Association Nationale des Communistes

Forum Communiste pour favoriser le débat...

Accueil |  Qui sommes-nous ? |  Rubriques |  Thèmes |  Cercle Manouchian : Université populaire |  Films |  Adhésion

Accueil > ANC en direct > Le douteux privilège de l’âge ou comment l’histoire nous apprend à mieux (...)

Le douteux privilège de l’âge ou comment l’histoire nous apprend à mieux comprendre le présent

samedi 26 novembre 2022 par Francis Arzalier (ANC)

Ce fâcheux privilège de l’âge fait que j’ai eu vingt ans quand la France de Guy Mollet (PS), puis celle de Charles de Gaulle faisaient une guerre féroce au peuple algérien soulevé contre la colonisation. C’est même pour cela que je suis devenu militant communiste, en vertu de deux « impératifs catégoriques », comme le disait le Philosophe Kant :
Le premier était la volonté d’égalité entre les hommes (et les femmes), donc le refus de constater que certains en exploitaient d’autres.
Le second était la conviction que tout peuple a droit à décider lui-même son destin, à choisir ses lois, ses dirigeants, sans être soumis à des conquérants extérieurs, comme l’avait été par les nazis celui de France de 1940 à 45.

Nous appelions plus simplement cela la morale communiste, l’inverse exactement de l’égoïsme individualiste ambiant. Quelques-uns d’entre nous, obstinément, croient toujours en 2022 que l’idéal communiste est aussi une exigence morale.

La France coloniale cherchait à perpétuer par crimes et tortures en Algérie une inégalité brutale. Le peuple indigène musulman, majoritaire, spolié et miséreux, méprisé et réduit au silence, n’était même pas reconnu dans son identité, puisque inclus depuis 130 ans dans trois départements français, avec un Gouverneur. Le pouvoir français justifiait la guerre en prétendant les frontières intangibles (le ministre François Mitterrand affirmait « défendre la paix en défendant la France, de Dunkerque à Tamanrasset »).

Solidaires du peuple algérien, de son désir de mieux-vivre et d’être respecté, nous avons dû batailler durant des années pour convaincre les travailleurs français que la paix ne pourrait venir que de l’indépendance algérienne. Car ce fut seulement en 1962, après 8 ans de guerre, de manifestations dans nos rues, et de morts inutiles de jeunes Français pour une cause injuste, que le Gouvernement de Gaulle dut accepter enfin de négocier avec les combattants du FLN représentatifs de leur peuple la liberté nationale algérienne.

Réalités ukrainiennes et manipulations françaises

Soixante ans plus tard, il semble que l’histoire bégaie et se répète.
La guerre qui depuis 9 mois embrase l’Ukraine et menace de se transformer en Troisième Guerre Mondiale a d’ores et déjà des conséquences désastreuses, sur place où destructions et morts s’accumulent, mais aussi pour tous les peuples d’Europe, y compris le nôtre : inflation et hausse des prix, pénuries annoncées d’électricité, de gaz et de chauffage.

Ces pénuries ont des causes multiples. Mais l’état de guerre en Europe y est pour beaucoup, car nos dirigeants politiques soutiennent à bout de bras les bellicistes-nationalistes qui refusent de négocier, leurs sponsors et maîtres à penser états-uniens, et leur livrent l’armement nécessaire aux combats sur le terrain. Et surtout ils organisent par le biais des médias d’État et privés un bourrage de crâne intensif nourri de haine irrationnelle contre la Russie.

Ce n’est pas sans efficacité, la majorité de nos concitoyens croient encore aujourd’hui que tout est de la faute du méchant qui siège au Kremlin, face aux angelots agressés de Kiev. Exactement comme en 1958, quand les journaux français dans leur majorité glosaient journellement sur les crimes du FLN !

En fait, l’Ukraine a toujours été un espace disparate, disputé autrefois entre l’Empire et la culture russe (religion orthodoxe et langue russe largement répandue) et celle incluses autrefois dans l’Empire d’Autriche dans sa partie ouest (plutôt catholiques). Les fertiles plaines ukrainiennes ont été, après 1917, le centre des résistances paysannes contre la Révolution bolchevik, essentiellement urbaine et ouvrière.

Durant la guerre civile entre Rouges et Blancs, cette contre-révolution armée était incarnée en Ukraine par les bandes nationalistes de Petloura, soutenu par les Allemands, puis d’autres Occidentaux en 1920, et par celles anarchistes de Makhno, volontiers antisémites.
C’est même dans cette Ukraine anticommuniste qu’est né le concept de « judéo-bolchevisme » repris par les nazis en Allemagne hitlérienne.

La guerre civile et l’intervention étrangère se terminèrent par la victoire des communistes, a l’issue de combats meurtriers et de famines. Mais, notamment en Ukraine occidentale, les sentiments nationalistes-anticommunistes, malgré la répression sans douceur, étaient encore bien vivants une décennie plus tard.

La preuve en est que lors de l’attaque de l’URSS par les nazis en 1941, les occupants allemands ont trouvé en Ukraine occidentale des foules pour les applaudir (filmées complaisamment par leurs actualités), et des « collaborateurs » suffisamment nombreux pour devenir des volontaires SS, largement utilisés pour « chasser les Juifs » et garder les camps de concentration.

À l’issue de furieux combats durant quatre ans, et grâce surtout au sacrifice de vingt millions de citoyens soviétiques, le Nazisme fut écrasé essentiellement par l’Armée Rouge, et les peuples d’Europe ont retrouvé leur indépendance, y compris ceux d’Ukraine, qui ont réintégré l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques.

Même si durant quelque temps après 1945, les autorités soviétiques durent y combattre des groupes clandestins nationalistes, héritiers des pro-Nazis. Cette répression qu’avait plus ou moins dirigé Nikita Krouchtchev à Kiev, l’incita quand il devint le dirigeant de l’URSS, en 1954, à décider arbitrairement d’inclure dans la République d’Ukraine les régions russophones de Crimée, de Donetsk et Lougansk. Son objectif était de compenser au sein de ce pays le poids des régions occidentales, soupçonnées de sentiments nationalistes-anticommunistes.

Mais, à la différence de Staline, il avait toujours montré depuis 1939 au moins des faiblesses à l’égard du nationalisme ukrainien, certains disent déjà dans les années 1930. On disait que cela provenait de son épouse ukrainienne originaire d’une région polonaise et sensible à la cause nationaliste. En tous cas, à peine parvenu au pouvoir, il amnistia massivement les militants et combattants de l’armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) à l’origine pronazie avant d’être reprise en main par les services secrets des États-Unis.

Cette décision administrative prise sans consulter les intéressés ne présentait pas d’inconvénients majeurs au sein de l’URSS, où primait la citoyenneté soviétique. Et où les frontières entre les républiques étaient des frontières intérieures. Il en sera tout autrement après 1990, quand l’effondrement suicidaire de l’Union Soviétique donnera naissance à une foule d’États indépendants, dépecés suivant les frontières internes de l’Union défunte. I

Les avatars de l’indépendance ukrainienne

Dès l’indépendance de l’Ukraine, ses peuples ont vécu des traumatismes pires encore que ceux de la Russie voisine : d’abord le retour à un capitalisme sans entraves, qui a livré l’économie du pays au pillage des « oligarques » prédateurs, politiciens corrompus, alignés sur les pouvoirs étrangers, comme l’était Eltsine en Russie.
Ensuite, dans ce nouvel état en prise aux pénuries et aux rêves d’émigration vers l’abondance imaginaire en Occident, la discrimination xénophobe à l’encontre des minorités russophones et autres. C’est devenu bien plus terrible après 2014, quand, profitant du mécontentement général, les partis nationalistes ukrainiens d’extrême-droite, à côté de cercles d’oligarques liés aux puissances occidentales, ont pris le pouvoir par un coup d’État à Kiev (« Révolution du Maidan (« Révolution dite de Maidan qui prolongeait les effets de ladite « révolution orange » qui avait au final échoué quelques années auparavant), à la grande joie et avec l’aide des services secrets occidentaux et des politiciens qui acceptaient leur influence.

Dès lors, ces dirigeants nationalistes installés à Kiev, forts du soutien des USA et de l’OTAN, après y avoir interdit certains partis d’opposition puis plus tard tous, dont le PC d’Ukraine, ont multiplié les mesures vexatoires contre les citoyens des régions russophones, Crimée, Donietsk et Lougansk (Donbass) , incluses souvent contre leur gré dans l’État ukrainien, comme le peuple algérien était autrefois une partie coloniale de la France.
Ils allèrent jusqu’à tenter d’y interdire la langue russe !

Ce qui a évidemment entraîné l’insurrection populaire de ces trois régions, tout aussi justifiée que fut il y a soixante ans celle du peuple algérien nié dans son existence même. Et, comme il y a un demi-siècle, notre morale communiste nous impose de soutenir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, celui du peuple russophone de Crimée, Donetsk, et Donbass.
Et aussi celui du peuple ukrainien de Lviv, Kiev, etc…

Depuis 8 ans, ces principes ont été allègrement bafoués, sans que les opinions occidentales, dont la française, formatées par les médias dégorgeant leur haine antirusse, antichinoise, etc… Et sans que les puissances occidentales, dont la France, garantes des accords de Minsk, ne fassent la moindre pression sur Kiev pour que ces accords de compromis soient appliqués.

Ils l’ont été au détriment de l’ensemble des Ukrainiens, dont les dirigeants nationalistes sont devenus des marionnettes utilisées par les Occidentaux, États-uniens et Européens de l’OTAN, désireux de s’en servir pour détruire le concurrent russe, comme ils utilisent les nationalistes d’extrême-droite de Pologne dans les pays Baltes, abreuvés d’investissements et d’armes (et les séparatistes de l’île de Taïwan contre la Chine).

Ils l’ont été surtout à l’encontre des populations du Donbass et Donetsk, systématiquement bombardées depuis 7 ans par l’armée ukrainienne, au mépris des accords internationaux dits de Minsk qui ont tenté en 2015 de rétablir la paix dans la région, en accordant une certaine autonomie aux régions russophones…

Mais les autorités de Kiev ne les ont jamais appliquées, avec l’assentiment des USA et de l’OTAN, qui ont multiplié par contre les provocations de toute sorte, y compris militaires. Jusqu’en février 2022, quand ils ont réussi à entraîner la riposte militaire russe.

Car les belligérants directs, par la fourniture d’armes de plus en plus sophistiquées aux combattants ukrainiens (drones de repérage des cibles et fusées téléguidées, équipement et entraînement de milices nationalistes très efficaces comme Azov) sont les dirigeants US autour du Président Biden et ceux Européens de l’OTAN et de l’UE, qui s’empressent de leur obéir, quelles que soient les conséquences néfastes pour leurs peuples

Comment stopper l’engrenage ?

Depuis février dernier, la guerre ravage l’Ukraine et ses peuples, les cadavres ukrainiens et russes s’amoncèlent, et le brasier menace chaque jour de s’étendre aux peuples voisins, voire au monde entier. Sans que l’on distingue une perspective de négociations de paix.

Parce que les belligérants refusent d’accepter le droit de chaque peuple à décider lui-même de son sort :

1/ le gouvernement nationaliste de l’Ukraine s’obstine à fixer comme objectif final le maintien des peuples russophones de Crimée, Donetsk et Lougansk sous sa férule, comme la France coloniale s’agrippait à l’Algérie martyrisée.

2/ les dirigeants des USA, de l’OTAN et de l’UE soutiennent les pires provocations de leur fantoche Zélinsky, nourrissant le brasier ukrainien de milliards de dollars, d’armements et de mercenaires.
Tous les analystes sérieux savent bien qu’il suffirait que les maîtres de Washington décident de stopper leur guerre contre la Russie honnie pour que leurs pantins tragiques de Kiev soient contraints de négocier la paix, et que leurs subalternes européens de l’OTAN et l’UE s’y rallient.

Mais il faudrait pour cela que se déploie de New-York à Paris ou Varsovie un vaste mouvement populaire exigeant la paix, qui seul pourrait contraindre les forces impérialistes à reculer, à remballer leurs projets de maintenir par la guerre leur domination mondiale menacée.

Ce n’est malheureusement pas encore le cas, même si nous y aspirons.

Des gens de bonne foi, gavés de propagande belliciste par nos médias, nous rétorqueront : « vous donnez donc raison à Poutine, et à la Russie ? »

Soyons donc clairs sur le sujet :

Nous ne partageons ni les motivations, ni la stratégie de l’anticommuniste Vladimir Poutine, qui participa à détruire l’Union Soviétique, et gouverne son pays en désir de reconstruction par la démagogie nationaliste, le contrôle policier et le soutien des popes les plus réactionnaires.

Simplement, nous refusons le matraquage belliciste de nos médias. Il est le représentant élu d’une large majorité des citoyens russes, qui sont les seuls habilités à décider des lois et dirigeants de leur État, les diktats et « sanctions » des pouvoirs occidentaux à leur encontre sont totalement insupportables, d’autant qu’ils entraînent aussi des conséquences désastreuses pour les peuples européens, dont le nôtre.

Notre devoir est de lutter pour la paix contre les mensonges inspirés par l’OTAN, cet avilissement belliciste des peuples d’Europe.

le 26/11/2022

   

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?