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Menace d’invasion du Niger – l’Analyse de l’ANC

dimanche 6 août 2023 par BD/ANC

Le Niger occupe une place stratégique en Afrique à cause de ses ressources naturelles essentielles et surtout de sa position de carrefour entre l’Afrique du nord, l’Afrique occidentale et l’Afrique centrale. C’est ce qui explique pourquoi la France y a maintenu une présence importance depuis l’indépendance officielle de ce pays et c’est aussi ce qui explique la présence militaire des Etats-Unis et d’une représentation de la CIA, au voisinage direct de laquelle se trouve également une présence allemande sous couvert de l’Union européenne.

L’imbrication des troupes françaises et des troupes américaines de l’AFRICOM est désormais si avancée au Niger que l’armée française ne peut plus y fonctionner sans l’aide logistique de l’armée US, ce qui démontre par voie de conséquence aussi l’imbrication désormais accomplie du néocolonialisme français et de l’impérialisme nord-américain.

Comme dans d’autres pays du Sahel ou d’autres régions d’Afrique, l’influence de l’ancien colonisateur se heurte à des résistances grandissantes, aidées par le fait que le monde est en train de basculer depuis quelques années vers la multipolarité.

Cette évolution a grandement facilité la renaissance des courants politiques panafricanistes qui font aujourd’hui le bilan de ce qu’ont donné les indépendances formelles des uns et les indépendances réelles des autres à travers le continent depuis soixante ans.

C’est dans ce contexte que les opinions africaines, une partie des nouvelles élites africaines émergentes et certains militaires estiment qu’il leur faut rompre avec les liens de dépendance issus de la période coloniale et de la guerre froide, et qu’une politique de développement autonome, de droit au développement et de non alignement est redevenue possible, comme cela avait commencé à être le cas dans les années 1960 et 1970.

Ce qui passe par l’élimination des milieux politiques liés aux anciens cercles coloniaux et marqués par des habitudes néocoloniales expliquant la corruption, le maintien de la pauvreté et le marasme économique.

C’est dans ce contexte que se sont développés au cours des dernières années des mouvements populaires de masse, que des militaires se proclamant souverainistes ont pris le pouvoir au Mali, en Guinée-Conakry et au Burkina Faso et que la République centrafricaine a opéré un recentrage de ses alliances stratégiques.
Aujourd’hui, une évolution comparable semble également avoir lieu au Niger avec le coup d’état qui a renversé le mal élu président Bazoum, alors que le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cameroun et d’autres pays d’Afrique occidentale sont traversés par des crises politiques profondes.

Les autorités françaises, les États-Unis et leurs protégés de la CEDEAO semblent incapables d’accepter que les pays africains puissent mener leur propre politique, sans ingérence étrangère, ce qui explique les menaces militaires qu’ils font peser sur le Niger depuis le coup d’état qui a eu lieu dans ce pays. Et qui expliquent pourquoi les nouvelles autorités de Niamey ont immédiatement dénoncé les accords militaires liant le Niger à la France.

En même temps que celle-ci, la CEDEAO et la Banque mondiale annonçaient l’établissement d’un blocus économique visant le Niger et qui est comparable à celui visant déjà la Mali et le Burkina Faso. Dans le cas du Niger, le blocus risque d’empêcher son approvisionnement en électricité, fournie à 70 % par le Nigéria, et de provoquer une inflation galopante et de très graves pénuries risquant de mettre en péril la survie des populations.

Comme c’est le cas ailleurs dans le monde il s’agit pour les impérialistes de punir le peuple du pays qui refuse de passer sous leurs fourches caudines. En même temps que la France, les États-Unis et l’Union européenne annonçaient ces mesures punitives visant le Niger, elles décidaient de maintenir, illégalement du coup, leurs troupes sur son sol.

Mali, Burkina Faso, Algérie et même le Tchad pourtant très lié à Paris ont refusé de s’associer aux mesures d’intimidation visant le Niger.

Si la tension autour du Niger et des trois autres États du Sahel qui ont décidé de mener une politique de non alignement et de soutien à la multipolarité est organisée par les puissances du bloc occidental et leur relais africain de la CEDEAO, on doit aussi savoir que, sur le terrain, c’est seulement le Nigéria qui constitue le territoire pouvant rendre effectif le blocus du Niger et servir éventuellement de base arrière pour une intervention militaire visant ce pays.

Or, le président nigérian Muhammadu Buhari est connu pour ses liens avec l’ancienne métropole coloniale britannique et son protecteur nord-américain. C’est lui qui, déjà en 2021, avait formulé le souhait que l’état-major de l’armée américaine pour l’Afrique - l’AFRICOM - soit basé au Nigéria alors qu’aucun pays africain démarché par Washington n’avait accepté de l’abriter.
Depuis mai 2023 le successeur de Buhari à la présidence du Nigéria, le mal élu Bola Tinubu, poursuit au sein de la CEDEAO la politique néolibérale et pro-occidentale de son prédécesseur.

On comprend dès lors pourquoi le président nigérien déposé, Mohamed Bazoum, se soit adressé directement à la Maison blanche et non pas à l’Elysée après le coup d’état qui l’a renversé pour demander son aide afin de pouvoir revenir au pouvoir.

L’Association nationale des Communistes ne peut dans ce contexte que condamner toutes les actions d’ingérence dans les affaires intérieures du Niger et soutenir le droit du peuple de ce pays dans ses choix visant à mener une politique de souveraineté et de développement.

   

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