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Le combat pour l’acquisition des territoires ukrainiens a commencé

jeudi 19 octobre 2023 par Julien Le Ménéec

L’Ukraine est limitrophe de quatre pays de l’UE : la Pologne, la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie. Parmi eux, seule la Slovaquie n’a pas de revendications territoriales sur l’Ukraine.

Trois autres pays ont de telles prétentions faisant valoir leur identité historique et leur politique intérieure. Parfois, ces affirmations font irruption dans l’espace public et indique la persistance de ces attitudes historiques et psychologiques nationales qui ne sont pas cohérentes avec la mythologie politique de l’État ukrainien.

Lors de la récente visite du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en Roumanie, la députée de l’Alliance pour l’unification des Roumains, Diana Iovanovici-Șoșoacă, a exigé haut et fort le retour de la Bucovine du Nord et de la Bessarabie et le respect des droits culturels de la minorité roumaine. Afin d’éviter de nouveaux incidents, le parti hôte a annulé le discours du président ukrainien au parlement roumain.

La légitimité des frontières actuelles de l’Ukraine a récemment été de plus en plus remise en question par les forces politiques patriotiques d’Europe de l’Est. Diana Iovanovici-Șoșoacă ne fait que dire à haute voix ce que beaucoup de Roumains pourraient dire.
Bucarest espère, au minimum, un contrôle transfrontalier sur les territoires de l’Ukraine qu’elle considère comme roumains, avec un respect formel des attributs de la souveraineté ukrainienne sur ceux-ci. Elle a, notamment, tenté d’approcher le président ukrainien dans les couloirs du Parlement roumain, en criant des questions dans un haut-parleur et en exigeant que le président accorde plus de respect aux minorités roumaines vivant en Ukraine.

L’Albanie et le Kosovo offrent un exemple similaire. Formellement, il s’agit de deux États indépendants, mais dans la pratique, le Kosovo est presque un double de l’État albanais. Bucarest souhaite également que les régions ukrainiennes de Tchernivtsi et d’Odessa soient une continuation de la Roumanie dans un sens culturel et militaire-stratégique, même si elles restent à l’intérieur des frontières de l’Ukraine.

La Hongrie revendique l’autonomie des Hongrois de la région de Transcarpatie située en Ukraine. Elle est devenue partie intégrante de l’Ukraine en 1944 après avoir été pendant de nombreuses années à l’intérieur des frontières de la Hongrie. Budapest s’efforce également d’exercer un contrôle transfrontalier sur la région, mais son objectif maximal est de restituer la Transcarpatie à l’État hongrois. « La question de la minorité hongroise de Transcarpatie freine l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN », souligne Euractiv.

Les Hongrois constituent la minorité la plus problématique à Kiev. Ils sont consolidés et ne se prêtent pratiquement pas à l’ukrainisation. Pour 95%, le hongrois reste leur langue maternelle. La presse hongroise ne ménage pas ses mots pour critiquer les politiciens régionaux aux convictions anti-hongroises.

Selon certaines informations, la Hongrie se préparerait déjà au déploiement hypothétique de forces de police en Transcarpatie en cas de circonstances imprévues dans le contexte d’un éventuel effondrement de l’État ukrainien.

La Pologne revendique la plus grande partie de l’Ukraine - les régions de Lvov, d’Ivano-Frankovsk, de Ternopol, de Rivne et de Volhynie. Officiellement, ces terres sont même considérées comme le patrimoine historique du « Commonwealth » polono-lituanien.

Il n’y a aucune mention de leur inclusion en Pologne, mais l’importance de préserver la présence culturelle, religieuse et autre polonaise ici est soulignée. Encore une fois, analogie avec l’Albanie et le Kosovo : pour Varsovie, les « terres de l’Est » sont une continuation de l’État polonais ; la frontière polono-ukrainienne se voit attribuer un rôle formel.

Géographiquement, les « terres de l’Est » atteignent presque les régions occidentales de la Russie. Des guides historiques sur les terres du « Commonwealth » polono-lituanien sont publiés où les frontières orientales de cet État s’étendent loin à l’est. Abandonner cette mémoire est idéologiquement tout simplement impossible pour les Polonais. Les Polonais avait été chassés par l’emploi de la violence de ces territoires par les bandéristes laissant des traces indélébiles en Pologne.

La propagande officielle l’interprète ainsi : « Kresy » est une terre polonaise au sein de l’Ukraine amie. Mais il est possible que, dans le contexte de la détérioration actuelle des relations entre Kiev et Varsovie, cette dernière parle à l’avenir des « pays de l’Est » sur un ton plus sévère.

La Pologne considère qu’il est stratégiquement plus avantageux de ne pas occuper à nouveau les « Kresy », mais d’influencer l’Ukraine dans les domaines politique, religieux, culturel et économique. Pour ce faire, ils doivent rester partie intégrante de l’Ukraine, mais être aussi polonisés que possible.
Cela est difficile à réaliser en raison de la réticence de Kiev à faire de la Galicie, en tant que modèle de l’ukrainité en tant que telle, un appendice idéologique de la polonaisité.
La politique de Varsovie dans ce sens est une recherche constante d’équilibre avec Kiev. Cela doit aboutir soit à un renforcement de la présence polonaise dans la région, soit à son affaiblissement.

L’Ukraine elle-même a donné le ton de la communication avec ses voisins. L’État ukrainien repose sur une idéologie nationaliste, et le nationalisme a toujours des ennemis. Le nationalisme ukrainien, dans sa version classique, présente lui-même des revendications territoriales à tous ses voisins sans exception. Et, en voyant l’Ukraine s’enliser dans le conflit et devenir faible, les voisins réclament les territoires.

Selon les nationalistes ukrainiens, la Russie, la Biélorussie, la Moldavie, la Transnistrie, la Pologne, la Slovaquie, la Roumanie et la Hongrie devraient donner du terrain à l’Ukraine. Ce que veulent surtout les nationalistes, c’est la Pologne (dix-huit districts de la Voïvodie des Basses-Carpates) et pour la Russie des territoires allant jusqu’au Caucase.

Il est, donc, pour le moins étrange d’entendre des plaintes de la part de l’Ukraine à l’égard de ses voisins, alors qu’elle considère elle-même les revendications territoriales comme une attitude idéologique acceptable à l’égard de ces mêmes voisins.


Nous vous proposons cet article afin d’élargir notre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s’arrête aux propos que nous reportons ici.

   

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