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Après la victoire de la gauche en Uruguay
mardi 26 novembre 2024
Le candidat de la gauche, Yamandu Orsi, du Frente Amplio (FA), a remporté le second tour des élections présidentielles en Uruguay hier dimanche, dans un scrutin qui a vu plus de 81 % de votes exprimés, avec un taux de participation de 90 %.
Les résultats ont été bien serrés. Orsi a obtenu 1 196 044 voix (49,84%), tandis que le candidat du parti de la droite, Alvaro Delgado, du Partido Nacional (PN), a obtenu 1 100 718 voix (45,87%).
Orsi qui gouvernera l’Uruguay de 2025 à 2030 a promis de ne pas augmenter les impôts pour les entreprises, et donc pour les riches, et indique qu’il se concentrerait sur l’attraction des investisseurs...et s’attaquerait aux inégalités sociales.
L’un des problèmes qui frappe le plus la population sont les inégalités sociales.
Les chiffres officiels de l’Uruguay indiquent que la pauvreté a atteint 10,1 % en 2023 et que la pauvreté infantile a doublé en 2023. 20,1 % des enfants de moins de six ans étaient pauvres en 2023, soit 0,4 point de plus qu’en 2022.
Un autre élément est la violence, notamment liée au trafic de drogue, un problème inexistant en Uruguay il y a quelques années. En 2023, ce taux s’élevait à 10,7 homicides pour 100 000 habitants, soit près de deux fois plus qu’en 2022.
Au sujet des États-Unis, il faut savoir que leur stratégie de ces dernières années où ils ont intensifié leur pression sur les pays d’Amérique latine, impulsé des coups d’État, et mené des campagnes de "fake news" contre des candidats progressistes à l’élection présidentielle, touche aussi l’Uruguay.
Durant la campagne électorale, les USA ont soutenu pleinement et ouvertement la coalition de droite uruguayenne pour tenter de la faire remporter les élections par tous les moyens possibles.
Preuve de ce soutien, et il y en a d’autres bien entendu, la visite en Uruguay, en début d’année, de la générale Laura Richardson, chef du Commandement sud de l’armée étatsunienne.
Mais revenons au FA.
Il est intégré par une série de partis et mouvements (centre-gauche, PS, PC, trotskystes, ex Tupamaros,...)
Au-delà du caractère social-démocrate de Orsi, il est important de souligner quelques aspects sur sa vision au sujet du Nicaragua et de Cuba par exemple.
Il y a quelques mois, Orsi, s’est déclaré en faveur de la "pluralité des partis et des élections libres en Amérique latine". Comme son prédécesseur au Frente Amplio, l’ex guérillero tupamaro Pepe Mujica, tant adulé par la social-démocratie européenne , il estime que "la Révolution cubaine a instauré une dictature du prolétariat, une dictature à parti unique. Je définis ce régime tel qu’il est, oui".
Quant à sa position sur le Nicaragua, il avait dénoncé "l’autoritarisme inacceptable".
N’oublions pas que l’Uruguay avait refusé d’entrer dans l’ALBA lorsque Mujica dirigeait le pays. C’est bien Mujica qui avait mandaté Luis Almagro au poste de ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, devenu ensuite secrétaire général de l’OEA et employé par Washington pour isoler Cuba, le Nicaragua et le Venezuela. C’est sous le mandat d’Almagro que la position de l’OEA a été la plus agressive envers les trois pays.
Lorsqu’il était secrétaire général à l’OEA, il avait impulsé de nombreuses sanctions contre le Venezuela et le Nicaragua et s’était montré favorable à une intervention militaire US contre les 2 pays. À tel point que le FA avait décidé de l’expulser du mouvement.
Personnellement et vu le parcours du nouveau président élu, je pense qu’il faudra rester très prudent sur la ligne qu’il adoptera et vérifier si, une fois aux commandes, il poursuit le discours irrespectueux envers le Nicaragua, Cuba et le Venezuela, tenu par Pepe Mujica, ou pas. Ce dernier, très contesté par ses anciens camarades d’organisation.
Orsi suivra t’il, une fois qu’il accèdera à la tête de l’Uruguay, la ligne impulsée par le président du Chili, le vassal Boric ?
Affaire à suivre à la loupe...
Andre FADDA
Elu au conseil national de l’ex ANC devenue URC)