Encore les lobbys : l’énergie du désepoir !

Le patriotisme hexagonal a évacué pendant des décennies tout regard critique sur Total et Elf comme sur les autres fleurons stratégiques du pays, qu’ils soient nucléaires, aéronautiques ou agroalimentaires. La question du traitement des déchets radioactifs, les circonstances dans lesquelles les contrats d’armement sont passés et la prolifération des algues vertes en Bretagne échappent d’autant plus à la vigilance populaire que ces sujets font l’objet d’un intense lobbying, de l’Élysée à la Commission européenne.

Il n’y a aucune raison de croire que la compagnie pétrolière n’ait pas bénéficié du même traitement. Il n’y a aucune raison non plus de douter de la « stratégie de l’ignorance » mise en place par Total compte tenu des précédents observés dans l’industrie du tabac ou de l’agrochimie. Ces multinationales, dont l’énormité des marchés et des profits fait perdre la mesure de chaque petite vie humaine, manifestent le même réflexe face au déni : la diversion puis l’obstruction.

Elles ont dépensé des millions de dollars en influence et en études scientifiques pour démontrer que la cigarette, le sucre ou le glyphosate ne sont pas nocifs pour la santé. Le lobby agricole lutte aujourd’hui contre les exigences environnementales de la future Politique agricole commune. Hier, c’est le groupe Lactalis qui obtenait l’annulation de l’étiquetage obligatoire de l’origine géographique du lait. Demain, les géants de l’agroalimentaire attaqueront le Nutri-Score et les applications qui traquent la malbouffe. La guerre contre la transparence se fait désormais au grand jour.