesté à Colombo et dans d’autres parties de l’île pour demander une réduction du prix des produits de première nécessité et la fin des pénuries alimentaires.

Contrairement aux affirmations des syndicats qu’on peut contraindre le gouvernement Rajapakse à faire des concessions, Colombo a adopté une loi sur les services publics essentiels qui touche près d’un million de travailleurs du secteur public et criminalise toute action revendicative et toute grève dans ces services. Dans le même temps, il s’emploie à attiser les tensions communautaristes pour tenter de diviser la classe ouvrière.

Les syndicats, qui font office de polices industrielles, ne se sont pas opposés aux lois anti-grève du gouvernement ni à ses mesures raciales. Les travailleurs ne peuvent pas développer une véritable lutte pour leurs droits sociaux et démocratiques à travers ces organisations.

Ce qui est nécessaire, c’est la création de comités d’action des travailleurs de la base, indépendants des syndicats et contrôlés par les travailleurs pour défendre les emplois, les salaires et lutter pour l’amélioration des conditions sociales. Ces comités doivent unir les travailleurs de l’île et se tourner vers la classe ouvrière internationale, dans le cadre de la lutte pour des politiques socialistes et un gouvernement ouvrier et paysan.

(Article paru d’abord en anglais le 12novembre 2021)


Voir en ligne : https://www.wsws.org/fr/articles/20...

   

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