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Résolution sur la situation internationale URC

lundi 2 décembre 2024 par Victoire

Socialisme ou barbarie

La crise générale du système capitaliste mondial a atteint un tel niveau que même les classes dominantes sont contraintes de reconnaître son ampleur et sa gravité. Le Forum Économique Mondial, plus connu sous le nom de Forum de Davos expose comme suit la situation dans son rapport « Global Risk » publié en janvier 2023 :

« En ce début d’année 2023, le monde est confronté à un ensemble de risques qui semblent à la fois totalement nouveaux et étrangement familiers. Nous avons assisté à un retour des "anciens" risques - inflation, crises du coût de la vie, guerres commerciales, sorties de capitaux des marchés émergents, troubles sociaux généralisés, affrontements géopolitiques et spectre de la guerre nucléaire - que peu de chefs d’entreprise et de décideurs publics de cette génération ont connus. Ces phénomènes sont amplifiés par des évolutions relativement nouvelles dans le paysage mondial des risques, notamment des niveaux d’endettement insoutenables, une nouvelle ère de faible croissance, de faibles investissements mondiaux et de démondialisation, un déclin du développement humain après des décennies de progrès, le développement rapide et sans contrainte de technologies à double usage (civil et militaire), et la pression croissante des impacts et des ambitions du changement climatique dans une fenêtre de transition de plus en plus étroite vers un monde à 1,5°C. Tous ces éléments convergent pour façonner une décennie à venir unique, incertaine et turbulente [1] »

Rappelons que ce forum réunit chaque année près de 3000 dirigeants de multinationales, de grandes banques, de responsables politiques des principaux pays impérialistes et des idéologues à leur service. Ces représentants du capital financier international reconnaissent la crise générale et multiforme du capitalisme [économique de suraccumulation et de surproduction, financière, politique, écologique, alimentaire, énergétique, etc.] en l’appelant « polycrise ». Parmi les « risques » annoncés pour la prochaine décennie on trouve pêle-mêle : « la crise du coût de la vie » ; « l’effondrement des écosystèmes » ; « la confrontation géoéconomique » ; « l’érosion de la cohésion sociale et la polarisation sociétale » ; « la migration involontaire à grande échelle » ; etc.

Cet aveu du capital financier sur la situation dans laquelle le capitalisme décadent a plongé notre humanité s’accompagne, bien entendu, d’explications mensongères [crise du COVID, effets de la guerre en Ukraine imputée à la Russie, non-respect des règles de concurrence « loyales » par la Chine, etc.] visant à masquer les véritables causes du péril, à savoir le capitalisme à son stade suprême lui-même. Le caractère non viable de ce système économique basé sur la seule recherche du profit maximum est la véritable cause de la crise actuelle. Le caractère social de la production - jamais l’humanité n’a disposé d’autant de capacités de production - se heurte frontalement au caractère privé de l’appropriation c’est-à-dire à la propriété privée des moyens de production - jamais la classe des dominants n’a été aussi réduite en nombre et aussi riches.

Une des conséquences premières de cette crise générale que mentionne le Forum de Davos est intitulée : « l’agitation sociale généralisée » c’est-à-dire en fait la lutte des classes à l’échelle internationale. C’est pour se préparer à cette « agitation sociale généralisée » que le forum de Davos tire la sonnette d’alarme en s’adressant aux représentant des divers impérialismes. La survie de leur système et de leurs profits nécessite une attaque généralisée contre les droits des classes exploitées et des nations opprimées, une répression féroce de « l’agitation sociale généralisée », une fascisation générale et si nécessaire et par endroit le recours au fascisme c’est-à-dire comme disait Dimitrov à la « dictature terroriste ouverte », la multiplication des guerres, etc. Plus que jamais l’alternative qui se pose à l’humanité se résume dans la formule d’Engels et de Rosa Luxembourg : Socialisme ou barbarie.

Pour l’URC la solution définitive à la crise générale du capitalisme est l’abolition totale de ses rapports de production et la socialisation des moyens de production : cela porte un nom, celui de communisme. Plus que jamais le communisme est le seul avenir viable pour l’humanité. Comme le soulignait déjà le manifeste du deuxième congrès de l’internationale communiste en 1920 : « Il faut tuer l’impérialisme pour que le genre humain puisse continuer à exister [2] ».

Cette conscience d’une perspective socialiste ne s’oppose pas à la prise en compte des questions immédiates et en particulier de la montée inexorable des guerres et ingérences multiples. Ces questions immédiates nécessitent dans l’immédiat une démarche d’alliance avec tous ceux qui s’opposent concrètement à la barbarie impérialiste et aux politiques réactionnaires, guerres et ingérences qu’elle suscite pour maximiser les profits du capital financier. Le front anti-impérialiste dont nous avons besoin face au système impérialiste nécessite une convergence entre les prolétaires des pays impérialistes d’une part, les peuples et pays soumis aux différentes formes de néocolonialisme d’autre part et les pays rescapés du camp socialiste pour une troisième part.

Plus largement encore, nous devons faire converger en un seul mouvement d’ensemble tous ceux qui se battent contre la remise en cause des conquis sociaux et des droits démocratiques acquis par la lutte des générations passées. Ces conquis et droits sont en effet remis en cause par le même système impérialiste qui suscite des guerres, balkanise des pays, suscite des « révolutions de couleur », viole des souverainetés nationales, pille les ressources des Etats etc. Les puissantes attaques idéologiques et politiques menées par l’impérialisme autoproclamé « monde libre » contre des partis communistes offensifs, en Europe, au lendemain de deuxième guerre mondiale, ont contribué à un reflux révolutionnaire de beaucoup d’entre eux, et à leur social-démocratisation progressive.

Garder le cap sur la perspective socialiste en construisant le parti communiste dont nous avons besoin d’une part et construire un front anti-impérialiste regroupant tous ceux ayant intérêt à la remise en cause de l’hégémonisme impérialiste dominant d’autre part : telles sont les deux tâches à l’ordre du jour.

Une nouvelle séquence historique

La situation mondiale actuelle s’inscrit dans une histoire dont la dernière séquence a été inaugurée par le cataclysme qu’a constitué les destructions de l’URSS et du camp socialiste et avec lui de l’ensemble des équilibres issus de la seconde guerre mondiale. La contre-révolution mondiale pouvait se déployer momentanément sans entrave et limites et allait à l’assaut de tous les conquis sociaux de la classe ouvrière d’une part et des conquis nationaux arrachés par les luttes de libération nationale des décennies 50 à 90 d’autre part. Les idéologues de l’impérialisme se mirent à parler de « fin de l’histoire », les guerres [directes ou masquée sous la forme de « guerre civile »] se multiplièrent pour tenter de mettre au pas toutes les nations récalcitrantes (Grenade, Nicaragua, Panama, Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Somalie, Libye Syrie, etc.), les révolutions de couleur fleurirent pour les mêmes objectifs, etc.
Parallèlement, cette offensive réactionnaire a augmenté au cours des 10 dernières années en utilisant des moyens traditionnels tels que la presse, le cinéma, la radio et la télévision.

Aux médias classiques sont venus se greffer les réseaux sociaux, les plateformes numériques et les jeux vidéo. Les stratégies de communication orchestrées par la bourgeoisie et les chaînes d’info en continue, à base de fake news, en profilant les messages à distiller envers l’opinion publique, ont placé l’idéologie communiste dans leur cible.

Depuis 30 ans, les médias français et européens relaient des informations tronquées sur les pays de l’ex-URSS, Cuba, Venezuela, Bolivie ou Nicaragua, les qualifiant de dictatures ou de régimes autoritaires, contestant les résultats exprimés lors des différentes élections (Nicaragua 2021, Venezuela 2024) et référendums (territoires de Crimée 2014-2022, Donbass 2014-2022, Kherson 2022, Zaporidje 2022, Moldavie 2024), délégitimant les systèmes électoraux, mais ne précisant jamais les cas de fonctionnement et de pluralisme. Idem sur la question de la souveraineté chinoise à Hong Kong et Taïwan ou de l’Alliance des Etats du Sahel.

Pendant plus de trois décennies les classes ouvrières des pays impérialistes et les peuples des pays dominés par ces derniers, ont subi une suite ininterrompue de défaites face à cette contre-révolution que l’idéologie dominante nommait « mondialisation ». En l’absence d’un mouvement révolutionnaire organisé d’une part et en présence d’une offensive idéologique inédite visant à brouiller tous les repères de la lutte des classes et des luttes de libération nationale d’autre part, les conditions d’une riposte populaire mirent plus de trente ans à se réunir. Des dynamiques anti-libérales, anti-impérialistes, national-patriotiques en Amérique Latine (Venezuela, Bolivie, Nicaragua, ALBA, etc.) aux récents coups d’Etat patriotiques en Afrique de l’Ouest en passant par l’offensive de la résistance palestinienne du 7 octobre inédite depuis 1948 ; du vote Non au TCE puis du mouvement des Gilets Jaunes à celui contre la réforme des retraites en passant par la révolte des habitants des quartiers populaires ; de la création des BRICS à leur élargissement en passant par leur décision d’enclencher un processus de dédollarisation, etc., les voies de la riposte populaire ne cessent peu à peu de s’agglomérer quantitativement en direction d’un bond qualitatif.

A la période de recul consécutive à la destruction de l’URSS succède aujourd’hui une séquence marquée par la contradiction antagoniste entre le système impérialiste mondial sous hégémonie états-unienne et un monde multipolaire s’affirmant de plus en plus nettement. Cette contradiction antagoniste n’est rien d’autre que la forme contemporaine du mot d’ordre formulé par Lénine au début du siècle précédent : « Prolétaire de tous les pays, peuples opprimés unissez-vous [3] ».
Ce réveil progressif des classes ouvrières et des peuples et nations opprimées se réalise comme il peut en l’absence d’un mouvement communiste international uni et puissant. Il est vain en conséquence d’attendre de lui qu’il soit homogène, doté d’un programme politique sans faille, exempt de contradictions, etc. Comme le disait déjà Lénine en critique de cette attitude idéaliste puriste :

« Croire que la révolution sociale soit concevable sans insurrections des petites nations dans les colonies et en Europe, sans explosions révolutionnaires d’une partie de la petite bourgeoisie avec tous ses préjugés, sans mouvement des masses prolétariennes et semi-prolétariennes politiquement inconscientes contre le joug seigneurial, clérical, monarchique, national, etc., c’est répudier la révolution sociale. C’est s’imaginer qu’une armée prendra position en un lieu donné et dira « Nous sommes pour le socialisme », et qu’une autre, en un autre lieu, dira « Nous sommes pour l’impérialisme », et que ce sera alors la révolution sociale ! C’est seulement en procédant de ce point de vue pédantesque et ridicule qu’on pouvait qualifier injurieusement de « putsch » l’insurrection irlandaise. Quiconque attend une révolution sociale « pure » ne vivra jamais assez longtemps pour la voir. Il n’est qu’un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu’est une véritable révolution. [4] »

Quelques faits ont ponctué ce processus d’évolution quantitative : la création des BRICS en 2011, l’intervention russe en Syrie en 2015 donnant un coup d’arrêt à l’objectif impérialiste de balkanisation de cette nation, l’intervention militaire russe en Ukraine en 2022 qui brise les tentatives d’encerclement total de la Russie prélude à sa balkanisation en micro-Etats.

Le rapport des forces de classe à l’échelle internationale

La situation internationale actuelle se caractérise par un équilibre instable entre forces de la révolution et forces de la contre-révolution. Le capital financier international n’a, bien entendu, pas renoncé à sa domination totale sur le monde en dépit des reculs qu’il a été contraint d’effectuer. Plus grave, tenaillé par une baisse tendancielle de son taux de profit, il ne peut espérer rehausser celui-ci qu’en repartant à la conquête militaire des positions perdues au niveau international, en captant toutes les sources de plus-value dans chaque pays impérialiste c’est-à-dire en détruisant tous les conquis sociaux arrachés par les luttes, en sapant les bases les plus importantes de la contre-offensive possible, à savoir les peuples, les Etats résistants, la Russie et la Chine. Cette logique mène inéluctablement à de nouvelles guerres et à une paupérisation massive dans les centres impérialistes comme dans leurs périphéries et à une fascisation grandissante [aux degrés divers selon les centres impérialistes] pour mater ce que les milliardaires de Davos appellent « agitation sociale généralisée » et que nous préférons appeler l’exacerbation inéluctable de la lutte des classes.

Les forces de la révolution pour leur part ne constituent pas un bloc homogène uni par une idéologie commune et un projet de société partagé. Ce qu’ils ont en commun, et cela est loin d’être négligeable, c’est l’unité d’intérêt face au système impérialiste mondial et à l’hégémonisme états-unien qui le coiffe. La faiblesse du mouvement communiste international après la catastrophe qu’a constitué la disparition de l’URSS, ne lui permet pas pour l’instant de peser les luttes des classes populaires et les luttes de libération nationale. Pour la plupart de ces résistances, la logique a d’abord été défensive avant de prendre une orientation plus offensive. C’est l’encerclement de la Russie par l’OTAN prélude à sa balkanisation qui a conduit celle-ci à déclencher une guerre juste de défense nationale en Ukraine. C’est la nécessité de se défendre contre les stratégies impérialistes occidentales qui a conduit l’Iran à renouer avec l’Arabie Saoudite et ces deux pays à rejoindre les BRICS. C’est l’encerclement systématique de la Chine populaire communiste par une multitude de bases militaires qui la conduit à être une force motrice dans le passage à une stratégie anti-hégémonique offensive [élargissement des BRICS, paiement des échanges dans d’autres monnaies que le dollars, dynamique de création d’une monnaie alternative commune, etc.].

C’est à l’aune de ce rapport des forces mondial instable et dans le contexte d’un mouvement communiste globalement affaibli et éparpillé, qu’il convient de prendre nos responsabilités communistes sur le plan international.

La première d’entre elles est de sortir de la phrase révolutionnaire renvoyant dos-à-dos agresseurs et agressés, défenseurs de l’hégémonisme impérialiste et résistant [même inconséquent, même partiel, même discontinu] à celui-ci. Les analyses en termes de « guerre inter-impérialiste » dénonçant dans une logique du « Ni-Ni » ou dans une logique de l’équivalence l’impérialisme états-uniens, « l’impérialisme russe », « l’impérialisme chinois », etc., sont dans le contexte du rapport de forces mondial actuel, un soutien objectif au système impérialiste mondial. Outre que la caractérisation de la Russie et de la Chine comme étant « impérialiste » est à aborder scientifiquement à partir des données économiques [composition du capital dans ces pays et place du capital financier, situation et du champ d’extension de la propriété privée des moyens de production, place et rôle de l’Etat, niveau de la monopolisation, degré d’exportation des capitaux au regard de l’exportation des marchandises, etc.], les analyses en terme de guerre inter-impérialiste aboutissent à masquer le clivage mondial actuel entre un camp de la paix, divers et hétérogène, et un camp de la guerre sous-direction otanienne, camp d’un monde multilatéral fondé sur le respect des souverainetés nationales et camp de l’hégémonisme unilatéral impérialiste.

La seconde responsabilité communiste est le soutien net et ouvert à tous ce qui affaiblit l’hégémonisme impérialiste étasunien quand bien même ce « tout » serait parcouru de contradictions, d’insuffisances, de compromis, de positions partielles erronées, etc. Comme nous l’avons dit plus haut avec Lénine : « Quiconque attend une révolution sociale « pure » ne vivra jamais assez longtemps pour la voir. Il n’est qu’un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu’est une véritable révolution »

La troisième responsabilité communiste est la bataille pour la dissolution de l’OTAN [et bien sûr, la sortie immédiate de la France de cette coalition impérialiste] qui est elle-même une partie de lutte plus vaste pour faire émerger un « mouvement de la paix » ne se limitant pas à une logique pacifiste abstraite mais se basant sur une logique anti-impérialiste. Aucune paix durable n’est viable sans recul et à terme destruction du système impérialiste lui-même. Hier comme aujourd’hui toutes les guerres ne se valent pas et la distinction entre guerres justes [de défense nationale comme en Ukraine, de libération nationale comme en Palestine] et guerres injustes [de conquêtes, de partage ou repartage du globe]. L’OTAN reste aujourd’hui, en dernière instance, le fauteur de guerre principal partout sur la planète. C’est aussi la bataille pour sortir de la prison des peuples qu’est l’UE en construction comme alliance des bourgeoisies monopolistes européennes. C’est enfin la bataille contre « notre » propre impérialisme françafricain en solidarité avec les peuples opprimés d’Afrique.

Les contradictions inter-impérialistes

Le système impérialiste mondial est et a toujours été une alliance entre brigands dirigée par le plus puissant d’entre eux, c’est-à-dire par celui ayant les moyens économiques et militaires d’imposer son hégémonie sur les autres. Ce mariage de « raison » du point de vue des classes dominantes des pays impérialistes ne peut qu’être porteur de contradictions entre elles. Unis contre les peuples, les capitaux financiers de chaque nation sont en opposition pour le partage du gâteau. Bien sûr, des ententes provisoires sont possibles mais elles sont remises en cause dès qu’une puissance impérialiste ou un bloc de puissance impérialiste s’estime assez puissant pour remettre en cause la puissance hégémonique antérieure. Ainsi, jusqu’en 1945, c’est la Grande-Bretagne qui a occupé la place de puissance hégémonique avant d’être détrônée par les Etats-Unis. Cet hégémonisme britannique a en permanence été confronté aux velléités françaises puis du fascisme allemand d’occuper cette direction hégémonique.

Alliance réelle mais toujours contradictoire, le système impérialiste mondial fonctionne sur la logique du « malheur des uns fait le bonheur des autres ». Chaque difficulté d’un impérialisme est mise à profit par les autres pour étendre leur mainmise sur les sphères d’influence de l’allié impérialiste. C’est ce qui se joue par exemple aujourd’hui avec des Etats-Unis, une Italie ou une Allemagne n’hésitant pas à tenter de se déployer sur la base des difficultés immenses rencontrées par l’impérialisme français en Afrique.

C’est ce caractère contradictoire des regroupements impérialistes qui amène Lénine à conclure que les Etats-Unis d’Europe ne peuvent être que soit impossible, soit signifier la réaction sur toute la ligne :

« Les Etats-Unis d’Europe, en régime capitaliste, seraient comme une entente pour le partage des colonies. Or en régime capitaliste le partage ne peut avoir d’autre base, d’autre principe que la force. […] Or la force change avec le progrès économique. Après 1871 l’Allemagne s’est renforcée trois ou quatre fois plus vite que l’Angleterre et la France. Le Japon, dix fois plus vite que la Russie. […] En régime capitaliste, le développement égal des différentes économies et des différents États est impossible. Les seuls moyens possibles de rétablir de temps en temps l’équilibre compromis, ce sont en régime capitaliste les crises dans l’industrie, les guerres en politique. Certes, des ententes provisoires sont possibles entre capitalistes et entre puissances. En ce sens, les États-Unis d’Europe sont également possibles, comme une entente de capitalistes européens ... dans quel but ? Dans le seul but d’étouffer en commun le socialisme en Europe, de protéger en commun les colonies accaparées [5]… »

Née comme outil de lutte anticommuniste et antisoviétique sous l’impulsion du nouvel impérialisme hégémonique au sortir de la seconde guerre mondiale, l’Europe, de la « communauté européenne du charbon et de l’acier » en 1950 à « l’Union Européenne » en 1992 en passant par la « Communauté Économique Européenne » en 1957, a toujours été caractérisée par à la fois un lien de vassalisation à l’égard des USA d’une part et à une lutte pour sa direction entre l’impérialisme français et l’impérialisme allemand de l’autre. L’annexion de l’Allemagne de l’Est, l’expansion politique et économique de la RFA à l’est sur les décombres des démocraties populaires du camp socialiste d’Europe, a conduit à un changement du rapport des forces en faveur de l’Allemagne. Les règles qui ont présidé à l’instauration de l’Euro, largement en faveur de Berlin, sont venues conforter cette domination.

Aux contradictions internes à l’Europe s’ajoutent les contradictions entre celle-ci et l’impérialisme hégémonique états-unien. Si l’impérialisme hégémonique est parvenu jusqu’à aujourd’hui à imposer son lien de vassalité, ce n’est pas sans crises, oppositions d’intérêts et coups bas entre « alliés ». La destruction par l’Ukraine avec l’aval des Etats-Unis du gazoduc Nord Stream qui est un coup dur pour les économies européennes en général et allemande en particulier, n’en est que le dernier exemple.

Qu’elle soit vassale des Etats-Unis et/ou outil pour le renforcement d’un impérialisme européen sous domination allemande et/ou franco-allemande et/ou française, l’Union Européenne est à combattre sans concession. Aucune autre Europe que réactionnaire sur toute la ligne n’est possible aujourd’hui. Le combat pour la sortie de l’Europe et de l’Euro est nécessaire et urgent.

La France reste un Etat impérialiste

L’impérialisme français est confronté à de nombreuses difficultés tant dans ses colonies que dans ses néo-colonies sur l’ensemble de la planète. Au niveau international, l’émergence de la Chine et des autres pays émergents ouvrent de nouvelles possibilités pour les peuples et même pour les bourgeoisies et petites bourgeoisies au pouvoir dans les néo-colonies. Le recul économique de l’impérialisme français est notable dans la plupart de celles-ci, que ce soit sur le plan des investissements ou sur celui des exportations. Cumulé avec une offre de partenariat de défense plus importante de la Russie, ce mouvement de recul économique de l’impérialisme français crée de nouvelles conditions de rupture avec l’impérialisme français. Les coups d’Etat patriotiques du Niger, du Mali, du Burkina Faso d’une part, les résultats électoraux au Sénégal d’autre part, le mouvement de rejet du Francs CFA ou de la présence militaire française pour une troisième part et enfin le développement d’une aspiration populaire panafricaine, témoignent d’un impérialisme français en voie de secondarisation, c’est-à-dire en déclin relatif face aux autres Etats impérialistes.

Dans les colonies directes, l’impérialisme français rencontre également de grandes difficultés. Les résistances populaires et indépendantistes en Kanaky et en Martinique, les scores du mouvement indépendantiste en Polynésie en témoignent, la crise permanente à Mayotte le confirme.

L’affaiblissement de l’impérialisme français ne signifie pas la fin de sa dangerosité pour les peuples dominés. Jamais un impérialisme ne se retire sans être complètement contraint de le faire par la force. Nous devons donc nous attendre à des contre-offensives pour mater les mouvements indépendantistes dans les colonies directes comme en témoigne la situation en Kanaky et en Martinique d’une part et à des manœuvres des déstabilisations des expériences de ruptures actuelles en Afrique de l’Ouest.

La responsabilité des communistes est d’agir pour l’émergence d’un véritable mouvement de soutien aux luttes des peuples pour leur droit à l’autodétermination et à leur indépendance, et d’opposition à toutes les manœuvres de reconquêtes dans les néo-colonies.

Comme le soulignait Lénine, l’Internationalisme commence toujours par le combat contre sa propre bourgeoisie :

« N’est pas internationaliste celui qui proclame avec force serments et en jurant ses grands dieux qu’il est internationaliste, mais celui-là seulement qui lutte effectivement en internationaliste contre sa bourgeoisie, contre ses social-chauvins, contre ses Kautskistes [6]. »

Pour un mouvement de la paix anti-impérialiste

Une nouvelle fois, le système impérialiste mondial conduit l’humanité vers une conflagration militaire généralisée. Depuis près de trente ans, la multiplication des guerres « localisées » a créé les conditions de possibilité du passage qualitatif à une guerre totale. La guerre que mènent les pays de l’OTAN en Ukraine met en exergue qu’une partie du capital financier est désormais favorable à un tel conflit meurtrier. D’autres endroits de la planète constituent également des « nœuds stratégiques » où se jouent l’avenir à court terme de la planète. Ainsi en est-il de la mer de Chine et des manœuvres d’encerclement militaire de la République Populaire de Chine au nom de la défense des droits de l’homme à Hong Kong ou Taïwan, de la lutte contre le pseudo génocide des Ouighours ou des Thibétains.

L’impérialisme US en déclin détourne son regard et ses efforts vers son arrière-cour, faisant de l’Amérique latine son dernier « bastion » à piller, sachant que tôt ou tard, il sera battu au Moyen-Orient, Afrique et Asie, et que les ressources existantes en Amérique latine seront sa seule issue de survie. Il ne faut pas oublier que le Venezuela possède les plus grandes réserves de pétrole au monde, avec 303,22 milliards de barils.

Ainsi en est-il du génocide en Palestine mettant en exergue l’appui illimité des puissances impérialistes à l’entité sioniste en tant que gérant régional des intérêts du système impérialiste mondial.

L’urgence de la naissance en France d’un mouvement de la paix anti-impérialiste capable de soutenir les luttes et guerres justes [résistance palestinienne, mouvements indépendantistes dans les colonies, mouvements patriotiques dans les néo-colonies, etc.] et de combattre les guerres injustes [d’agressions, de balkanisation, coloniales, etc.] est une question posée et à résoudre. L’URC s’engage à participer à la recherche de la solution à cette question sans ménager ses forces.

La garantie d’un mouvement de la Paix durable résidant dans la perspective d’une victoire contre le système impérialiste fauteur de guerre, elle s’engage notamment à participer à la contre-propagande rétablissant les faits que la bourgeoisie impérialiste dissimule ou dénature, à renforcer les liens et le soutien internationalistes avec les pays et les peuples en résistance contre les puissances impérialistes, et en particulier avec les forces communistes, marxistes, progressistes qui gouvernent certains de ces pays, dans une perspective de construction du socialisme, enterrant définitivement le capitalisme en crise.


[1World Economic Forum, The Global Risks Report 2023, Genève, 2023, p. 6.

[2Manifeste du Congrès : Le monde capitaliste et l’Internationale Communiste, Deuxièmes congrès de l’IC, 1920, dans « Manifestes, thèses et résolutions des quatre premiers congrès de l’internationale communiste 1919-1923, Librairie du travail, Paris, 1934, p. 74.

[3A partir du congrès des peuples d’Orient de Bakou en août 1920, cette formule remplace celle du manifeste « Prolétaires de tous les pays unissez-vous ». Le changement de formulation indique la prise en compte du nouveau stade atteint par le capitalisme : l’impérialisme.

[4Lénine, L’insurrection irlandaise de 1916, dans Bilan d’une discussion sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, Œuvres complètes, tome 22, 1916, Éditions sociales/éditions en langues étrangères, Paris/Moscou, 1960, p. 383.

[5Lénine, Du mot d’ordre des Etats-Unis d’Europe, 23 août 1915, Œuvres complètes, op. cit., tome 21, pp. 353-354.

[6Lénine, Projet de thèses d’un appel à la commission socialiste internationale et à tous les partis socialistes, Œuvres Complètes, tome 23, op. cit., p. 231.

   

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