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Italie : le syndicaliste Adil Belakhdim tué, violence contre les travailleurs qui refusent la super-exploitation

Chez nous aussi, comme là-bas...

mardi 22 juin 2021 par Salvatore Palidda

On se souvient que dans l’Ain, en conflit avec un syndicaliste, une cheffe d’entreprise a demandé à un tueur à gages de l’éliminer. Ainsi, dans sa course sans fin vers le maximum de profit, le patronat hésite de moins en moins non seulement à faire travailler des "demi-esclaves" (telles les plates formes de service Uber et autres) mais aussi à utiliser la manière forte s’ils se révoltent, comme ici en Italie.
Et croire que cette exploitation éhontée n’est présente que dans l’Italie mafieuse serait une grave erreur. Les comportements des syndicats patronaux français accoquinés avec le gouvernement et la justice, sont dignes des pires organisations mafieuses. Les nervis du patronat, souvent déguisés en policiers sont là pour nous le rappeler.(NDLR)

Après nombre de cas de violences extrêmes contre les travailleurs en révolte dans les situations de super exploitation, on assiste désormais à l’homicide d’un syndicaliste. C’est le prévisible aboutissement de la gigantesque diffusion du travail demi-noir, noir et du néo-esclavagisme qui afflige des millions de travailleurs dans la logistique, les fausses coopératives et la sous-traitance partout.

Adil Belakhdim, 37 ans, syndicaliste du Si-Cobas (syndicat autonome), italien d’origine marocaine, a été écrasé par un camion qui a forcé le piquet de grève en sortant du dépôt Lidl près de Novare.

Ça fait longtemps que ce syndicat autonome ainsi que d’autres autonomes organise nombre de luttes des travailleurs du soi-disant secteur de la logistique, devenu l’un des plus affectés par une super-exploitation qui parfois atteint le néo-esclavagisme : 12 ou 13 heures travaillés et seuls 8 heures payées, des salaires minables atteignant parfois les 4 ou 5 euros par heure et pas de cotisations payées par entier (voir nombre de témoignages publiés par plusieurs médias et dans les réseau sociaux).

Pire, les fausses coopératives dont se sont spécialisées même des ex-syndicalistes des grands syndicats, sont en réalité des cages aux mains de caporaux qui pratiquent aisément des modalités mafieuses (menaces, tabassage, recours aux gros bras pour donner la leçon brutale à ceux qui osent se révolter).

Ainsi, juste une semaine avant l’assassinat d’Adil, devant le magasin FedEX, le piquet de grève a été agressé par une bande de gros bras armés de bâtons de fer sortie soudainement du magasin.
La police était là, elle a tout vu, mais elle n’a fait que regarder la scène alors que des travailleurs et syndicalistes Si-Cobas ont été gravement blessés.

La même scène, on l’avait vu quelques semaines auparavant à Plaisance et aussi dans d’autres lieux de la logistique. Et la police a même arrêté des syndicalistes et mis sous enquête nombre de grévistes comme pour donner preuve d’un choix sans faille du côté du patronat.

La réalité du caporalat violent qui assure la super-exploitation d’immigrés et parfois aussi d’Italiens est bien connue depuis longtemps (l’acharnement de la surexploitation ou la fureur de la thanatopolitique néo-libérale). Comme signale Eurispes (en 2018) on peut estimer que l’ensemble des économies souterraines (demi-noir et noir) a généré en Italie environ 30 milliards d’euros, le 35% du PNB officiel [1].

Et on peut estimer qu’en Italie il y a environ 8 millions de travailleurs qui oscillent entre précarité demi-noire, noir total et néo-esclavagisme. Cela ne concerne pas uniquement les fausses coopératives dans la logistique, dans l’agriculture ; dans le BTP, dans le Sud de l’Italie ; tout le pays est marqué par ce système de super exploitation et même dans les grandes entreprises comme Fincantieri.

La sous-traitance est le champ le plus affecté, merci aussi à la manipulation de nombre d’entrepreneurs dits ethniques qui se chargent de tous les taches et risques du recrutement et de la gestion violente de travailleurs parfois néo-esclavisés.
Par ailleurs, comme témoignent quelques inspecteurs du travail, toutes les institutions chargées de la prévention et du contrôle (inspectorat du travail, inspectorat de l’Assurance nationale, inspectorat sanitaire et aussi syndicalistes responsables de la sécurité sur le travail) depuis des années ont été réduit à des dimensions ridicules [2]… alors qu’entretemps les gouvernements n’ont pas arrêté de renforcer les polices et les forces militaires pour un sécuritarisme qui nie la protection des travailleurs, des victimes d’accidents du travail et de maladies dues aux contaminations toxiques.

Bref : police partout, prévention et protection nulle part !

C’est le triomphe du néo-libéralisme qui continue et même se renforce avec le gouvernement Draghi car toute l’économie est de plus en plus hybridée et se nourrit de demi-noir et noir.

L’État néolibéral ne fait que servir la super exploitation et cette hybridation et les forces de police ne font que supporter systématiquement cette situation (dans laquelle le caporalat violant et la complicité des polices avec sont courants).

Ainsi le soi-disant Recovery Plan de Draghi ne prévoit presque RIEN pour remédier la réalité de la super exploitation, du demi-noir et du noir. Au contraire il prévoit d’abolir les limitations des licenciements.

Signalons au passage que cette réalité existe aussi dans tous les pays dits démocratiques européens et ailleurs en mesure pas du tout négligeable mais beaucoup plus cachée.

Tout cela se passe en raison du fait qu’en Italie tous les partis ont épousé la cause du néo-libéralisme, et cela concerne aussi la plupart des syndicats, même si la CGIL (la CGT italienne) essaye de sauver la face surtout après l’assassinat d’Adil et le succès des syndicats autonomes.
Hélas, cet univers de syndicats autonomes est souvent fragmenté tout comme dans les rangs des grands syndicats traditionnels les syndicalistes honnêtes sont souvent isolés voir marginalisés.

Cela dit, la mobilisation générale qui spontanément a éclaté dans tout le pays en réaction à l’assassinat de Adil promet une nouvelle possibilité de convergence des luttes et des organisations syndicales et en particularité une grande participation des jeunes car elles/ils sont les plus touchées/es par la précarité à la merci d’une gestion violente et néo-esclavagiste.


Voir en ligne : https://blogs.mediapart.fr/salvator...

   

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