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À propos d’un sondage et d’un centenaire, vœux pour 2021.

jeudi 7 janvier 2021 par Francis Arzalier (ANC)

L’Humanité, qui fut le journal de Cachin et Gabriel Péri, et n’ambitionne plus que d’être le miroir des plus droitiers d’un PCF en léthargie, veut fêter néanmoins les cent ans du Congrès de Tours.
Car il y a bien un siècle entier qu’une majorité de délégués du vieux parti Socialiste français, sortant traumatisés du massacre mondial, hypnotisés par la Révolution bolchevique qui avait en 1917 proclamé la paix, la terre aux paysans et l’usine aux ouvriers, désavouaient leurs dirigeants ralliés à " l’Union sacrée" impérialiste, pour fonder un Parti communiste français.

Un siècle tout au long duquel ce mot à fait rêver des millions d’hommes et de femmes, des faubourgs de Paris aux villages d’Allier, des quartiers pauvres de Marseille aux sardineries de Bretagne. Et ils savaient ce qu’il signifiait, car un parti organisé l’incarnait, sur les lieux de travail ouvrier et parfois dans la rue, face à l’exploitation patronale et à l’oppression policière.

Ce Parti n’était pas parfait, il commit des bévues, des outrances, et parfois se trompa d’adversaires, vouant aux gémonies ceux de ses militants qui n’étaient pas "alignés". Mais ce Parti, qui avait bien raison n’en déplaise à certains "experts" de "n’être pas comme les autres", fut durant son premier demi-siècle capable d’apporter à la Nation de France les seules grandes avancées qu’elle connut, parce qu’il était la plus belle partie de notre classe ouvrière, son sommet de combats, de fraternité, de sacrifices, et de victoires historiques.

Il fut ainsi en 1936 l’organisateur essentiel des grèves et des occupations d’usines, qui imposèrent au Patronat meilleurs salaires et congés payés, alors que la majorité des députés "Front Populaire" ne fut capable que d’aller de reniement en compromis, pour finir le 10 juillet 40 par donner avec veulerie le Pouvoir absolu à Pétain, après avoir interdit les Communistes.

Il sera aussi, après quelques mois de désarroi et de défaite, l’organisateur héroïque et majeur de l’insurrection anti-nazie. Son poids moral et matériel au sein de cette "Résistance Nationale" victorieuse, permit ces énormes progrès qui firent de la France un cas à part durant quelques années au beau milieu du Camp Capitaliste : Nationalisations, Statut de la Fonction publique, Sécurité sociale, etc…Un ensemble inouï d’avancées, que 70 ans après nos maîtres libéraux ne sont pas parvenus à totalement effacer.

Ce PCF glorieux et puissant au point de rallier un temps les plus grands génies du siècle, de Picasso, Joliot-Curie à Aragon, et des centaines de milliers de militants, réussit même tout au long d’une IVème République née de la Résistance et vautrée par la suite dans l’allégeance au Capital et aux colons, à rassembler dans les rues des millions d’hommes et de femmes contre les guerres coloniales, contre les armes de mort nucléaires.

Ce Parti fut encore assez lié au Prolétariat Français, pour animer les grèves victorieuses de mai 68, son chant du cygne.

Mais dès la décennie suivante, l’édifice se lézarda, les fissures devinrent failles, et la fin du XXème siècle fut pour le PCF le début de la fin :

  • délitement progressif d’une classe ouvrière décimée par la mort des grandes industries, délocalisées au gré du Capital.
  • démantèlement progressif des capacités militantes après la disparition de l’URSS et ses espoirs égalitaires, au profit d’un ralliement honteux a l’idéologie libérale par le biais de cadres bureaucrates au sommet du PCF et de la CGT, obnubilés par les échéances électorales, et prêts à toutes les concessions "Unitaires" pour être réélus.

Le XXIème siècle arrivant, le PCF coupé de son terreau ouvrier et populaire, inaudible, se traîna de dérive en défaite, au point que ses cent ans d’histoire en Décembre 2020 ont suscité un silence total chez ses ennemis habituels, de la Droite aux restes d’un PS en déshérence. Seule la radio France-culture a éprouvé le besoin de rameuter le vétéran chenu de l’anticommunisme, Gérard Courtois, pour ressortir sa diatribe sur les crimes des Communistes à propos du Congrès de Tours. Les autres stations se sont tues sur le sujet.

Et ce mutisme des médias, certes fort mal intentionnés à l’égard du PCF, ne fait qu’entériner une réalité tragique, le coma prolongé d’une organisation menacée d’extinction. Quelques milliers d’adhérents revendiqués, qu’on ne voit plus comme autrefois distribuer leurs tracts et coller leurs affiches, aux portes des usines et à l’entrée des gares et des métros, et même plus sur les marchés.

À l’issue de cette année 2020 dominée par la peur du COVID, la distanciation sociale et autres couvre-feux, le quotidien l’Humanité a commandé à l’IFOP un sondage, auprès des Français de 18 à 30 ans, qui confirme s’il le fallait que la "contre-révolution culturelle" a gagnée, que l’idéologie libérale, camouflée en apolitisme, domine aujourd’hui les esprits.
Parmi les mots-concepts jugés les plus négatifs, le concept "Communisme" est le plus décrié, par 65 pour cent de ces jeunes gens. Même chez ceux d’entre eux qui sont ouvriers, 55 pour cent le rejettent comme néfaste. Alors que le Capitalisme, lui, ne se voit mal jugé que par 60 pour cent des mêmes Français, qui lui reprochent essentiellement "le dérèglement climatique" !

Et comme s’il fallait un autre indice de la déliquescence du " peuple progressiste français ", cette fin d’année 2020 l’a apportée avec la crise d’une des rares maisons d’édition qui cultivait depuis 30 ans pluralisme idéologique et richesse intellectuelle d’inspiration communiste. Ses amis, auteurs et lecteurs, pourtant divergents sur bien d’autres questions, se sont mobilisés à juste titre quand une OPA de certains actionnaires menaçait sa survie, son identité même. Réaction hygiénique, dans un paysage éditorial français réduit pour l’essentiel à la vulgate libérale et aux médiocres commerçants, vendeurs de livres qui rapportent, comme d’autres le sont de cannabis ou d’héroïne.

Mais cette indignation première s’est vite diluée en règlements de comptes personnels, entre tenants d’intérêts plus ou moins clandestins, comme dans n’importe quelle Assemblée d’actionnaires. Quand les "règles du marché" capitaliste ont le dernier mot, "l’esprit (initial) Temps des Cerises" est mort, Il était militant, et ouvert à l’idéologie marxiste autant qu’à la poésie non lucrative.
Un autre contenu ne mériterait plus son patronyme de naissance...

Les héritiers de Tours 1920 composant l’archipel actuel de groupes communistes, obstinés parce qu’ils savent leur idéal toujours vivant et nécessaire, ont pour seule mission de contribuer de leur mieux à insuffler réflexions et courage, au sein des luttes de classe à venir.

Car elles auront lieu, elles sont inhérentes aux inégalités en France et dans le Monde.

À nous de leur apporter les analyses et l’organisation qui, aujourd’hui, leur manquent pour gagner.

Tels sont nos vœux 2021 d’obstination et de révoltes rationnelles.

1/01/202

   

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