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De quelle CGT avons-nous besoin ?

jeudi 23 février 2023 par Charles Hoareau retraité CGT, ancien dirigeant de la CGT 13 et de la CEC

Le 53e Congrès de la CGT se déroulera du 27 au 31 mars à Clermont-Ferrand. Ce sera le moment de débattre sur la stratégie et la forme d’organisation du syndicat qui renouvelle à cette occasion sa direction confédérale. Alors que nous sommes en pleine bataille des retraites et de la défense de la Paix, chacun de nous est confrontés sur nos lieux de travail aux difficultés du moment. Sans passer sous silence ces difficultés, mais bien en partant d’elles, il s’agit de penser un syndicalisme offensif qui permette à l’ensemble des travailleuses et des travailleurs de renouer avec la victoire. Beaucoup d’interventions appellent a ce débat. Aujourd’hui nous vous proposons celle de Charles Hoareau que nous reprenons (avec son accord.) depuis son site Facebook.(JP-ANC)

Cette question est récurrente depuis ces dernières années , preuve d’un débat interne qui persiste depuis les changements de stratégie et les modifications de statuts intervenus depuis près de 30 ans.

Qu’il y ait débat dans la CGT, ce n’est pas nouveau et quand on regarde l’histoire il y a toujours eu deux grands courants, étiquetés un peu vite parce que c’est commode, le courant « réformiste » et le courant « révolutionnaire » : grosso modo celui qui pense que l’on peut gagner sur les revendications dans le cadre actuel de la société et celui qui pense que le changement de société est une condition sine qua non de la réponse aux besoins.

Selon les périodes ce débat a conduit à des éclatements (exclusion CGTU en 1922, exclusion des communistes en 1939, scission FO et FEN en 1947) et à d’autres il n’a pas empêché l’union voire, même la réunification (congrès de Toulouse 1936, accords du Perreux 1943).

Il est à noter que chaque fois dans l’histoire, quand il y a eu scission ou exclusion ce fut le fait des réformistes et jamais des révolutionnaires. Ces derniers, quand ils ont été en minorité dans l’appareil, ne sont pas partis mais ont continué le débat dans l’organisation.

Autre chose enfin, il y a eu éclatement chaque fois qu’il y a eu refus du débat et non pas quand celui-ci a eu lieu y compris de manière passionnée et publique. (1909, 1936).

Notre époque n’échappe pas à cette histoire. Et pour répondre à la question posée en titre il me semble que nous avons d’abord besoin d’une CGT qui accepte le débat quitte à ce que les conclusions qui en sortent ne soient pas celles que l’équipe dirigeante avait prévu de tirer.

La CGT est régie par le fédéralisme, le mode de démocratie qui permet à ce que chaque collectif concerné décide pour lui-même. De cela résulte que chaque organisation de la CGT, en commençant par le syndicat de base qui en est le socle, est autonome.
Et de cela découle qu’une direction confédérale ne doit pas prendre de décision sans tenir compte de cette autonomie. En principe.

C’est bien d’abord cela qui est posé dans les débats actuels.

Où s’est discuté et décidé que la CGT devait applaudir au plan Macron de « soutien au entreprises » qui coûte 100 milliards aux contribuables ?

La question est la même pour la déclaration approuvant la mesure similaire au plan de l’UE, pour celle commune avec le MEDEF (il faut quand même le faire !) vantant le « dialogue social », pour l’acceptation sans broncher des deux confinements, du Pass vaccinal, de la suspension des personnels non vaccinés, pour le refus de toute alliance avec le mouvement des gilets jaunes, mouvement largement caricaturé par le secrétaire général actuel de la CGT.
Il en est de même pour les positions sur la fermeture des centrales à charbon au moment où les concernés étaient en grève contre ces fermetures !

Et on pourrait poursuivre avec les positions sur la guerre où il faut que ce soit la presse qui nous apprenne la teneur de l’intervention CGT dans une réunion internationale à Melbourne, intervention où pas une fois l’OTAN n’est citée et les livraisons d’armes par la France condamnées…La liste est longue. Non pas des désaccords, ce qui fait partie de la vie d’une organisation, mais de prises de position qui sont en fait des passages en force niant la démocratie de la CGT et tendant à la fractionner.

Comment des questions de procédures peuvent masquer (mal) des débats de fond ?

L’illustration de cette volonté de passage en force se retrouve dans la manière dont a été annoncée dans la presse et non pas aux organisations de la CGT, la composition de la future équipe nationale.

Sur la désignation de l’équipe confédérale que disent les statuts…et ce qu’on leur fait dire ?

Le congrès de la CGT est celui des syndicats. Chaque syndicat peut présenter des candidatures à la commission exécutive confédérale. Celles-ci sont validées ou non par la commission des candidatures (mise en place par la direction de la CGT) qui les présente à la Commission Exécutive Confédérale en place. Quand la candidature est retenue, elle est alors présentée au congrès qui est libre d’approuver ces choix ou non puisque c’est lui qui est souverain.

Si la candidature n’est pas retenue et que le syndicat maintient la candidature il appartient au bout du compte au congrès de trancher. C’est lui le seul décisionnaire. C’est comme ça d’ailleurs que j’ai été élu en 1999 contre l’avis de la CEC sortante.
Voilà pour les statuts.

Venons-en aux critères dont la mise en œuvre est de fait un détournement des statuts.

Depuis le congrès de 1999, sous prétexte de mieux prendre en compte la diversité du salariat (petites entreprises, immigration, féminisation…) la direction de l’époque mit en place une condition de critères à l’acceptation des candidatures et pire « inventa » la notion de « mise à disposition ».
Qu’est-ce à dire ?

Avant 1999 les candidatures étaient présentées par les organisations de la CGT et les membres élus parlaient au nom de leur organisation.
Depuis 1999, il est demandé aux organisations de proposer plusieurs candidatures et la commission, donc la direction en place, choisit celle qui lui convient en fonction des critères.

On comprend toute la perversité du système qui conduit de fait à la direction sortante de choisir parmi le panel des propositions qui lui sont faites celles qui lui conviennent le mieux quitte à les susciter à l’intérieur même d’une organisation et en plus en demandant, autre trouvaille, de ne pas parler ou voter au nom de son organisation mais en son nom propre !

On comprend la négation démocratique que cela constitue…

Et voilà au nom de quel tour de passe-passe on voudrait interdire à des organisations d’être présentes à la CEC.

L’UD CGT 13 fait partie avec d’autres, des organisations de la CGT qui ont toujours refusé cette notion antidémocratique de « mise à disposition » qui impose ensuite aux membres de la CEC de parler en leur nom propre et plus au nom de leur organisation.
Notons bien que si la direction nationale actuelle voulait le débat, elle proposerait au vote du congrès une équipe non seulement diverse selon les critères sociologiques, mais aussi selon les organisations d’origine et les opinions dans la CGT.

Là c’est exactement le contraire. La volonté c’est de faire taire les opposants, de nier ce qui a fait la force et la richesse de la CGT et qu’on appelle chez nous « le droit au désaccord ».
Refuser des candidatures au prétexte qu’elles sont des « clous qui dépassent » c’est dans le cas d’espèce faire preuve d’autoritarisme pour avancer dans une direction qui nie les débats en cours. C’est le retour en force de l’autoritarisme réformiste qui a fait du mal au monde du travail et à son outil privilégié qu’est la CGT.

A l’heure où la France s’enfonce dans les inégalités, la politique de surarmement et la privation des libertés, on a bien besoin d’une CGT prête à combattre pied à pied car, autre leçon de l’histoire, seul le courant révolutionnaire n’a jamais reculé face au fascisme.

Si la candidature présentée par l’UD 13 n’avait qu’un mérite, ce serait celui-là. Elle pose en grand la question de quelle CGT avons-nous besoin, celle des luttes des raffineries, de l’énergie… pas d’une CGT qui attend l’arme au pied en vantant les mérites du dialogue social.

En ce sens cette candidature, malgré les défilements de la direction confédérale, a déjà marqué des points et fait débattre.
Elle est donc déjà salutaire.

   

Messages

  • 1. De quelle CGT avons-nous besoin ?
    23 février 2023, 20:34 - par Gérard Jugant


    L’article ne parle pas de la place des femmes dans la CGT, alors que selon un récent article de Mediapart, ce serait là la question essentielle du Congrès. Ainsi, dans cet article, il n’est plus question de la lutte de classes ni de la place de la CGT sur le risque d’une nouvelle guerre mondiale, voulue par les USA-l’OTAN et l’UE. Mediapart qui se prétend un média "indépendant" fait la place belle au courant le plus réformiste de la CGT, traitant les révolutionnaires de sexistes, machistes et sectaires. Ainsi, Mediapart égratigne au passage Olivier Mateu (secrétaire général de l’UD CGT13), qualifié de "sectaire", et qui n’aurait présenté aucune femme sur sa liste de candidats à la CEC. Pour ma part, ayant bien connu les dirigeants de l’UD CGT 13, dans les années 2000, je peux attester qu’il n’y avait aucun machisme ou sexisme. Ainsi, au bureau de l’UD, la secrétaire générale était Mireille Chessa, la secrétaire aux finances était Martine Duran, la secrétaire à l’orga était Josiane Buchaca. Est-cela le sectarisme et le machisme de la CGT ? Il faudrait réputer l’article de Mediapart sur le Congrès.

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